Le pitch

Tout commence par un petit garçon puni pour vol : il est privé de champignons... et devient orphelin du même coup, les onze membres de sa famille succombant à une platée vénéneuse. C'est le point de départ d'une vie de tricheur professionnel, dont voici la confession.

Ce long monologue plein d'ironie et pétillant d'esprit – le seul roman de Guitry, à son sommet – parut chez Gallimard en 1935 avant d'être adapté à l'écran par l'auteur un an plus tard sous le titre Roman d'un tricheur, premier d'une longue série de films de fiction.

Mon avis

Sacha Guitry était un homme de théâtre, avant tout. Plus de cent pièces à son palmarès, un palmarès inégalé pour celui qui restera sans le moindre doute comme le plus grand dramaturge populaire français du XX° siècle.

Et même s'il consacra une partie de sa vie à profiter du développement du cinéma pour "doubler" le succès de ses pièces auprès du grand public, il ne prit jamais le temps de mettre son talent au service du roman. Quel dommage...

Mémoires d'un tricheur est le seul témoignage de ce qu'aurait pu donner le talent de Guitry s'y l'avait consacré, quelques semaines, quelques mois, au récit. Un tout petit témoignage, car le texte est court, très court, plutôt une longue nouvelle qu'un roman.

En fait, on y retrouve tout ce qui pétillait, en permanence, dans l'esprit perpétuellement en ébullition du grand homme de lettres.

Un humour effervescent, avant tout. L'esprit le plus caustique de la littérature européenne (avec Oscar Wilde). Dès le premier chapitre, cela démarre sur les chapeaux de roue, avec onze morts et pas mal d'éclats de rire.

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Le sens de la formule qui tue, ensuite. Guitry, en cinq, six mots, dézingue tout ce qui bouge.

Le bourgeois, souvent, les femmes, parfois. Ici, ce sont les clients du hasard qui trinquent. L'auteur passe le petit monde des joueurs compulsifs sous le microscope de l'entomologiste des casinos.

La morale et la gentillesse, enfin.  Car, paradoxe, sous la sulfateuse de sa prose, il suffit de creuser un peu pour comprendre que Guitry n'est jamais vraiment méchant, et que s'il raconte les travers de notre monde, c'est pour en rappeler en filigrane les aspects positifs.

Vous ne me croyez pas ? Allez jeter un oeil vous même. Vous verrez à quel point Guitry était un auteur facile et agréable à lire !

NB : j'allais oublier. Parmi ses nombreux talents, figure celui de dessinateur. L'ouvrage est illustré par le Maître lui-même. Une série de portraits à l'encre, tracés en trois coups de plume, volontairement naïfs, profondément charmants.