Le pitch

Comment retrouver sa grande soeur... quand elle a disparu il y a dix ans ? quand elle a disparu en Indonésie, juste après le tsunami ? quand elle a disparu alors qu'elle soignait des populations meurtries et affamées ?

Comment retrouver sa grande soeur... quand on n'a jamais mis un pied hors de l'hexagone ? quand on tombe par mégarde amoureux d'une adorable Papoue en cavale ? quand ladite jeune femme connaît le vaudou et les morts qui marchent ?

Comment retrouver sa grande soeur... quand on découvre qu'elle vit loin, très loin, tout au bout d'une île... tout au bout du monde et peut-être plus loin encore ?

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Mon avis

En 2016, Jean-Denis Pendanx (graphismes) et Stéphane Piatzszekl (scénario) publient chez Futuropolis un très beau one shot, Le maître des crocodiles.

L'album d'aventures maritimes se déroule en Indonésie. Comme j'ai pu l'écrire alors, si le scénario a bien du mal à tenir les 140 planches de l'ouvrage, les planches entièrement réalisées à l'aquarelle sont absolument somptueuses.

Mais le duo n'en était pas à son coup d'essai, puisque surgit maintenant devant mon regard étonné et confus (d'avoir loupé l'album à sa sortie !) un autre one shot fruit de leurs quatre mains, publié en 2013, qui se déroule également en Indonésie. Et cette fois-ci, c'est un réussite totale.

Tsunami : le titre est complètement réducteur, et même un peu trompeur.

Car, si l'ouvrage débute par une longue introduction à Sumatra, alors que le héros (et récitant), un jeune homme arrive pour une quête tardive, près de dix ans après la disparition de sa sœur dans le grand Tsunami de 2004 (pour rappel : plus de 250 000 morts !), le thème et le centre de l'histoire n'est pas le cataclysme.

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Le jeune Romain va, petit à petit, s'éloigner de la civilisation et partir dans les îles, dans l'espoir un peu vain de retrouver sa sœur.

Qui est peut-être morte, ou qui - a minima - a souhaité disparaitre de la vie de sa famille. C'est ça, le thème de ce magnifique récit : comment faire son deuil.

Avec une subtilité permanente, Stéphane Piatzszekl promène jusqu'au bout son histoire sur le fil ténu de la délicatesse et de l'émotion. Cela tient à pas grand-chose : les quelques personnages rencontrés, crédibles, la pointe de fantasmagorie, mais aussi - et surtout ! - les peintures à l'aquarelle de Jean-Denis Pendanx.

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110 planches absolument splendides, magiques même, tant les aquarelles parviennent à transporter le lecteur là-bas, si loin, dans l'océan indien.

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Jetez un œil au hasard sur les vignettes non cadrées, comme posées sur la blancheur de la planche, comme autant de passeports pour l'ailleurs.

Clarté, lumière intense, couleurs de la mer, touffeur obscure et moite de la végétation : on y est, pas de doute, avec Romain !

Je ne vous raconterai pas la fin de l'histoire, cela serait vraiment dommage de ne pas vous laisser découvrir ce qu'est devenu cette femme qui a disparu; et ce que va devenir son frère, lorsqu'il aura achevé sa quête.

J'ai refermé l'album serein, apaisé. Sacrément impressionné.

Un de mes grands coups de cœur 2021. A partager avec vous !