Là où chantent les écrevisses
Seuil / Points
Là où chantent les écrevisses
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Le pitch
Les rumeurs les plus folles courent sur " la Fille des marais " de Barkley Cove, en Caroline du Nord. Pourtant Kya n'est pas cette créature sauvage et analphabète que tous imaginent et craignent. Abandonnée à l'âge de dix ans par sa famille, c'est grâce au jeune Tate qu'elle apprend à lire et à écrire, découvre la science et la poésie.
Mais Tate, appelé par ses études, doit partir à son tour. Et lorsque l'irréparable se produit, elle ne peut plus compter que sur elle-même...
Mon avis
Là où chantent les écrevisses : avec un aussi joli titre, le roman de Delia Owens ne pouvait pas passer inaperçu. Mais de là à ce qu'il devienne un des livres les plus vendus dans le monde au cours de ces dernières années, il y a un précipice que les amateurs ont pourtant franchi avec allégresse !
Le miracle du bouche-à-oreille, en matière de littérature, m'a toujours fasciné : pas de doute les lecteurs forment une immense communauté, hétérogène certes, mais réelle !
Pourtant, rien ne laissait entrevoir la reconnaissance quasi unanime des critiques professionnelles et amateures à l'égard de ce premier roman. Oui, un premier roman pour une jeune auteure qui venait de franchir les 70 balais avec un dynamisme indéniable.
Avant tout biologiste et zoologiste, ayant vécu un quart de siècle au Botswana, c'est une véritable spécialiste des animaux qui, après quelques essais "sérieux", a décidé de transcrire son amour de la nature sauvage au fil de sa plume, dans un magnifique roman que vous n'êtes pas près d'oublier.
Comment ne pas se laisser séduire par ce récit qui relève presque de la fable naturaliste qu'un des grands auteurs du XVIII° ou XIX° aurait pu écrire ?
Quelques mauvais coucheurs ont écrit que le déroulement de l'histoire est - dans l'absolu - fort improbable. C'est tout à fait exact mais cela n'a strictement aucune importance, car Delia Owens embarque le lecteur dès le premier chapitre et le mène par le bout du nez pendant plus de 400 pages, fasciné qu'il est par le charme âpre de cette parabole.
Vivant un retour involontaire à l'état de nature que n'aurait pas renié Jean-Jacques Rousseau, la très jeune héroïne va apprendre à vivre hors du monde des hommes et à communier avec les plantes, les animaux.
L'intelligence de l'auteur est d'entrecroiser dès les premiers chapitres cette fable, par une succession d'aller-et-retours dans le temps, avec une très concrète et pragmatique enquête de police sur un meurtre pour lequel l'héroïne est suspectée. On suit donc, d'un côté le développement de la petite fille au fil des années, et d'un autre l'enquête et le procès qui lui sont fait.
Je ne vous en dirais pas plus : sachez simplement que le destin de Kya sera un long cheminement véritablement fascinant vers la vérité, l'amitié, la peur et l'amour, et que le roman s'achèvera sur un twist tout à fait réussi.
Un coup de cœur sincère de ma part pour ce modèle de nature writing écrit sans une once d'afféterie. Delia Owens n'a visiblement jamais suivi un cours d'écriture à l'université, et qu'est-ce que cela fait du bien !
Un livre à lire, puis à offrir autour de soi, pour continuer à nourrir la communauté dont je parlais en introduction de cette critique.
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