Le pitch

Professeur d'art et alpiniste de renommée internationale, Jonathan Hemlock est surtout un tueur spécialisé dans les sanctions : l'assassinat d'agents ennemis pour le compte de l'organisation secrète CII.

En représailles du meurtre d'un agent du CII, Jonathan doit infliger une nouvelle sanction. Sa cible fait partie d'une équipe qui va tenter l'ascension d'une des plus dangereuses montagnes des Alpes, l'Eiger par la face Nord. Hemlock se joint à cette expédition en vue d'exécuter sa mission. Seul problème : il ignore lequel de ses trois compagnons de cordée est l'homme à abattre.

Mon avis

Vous avez lu le pitch ? Sacrément excitant, non ?

Je vais vous calmer tout de suite : l'ascension de l'Eiger évoqué ne démarre qu'à la page 274 (sur 329) du roman ! Avant, il faut bien dire que Trevanian, cet auteur mystérieux des années 70, fait un peu trainer les choses, au point que le lecteur venu pour dévorer un thriller en haute montagne aura peut-être décroché prématurément.

Cette déconnection entre la promesse de lecture et la réalité du roman est en fait le symbole de ce que j'ai ressenti à la lecture de ce récit à la fois bourré de bonnes idées et, finalement, assez décevant.

En se lançant dans ce récit - son premier roman - en 1975, Trevanian a sans aucun doute voulu écrire un thriller, mais un thriller à la limite de la parodie, tant il joue à l'excès sur tous les codes du genre.

Le héros est une sorte de James Bond sous amphétamine doté de toutes les qualités, un grand intellectuel, esthète de haut vol, sportif émérite doté de surcroît d'une puissance de séduction sans limite qui lui permet de tomber toutes les femmes qui passent à sa portée (et c'est un amant exceptionnel, vous vous en doutiez...)

Ecrit au troisième degré, La sanction aurait pu être à la fois passionnant et hilarant, une sorte de H2G2 de l'espionnage. Mais Trevanian n'a pas été au bout de son intention et le récit se situe exactement entre le premier et le second degré, au point que la plupart du temps le lecteur se demande si l'auteur est sérieux, ou pas.

Le passage des années (près d'un demi-siècle) n'a pas amélioré les choses et la manière dont Trevanian raconte avec componction les exploits sexuels de son héros est a minima ridicule, et parfois même scandaleux. Imaginez un James Bond écrit par Harvey Weinstein, et vous ne serez pas loin de l'impression ressentie !

Dommage, dommage, car l'auteur maîtrise bien sa narration et conduit avec dextérité un récit dont les péripéties scénaristiques ne manquent pas de charme, au point qu'on se laisse mener par le bout du nez jusqu'à la fin...

Un rendez-vous manqué... de peu !