Il y a une paire de siècles, une femme qui lisait était considérée par certains comme étrange ou dangereuse. Si, si, je vous assure !
Heureusement, aujourd’hui, on peut constater tous les jours que le livre est devenu un des meilleurs vecteurs de libération de la femme.
Parce qu’une femme qui lit accède à la culture, à la connaissance, peut s’informer, s’éduquer, acquérir son autonomie. Et parce que, tous les jours, des livres sont publiés pour parler des femmes, de leur condition, de leurs problèmes, de leurs progrès dans la société.
C’est cela que j’ai voulu montrer au travers d’une sélection d’une trentaine de livres, romans, essais ou BD. Des livres qui parlent des personnalités exceptionnelles qui ont participé aux mouvements de développement des droits des femmes, mais aussi les ouvrages qui parlent de celles qui n’ont pas eu encore l’occasion de s’affranchir d’un milieu culturel ou religieux oppressif; pour que l’on sache, et que cela cesse.
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Le meilleur des livres qui parlent des femmes
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King Kong Théorie – Virginie Despentes
Le livre de poche – 160 pages – 6.10 €
Un essai féministe punk rock
Le pitch : J’écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf, aussi bien que pour les hommes qui n’ont pas envie d’être protecteurs, ceux qui voudraient l’être mais ne savent pas s’y prendre, ceux qui ne sont pas ambitieux, ni compétitifs, ni bien membrés.
Parce que l’idéal de la femme blanche séduisante qu’on nous brandit tout le temps sous le nez, je crois bien qu’il n’existe pas.
Mon avis : Si vous aimez Virginie Despentes romancière, jetez-vous sur King Kong Théorie, car cet essai est la quintessence même de ce qui constitue l’auteure. De l’extrait de Despentes, de l’extra dry. Tout le discours qui sous-tend ses romans, sans le prétexte du récit inventé.
Comment résumer la pensée de Despentes ? Difficile… Allez : imaginez une féministe punk rock (comme elle se qualifie elle-même à plusieurs reprises) qui, après avoir tout vécu (le viol, la prostitution, la drogue, le hard) et même au delà, possède suffisamment d’intelligence et de talent pour secouer le cocotier des conventions de son époque, féminisme et machisme entassés dans le même panier, et leur cracher à la figure leurs quatre vérités.
L’ensemble est, vous vous en doutez, assez surprenant (j’adore les euphémismes).
Olympe de Gouges – Catel & Bocquet
Casterman – 488 pages – 27.00 €
La biographie graphique de la créatrice des droits de la femme
Le pitch : Mariée et mère à 18 ans, veuve aussitôt après, Marie Gouze décide ensuite de vivre librement. Elle se fera désormais appeler Olympe de Gouges.
Femme de lettres, fille des Lumières, libertine et républicaine, Olympe a côtoyé la plupart de ceux qui ont laissé leur nom dans les livres d’histoire au chapitre de la Révolution : Voltaire, Rousseau, Mirabeau, La Fayette, Benjamin Franklin, Philippe Egalité, Condorcet, Théroigne de Méricourt, Desmoulins, Marat, Robespierre…
En 1791, quand elle rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe demande l’égalité entre les sexes et le droit de vote ; des propositions qui resteront révolutionnaires jusqu’au XXe siècle.
Mon avis : Olympes de Gouge, c’est le deuxième volet de la trilogie biographique de Catel Muler (dîtes Catel) et José-Louis Bocquet. Paru en 2012, cette bio graphique fait suite au succès (commercial et d’estime) de Kiki de Montparnasse en 2007.
Compte tenu de l’accueil également chaleureux de la critique et des lecteurs pour une oeuvre pourtant a priori peu « grand public », elle sera suivie en 2016 par celle consacrée à Joséphine Baker, qui finira de consacrer le couple d’auteurs.
A chaque fois, l’entreprise représente plus de 400 pages illustrées par une femme pour raconter, en prenant son temps, la vie d’une figure du féminisme.
Des trois figures évoquées plus haut, Olympe de Gouges est certainement la moins connue, mais peut-être la plus intéressante.
Le pouvoir – Naomi Alderman
Calmann Levy/Le livre de poche – 512 pages – 6.70 €
Une dystopie terrifiante sur une dictature matriarcale
Le pitch : ET SI LES FEMMES PRENAIENT ENFIN LE POUVOIR DANS LE MONDE ENTIER ?
Aux quatre coins du monde, les femmes découvrent qu’elles détiennent le « pouvoir ». Du bout des doigts, elles peuvent infliger une douleur fulgurante – et même la mort.
Soudain, les hommes comprennent qu’ils deviennent le « sexe faible ». Mais jusqu’où iront les femmes pour imposer ce nouvel ordre ?
Mon avis : Difficile de passer à côté de la couverture au graphique et au lettrage Art Déco/Bauhaus de ce roman de Naomi Alderman. Rouge vif ! Difficile également de passer à côté du court pitch.
Et une fois que vous aurez ouvert le livre et entamé la lecture, difficile d’en sortir avant la fin des 500 pages !
Avec cette dystopie décoiffante (qui constitue le négatif absolu de La servante écarlate de Margaret Atwood), Naomi Alderman a obtenu le Baileys women’s prize for fiction 2017, un prix prestigieux couronnant le meilleur livre de l’année écrit en anglais par une femme.
Un prix attribué pour la première fois à une oeuvre de SF.
Et c’est parfaitement mérité, car Le pouvoir est un livre dérangeant, puissant, parfois profondément choquant !
Culottées 1 & 2 – Pénélope Bagieu
Gallimard – 312 pages – 2*19.50 €
30 pastilles étonnantes sur des femmes hors du commun
Le pitch : Guerrière apache ou sirène hollywoodienne, gardienne de phare ou créatrice de trolls, gynécologue ou impératrice, les Culottées ont fait voler en éclats les préjugés.
Trente portraits de femmes qui ont inventé leur destin.
Mon avis : Elle en a parcouru du chemin, Pénélope (vous permettez que je l’appelle Pénélope ?) ! En douze ans, elle est passée du statut de BD blogueuse (Joséphine), à auteure de BD tout court (son roman graphique Cadavre exquis, puis California dreamin’, voire mes critiques sur le site) reconnue (prix à Angoulême, médaille de Chevalier des arts et lettres).
Tout ça pour finalement atteindre la vraie reconnaissance du public avec sa série Culottées, mais aussi de ses pairs avec la récompense suprême, le prix Will Eisner en 2019.
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Spectaculaire… et mérité, car Pénélope Bagieu a beaucoup de talent, un trait vif et malicieux, de l’humour à revendre.
Le pavillon des combattantes – Emma Donghue
Pocket – 400 pages – 7.95 €
Le pitch : 1918. Dublin est ravagé par la guerre et un nouveau mal s’abat sur l’Irlande. On l’appelle » la grande grippe « , pas encore » espagnole « , mais l’épidémie fait rage, ajoutant la confusion au chaos. Placée à la tête d’une maternité de fortune, l’infirmière Julia Power l’affronte chaque jour en première ligne
À l’aube de ses 30 ans, alors qu’à l’hôpital on manque de tout, Julia se retrouve seule pour gérer ses patientes en quarantaine. Elle ne dispose que de l’aide d’une jeune orpheline bénévole, Bridie Sweeney, et des rares mais précieux conseils du Dr Kathleen Lynn – farouche indépendantiste.
Dans une salle exiguë où les âmes comme les corps sont mis à nu, toutes les trois s’escrimeront, là où la mort règne, à donner la vie envers et contre tout…
Mon avis : Il y a une paire d’années, j’avais découvert avec admiration et effroi Pas si calme, le terrible récit d’Helen Zenna Smith, journaliste racontant (comme un roman) les souvenirs d’une infirmière anglaise sur le front de l’est, en 1917.
Des mémoires terrifiantes qui rendaient un hommage saisissant à ces femmes dont on ne parle jamais, celles qui, durant les terribles conflits armés du XX° siècle, se sont battues au péril de leur vie – non pas avec des armes mais avec leur courage et leurs outils de survie – au côté des militaires pour sauver leurs compatriotes blessés au combat.
Avec Le pavillon des combattantes, j’ai eu l’impression de découvrir, en quelque sorte, une autre facette de la période; toute aussi terrible, et tout aussi réconfortante dans son humanité.
Elles ont conquis le monde – Les grandes aventurière 1850-1950
Alexandra Lapierre & Christel Mouchard
Arthaud – 240 pages – 29.00 €
Le pitch : Les grandes aventurières ne sont plus seulement des courtisanes : ce sont des conquérantes d’un type nouveau apparu dans la première moitié du XIXe siècle. Des femmes qui voulaient être des géographes, des botanistes, des ethnologues – bref des exploratrices à part entière !
Et elles ont conquis le monde, d’est en ouest et du nord au sud, le collet bien monté, pour que leur vertu ne soit en rien suspectée, leur corset étroitement lacé.
Mais sous leur armure vibraient des émotions violentes, des sentiments brûlants. Et beaucoup ont vécu des amours qui, pour être secrètes, n’en furent pas moins passionnées.
Mon avis : Alexandra Lapierre a consacré sa vie d’auteure – à succès ! – à évoquer la vie des grandes figures féminines de l’histoire, celles que – jusque là – la notoriété n’avait pas frappé.
Si vous ne l’avez déjà fait, n’hésitez pas à découvrir (parmi une dizaine d’autres destins) Fanny Stevenson (la femme bien aimée de Robert-Louis Stevenson), Artemisia (une peintre majeure du XVII° siècle italien) ou Belle Greene (directrice d’une grande bibliothèque américaine). Que des femmes exceptionnelles, artistes, érudits ou aventurières.
Ce sont à ces dernières auxquelles Christel Mouchard et Alexandra Lapierre consacrent Elles ont conquis le monde, ce très gros et très beau livre (attention : choisissez l’édition originale brochée, acheter le livre de poche n’a pas de sens).
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Margaret Mead aux îles Samoa (1926)
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250 pages de papier glacé, 2 bons kilos d’informations sur 31 femmes qui ont, pendant un siècle, ont été des précurseurs (eh oui, encore une bizarrerie sexiste : il n’y a pas de féminin à précurseur !) en matière d’aventures.
Le récital des anges – Tracy Chevalier
Folio – 448 pages – 9.70 €
Une plongée dans la lutte des suffragettes anglaises
Le pitch : Londres, janvier 1901 : la reine Victoria vient de mourir. Comme la coutume l’impose, les familles se rendent au cimetière. Leurs tombes étant mitoyennes, les Waterhouse et les Coleman font connaissance et leurs petites filles se lient immédiatement d’amitié. Pourtant, les familles n’ont pas grand-chose en commun. L’une incarne les valeurs traditionnelles de l’ère victorienne et l’autre aspire à plus de liberté.
Dans le cimetière, véritable coeur du roman, Lavinia et Maude se retrouvent souvent et partagent leurs jeux et leurs secrets avec Simon, le fils du fossoyeur, au grand dam de leurs parents. Lavinia est élevée dans le respect des principes alors que Maude est livrée à elle-même : sa mère, Kitty Coleman, vit dans ses propres chimères. Ni la lecture, ni le jardinage, ni même une liaison ne suffisent à lui donner goût à la vie.
Jusqu’au jour où elle découvre la cause des suffragettes. La vie des deux familles en sera bouleversée à jamais.
Mon avis : Le récital des anges est, pour moi, peut-être le meilleur roman de Tracy Chevalier. Une histoire familiale subtile, touchante, avec des personnages auxquels on s’attache (les histoires enfantines sont toujours porteur ses d’émotions, pour peux qu’on prenne le soin d’éviter la facilité), doublé d’une analyse sociologique intéressante.
Et une toile de fond historique absolument passionnante. J’avoue avoir découvert, au détour des pages de ce roman, des détails absolument étonnants sur un sujet que je pensais pourtant connaître un peu.
La servante écarlate – Margaret Artwood
Pavillon poche – 544 pages – 11.50 €
Le grand roman dystopique sur une dictature masculine
Le pitch : Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, » servante écarlate » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler…
En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.
Mon avis : Avant qu’une com’ démente ne submerge en cette année 2017 les amateurs de littérature américaine, à propos de La servante écarlate, j’avoue n’avoir jamais entendu parlé de ce roman vendu par millions outre-Atlantique…
Étrange, étrange, lorsqu’un livre est publié par un éditeur français en format poche… trente ans après qu’il l’ait sorti en format broché (la publication de Robert Laffont date de 1987) !
Mais sans doute, est-ce dû à la sortie et à la diffusion récente de son adaptation en série télévisée. Terrible pouvoir que celui des séries, dont celui, bénéfique finalement, que de placer sous les feux des projecteurs une oeuvre qui, jusqu’à maintenant, n’avait pas reçu en France l’accueil qu’il méritait !
Car La servante écarlate, s’il est loin d’être l’immense chef-d’oeuvre que certains veulent bien y voir, est une excellente dystopie, au thème intéressant, qui présente le mérite insigne (et malheureusement assez rare) de faire réfléchir le lecteur.
Le tour du monde en 72 jours – Nellie Bly
Points – 216 pages – 6.70 €
Le récit d’une pionnière du journaliste aventurier
Le pitch : Défier Jules Verne et son Phileas Fogg ? C’est l’ambitieux projet de Nellie Bly et de son journal, le New York World.
C’est en femme, en journaliste et en solitaire qu’elle entame cette traversée en novembre 1889, chargée d’un unique sac à main. Une première. Et en 72 jours, elle boucle cette expédition, qui est autant une ode à l’audace et à la détermination qu’une lutte pour l’émancipation des femmes.
Mon avis : Petit plaisir, grand plaisir de la découverte d’essais d’une autre époque, grâce aux Editions du Sous Sol (et à la collection Points pour le format Poche).
Cette fois-ci, l’éditeur s’attache à un personnage incroyable, dont je n’avais jamais entendu parlé jusqu’à ce jour. Nelly Bly, une femme plutôt charmante, mais avec des sacrées couilles, comme aurait dit sans doute Coluche (allez voir la biographie de cette femme moderne avant l’heure sur le site).
Nellie Bly fut une pionnière du journalisme d’investigation de la fin du XIX° siècle, avant-garde de ce qui fera l’honneur de la profession après la seconde guerre mondiale.
Les hommes protégés – Robert Merle
Folio – 448 pages – 8.50 €
Une dystopie sur un monde dominé par les femmes
Le pitch : A la suite d’une épidémie d’encéphalite qui ne frappe que les hommes, les femmes les remplacent dans leurs rôles sociaux, et c’est une Présidente, Sarah Bedford, féministe dure, qui s’installe à la Maison-Blanche. Le Dr. Martinelli, qui recherche un vaccin contre l’encéphalite, est enfermé avec d’autres savants à Blueville, dans une « zone protégée » qui les tient à l’abri de l’épidémie mais dans un climat de brimades, d’humiliations et d’angoisse. Martinelli acquiert vite la conviction que son vaccin ne sera pas utilisé, du moins sous l’Administration Bedford.
C’est paradoxalement chez les femmes qu’il trouvera ses alliées les plus sûres et par les femmes qu’il sera libéré. Mais, une fois Bedford remplacée à la Maison-Blanche par une féministe modérée, Martinelli saura-t-il s’adapter à une société où les hommes ne jouent plus qu’un rôle subalterne ?
Mon avis : Robert Merle ? Plus les années passent, plus il parait évident que l’homme restera comme un des auteurs français marquants du XX° siècle.
A côté de son roman de SF le plus connu (Malevil, un petit chef-d’oeuvre), il ne faut pas oublier de lire Les hommes protégés, tant son sujet reste d’actualité. Les hommes protégés est une pure dystopie, à placer au côté du terrible roman Le pouvoir, de Naomi Alderman.
Dans les deux récits, ce sont les femmes qui dominent le monde. Dans Le pouvoir, les femmes dominent les hommes – et abusent de leur position dominante, de manière dramatique – grâce à un pouvoir qui s’est développé uniquement chez elles. Dans Les hommes protégés, c’est un virus qui ne touche que les hommes qui a les a décimées.
Mais dans les deux cas, le résultat est le même : les femmes abusent de leur pouvoir et tyrannise les hommes, un monde à l’envers (lorsqu’on songe à certaines périodes de l’histoire de l’humanité) totalement effrayant, par sa violence et sa bêtise.
Peau d’homme – Hubert & Zanzim
Glénat BD – 160 pages – 27.00 €
Une subtile parabole sur le genre
Le pitch : Dans l’Italie de la Renaissance, Bianca, demoiselle de bonne famille, est en âge de se marier. Ses parents lui trouvent un fiancé à leur goût : Giovanni, un riche marchand, jeune et plaisant. Le mariage semble devoir se dérouler sous les meilleurs auspices même si Bianca ne peut cacher sa déception de devoir épouser un homme dont elle ignore tout.
Mais c’était sans connaître le secret détenu et légué par les femmes de sa famille depuis des générations : une « peau d’homme » ! En la revêtant, Bianca devient Lorenzo et bénéficie de tous les attributs d’un jeune homme à la beauté stupéfiante. Elle peut désormais visiter incognito le monde des hommes et apprendre à connaître son fiancé dans son milieu naturel. Mais dans sa peau d’homme, Bianca s’affranchit des limites imposées aux femmes et découvre l’amour et la sexualité.
Mon avis : La mécanique des attelages scénariste/graphiste, dans la création BD, est impossible à décrypter à l’avance.
Parfois, au contraire, la réunion de deux professionnels excellents, aboutit à un petit miracle. C’est le cas d’Hubert et Zanzim pour Peau d’Homme.
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J’avais déjà eu le plaisir de découvrir l’écriture précise, presque classique, d’Hubert dans le charmant Monsieur désire (avec Virginie Augustin au pinceau), mais surtout la trilogie formidable des Ogres-dieux (avec Bertrand Gatignol).
Quant à Zanzim, j’avais apprécié son trait très particulier dans l’étonnant L’île aux femmes (dont il était également le scénariste).
Les impatientes – Djaïli Amadou Amal
Emmanuelle Colas – 252 pages – 17.00 €
Un portrait terrifiant de la condition féminine au Sahel
Le pitch : Trois femmes, trois histoires, trois destins liés. Ce roman polyphonique retrace le destin de la jeune Ramla, arrachée à son amour pour être mariée à l’époux de Safira, tandis que Hindou, sa sœur, est contrainte d’épouser son cousin. Patience ! C’est le seul et unique conseil qui leur est donné par leur entourage, puisqu’il est impensable d’aller contre la volonté d’Allah. Comme le dit le proverbe peul : « Au bout de la patience, il y a le ciel. » Mais le ciel peut devenir un enfer. Comment ces trois femmes impatientes parviendront-elles à se libérer ?
Mariage forcé, viol conjugal, consensus et polygamie : ce roman de Djaïli Amadou Amal brise les tabous en dénonçant la condition féminine au Sahel et nous livre un roman bouleversant sur la question universelle des violences faites aux femmes.
Prix Goncourt des lycéens 2020
Mon avis : Prix Goncourt des lycéens 2020, ce roman d’une camerounaise francophone a rencontré un grand succès d’estime, porté par l’actualité des thèmes traités.
Les impatientes évoquent à peu près tous les sujets sociétaux qui, jour après jour, squattent la une de nos quotidiens : la condition de la femme dans l’islam, la polygamie, le viol, la violence dans le couple, les droits des femmes.
Dans ce tout petit récit de 240 pages extrêmement aéré, Djaïli Amadou Amal dresse un portrait absolument terrifiant de la condition féminine au Sahel.
100 héroïnes de l’Histoire – Hélène de Champchesnel
Gründ – 208 pages – 29.95 €
Le portrait de cent grandes figures féminines de l’histoire de l’humanité
Le pitch : Connaissez-vous Taytu Betul, impératrice et patriote éthiopienne qui infligea une cuisante défaite aux armées italiennes ? Savez-vous que c’est une femme qui traça les frontières de l’Irak ou que, 260 ans après Guillaume le Conquérant, une princesse française envahit l’Angleterre ?
Les femmes, en Histoire comme en toute chose, n’ont pas fini de vous surprendre. C’est à travers le regard de ces héroïnes, reines ou esclaves, artistes, guerrières, militantes, qu’Hélène de Champchesnel vous convie à une exploration historique de trente siècles, des fastes de l’Égypte antique à l’Angleterre thatchérienne.
Mon avis : Un beau livre au grand format (22*29), papier glacé, couverture cartonnée, mettant en avant cent femmes qui ont marqué l’histoire, une démarche finalement assez proche sur le principe des Culottées de Pénélope Bagieu.
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Pour chacune d’entre elles, une double page avec une présentation synthétique, très complète, et un portait (photo ou tableau) pleine page.
L’invention des ailes – Sue Monk Kidd
10/18 – 552 pages – 9.10 €
Noire et blanche : le destin de deux femmes du sud des U.S.
Le pitch : Caroline du Sud, 1803. Fille d’une riche famille de Charleston, Sarah Grimké sait dès le plus jeune âge qu’elle veut faire de grandes choses dans sa vie. Lorsque pour ses onze ans sa mère lui offre la petite Handful comme esclave personnelle, Sarah se dresse contre les horribles pratiques de telles servilité et inégalité, convictions qu’elle va nourrir tout au long de sa vie. Mais les limites imposées aux femmes écrasent ses ambitions.
Une belle amitié nait entre les deux fillettes, Sarah et Handful, qui aspirent toutes deux à s’échapper de l’enceinte étouffante de la maison Grimké. À travers les années, à travers de nombreux obstacles, elles deviennent des jeunes femmes avides de liberté et d’indépendance, qui se battent pour affirmer leur droit de vivre et se faire une place dans le monde.
Une superbe ode à l’espoir et à l’audace, les destins entrecroisés de deux personnages inoubliables !
Mon avis : « Joie ! Joie ! Noël ! Noël ! » aurais-je pu crier en tournant la dernière page de cet épais roman dans lequel je me suis immergé, plusieurs soirs de suite.
Quel plaisir de déguster un roman aussi bien écrit (le style de Sue Monk Kidd est d’une fluidité et d’une richesse remarquable), dont la lecture est génératrice de tant d’émotions mais aussi de découvertes historiques !
Je ne peux donc que vous recommander chaudement ce remarquable récit « sudiste » racontant (vous avez lu le pitch ci-dessus) le destin parallèle de deux petites filles, devenues femmes, Sarah la blanche, la maîtresse et Handful la noire, l’esclave, de 1805 à 1838.
Speak – Emily Caroll
Rue de Sèvres – 376 pages – 20.00 €
Un roman graphique exceptionnel sur un « viol ordinaire »
Le pitch : « J’aimerais faire un vœu mais je ne sais pas lequel… J’essaie de ravaler la boule que j’ai dans la gorge. Je pourrais leur raconter ce qui est arrivé. Comment réagiraient-ils ? » Melinda a 15 ans. Ce soir d’été, au beau milieu d’une fête, la jeune fille est victime d’un drame. Elle appelle la police.
Personne ne saura jamais pourquoi elle a lancé cet appel, ni ce qu’il lui est arrivé cette nuit-là. Tout simplement parce que Melinda, murée dans son silence, ne parvient pas l’exprimer…
Mon avis : One shot qui a fait le buzz dès sa sortie, tout début 2019, Speak est un roman graphique événement à plus d’un titre.
Tout d’abord – et essentiellement – parce que le sujet, adaptation d’un roman de Laurie Halse Anderson, est terriblement dans l’air du temps.
Enfin, depuis quelques années, on parle des viols ‘ordinaires » qui régulièrement, corrompent les relations des adolescents à la fin de leurs études secondaires et qui restent impunis, faute pour les victimes traumatisées de parvenir à s’exprimer et à porter plainte.
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Mais Speak n’est pas qu’un sujet porteur, c’est aussi une oeuvre littéraire de qualité.
Les suprêmes – Edward Kelsey Moore
Actes sud – 414 pages – 9.70 €
Un roman drôle et décapant sur 3 femmes hors du commun
Le pitch : Elles se sont rencontrées dans les années 1960 et ne se sont plus jamais quittées : tout le monde les appelle « les Suprêmes », en hommage au célèbre groupe des années 1970. Complices dans le bonheur comme dans l’adversité, ces trois irrésistibles « quinquas » afro-américaines aussi puissantes que fragiles ont fait d’un des restaurants de leur petite ville de l’Indiana.
Longtemps marquée par la ségrégation leur quartier général où, tous les dimanches, entre commérages et confidences, rire et larmes, elles élaborent leurs stratégies de survie et se gavent de poulet frit.
Rendez-vous avec vos futures meilleures amies.
Mon avis : Ce roman publié en 2014, écrit par un américain black (ça, c’est le terme que je continue d’utiliser pour parler des personnes à la peau noire, malgré les tonnes de politiquement correct en cours aux U.S !), violoncelliste professionnel de renom, qui composa ici son premier roman, est un coup de maître mais aussi un de mes coups de cœur absolus de ces dernières années.
400 pages pour raconter les aventures et suivre le destin de ces trois « Suprêmes », trois amies afro-américaines (ça, c’est le politiquement correct!) qui se retrouvent dans leur restaurant favori, chez Earl all-you-can-eat (titre original du roman), voilà ce que propose l’auteur. Rien de bien sexy, a priori.
Et pourtant ! En allant au delà d’un pitch un peu mollasson, le lecteur va tomber sur une pépite ! Les Suprêmes est un véritable feu d’artifice d’émotions contradictoires.
Mille femmes blanches – Jim Fergus
Pocket – 512 pages – 7.90 €
Un roman historique naturaliste sur la condition des femmes indiennes
Le pitch : En 1874, à Washington, le président Grant accepte la proposition incroyable du chef indien Little Wolf : troquer mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser l’intégration du peuple indien. Si quelques femmes se portent volontaires, la plupart viennent en réalité des pénitenciers et des asiles…
L’une d’elles, May Dodd, apprend sa nouvelle vie de squaw et les rites des Indiens. Mariée à un puissant guerrier, elle découvre les combats violents entre tribus et les ravages provoqués par l’alcool. Aux côtés de femmes de toutes origines, elle assiste à l’agonie de son peuple d’adoption…
Mon avis : Lorsque ce roman sort en France, en 2000, publié par Le Cherche Midi, l’éditeur est bien incapable d’imaginer le succès qu’il va remporter.
Ce récit a certes reçu un accueil largement positif, deux ans plus tôt, aux U.S., mais de là à vendre plus de 400 000 exemplaires sur notre territoire, grâce à la magie du bouche-à-oreille… !
En découvrant cette histoire, près de vingt ans plus tard, il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre les raisons de ce vif succès : Mille femmes blanches est le prototype absolument parfait du roman à trame historique à la fois bien écrit (le style est d’une fluidité parfaite), très habilement composé, mêlant aventures exotiques, pédagogie historique et ethnique, tout en délivrant un message humaniste sincère…
L’île aux femmes – Zanzim
Glénat – 80 pages – 20.00 €
Un conte drôle et cruel sur un séducteur échoué dans un monde de femmes
Le pitch : Céleste Bompard est un « Coq en l’air », un as de la voltige. Ses prouesses lui valent un large succès auprès de la gent féminine. Il aligne les conquêtes. Engagé alors que la Grande Guerre éclate, il est chargé de transporter les lettres que les soldats du front écrivent à leurs femmes.
Mais lors d’une mission, Céleste est victime d’un tir ennemi et son biplan se crashe sur une île mystérieuse. Obligé de survivre dans cet endroit visiblement désert, il trompe son ennui en lisant les lettres que les poilus destinent à leurs femmes.
Un jour, en parcourant les lieux, il découvre un jardin d’Éden entièrement peuplé de femmes ! De véritables amazones, aussi belles que redoutables, qui ne tardent pas à le capturer pour remplacer leur » reproducteur » actuel. Alors qu’il avait l’habitude de mener la danse avec les femmes, voilà que Céleste est devenu leur esclave !
Mon avis : L’île aux femmes est une BD qui ne ressemble à rien d’autre, ce qui ne veut pas dire qu’elle ressemble à pas grand chose.
Dès les premières planches, le dessin de Zanzim frappe par son caractère un peu décalé, avec des personnages au nez pointu et des femmes aux grands yeux en amande qui font souvent penser à du Johann Sfar, mais plus ligne clair; et un Johann Sfar qui aurait passé un peu plus de temps que d’habitude sur chacune de ses planches…
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Passé les cinq ou six premières pages, le récit quitte le terrain classique et balisé du récit de guerre pour plonger dans l’inconnu.
On se retrouve sur une île déserte, avec un héros aviateur paumé, seul, très seul, ce qui insupportable pour ce coureur de jupons invétéré; puis la découverte d’une société matriarcale où, malgré ses rodomontades viriles, il va avoir beaucoup de mal à s’intégrer….
Mrs Hemingway – Naomi Wood
Folio – 352 pages – 8.00 €
Le récit romancé des relations entre Hemingway et ses 4 femmes
Le pitch : Ernest Hemingway était un homme à femmes. Mais il ne se contentait pas d’enchaîner les histoires. Ses maîtresses, il en a fait des Mrs Hemingway. Ainsi la généreuse Hadley Richardson a-t-elle été remplacée par la très mondaine Pauline Pfeiffer, et l’intrépide Martha Gellhorn par la dévouée Mary Welsh, au fil d’un scénario qui ne variait que de quelques lignes : la passion initiale, les fêtes, l’orgueil de hisser son couple sur le devant de la scène, puis les démons, les noires pensées dont chacune de ses femmes espérait le sauver.
Naomi Wood se penche sur la figure d’un colosse aux pieds d’argile, et redonne la voix à celles qui ont sacrifié un peu d’elles-mêmes pour en ériger le mythe.
Mon avis : Haldley, Fife, Martha. Mary. Quatre prénoms féminins. Ceux des quatre femmes qu’Ernest Hemingway épousera, au fil de sa vie aventureuse, des Etats-Unis à la France, l’Espagne, les îles…
Ceux des quatre parties du très beau roman de Naomi Wood, une jeune auteure a qui je prédis une bien belle carrière, pour autant qu’elle maintienne le cap sur l’exigence thématique et stylistique dont elle a su faire preuve ici.
Mrs Hemingway est un roman d’exofiction, genre éminemment à la mode. Il faut dire que broder un texte d’imagination autour d’un ou plusieurs personnages célèbres ayant réellement existé est séduisant. Après tout, la trame scénaristique est déjà là : il suffit de broder autour, pensent nombre d’auteurs.
Et pourtant, il n’y a rien de plus casse-gueule que de réinventer le réel, et la très large majorité des romans d’autofiction sont totalement décevants. Ce n’est pas le cas pour Mrs Hemingway. Au contraire : Naomi Wood m’a totalement convaincu, et même séduit.
Pas si calme – Helen Zenna Smith
10/18 – 216 pages – 7.50 €
Le récit terrifiant de femmes sur le front pendant la 1ère guerre mondiale
Le pitch : Pas si calme relate l’épopée quotidienne de six jeunes Anglaises engagées volontaires dans le service ambulancier pendant la guerre de 14. Leur mission : recueillir les corps martyrisés des morts et des blessés, transporter les survivants souvent abominablement mutilés ou hurlant de douleur, jusqu’aux hôpitaux qui pour beaucoup seront leur dernière demeure. Ces » glorieuses filles d’Angleterre » vont découvrir la géographie de l’Enfer, ce que l’on appelle la » zone interdite « , un désert labouré d’obus qui sépare les tranchées de l’arrière.
Au terme de chaque voyage macabre dans le froid et dans la nuit, de nouvelles épreuves les attendent : les corvées de caserne les plus rebutantes, les nuits sans sommeil, l’insalubrité, l’invasion de la vermine, la plus innommable des pitances militaires.
Mon avis : Les grands romans sur le drame de la première guerre mondiale, tout le monde les connait. Je n’en citerai que deux, pour moi parmi les plus remarquables : La chambre des officiers, de Marc Dugain, et A l’ouest rien de nouveau, d’Erich Maria Remarque.
Des romans d’homme, narrant l’horreur des tranchées et la souffrance des hommes. Mais de romans de femmes, auteures, racontant la guerre des femmes, et les souffrances des femmes ? Jusqu’à la semaine dernière, je n’en connaissais pas, je n’en avais jamais lu.
Mais, désormais, c’est fait, j’ai découvert Pas si calme, qui restera dans ma mémoire à côté du roman de Remarque, par sa puissance d’évocation, et son terrible pessimisme sur la nature humaine. Des romans de fin du monde.
Joséphine Baker -Catel & Bocquet
Casterman – 564 pages – 26.95 €*
La biographie graphique d’une figure du féministe
Le pitch : Joséphine Baker a 20 ans quand elle débarque à Paris en 1925. En une seule nuit, la petite danseuse américaine devient l’idole des Années Folles, fascinant Picasso, Cocteau, Le Corbusier ou Simenon.
Dans le parfum de liberté des années 1930, Joséphine s’impose comme la première star noire à l’échelle mondiale, de Buenos Aires à Vienne, d’Alexandrie à Londres. Après la guerre et son engagement dans le camp de la résistance française, Joséphine décide de se vouer à la lutte contre la ségrégation raciale.
La preuve par l’exemple : au cours des années 1950, dans son Château des Milandes, elle adopte douze orphelins d’origines différentes, la tribu arc-en-ciel. Elle chantera l’amour et la liberté jusqu’à son dernier souffle.
Mon avis : Joséphine Baker, c’est le troisième volet de la trilogie biographique de Catel Muler (dîtes Catel) et José-Louis Bocquet. Paru en 2016, cette bio graphique fait suite au succès (croissant) rencontré par Kiki de Montparnasse en 2007 puis Olympes de Gouges en 2012.
A chaque fois, l’entreprise – considérable ! – représente plus de 400 planches (ici, près de 600 !) illustrées par une femme pour raconter, en prenant son temps, la vie d’une figure du féminisme.
*
Disons le tout net : la critique et les lecteurs de ce magnifique roman graphique ont fini de consacrer le couple d’auteurs, et c’est amplement justifié !
Il faut avouer qu’avec Joséphine Baker, Catel & Bocquet ont joué sur du velours : sa vie et sa personnalité sont à tous points de vue hors du commun, exceptionnels, étonnants… les superlatifs me manquent !
Persépolis – Marjane Satrapi
L’association – 365 pages – 36 €
La vie d’une femme pendant la révolution iranienne
Le pitch : Persépolis est une série de bandes dessinées autobiographique en noir et blanc publiée en 4 volumes par L’Association entre 2000 et 2003, puis republiée en un seul volume. L’auteur y retrace les étapes marquantes qui ont rythmé sa vie, de son enfance à Téhéran pendant la révolution islamique à son entrée difficile dans la vie adulte en Europe.
À la fois témoignage historique et réflexion sur l’identité et l’exil, Persépolis est le plus grand succès éditorial de la bande dessinée alternative européenne des années 2000. Très bien reçu par la presse, il a fait de Satrapi l’un des auteurs francophones les plus reconnus.
Mon avis : Persépolis est, sans doute, l’oeuvre qui a vraiment permis au genre « roman graphique » d’acquérir en France ses lettres de noblesse, et d’atteindre la tête des listes de best-sellers.
Ce succès est parfaitement mérité : avec des graphiques volontairement simples, sans aucune volonté de réalisme, à la limite de la stylisation enfantine, Marjane Satrapi embarque ses lecteurs dans une aventure à double niveau. D’un côté l’enfance, puis l’adolescence et le passage à l’âge adulte d’une petite Iranienne ; de l’autre les grands bouleversements de la révolution iranienne.
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Les heures – Michael Cunningham
10/18 – 224 pages – 7.10 €
Le récit croisé de trois grandes figures féminines
Le pitch : Clarissa, Laura et Virginia, bien que vivant à des époques et dans des lieux différents, sont réunies par un solide point commun. Clarissa, que ses amis surnomment Mrs Dalloway, est éditrice à New York et prépare une réception pour son ami Richard qui vient de recevoir la consécration littéraire au moment où il se meurt du sida , Laura vit en Californie et vole à sa famille des heures qu’elle passe à l’hôtel à lire Mrs Dalloway, et Virginia n’est autre que Virginia Woolf en 1923 à Londres, alors qu’elle s’apprête à écrire Mrs Dalloway.
Trois destins subtilement entrecroisés. Pour dire la difficulté mais aussi le bonheur de vivre.
Mon avis : Prix Pullitzer 1999. Prenez garde ! Si vous vous lancez dans la lecture de ce court roman (court, mais d’une densité extrême), vous n’en sortirez pas intact !
Sur un principe de construction apparemment simple (trois vies de femme, à des époques différentes, entrent en résonance par une alternance de chapitres, tout au long de l’oeuvre), mais profondément subtile dans sa mise en oeuvre, Michaël Cunningham met en perspective la coloration spleenesque de la vie de Virginia Woolf et des thèmes de son oeuvre.
L’écriture de Cunningham est d’une simplicité confondante (du moins, en apparence !), mais crée, peu à peu, une atmosphère douce-amère, désenchantée, qui gagne l’esprit du lecteur au point de l’immerger profondément dans ces histoires croisées.
Les femmes de Brewster place – Gloria Naylor
10/18 – 264 pages – 7.60 €
La vie de 7 femmes de la communauté afro-américaine
Le pitch : Il y a Mattie, la matriarche, Etta Mae, invincible au volant de sa Cadillac, Kiswana la révoltée, baby Cora Lee, Ciel, et les deux filles du n° 312. Toutes échouées à Brewster Place, ghetto noir du Nord des États-Unis, au coeur des 70’s. Sept femmes qui résistent – à la misère, à la violence, à l’intolérance. Sept destins, unis par un espoir farouche.
Roman culte de la littérature afro-américaine, saluant Toni Morrison et Alice Walker, ce portrait choral vibrant d’émotions brutes est une ode aux héroïnes de la marge. Magnifique.
Mon avis : Des romans sur la minorité noire américaine, il y en a des quantités. De Toni Morrison à Kathryn Stockett (La couleur des sentiments) en passant par Edward Kelsey Moore (Les suprêmes) ou Sue Monk Kidd (L’invention des ailes), il y en a surtout une sacré tapée d’excellents, et même des chefs-d’œuvre !
Alors, Les femmes de Brewster place ? Un de plus ? Un de trop ?
Ce grand classique de la littérature américaine publié en 1982 est quasiment inconnu en France. Grâce soit rendu aux éditions Belfond pour l’avoir mis en avant, à plusieurs reprises au cours de ces trente dernières années, car ce roman possède de grandes qualités.
La tresse – Laetitia Colombani
Le livre de poche –
Le destin de trois femmes confrontées à l’adversité
Le pitch : Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école. Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée. Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est gravement malade.
Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est réservé et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité.
Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté.
Mon avis : La tresse, c’est un des ces petits miracles de l’édition, comme le marché en produit un ou deux par an. En 2017, il y a eu Petit pays, de Gael Faye, et La tresse de Laetitia Colombani.
Deux volumes tout fin racontant, dans un style très simple, le monde tel qu’il existe aujourd’hui, ailleurs.
Pour Laetitia Colombani, jusqu’ici réalisatrice au cinéma, cet ailleurs, c’est dans trois endroits : en Inde, en Sicile et au Canada.
Trois récits développant, de manière alternative et entrelacée (d’où l’une des deux signification du titre) la vie de trois femmes. Trois destins difficiles, hantés par la mort.
Les hirondelles de Kaboul – Yasmina Khadra
Pocket – 158 pages – 5.95 €
La vie terrible des femmes sous la joug des talibans afghans
Le pitch : Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là des exécutions publiques, les Taliban veillent. La joie et le rire sont suspects.
Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Le goût de vivre a également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l’obscurité grillagée du tchadri.
Alors Kaboul, que la folie guette, n’a plus d’autres histoires à offrir que des tragédies. Le printemps des hirondelles semble bien loin encore…
Mon avis : Pour ceux qui ne le saurait pas déjà, Yasmina Khadra n’est pas un femme, mais bien le pseudonyme de l’étonnant auteur algérien Mohammed Moulessehoul, certainement un des auteurs majeurs du Maghreb contemporain.
Foin de chaleur passionnelle et de musique dans ce très court roman (150 pages, mais d’une grande densité) qui se déroule, vous l’avez compris, en Afghanistan. Ici, c’est l’horreur du passage des russes, puis des talibans sur le pays qui est décrite. Froidement.
Négation de la femme, qui n’est plus rien, que l’homme peut choisir puis répudier comme n’importe quel objet.
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