Journal intime
Séguier
Journal intime
Séguier
Le pitch
« On vient de me faire une offre d'un million de dollars pour la publication d'un seul mois de ce journal », écrit avec étonnement Richard Burton en 1968. L'acteur est alors un des monstres sacrés du 7e art et forme un couple mythique et scandaleux avec Elizabeth Taylor. Cette relation passionnée, leur train de vie babylonien, leur beauté, leurs excès et leurs succès : le journal intime de Burton nous y plonge « caméra à l'épaule », comme si nous y étions.
Mais il révèle aussi un homme insoupçonné, infiniment plus complexe que le commun des acteurs hollywoodiens. Sceptique et distant à l'égard du cinéma, il se montre en revanche fou de théâtre et de littérature. Doté d'un sens de l'humour irrésistible et d'une grande faculté d'observation, Richard Burton possédait les qualités rares et indispensables du diariste – pour notre plus grand bonheur.
Mon avis
Pour un grand lecteur, un lecteur compulsif (vous savez, celui qui dévore autant de livres qu'il en est capable, toute sa vie...), tomber sur un livre qui ne ressemble à aucun autre, c'est finalement assez rare, et d'autant plus rare qu'il (le lecteur, pas le livre, voyons !) avance en âge et donc en expérience littéraire.
Lorsque cela arrive, cela peut lui procurer une joie profonde, celle de la découverte, de l'imprévue, de la surprise... pour autant qu'au delà de son originalité, l'œuvre ait une valeur intrinsèque, bien entendu.
C'est cette joie que j'ai ressentie à la lecture du Journal intime de Richard Burton, publié par les éditions Séguier sous une très jolie couverture mettant en scène le si fameux couple Richard Burton/Elisabeth Taylor.
Pénétrer dans l'intimité au quotidien d'une figure mondialement connue du cinéma, c'est ce que propose Chris William.
Après une très longue introduction (près de 40 pages) qui permet de remettre en perspective le parcours de ce très intriguant self made man qu'était Burton (12ème enfant d'une famille de mineur gallois), la porte s'ouvre sur les pensées de l'acteur. Littéralement.
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C'est cette impression que donne la lecture des 500 pages de notes prises durant six ans (1965 à 1971) par Richard Burton, tant l'homme se livre, sans le moindre artifice. Normal : Burton a rédigé ce journal pour lui-même (et sans doute aussi par Elisabeth Taylor, puisqu'il lui en laissait l'accès), sans penser un moment que ces pages seraient publiées.
Ce sont donc des propos cash, pas une once de politiquement correct, au contraire !
Burton ne dissimule rien, de sa terrible addiction à la boisson jusqu'aux problèmes de santé intimes de sa femme. Des problèmes de gestion patrimoniale (contrats d'acteur; investissements; train de vie de milliardaire) jusqu'à ses avis pour le moins tranchés sur son entourage, acteurs ou grands de ce monde (le couple fréquente beaucoup les têtes couronnées).
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L'homme est vif, intellectuellement, riche, culturellement, caustique, sarcastique, aussi drôle que peut l'être un anglais.
Burton n'aime pas son métier d'acteur, qu'il considère comme un art plus que mineur, comme aurait dit Gainsbourg.
Sans doute aurait-il pu s'accomplir comme écrivain, si le destin l'avait voulu : le récit du bal du siècle - celui donné par les Rothschild à Paris le 2 décembre 1971 - est la preuve manifeste de son talent littéraire, une vingtaine de pages terriblement séduisantes qui m'ont fait penser à une excellente nouvelle de Somerset Maugham.
Même si le cinéma ne vous passionne pas, même si le couple Burton/Taylor ne signifie pas grand-chose pour vous, n'hésitez pas à vous plonger dans ce Tourne Page.
Vous y découvrirez un homme terriblement sympathique, profondément amoureux de sa femme, d'une lucidité et d'une fragilité terrible. Burton ne s'épargne pas un instant, il sait plus ou moins consciemment qu'il est en train de se détruire (il mourra, usé, à 58 ans).
Une vie à découvrir de l'intérieur, rien moins que ça.
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