Le pitch

Derniers nés des laboratoires Tomorrow Foundation, Carbone et Silicium sont les prototypes d’une nouvelle génération de robots destinés à prendre soin de la population humaine vieillissante.

Élevés dans un cocon protecteur, avides de découvrir le monde extérieur, c’est lors d’une tentative d’évasion qu’ils finiront par être séparés. Ils mènent alors chacun leurs propres expériences et luttent, pendant plusieurs siècles, afin de trouver leur place sur une planète à bout de souffle où les catastrophes climatiques et les bouleversements politiques et humains se succèdent...

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Mon avis

Carbone & Silicium, c'est le nouveau one shot de Mathieu Bablet (scénario et dessin), l'auteur encensé par la critique lors de la sortie de Shangri-La, son album précédent publié quatre ans plus tôt.

Quatre ans, c'est bien le temps nécessaire pour écrire et dessiner près de 300 pages, le moins que l'on puisse dire et que Mathieu Bablet est généreux dans l'effort !

Comme vous pourrez le lire ailleurs sur le site, je n'avais pas du tout partagé l'enthousiasme général à la lecture de Shangri-La, pour des raisons scénaristiques, mais surtout essentiellement esthétiques.

Explication : les visages de tous les personnages de l'histoire sont absolument hideux. L'auteur ne sait pas dessiner les visages (il le reconnait lui-même) et le résultat est tellement moche que l'on finit par ne plus voir que cela...

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Dommage, car quatre ans plus tard, il faut bien admettre que Bablet n'a pas beaucoup progressé sur ce point (c'est pour moi incompréhensible, pourquoi ne se focalise-t-il pas sur ce sujet ?), même s'il a en partie contourné l'obstacle en plaçant deux corps artificiels comme personnages principaux.

D'autant plus dommage que, pour le reste, il me faut saluer l'ambition de l'auteur, assez stupéfiante, l'ampleur de la réalisation, et la petite musique qui se dégage, peu à peu, du scénario.

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Résultat : Carbone & Silicium est, sans le moindre doute, une œuvre réellement originale, l'œuvre d'un véritable auteur.

Un véritable auteur de scénario, avec une prise de risque inouïe : raconter une histoire qui se déroule sur plusieurs siècles, durant lesquels la planète et l'humanité sont confrontés au risque d'une fin cataclysmique, c'est fou !

Imaginer l'évolution technique du concept d'Intelligence Artificielle jusqu'au bout d'une certaine logique, c'est également complètement dingue !

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Un véritable auteur graphique avec, pour certains décors de villes du futur (Bablet est un architecte dans l'âme) et pour la mise en couleurs de certains paysages post-cataclysmiques, une prise de risque très rare, et un résultat souvent aussi bizarre et frappant qu'un tableau de Dürer...

Enfin, je tiens à saluer la poésie et l'émotion qui se dégagent des derniers chapitres et - plus particulièrement - des dernières planches de l'album.

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On referme l'ouvrage avec en tête beaucoup d'images et de pensées contradictoires qui se bousculent. Être capable de toucher ainsi le lecteur, c'est le signe d'un grand.

Alors, allez découvrir le talent de Mathieu Bablet puis, comme moi, adressez-lui une supplique : Mathieu, bosse tes visages, nom d'un chien !