Le Château des animaux
Casterman BD
Le Château des animaux
Casterman BD
Le pitch
L'hiver a gagné le château. Le climat est rude pour ses habitants, d'autant que le Président Silvio continue de faire régner la terreur... Mais Miss B et ses amis, le lapin César et le rat Azélar, n'ont pas dit leur dernier mot. Baptisé "les Marguerites" , leur mouvement, continue les outrances au taureau dictateur, refusant le port de collier à grelots et exigeant la gratuité du bois pour tous les animaux.
Pour être mieux entendus, ces courageux compagnons bravent le froid chaque nuit pour faire un sit-in sous les fenêtres de Silvio. Mais pour Miss B, vaincre la dictature ne peut se faire qu'en évitant le plus redoutable des pièges : la tentation de la violence. Parviendra t-elle à convaincre ses amis de résister pacifiquement ? Le défi semble bien difficile...
Mon avis
2ème tome de la saga du Château des animaux, entamée de manière oh combien brillante en 2019 avec Miss Bengalore.
Je rappelle qu'avec cette fable inspirée - mais seulement inspirée, car ce n'est pas une adaptation littérale -par La ferme des animaux de Georges Orwell, l'excellent Dorison s'attaquait au poison des totalitarismes, mais de tous les totalitarismes, en expliquant en introduction de l'entreprise qu'au XX° siècle, certains héros du quotidien (Mandela, Gandhi) ont trouvé une voie étroite en luttant contre ce fléau par d'autres moyens que la force.
Miss Bengalore était une réussite vraiment totale, posant dans un univers anthropomorphique le cadre, les personnages, et tous les nœuds de l'intrigue principale.
Les animaux écrasés sous le joug dictatoriale du président Silvio, ce taureau terrifiant, aidé par sa clique de chiens capos, vont-ils parvenir à abattre le tyran en usant de leur intelligence et de leur solidarité ? Telle était la question en suspens à la fin des premières 70 planches. La réponse apportée par ce deuxième volume est : peut-être, on verra plus tard !
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Attention : je ne vais pas me plaindre de cette situation, car dès le lancement de la saga, l'éditeur indiquait sans ambiguïté qu'elle courrait sur quatre tomes.
Il n'empêche que, je vais vous parler franchement cher lecteur, j'ai ressenti une légère frustration à la fin de la lecture de Les marguerites de l'hiver.
D'une part, parce que je n'ai trouvé "que" 52 planches dans l'album, contre 70 pour le premier volume.
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D'autre part, car le scénario patine un peu - juste un peu ! - faute de la capacité de Dorison à introduire quelque part dans le récit une vraie surprise, un cliffhanger, un évènement qui déroute le lecteur.
Je ne condamne pas l'auteur qui, avec une subtilité constante, chronique l'affrontement entre le méchant taureau et la plèbe de la basse-cour. Lutte constante, sur des détails. Proche de la "vraie vie", en fait.
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Je dirais même que le sujet traité, avec infiniment de subtilité est fascinant, et sans aucun doute inédit dans l'univers de la BD : une lutte pacifique contre une dictature par la force a-t-elle une chance de triompher ?
Malheureusement, l'Histoire (avec un grand H) montre que la tentative est - a priori - vouée à l'échec, mais j'attends avec impatience de voir comment Dorison va sortir ses pauvres héros de cette situation impossible !
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Côté graphisme, c'est toujours une merveille, Félix Delep - si jeune et déjà si maître de son style - joue avec un trait d'une très grande délicatesse.
Reste sans doute une petite frustration liée au fait que l'album se déroule entièrement en plein hiver. Des ambiances froides, fades, et probablement un manque de contrastes à l'impression.
Dire qu'il va falloir attendre un an pour le troisième tome... Chaudement recommandé !
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