Le pitch

Lucky Luke se retrouve bien malgré lui propriétaire d'une immense plantation de coton en Louisiane. Accueilli par les grands planteurs blancs comme l'un des leurs, Lucky Luke va devoir se battre pour redistribuer cet héritage aux fermiers noirs.

Le héros du far-west réussira-t-il à rétablir la justice dans les terrains mouvants des marais de Louisiane ? Dans cette lutte, il sera contre toute attente épaulé par les Dalton venus pour l'éliminer, par les Cajuns du bayou, ces blancs laissés-pour-compte de la prospérité du Sud, et par Bass Reeves, premier marshall noir des États-Unis.

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Mon avis

Reprendre une star de la BD après la mort de son (ou ses) auteur(s), tout le monde sait que c'est difficile, très difficile. Il n'y a qu'à voir le nombre de daubes qui ont pu être publiées ces dernières années pour en être convaincu : Astérix, Blake & Mortimer... et Lucky Luke, par exemple.

Après plusieurs tentatives plus ou moins convaincantes, c'était au tour du tandem Jul & Achdé de reprendre en 2016 les aventures du cowboy solitaire (pas si solitaire que ça, d'ailleurs, puisqu'il ne se sépare jamais de Jolly Jumper !).

La terre promise était le titre du premier album, et c'était franchement, sympathiquement raté, surtout sur du côté humour et scénario. Il faut dire que se lancer dans une aventure où une communauté juive est au centre de l'histoire, c'était casse-gueule...

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Cette fois-ci, les deux auteurs s'attaquent à une autre communauté (si vous me permettez cette expression imparfaite), les noirs américains. Les african américans, comme on dit de l'autre côté de l'Atlantique.

Houlà, autre sujet casse-gueule, n'est-ce pas ? Eh bien, pourtant, les deux hommes s'en sortent plutôt pas mal, en tous cas nettement mieux que la fois précédente !

Premier point favorable : au cours de ces dernières années, Jul a visiblement beaucoup travaillé son trait et la qualité de sa plume s'approche désormais - sans l'égaler - de celle du maître Morris. Comme l'éditeur a lui aussi bien travaillé, la qualité de l'impression - couleurs, contrastes - est cette fois-ci excellente.

Enfin, excellente surprise : Jul s'affranchit dans la seconde partie de l'album (à partir de la planche 13) du gaufrier classique des Lucky Luke pour proposer plusieurs grandes vignettes, avec en point d'orgue une planche 40 superbe, trois vignettes verticales au cœur d'un ouragan.

Côté humour, Jul a, lui aussi, passé la vitesse supérieure. Bon, on n'est clairement pas dans la même catégorie que Goscinny, loin de là, mais un certain nombre de gags au cœur de l'album provoqués par la présence des Dalton dans le bayou sont plutôt réussis.

Dommage, par contre, que la présence des quatre frérots ne servent qu'à faire rire, car ils ne jouent strictement aucun rôle dans l'histoire !

Troisième élément positif : la volonté des auteurs de faire de la pédagogie auprès de leurs jeunes lecteurs est très intéressante.

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Plonger dans l'histoire des Etats-Unis pour parler (avec pas mal de subtilité) de la ségrégation et du Ku Klux Klan, voilà qui n'est pas banale pour une BD dite "comique" !

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Reste que la limite de l'exercice est vite atteinte car 44 planches, c'est carrément insuffisant et l'histoire tourne court beaucoup trop vite, alors qu'elle venait juste de s'installer, d'où une frustration sérieuse du lecteur (c'est moi !).

Alors, mes amis, quand allez-vous vous affranchir de ce format qui date de trois quart de siècle et que plus grand monde, dans la BD moderne, ne respecte ?