Blueberry
Dargaud
Blueberry
Dargaud
Le pitch
Blueberry est affecté à Fort Navajo. En cours de chemin il rencontre le Lieutenant Graig et ils tombent sur le ranch des Stanton complètement calcinée et jonchée des cadavres de ses habitants. Tout porte à croire qu'il s'agit d'un coup des indiens et le Lieutenant Graig décide de suivre leur piste pour délivrer le fils Stanton qui est entre leurs mains.
Blueberry va devoir manœuvrer entre l'inconscience de Graig et la haine des Indiens qui anime le commandant Bascom, bras droit du Colonel Dickson à Fort Navajo. Quand un rattle-snake entre dans la partie, tout se complique...
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Mon avis
1er album de la série Blueberry, publié en 1965.
Jean-Michel Charlier est alors LA star des scénaristes, l'auteur - entre autres - de Buck Danny, Barbe-rouge, La patrouille des castors, Tanguy et Laverdure.
Jean Giraud est beaucoup plus jeune et vient juste de faire ses armes avec Jijé, sur des séries western.
Dès ce premier épisode, la série fonctionne, et pas qu'un peu. Les raisons ?
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Couverture de Pilote lors du lancement de Fort Navajo
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Tout d'abord, un personnage qui tranche avec les héros de l'époque.
Indiscipliné, bagarreur, tricheur, Blueberry possède pourtant derrière ses défauts apparents bien plus de valeurs morales que la plupart des personnages des séries bien pensantes de l'époque... mais il le cache bien !
D'autre part, le graphisme de Giraud - considéré plus tard comme le maître de tous les dessinateurs - est déjà étonnement mature, précis, même si ses visages sont encore un peu rugueux, très visiblement inspirés par les trognes des grandes vedettes du cinéma américain.
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Il est amusant de noter à quel point le dessin de l'auteur évolue entre la première douzaine de planches (avec des contours un peu épais et des ombrés vraiment lourds) et la suite de l'album, où Giraud excelle dans les cases d'action, extrêmement dynamiques.
Enfin, last but not least, le scénario de Charlier est tout simplement étonnant.
S'appuyant très largement sur les faits parfaitement véridiques de l'affaire Bascom (à l'origine des guerres apaches), le grand professionnel parvient à dynamiter les canons habituels de la BD des 60's.
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Planche 6 encrée
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L'histoire est brutale, violente, les rebondissements très réalistes.
Quant au méchant, il préfigure les horribles vilains psychopathes et racistes du cinéma américain de la dernière partie du XX° siècle.
Bref : ce coup d'essai est un coup de maître, et il va falloir se précipiter sur Tonnerre à l'ouest et L'aigle solitaire pour connaître la suite car - damned ! - l'album s'achève sur un cliffhanger !
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