Le pitch

L'histoire de Magasin général se déroule dans un village du Québec rural à partir du début des années 40.

Elle gravite autour d'un personnage féminin, Marie, veuve avant l'heure et héritière du principal commerce local (le « Magasin général » qui donne son titre au récit), que l'irruption d'un étranger dans la petite communauté va progressivement réconcilier avec le bonheur ; bonheur d'aimer, bonheur d'être aimé(e), mais pas exactement de la manière que l'on pourrait imaginer...

L'intégrale livre 1 contient les tomes 1, 2 et 3.

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Mon avis

Ce premier volet de l’intégrale de Magasin général regroupe les trois premiers albums de la fameuse saga franco-canadienne.

En 2006, Régis Loisel, le créateur fameux français des séries La quête de l'oiseau du temps et Peter Pan, installé alors à Montréal, entame avec Jean-Louis Tripp la création de cette série destinée, dans un premier temps, à occuper trois albums.

Compte tenu de la très grande richesse du scénario développé mais aussi du succès considérable des premiers albums, les deux auteurs iront finalement bien au delà puisque, huit ans plus tard, ils clôtureront l'histoire avec le 9ème album !

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Magasin général restera certainement dans l'histoire de la BD pour la manière particulièrement originale employée par les deux artistes pour travailler ensemble.

En effet, la série est une vraie entreprise à quatre mains, au propre comme au figuré : les deux sont crédités pour le scénario mais aussi pour les graphismes.

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A gauche : crayonné de Loisel - A droite : "finitions" de Tripp

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La méthode ? Régis Loisel "jette" un premier crayonné (déjà très poussé) sur la page blanche, puis Jean-Louis Tripp reprend la main pour finaliser le crayonné, créer les ombres d'atmosphère, puis encrer.

A noter l'apport important de François Lapierre pour les couleurs, et surtout de Jimmy Beaulieu pour l'adaptation des dialogues en québécois.

Explication : l'histoire se déroule entièrement dans un patelin du fin fond du Québec. Donc, les personnages parlent québécois.

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Mais pour que le patois soit compréhensible par les lecteurs français, Jimmy Beaulieu a trouvé des simplifications, raccourcis pour atténuer les effets de la langue tout en gardant l'essentiel de son charme.

Le résultat est totalement réussi : drôle, savoureux, il participe grandement à la qualité de la série.

Les trois premiers albums sont les meilleurs de l'entreprise, un véritable délice littéraire doublé d'un vrai Tourne Page.

Le succès de la recette tient sans aucun doute à la manière dont Loisel et Tripp sont parvenus à imaginer un véritable microcosme peuplé d'un nombre considérable de personnages originaux, drôles, touchants, et tous parfaitement identifiables.

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Au premier plan, Marie, jeune veuve séduisante qui tient le magasin général de la petite ville et Serge, venu de Montréal, ancien combattant de la première guerre mondiale.

Juste derrière, une galerie de figures formidables, entre le maire du village, le jeune curé à la destinée contrariée, l'ancien combattant aveugle, le vieux Noël qui construit un bateau, les trois vieilles bigottes et méchantes, sans oublier Gaëtan, le gentil trentenaire simple d'esprit...

Et il faut aussi compter avec les femmes du village, qui s'occupent de leur foyer, et les hommes qui, la moitié de l'année, partent au loin travailler dans les bois pour nourrir le village...

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Marie se sent seul; elle s'attache au gentil Francis, si bien élevé et formidable cuisinier; elle aimerait bien refaire sa vie avec lui, mais cela va être difficile, car Francis a des secrets...

Les trois tomes comportent deux cents planches, qui passent à toute vitesse.

On ne s'ennuie pas une seconde, on rit, on a parfois la larme à l’œil.

C'est frais et vrai comme du Pagnol, sauf que ce n'est pas en Provence, mais tout là-haut, à gauche, dans le grand froid canadien.

Indispensable ! Et on se jette sur la suite de l'intégrale...