Icare
Kana
Icare
Kana
Le pitch
Dans une maternité japonaise, une femme connaît un accouchement délicat, avec le cordon ombilical enroulé autour du cou du nouveau né. Après avoir recouvré sa respiration, devant les médecins abasourdis le bébé se met à flotter dans l’air, comme affranchi de toute pesanteur terrestre. Icare est né. Le bébé est placé sous secret défense durant de longues années, dans un centre de recherches en sciences naturelles.
20 ans plus tard, l’équipe du professeur Endo analyse toujours Icare. Totalement coupé du monde extérieur, Icare habite dans une serre géante. Les seuls contacts sont ces scientifiques qui multiplient les tests, et une jeune infirmière, Yukiko. Mais avec la croissance, Icare est aux prises à des sentiments qui décuplent ses facultés et son envie de découvrir le monde extérieur…
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Mon avis
Lorsque j'ai lu sur la couverture de cet album : Moebius + Jirô Taniguchi, j'ai pensé : "Rêve-je ?"
Eh bien, je ne rêve-je pas : le roman graphique publié tardivement par Kana n'était pas un fantasme d'amateur de BD, mais bel et bien un projet monté sur un scénario du grand Jean Giraud et des graphismes de l'immense illustrateur et conteur japonais !
Ce one shot de 280 planches en noir et blanc est présenté par les éditions Kana sous une couverture cartonnée épaisse, recouverte d'une jaquette avec une très belle illustration en couleurs, dans un format assez grand pour une BD japonaise (proche du A4).
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Il est complété par un cahier comportant notamment une interview de Moebius par Numa Sadoul, où le scénariste explique la genèse et le déroulement - très compliqués - du projet.
Le papier est épais, de grande qualité.
Dernier point important : l'album se lit comme un manga, du fond vers la couverture.
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Je ne vous ferais pas le résumé de l'entretien avec Moebius : sachez simplement que Giraud explique très bien pourquoi le résultat est très beau graphiquement, et assez frustrant sur le plan du scénario.
Des graphiques magnifiques, cela n'étonnera pas beaucoup les fans de Taniguchi, qui a été choisi par Moebius pour illustrer l'histoire qu'il avait imaginé.
Le grand maître japonais est connu pour ses réalisations réalistes. C'est donc avec un plaisir extrême que j'ai découvert ce qu'il était capable de produire sur une histoire fantastique.
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L'album comporte peu de dialogues, Taniguchi peut donc se lâcher complètement sur de grandes, parfois très grandes vignettes.
Des pleines pages, et même quelques double pages où il excelle à dessiner quelques très belles perspectives architecturales, mais surtout des visages et des corps humains, donc quelques plans "coquins" et féminins.
Graphismes top : rien que pour eux, vous pouvez vous précipiter pour acheter l'album dont le prix, compte tenu de la qualité de l'édition, est de surcroît très raisonnable.
Par contre, n'attendez pas trop de l'histoire.
Trop simple, binaire (gros méchants et grands gentils) et trop linéaire, dotée d'une fin en queue de poisson, elle est bien loin du manga énorme et complexe imaginé au départ par Moebius.
Dommage, dommage...
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