Le pitch

Au 55, Dropsie Avenue, dans le Bronx à New York, il y avait cet immeuble.

Dans ces appartements vivaient les familles de petits fonctionnaires, ouvriers et autres commis... tous occupés à élever leur progéniture et à rêver d'une vie meilleure.

Les histoires recueillies dans cet ouvrage décrivent la vie telle qu'elle était dans ces immeubles, pendant les années 1930. Ces histoires sont toutes véridiques...

Mon avis

Dans l'histoire de la BD, Un pacte avec Dieu de Will Eisner, paru en 1978, est généralement considéré comme le premier roman graphique.

Il faut lire avec attention l'abondante documentation qui accompagne les deux cents planches dans l'édition spéciale publiée à l'occasion des quarante ans de sa sortie.

On y découvre comment Eisner, véritable star aux US dans les années 40 grâce à sa série du Spirit, a décider de replonger en 1977 dans la BD, après un quart de siècle d'interruption, pour parler de New York, sa ville, haïe et aimée à la fois.

*

*

Et quelle meilleure manière d'en parler - mais surtout de raconter la vie de ceux qui peuple la grosse pomme ?! - en déstructurant la forme du récit illustré traditionnel ?

C'est ici qu'intervient le génie d'Eisner : en juxtaposant son talent inimitable de conteur avec celui, fabuleux, de graphiste.

Son idée ? Exploser le carcan du "gaufrier" traditionnel de la BD !

Plus de vignettes, plus de bandeaux, plus de marges, quasiment plus de bulles !

*

*

Juste du texte, posé, ça et là, sur des dessins de tailles différentes, autant d'illustrations qui pourraient être souvent prises, individuellement, pour des tableaux à encadrer et placer sur un mur, chez soi.

Un pacte avec Dieu est une succession de "nouvelles graphiques", de pastilles narratives plus ou moins longues qui racontent le peuple d'en bas (comme diraient certains hommes politiques...), ce peuple d'immigrés de tous les pays qui, dans l'entre deux guerres, formaient la plèbe de New York.

Pauvres hères persécutés par le destin (les juifs d'Europe centrale...), par la pauvreté, la loi religieuse, la morale.

La cupidité, le sexe, la violence...

Les dessins en noir et blanc très contrastés sont sublimes (la pluie dessinée par Eisner, quel bonheur !).

L'auteur reprendra et développera par la suite le concept pour sa New York trilogie, critiquée ici, composant ce camaïeu de récits unique sur la Big apple.

Indispensable pour tous les vrais amateurs d'histoire de la BD.