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Le père Noël n’est pas sectaire.
Dans la catégorie « Cadeaux littéraires », il est certain qu’il préfère placer sous le sapin, de manière générale, les beaux livres, ceux qui pourtant pèsent le plus lourd dansa hotte.
Mais… un prix littéraire ou deux, un roman historique… et surtout des albums de BD ! Quoi de plus festif qu’une belle BD ? Il y en a pour tous les goûts, des plus jeunes aux plus âgés (genre Tintin 2.0 : 9 à 99 ans).
En fait, Daddy Chrismas aurait tort de se priver, car c’est en cette fin d’année que les éditeurs publient les plus beaux albums, les intégrales, les formats originaux…
Des tous petits prix jusqu’aux ouvrages à un prix indécent, il y en a pour tous les goûts, et pour toutes les bourses.
Une mine (de crayon, bien sûr) pour tous les amateurs de BD, ceux qui pensent que le 25 décembre, les « bulles » n’évoquent pas que le champagne !
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Rien que le meilleur de la BD sous le sapin !
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Santa Claus – Michael G.Ploog
Delcourt – 88 pages – 35 €*
Le pitch : Il y a bien longtemps… Ark le bûcheron trouve un nouveau-né abandonné qu’il confie à la reine des Nymphes..
Une fois adulte, Claus retourne vivre parmi les humains et fait leur bonheur en distribuant des jouets qu’il fabrique lui-même. Mais les forces du Mal, voyant d’un très mauvais oeil cette popularité auprès des enfants, tenteront de détruire l’esprit de Noël
Mon avis : Ce magnifique livre d’un format exceptionnel (36*27 : il aura du mal à loger dans votre bibliothèque) est certainement un des plus beaux livres sur Noël que j’ai eu le plaisir de lire dans ma vie.
Si je dis lire, c’est qu’il s’agit de l’adaptation d’un roman de L. Frank Baum, auteur par ailleurs il y a un siècle du Magicien d’Oz, et que le texte a donc autant d’importance que l’image (il vous faudra deux bonnes heures pour lire les 88 pages au format géant).
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Il s’agit d’une longue histoire, merveilleuse, qui se déroule dans un univers très Héroïc Fantasy.
Elle vous permettra de passer de merveilleux instants avec vos enfants – mais c’est aussi pour les adultes, il y a même des passages qui font un peu peur, comme dans tous les meilleurs contes ! – à découvrir le véritable destin du père Noël.
Le baron – Jean-Luc Masbou
d’après les contes du baron de Münchhausen
Delcourt – 72 pages – 23.95 €
Le pitch : A l’automne de sa vie, le Baron de Münchhausen se retrouve confronté au livre fraîchement publié qui raconte ses aventures. Un livre qui, certes, lui amène une popularité et une certaine notoriété bien au-delà de la région où il réside mais qui le confronte à la mort en faisant de lui un héros de papier et non plus un conteur !
Notre baron se décide à rétablir la vérité, et quelle vérité !
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Mon avis : Peu ou prou, tout le monde connait le Baron de Münchhausen. Personnage réel extraordinaire du XVIII° siècle, aussi connu au centre et à l’est de l’Europe que son homologue Cyrano de Bergerac dans les pays latins, il a – comme ce dernier – inspiré moult contes*, récits, pièces de théâtre, films… Un personnage hors norme, devenu une légende littéraire plus vraie que nature.
Difficile, donc, au bout de deux siècles d’exploitation, de créer une œuvre à son propos qui ne soit pas, plus ou moins, une redite. C’est pourtant ce qu’est parvenu à faire avec beaucoup d’habileté et de savoir-faire Jean-Luc Masbou !
Little Nemo in Slumberland – Winsor McCoy
Täschen – 712 pages – 57.00 €
Le pitch : Si Little Nemo, chef-d’œuvre comique de Winsor McCay (1869-1934), est un héros de comic-strip petit par la taille, c’est aussi le plus grand personnage de rêveur dessiné au XXe siècle. L’infatigable dormeur a inspiré des générations d’artistes, lecteurs assidus de ses aventures hebdomadaires en pyjama, de son lit au pays des rêves, avec des compères hauts en couleur, à travers des paysages psychédéliques aux mille possibilités d’escapades fascinantes.
The Complete Little Nemo de TASCHEN rassemble, dans des couleurs éclatantes, l’ensemble des 549 épisodes de Little Nemo, la bande dessinée culte où les prodigieux rêves surréalistes d’un petit garçon deviennent réalité.
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Mon avis : Le livre, lorsqu’il est conçu avec soin et avec amour, peut être un objet remarquable. Je ne parle pas ici du livre standard, celui produit à la chaîne par les grandes maisons d’édition; non, je parle des livres qui sortent de l’ordinaire, par leur format, les matières utilisées, leur typographie ou leur iconographie.
Täschen est un de ces éditeurs qui font des livres remarquables.
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Little Nemo fait partie de ces livres que l’on remarque, que l’on découvre, puis qu’on n’oublie pas.
Les Ogres-Dieux – Coffret 3 volumes
Hubert & Bertrand Gatignol
Editions Soleil – 500 pages – 74.95 €
Exceptionnel coffret regroupant les trois premiers tomes de la saga des Ogres-Dieux, chef-d’œuvre de la BD française contemporaine. Un cadeau fabuleux pour les fêtes à destination des amateurs de contes fantastiques et de graphismes exceptionnels. Vous trouverez ci-après, la critique du premier album, Petit.
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Le pitch : Petit est le fils du Roi-Ogre. A peine plus grand qu’un simple humain, il porte sur lui le signe de la dégénérescence familiale qui rend chaque génération plus petite que la précédente à force de consanguinité.
Son père veut sa mort mais sa mère, qui voit en lui la possible régénération de la famille puisqu’il pourrait s’accoupler à une humaine tel que le fit jadis le Fondateur de la lignée, le confie à sa tante Desdée, la plus ancienne d’entre eux. Déshonorée en raison de son amour pour les humains, elle vit recluse dans une partie de l’immense château. Seulement voilà, contrairement au souhait de sa mère, elle tentera d’élever Petit à l’inverse des murs familiales…
Tiraillé entre les pulsions violentes dont il a hérité et l’éducation humaniste qu’il a reçue de Desdée, Petit trouvera-t-il sa place ? Et survivra-t-il à l’appétit vorace de sa famille ?
Mon avis : Petit, c’est le premier tome du diptyque Les Ogres-Dieux. Un titre tout à fait adapté à l’histoire, mais qui reflète bien mal l’album et l’entreprise qu’il représente, car ce titre est tout simplement GÉANT !
Géant par la taille : l’ouvrage publié par les Editions Soleil (chapeau bas, messieurs !) est une des plus belles réussites de la BD de ces dernières année. un album lourd, si lourd qu’il en est impressionnant (et dont le prix élevé – 28 € – est pour une fois parfaitement justifié).
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Couverture très épaisse, plus de 150 pages imprimées sur un papier à l’épais grammage avec un soin méticuleux en bichromie absolue (à l’exception des intertitres) : que du noir et blanc, avec des contrastes phénoménaux.
Géant par le contenu car cette histoire est celle de la race des géants qui, à un moment, sont apparus pour dominer le monde puis, peu à peu, ont perdu de leur superbe.
Un conte de fées pour adultes – seulement pour adultes, attention ! – qui va plonger le lecteur, hypnotisé, au cœur d’une histoire comme il en lisait étant enfant. Terrible, effrayante.
Peau d’homme – Hubert & Zanzim
Glénat BD – 160 pages – 27.00 €
Le pitch : Dans l’Italie de la Renaissance, Bianca, demoiselle de bonne famille, est en âge de se marier. Ses parents lui trouvent un fiancé à leur goût : Giovanni, un riche marchand, jeune et plaisant. Le mariage semble devoir se dérouler sous les meilleurs auspices même si Bianca ne peut cacher sa déception de devoir épouser un homme dont elle ignore tout.
Mais c’était sans connaître le secret détenu et légué par les femmes de sa famille depuis des générations : une « peau d’homme » ! En la revêtant, Bianca devient Lorenzo et bénéficie de tous les attributs d’un jeune homme à la beauté stupéfiante. Elle peut désormais visiter incognito le monde des hommes et apprendre à connaître son fiancé dans son milieu naturel. Mais dans sa peau d’homme, Bianca s’affranchit des limites imposées aux femmes et découvre l’amour et la sexualité.
Mon avis : La mécanique des attelages scénariste/graphiste, dans la création BD, est impossible à décrypter à l’avance.
Parfois, au contraire, la réunion de deux professionnels excellents, aboutit à un petit miracle. C’est le cas d’Hubert et Zanzim pour Peau d’Homme.
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J’avais déjà eu le plaisir de découvrir l’écriture précise, presque classique, d’Hubert dans le charmant Monsieur désire (avec Virginie Augustin au pinceau), mais surtout la trilogie formidable des Ogres-dieux (avec Bertrand Gatignol).
Quant à Zanzim, j’avais apprécié son trait très particulier dans l’étonnant L’île aux femmes (dont il était également le scénariste).
Mickey et la terre des anciens – D.P. Filippi & Silvio Camboni
Glénat – 64 pages – 15.00 €
Le pitch : Dans un monde où chacun vit sur de précaires lopins de terre flottants pouvant à tout moment être emportés par de violentes tempêtes, Mickey, maître cordier, a pour mission de tenir en place ces fragiles îles volantes. Sans cesse sollicité, son travail lui évite de trop penser à la perte récente de son ami Dingo. Jamais Mickey n’a été aussi seul et démuni. Il doit pourtant affronter le tyrannique seigneur Fantôme, voleur des terres des plus pauvres.
Pour cela, il se réconcilie à contrecœur avec Minnie, un peu trop occupée à vainement rechercher un continent chimérique et s’allie à Pat Hibulaire, leader d’une guilde indépendante aux agissements douteux, qui lui cache toutefois une bien belle surprise.
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Mon avis : Les miracles, parfois, se répètent.
Il y a quatre ans, j’étais tombé amoureux de La jeunesse de Mickey, un revival de Mickey réalisé par Tébo (scénario et dessin), une petite merveille explosant le mythe de Mickey, pour en faire autre chose. Ce petit miracle, on le devait à Glénat (grâce lui soit rendue !) qui, en 2015, a lancé une collection spin off de la souris disneyenne dans laquelle s’inscrivait cet album.
Depuis, les auteurs se sont bousculés chez Glénat pour proposer leur version de Mickey. Des grands auteurs reconnus comme Régis Loisel, Cosey ou Lewis Trondheim.
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Mais aussi le tandem Denis-Pierre Filippi (au scénario) & Silvio Camboni (aux graphismes) qui signent ici leur deuxième création du genre, après Mickey et l’océan perdu.
Avec La terre des anciens, bim ! Voilà le deuxième miracle annoncé plus tôt !
Blacksad (6 tomes) –Diaz Canales & Guarnido
Dargaud – 370 pages – 90.00 €
Le pitch : Attention chef-d’oeuvre ! L’histoire d’un privé qui veut venger son ex-fiancée assassinée, rappelle celle des grands maîtres du polar le plus noir.
Cette tragédie classique transfigurée par un dessin sublime, d’une Maestria époustouflante, qui fait de ce polar l’une des plus grande surprise de l’année.
Mon avis : 1er tome de la série Blacksad, Quelque part entre les ombres sort en novembre 2000. Dès sa parution, Blacksad est un événement. Son succès auprès du grand public est évident et il ira en grandissant tout au long des quinze années suivantes, avec un rythme de publication très lent (un album tous les quatre ou cinq ans).
Si vous n’avez pas encore mis votre nez – et surtout votre œil ! – dans la série, quels arguments puis-je trouver pour vous en donner l’envie ?
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En fait, c’est très simple : l’entreprise Blacksad est un concept mûrement réfléchi par les auteurs, avec une recette parfaitement dosée et appliquée avec une rigueur impeccable.
Premier ingrédient : une grosse louche d’anthropomorphisme. Tous les personnages sont des animaux, se comportant comme des humains.
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La venin (4 tomes) – Laurent Astier
Rue de Sèvres – 260 pages – 4*15 €
Le pitch : Dans le train qui la mène à Silver Creek, petite ville perdue aux confins du Colorado. Emily se souvient du destin tout tracé qu’elle a fui. Elle ne voulait pas devenir comme sa mère, et vendre ses charmes à des hommes de passage dans le quartier chaud de La Nouvelle-Orléans. Mais lorsque celui qui devait vous épouser ne se présente pas à la gare et que vous êtes une jolie jeune femme seule et sans le sou dans une ville minière des Rocheuses. Que vous reste-il comme option ?
Le patron du saloon aura bien une petite idée en tête … A moins qu’Emily ne coure après autre chose et que la venue prochaine du gouverneur favori aux élections sénatoriales ne soit pas qu’une simple coïncidence. Car, en cette année 1900 dans l’Ouest encore sauvage, les règlements de comptes sont légion, les fuites et les cavalcades infinies.
Mon avis : Les éditions Rue de sèvres ont réussi un coup de maître avec la couverture du premier tome de Déluge de feu, le premier tome de la nouvelle série de Laurent Astier, La venin.
Difficile de faire plus séduisant que cette vue rouge et or d’une belle femme brandissant une carabine, dans un grand envol de jupe fin XIX°.
C’est bien simple : au milieu des autres BD parues début 2019, on n’a vu que cet album !
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Heureusement, la curiosité initiale qui m’a poussée à acquérir La venin n’a pas été déçue lors de la lecture de ces 60 planches au rythme trépidant. Au contraire : c’est avec une surprise heureuse que j’ai découvert à quel point Laurent Astier était un auteur complet et accompli.
Pas de doute : l’album fait partie des meilleures découvertes de ces dernières années en matière de BD western où, pourtant, la concurrence ne manque pas.
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Le dernier pharaon – François Schuiten & Laurent Durieux
Dargaud – 92 pages – 17.95 €
Le pitch : « Par Horus, demeure ! » Le souvenir de la Grande Pyramide hante à nouveau Mortimer. Ses cauchemars commencent le jour où il étudie d’étranges radiations qui s’échappent du Palais de Justice de Bruxelles : un puissant champ magnétique provoque des aurores boréales, des pannes dans les circuits électroniques et d’épouvantables hallucinations chez ceux qui y sont exposés. La ville est aussitôt évacuée et enceinte d’un haut mur.
Pour venir à bout du rayonnement, l’armée a conçu un plan qui met en péril l’avenir du monde. Pour Blake et Mortimer, malgré leurs vieilles querelles, malgré leur âge, il va s’agir de repartir à l’aventure, vers une Bruxelles abandonnée pour tenter encore une fois de sauver le monde. Et s’apercevoir que la zone interdite n’est pas si abandonnée que cela.
Ce qu’ils trouveront là est en lien avec leur aventure passée, celle qui les avait menés au temps de leur jeunesse, vers les mystères de la Grande Pyramide.
Mon avis : Pour beaucoup, un album de Blake et Mortimer scénarisé (en partie) et dessiné par François Schuiten relevait du pur fantasme. Et pourtant, il l’a fait !
Vous imaginez avec quelle curiosité – mais aussi quelle appréhension – j’ai ouvert le volume dont la magnifique – splendide ! – couverture me narguait depuis au moins… deux minutes (oui, impossible d’attendre, j’ai craqué !).
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Zaroff – S. Runberg & F. Milville-Deschênes
Le Lombard – 88 pages – 16.45 €*
Le pitch : « Je m’appelle Fiona Flanagan. Vous ne me connaissez pas, général Zaroff… Et pourtant, il y a peu, vous avez changé ma vie. En tuant mon père, lors d’une de vos sordides chasses à l’homme. Je me propose de vous rendre la pareille !
Mes hommes ont retrouvé votre soeur cadette et ses trois enfants. Ainsi que l’île qui vous sert de repaire… Et cela m’a donné, à mon tour, des envies de chasse !
Qui, de vous ou moi, trouvera votre soeur et ses enfants en premier ? À l’instant où vous lirez ces mots, ils seront déjà sur votre île. Si c’est moi qui les rattrape, je les tuerai. Si c’est vous, il vous faudra les défendre. Car je n’aurai de cesse de tous vous chasser et de tous vous abattre. Afin qu’il ne reste aucun Zaroff en vie dans ce monde. »
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Mon avis : Zaroff, cela vous dit quelque chose ? Non ? Alors passez votre chemin, vous aurez du mal à vous immerger dans cette histoire dont les prémices – bizarrement présentées dans les dix premières planches – risquent de vous déconcerter.
Par contre, si vous êtes cinéphile et que Les chasses du comte Zaroff sont pour vous synonyme de film en noir et blanc du début des années 30 et d’aventures étranges – à la limite du fantastique – et de perversité, n’hésitez pas : cet album est pour vous.
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La bonne idée de Sylvain Runberg est de pas avoir tenté l’exercice casse-gueule d’une adaptation littérale de l’histoire originale (une nouvelle de Richard Connell, The most dangerous game), mais plutôt une sorte de mise en abîme, une suite/démarque où le très, très méchant comte Z. , de chasseur se retrouve chassé.
Speak – Emily Caroll
Rue de Sèvres – 376 pages – 20.00 €
Le pitch : « J’aimerais faire un vœu mais je ne sais pas lequel… J’essaie de ravaler la boule que j’ai dans la gorge. Je pourrais leur raconter ce qui est arrivé. Comment réagiraient-ils ? » Melinda a 15 ans. Ce soir d’été, au beau milieu d’une fête, la jeune fille est victime d’un drame. Elle appelle la police.
Personne ne saura jamais pourquoi elle a lancé cet appel, ni ce qu’il lui est arrivé cette nuit-là. Tout simplement parce que Melinda, murée dans son silence, ne parvient pas l’exprimer…
Mon avis : One shot qui a fait le buzz dès sa sortie, tout début 2019, Speak est un roman graphique événement à plus d’un titre.
Tout d’abord – et essentiellement – parce que le sujet, adaptation d’un roman de Laurie Halse Anderson, est terriblement dans l’air du temps.
Enfin, depuis quelques années, on parle des viols ‘ordinaires » qui régulièrement, corrompent les relations des adolescents à la fin de leurs études secondaires et qui restent impunis, faute pour les victimes traumatisées de parvenir à s’exprimer et à porter plainte.
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Mais Speak n’est pas qu’un sujet porteur, c’est aussi une oeuvre littéraire de qualité.
Jusqu’au dernier – Jérôme Félix & Paul Gastine
Bamboo édition – 72 pages – 17.90 €
Le pitch : L’époque des cow-boys tire à sa fin. Bientôt, ce sont les trains qui mèneront les vaches jusqu’aux abattoirs de Chicago. Accompagné de Benett, un jeune simplet de 20 ans, Russell a décidé de raccrocher ses éperons pour devenir fermier dans le Montana. En route, ils font halte à Sundance.
Au petit matin, on retrouve Benett mort. Le maire préfère penser à un accident plutôt qu’à l’éventualité d’avoir un assassin parmi ses concitoyens et chasse Russell de son village. Mais le vieux cow-boy revient à la tête d’une bande d’Outlaws pour exiger la vérité sur la mort de Benett…
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Mon avis : Si vous êtes fan de BD – tout particulièrement de western -, et si vous me dîtes que vous n’avez jamais remarqué l’album de Jérôme Félix et Paul Gastine lors de vos promenades dans les rayons de votre libraire favori, sachez que je ne vous croirais tout simplement pas !
Comment en effet, sérieusement, ne pas avoir l’œil attiré par ce grand format (24*32 cm) publié par Bamboo, l’éditeur, dans sa collection Grand angle, qui privilégie (comme son nom l’indique) la vision « comme au cinéma » ?.
Vos mirettes se seront forcement fixé sur la couverture, exceptionnelle, probablement la plus belle de la BD 2020. Sujet, précision du trait, couleurs et contrastes incroyables, la une de Jusqu’au dernier est tellement belle que j’irais presque jusqu’à encadrer l’album pour l’accrocher au mur ! Un vrai bonheur…
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Dracula – George Bess
d’après le roman de Bram Stoker
Glénat BD – 226 pages – 39.00 €
Le pitch : En 1897, le public découvre dans les pages d’un roman épistolaire écrit par Bram Stoker l’extraordinaire personnage de Dracula, être immortel qui se repaît du sang des vivants pour les transformer à leur tour en créatures maléfiques. Si Stoker n’a pas inventé la figure du vampire, il lui a malgré tout conféré sa forme moderne en faisant du comte Dracula une figure iconique et emblématique inspirant des générations d’auteurs. Et bien que le roman ne fût pas un best-seller immédiat, il connut un écho mondial à travers des adaptations cinématographiques cultes.
Armé du brio graphique qu’on lui connaît, George Bess signe dans Bram Stoker Dracula une œuvre de virtuose qui démontre, une fois de plus, que Bess est sans conteste l’un des grands dessinateurs de la bande dessinée contemporaine.
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Mon avis : Des éditions somptueuses consacrées à la BD, j’en ai vu et lu beaucoup, mais là… Rarement un album – dans son édition « prestige » – m’aura autant attiré, fasciné, impressionné (je pourrais continuer ainsi un bon moment !) et son prix conséquent (39 €) aura été aussi justifié.
Le format, déjà, complètement hors norme : 37*28 cm pour plus de deux kilos d’un épais papier glacé, sous une couverture dont chaque battant pèse aussi lourd qu’un album normal. Si grand, si lourd, qu’il vous faudra l’installer sur une table pour le lire.
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Tiens, parlons en, de cette couverture ! Un décor pré art nouveau à la Mucha, dans de pures tonalités noires et rouge.
Rouge sang, bien entendu. Car il s’agit bien d’une adaptation de Dracula, le chef-d’œuvre de Bram Stoker, par le grand illustrateur Georges Bess.
Betty Boop – Intégrale – Max Fleischer
Vents d’ouest – 208 pages – 32 €
Le Pitch : En 1930, une sirène de celluloïd fait son apparition dans un court métrage des studios Fleischer : Betty Boop ! Mêlant innocence et sensualité, la demoiselle ne tarde pas à séduire un très large public et à devenir l’un des sex symbols de l’âge d’or de l’animation américaine, qui est même censurée un temps à cause de sa jupe trop courte !
Un succès tel que ses aventures sont ensuite déclinées en comic strip dans les journaux où, chaque jour, les lecteurs ont pu retrouver les pérégrinations de cette femme indépendante et très en avance sur son temps.
Cette intégrale, la plus complète concernant l’œuvre de Max Fleischer, rassemble près de 300 épisodes noir et blanc et couleurs de ce bijou de la BD américaine patrimoniale, dont certains n’avaient jamais été réimprimés depuis les années 1930 ! Introduit par une préface de l’actuel directeur des studios Fleischer, voici le plus bel hommage qui puisse être rendu à l’une des plus grandes icônes du XXe siècle. Boop-boop-a-doop !
Mon avis : Betty Boop est une icône incontournable de la culture américaine du XX° siècle, mais que je pensais un tout petit peu désuète. A la lecture-découverte de ce magnifique album édité grâce à la bien heureuse initiative des Editions Vent d’Ouest, je me suis pourtant exclamé : mais que nenni ! Tout d’abord, il y a cette splendide couverture aux couleurs flashy sur laquelle (c’est difficile à voir en image) il y a de véritables paillettes.
Ensuite, il y a ces plus de deux cents planches qui constituent l’intégrale des bandes publiées durant la « vie » de la petite Betty, y compris de nombreuses planches jamais rééditées depuis les années 30. Une petite partie en noir et blanc mais surtout une très large majorité en couleurs, là aussi magnifiques. Jetez juste un coup d’œil ci-dessous : c’est splendide ! Indispensable…
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La vengeance du Comte Skarbek – Y. Sente & G. Rosinski
Dargaud – 128 pages – 24.99 €
Le pitch : On dit qu’une bonne vengeance peut attendre. C’est faux. Une bonne vengeance doit attendre. Pour se préparer. Pour se déguster. Pour surprendre.
Combien d’années d’injustice subie auront été nécessaires au très civilisé Comte Skarbek pour que son unique main se ferme en poing vengeur ?
Toutes les réponses ont été transcrites en 1843 dans un diptyque. Toutes.
Mon avis : Quant deux grands de la BD décident de travailler ensemble, on a toujours un peu peur d’être déçu, que 1 + 1 ne fassent pas 2.
Cependant, parfois, 1 + 1 font 3, et c’est superbe. Voilà ce qui est arrivé en 2008 à Yves Sente et Grzegorz (dit Greg) Rosinski, lorsqu’ils se sont lancés dans cette longue histoire en 128 planches.
La vengeance du Comte Skarbeck a été publiée dans un premier tome en deux volumes, mais il faut absolument l’acheter dans sa version « Intégrale » réunissant les deux albums.
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Le format de l’intégrale est en effet beaucoup plus grand qu’un album normal (27.4*35 cm).
Cela permet de mettre en valeur de manière évidente et indispensable le travail graphique de Rosinski, sur un très beau papier au grammage épais, et l’éditeur a ajouté un carnet de croquis de 18 pages pour clore le volume.
Il faut flinguer Ramirez (2 tomes) – Nicolas Petrimaux
Glénat Comics – 2*144 pages – 2*19.95 €
Le pitch : Falcon City, Arizona. Jacques Ramirez travaille à la Robotop, une entreprise d’électroménager et l’un des fleurons industriels du coin. Employé modèle, il bosse vite, bien, et sait surtout se faire discret. Pour cause : il est muet.
Sa vie bascule le jour où deux membres d’un dangereux cartel pensent reconnaître en lui l’homme qui a trahi leur organisation par le passé : Ramirez, le pire assassin que le Mexique ait jamais connu. Aussi étonnant que cela puisse paraître, sous le chapeau du nettoyeur légendaire se cacherait désormais… un expert en aspirateurs hors-pair. Et maintenant que les hommes du cartel l’ont démasqué, ils feront tout, absolument tout… pour flinguer ce fumier !
Mon avis : « Ah, ben ça alors ! » me suis-je exclamé en découvrant le très bel album cartonné proposé par Gléant BD et Nicolas Pétrimaux, « Si les français se hissent au meilleur niveau des comics US, tout en se moquant gentiment de leur gueule, on va bien rigoler ! »
Une fois les 130 planches de ce one shot explosif avalé, j’ai bien été obligé d’avouer que mon (excellente) impression première était la bonne : Nicolas Pétrimaux a tout simplement réussi à se démarquer dès son (quasi) premier essai de tout ce qui se produit en France en matière de BD !
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L’île au trésor (Jim Hawkins) – Sébastien Vastra
d’après le roman de Robert Louis Stevenson
Ankama éditions – 176 pages – 29.90 €
Le pitch : Un avenir de commis de cuisine et l’auberge familiale en héritage, Jim Hawkins sait qu’il ne restera pas longtemps sur la terre ferme. Son regard est ailleurs, tourné vers cette ligne de mer posée sur l’horizon, promesse d’inconnu et de mystères. Il suffirait d’un coup de pouce du destin ou de Bill Bones, ce vieux loup de mer fraîchement débarqué avec sa précieuse carte, pour que Jim bascule dans le tourbillon de l’aventure.
Mais s’il y a une chose dangereuse en ce bas monde, c’est bien de posséder une fortune sur un morceau de papier…*
Mon avis : Les adaptations de L’île au trésor, le chef-d’œuvre de Robert-Louis Stevenson, sont innombrables. Et pourtant, question BD, je dois bien admettre que celle de Sébastien Vastra est sans doute devenue ma préférée.
Pourtant, l’entreprise m’a paru dans un premier temps un peu bizarre : partir du roman pour en faire une histoire d’animaux… quelle drôle d’idée !
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Mais dès la première planche (plus de 160 dans cette intégrale qui réunit les trois volumes), mes appréhensions sont tombées. Complètement.
Moi ce que j’aime, c’est les monstres – Emil Ferris
Monsieur Toussaint Louverture – 416 pages – 34.90 €
Le pitch : Chicago, fin des années 1960. Karen Reyes, dix ans, adore les fantômes, les vampires et autres morts-vivants. Elle s’imagine même être un loup-garou: plus facile, ici, d’être un monstre que d’être une femme. Le jour de la Saint-Valentin, sa voisine, la belle Anka Silverberg, se suicide d’une balle dans le coeur. Mais Karen n’y croit pas et décide d’élucider ce mystère. Elle va vite découvrir qu’entre le passé d’Anka dans l’Allemagne nazie, son propre quartier prêt à s’embraser et les secrets tapis dans l’ombre de son quotidien, les monstres, bons ou mauvais, sont des êtres comme les autres, ambigus, torturés et fascinants.
Journal intime d’une artiste prodige, Moi, ce que j’aime, c’est les monstres est un kaléidoscope brillant d’énergie et d’émotions, l’histoire magnifiquement contée d’une fascinante enfant. Dans cette oeuvre magistrale, tout à la fois enquête, drame familial et témoignage historique, Emil Ferris tisse un lien infiniment personnel entre un expressionnisme féroce, les hachures d’un Crumb et l’univers de Maurice Sendak.
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Mon avis : La rentrée littéraire 2018 aura été marqué par l’incroyable buzz généré par la sortie de ce roman graphique (ou du moins : de la première partie de cette oeuvre monumentale).
Il faut dire que le livre d’Emil Ferris (c’est une femme) est en lui-même un objet extraordinaire : incroyablement massif, épais, grand et large, l’album – dont le visage de femme figurant sur la couverture crayonnée saute littéralement au visage du lecteur curieux – est tout simplement hors norme.
Deux kilos de papier, imprimé comme s’il s’agissait d’un énorme cahier d’écolier, sur des feuilles à carreau avec une reliure spirale en trompe-l’œil : un travail d’édition remarquable, bravo aux éditions Monsieur Toussaint Louverture !
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Et là, je ne vous parle que de l’extérieur du livre, car si vous ouvrez l’objet c’est… woww ! Unbeliveable ! Un torrent de plus de 400 planches recouvertes – sans le moindre espace libre – de graphismes crayonnés (essentiellement au bic noir ou bleu) aux reliefs fabuleux…
Comment décrire l’impression que peut procurer la vision de ces dessins fantastiques (dans tous les sens du terme !) ? Comment ? C’est impossible, il faut aller le voir pour comprendre.
La jeunesse de Mickey – Tébo
Editions Glénat – 80 pages – 17 €
Le pitch : Norbert, l’arrière-petit neveu de Mickey, est comme tous les gamins de son âge : le nez toujours plongé dans sa console de jeux vidéo. Alors, pour attirer son attention, son arrière-grand-oncle a l’habitude de lui raconter des histoires. Mais pas n’importe lesquelles : celles qu’il a vécues dans sa jeunesse. De palpitantes aventures dans lesquelles il a tour à tour été : cowboy, prisonnier dans le Bayou, as de l’aviation de la Première Guerre Mondiale, trafiquant de chocolat pendant la prohibition et même astronaute !
Norbert a un peu de mal à croire à ces récits invraisemblables, d’autant que, comme toutes les personnes âgées, pépé Mickey (comme l’appelle Norbert) a la vue qui baisse et la mémoire un peu comme un gruyère… Tébo, co-créateur de Captain Biceps et probablement l’un des dessinateurs de gags les plus doués de sa génération, imagine dans un dialogue entre pépé Mickey et son arrière-petit neveu la jeunesse de la plus célèbre des souris.
Mon avis : Attention ! Attention ! Ceci n’est pas une bande dessinée pour les tout-petits ! Enfin… pas seulement !… Tomber comme ça,par hasard, sur une BD à double lecture aussi jouissive, c’est extrêmement rare. Sauf que je ne suis pas tombé dessus par hasard !
En fait, j’ai été attiré par l’album. Un album d’assez grandes dimensions (32*24), avec une couverture cartonnée, à l’ancienne, non pelliculée, très épaisse (de même que le papier intérieur), un dos toilé année 40, et un dessin de couverture incroyablement graphique, couleurs vives sur fond d’une blancheur spectaculaire.
Alors j’ai ouvert… et après des pages de garde aux multiples Mickey, toujours aussi graphique…
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…je suis tombé sur une espèce d’OVNI ! Mickey, revisité, dynamité par l’auteur de Captain Biceps, à lire au premier, deuxième ou dixième degré (rayez les mentions qui, tout bien réfléchi, vous paraissent inutiles).
Duel – Renaud Farace
Casterman – 180 pages – 22 €
Le pitch: Alors que Napoléon affronte l’Europe entière dans un bras de fer impitoyable, il veille à préserver toutes ses forces en interdisant les duels, qui saignent à blanc sa Grande Armée. Mais deux hussards, pour une obscure affaire d’honneur, s’entêtent à se défier… De duel en duel, les frères d’armes devenus ennemis scellent leurs destins et entrent dans la légende. La haine rendrait-elle immortel ?
Librement adapté du récit de Joseph Conrad, et inspiré de personnages historiques.
Mon avis : Au départ, il y a deux personnages réels : le général d’Empire Fournier-Salovèze et le comte Pierre-Antoine Dupont de l’Etang. Deux hommes qui, de par leur incroyable antagonisme, vont nourrir la légende.
Après, il y a Joseph Conrad qui, en une simple nouvelle, Le duel, élève en 1908 la légende en récit fabuleux.
Enfin, il y a Ridley Scott qui, dans une adaptation cinématographique absolument superbe sortie en 1977, Les duellistes, transforme le mythe en conte romantique.
Tout cela pour qu’un jour, Renaud Farace reprenne à son tour – scénario et dessin – l’histoire, et en fasse un roman graphique d’une qualité tout à fait exceptionnelle.
Roi ours – Mobidic
Delcourt – 110 pages – 18.95 €*
Le pitch : Xipil est une jeune fille de chef promise au sacrifice par son propre père au dieu Caïman. Mais Roi Ours ne voit pas les choses de la même manière, libère la jeune fille et l’emmène avec lui. En agissant ainsi, Roi Ours « vole » son offrande au reptile. C’est à lui que la vie de Xipil revient de droit.
Trouver un arrangement sera difficile et Caïman compte bien en tirer le maximum de profit.
Mon avis : Roi ours est le premier album – un long « one shot » de 108 planches – de Mobidic, une toute jeune auteure qui s’est lancée courageusement, seule, à l’assaut d’un sacré travail : scénario, dessin, mise en couleurs.
Ne vous fiez pas à la couverture. J’ai cru au départ qu’il s’agissait d’une nouvelle adaptation du livre de la jungle, de Kipling. Cependant, s’il y a effectivement du Kipling (et même beaucoup) dans ce magnifique récit, il y a surtout du Mobidic, qui n’est pas du Melville (!), mais juste le surnom de l’auteure (dont le véritable nom reste pour moi mystérieux à ce jour…).
Si cette histoire se passe dans la forêt profonde, on imagine très vite qu’il s’agit plutôt d’une forêt sud américaine.
Ailefroide – Altitude 3 954 – Jean-Marc Rochette
Editions Casterman – 296 pages – 28 €
Le pitch : De Grenoble à la Bérarde en mobylette. Des rappels tirés sur la façade du Lycée Champollion.
Avec l’exaltation pure qui tape aux tempes, quand on bivouaque suspendu sous le ciel criblé d’étoiles, où qu’à seize ans à peine on se lance dans des grandes voies. La Dibona, le pilier Frendo, le Coup de Sabre, la Pierre Alain à la Meije, la Rébuffat au Pavé : le Massif des Ecrins tout entier offert comme une terre d’aventure, un royaume, un champ de bataille parfois.
Car la montagne réclame aussi son dû et la mort rôde dans les couloirs glacés.
Mon avis : Jean-Marc Rochette est un touche à tout éclectique (oui, je sais, un touche à tout est forcement éclectique, mais arrêtez de m’interrompre tout le temps comme ça pour des détails!), capable de passer de la BD acide pour adulte (Edmond le cochon, avec Martin Veyron) à la série SF (Le tranceperceneige, avec notamment Jacques Lob) il a consacré l’essentiel de sa carrière à l’illustration.
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Et franchement, j’avoue ne pas être totalement fan de son style aux traits épais, rugueux, souvent volontairement imprécis.
Mais comme, pour une fois, Rochette était aussi derrière son clavier pour écrire le scénario, et que le récit portait visiblement sur l’amour de la montagne, j’ai tout de même tenté ma chance.
Bien m’en a pris ! Car je suis sorti de ma lecture, une paire d’heures plus tard, absolument convaincu, conquis par ce très épais roman graphique qui est, tout simplement, un récit autobiographique d’une qualité remarquable.
O’Boys – Steve Kuzor & Philippe Thirault
Dargaud – 180 pages – 29.99 €
Le pitch : Deux jeunes hommes désœuvrés dans le Mississipi des années 1930. Un destin qui les lie de façon indéfectible à un détail près : l’un est blanc, l’autre est noir…
Ensemble, ils vont accomplir un fabuleux périple qui deviendra un véritable apprentissage de la vie… Un récit puissant qui restitue l’ambiance de l’Amérique de l’après 1929, celle de Mark Twain ou de Steinbeck sur fond de blues, de prohibition et de racisme !
Mon avis : Les vraies BD d’aventure, avec une réelle toile de fond historique et sociale, qui plus est bardées de références littéraires de qualité, il n’y en a pas beaucoup. En fait, elles sont rarissimes.
Avec O’Boys, cette saga en trois tomes proposées ici en une intégrale qui est en fait un vrai one shot de 180 planches nécessitant plusieurs heures de lecture passionnantes (miam !), je suis tombé sur une de ces raretés.
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Le retour à la terre – Intégrale – J.Y. Ferri & M. Larcenet
Editions Glénat – 29,95 €
Le pitch : réunis en un seul volume dans un magnifique format à l’italienne, les trois premiers tomes en couleurs du Retour à la terre sont le cadeau de Noël parfait pour tous vos amis – ceux qui veulent s’installer à la campagne, ceux qui en viennent ou ceux qui y vivent, ceux qui souhaitent un enfant, ceux qui n’en veulent pas ou ceux qui hésitent, ceux qui aiment rire et ceux qui savent être émus…
Et, tant que vous y êtes, prenez-en un pour vous ! Incontournable.
Mon avis : Le retour à la terre, c’est une saga en cinq volumes qui a occupé pendant plusieurs années le scénariste Yves Ferri (qui s’est immergé depuis dans Astérix) et le dessinateur Manu Larcenet, devenu depuis un des auteurs majeurs de la BD française avec son nouveau style réaliste en noir et blanc pour Blast (4 albums) puis Le rapport de Brodeck (voir plus bas).
Une saga qui est, en quelque sorte, un hommage-référence aux mouvements qui poussent, périodiquement, certains urbains à tenter un retour à « l’authenticité » rurale, comme en 1968 ou, plus récemment avec certains bobos.
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La série est d’une grande gentillesse et simplicité, très « mainstream » (les enfants peuvent la lire sans problème).
Même si j’aurais sans doute aimé un peu plus de causticité, le format original de l’intégrale, en demi-planches à « l’italienne », les couleurs vives, franches, solaires, et la qualité de l’édition me poussent à vous conseiller son acquisition.
Grandville – Bryan Talbot
Milady – 128 pages – 20.00 €
Le pitch : Dans le Paris de la Belle Epoque, l’inspecteur LeBrock de Scotland Yard est sur la piste d’un mystérieux assassin.
Inspiré par le travail du caricaturiste français du XIX e siècle JJ Grandville et l’illustrateur de science-fiction Robida – sans parler de sir Arthur Conan Doyle, Rupert l’Ours et Quentin Tarantino -, Bryan Talbot fait une fois encore la preuve de son immense talent.
Mon avis : Quand Grandville est sorti, en 2010, cela m’a fait un choc.
Rien que de soulever la couverture épaisse aux graphismes magnifiques steampunk et de tomber sur une première planche extraordinaire, une seule image, entièrement jaune d’or, avec des reliefs obtenus grâce à une technique que je ne connaissais pas… waouh ! Et la suite était tout aussi impressionnante !
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C’en était suivi une centaine de planches d’une enquête absolument passionnante, dans un monde uchronique fascinant dominé par des animaux. Un monde situé de nos jours, mais où c’est Napoléon qui a gagné la guerre, a créé un empire européen et coupé la tête des rois anglais, peuple qui est ensuite entré en résistance sauvage pour obtenir son indépendance…
Et tout au long de l’album, toujours cette technique graphique unique…
Près de dix ans plus tard, à la énième lecture, Grandville est toujours un choc. Que j’aimerais absolument vous faire partager.
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Le rapport de Brodeck – Tome 1 & 2 – Manu Larcenet
Editions Dargaud – 2 * 22.50 €
Le pitch : Manu Larcenet s’attaque pour la première fois à une adaptation, celle du chef-d’oeuvre de Philippe Claudel, Le Rapport de Brodeck. Mais lorsque l’auteur de Blast et du Combat ordinaire s’empare du texte, c’est pour le faire sien et lui donner une nouvelle vie, éclatante, sombre et tragique.
Des pages d’une beauté stupéfiante, magnifiant la nature sauvage et la confrontant à la petitesse des hommes ; une plongée dans les abîmes servie par un noir et blanc sublime et violent. Un très grand livre.
Mon avis : Larcenet, depuis le choc des quatre tomes de Blast, il y a quelques années, est devenu une véritable référence en matière de dessin réaliste.
Enfin… réaliste n’est peut-être pas le bon terme car le style graphique de Larcenet est reconnaissable dès la première planche, avec ses personnages aux longs nez, aux visages durs…
Que du noir et blanc, le blanc servant à souligner le noir du dessin, mais aussi de l’histoire.
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Manu Larcenet a décidé cette fois d’adapter le très grand roman de Philippe Claudel, Le rapport de Brodeck, en deux tomes, et cette adaptation est comme une évidence… et presque une redondance, car le dessin de l’auteur cadre exactement avec l’ambiance, l’atmosphère terriblement pesante de cette tragédie.
Au fin fond de la campagne, au milieu de la forêt de de la neige,à la sortie de la seconde guerre mondiale…
Je ne vous en dis pas plus. Ce n’est pas une oeuvre gaie, vous l’avez deviné, mais le texte est magnifique et les dessins…. quelques vignettes pour vous permettre d’apprécier :*
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The Walt Disney film archives
The animated movies 1921-1968
Taschen – 500 pages – 150 €
Le pitch : De la petite souris à l’immense industrie de divertissement qui se déploie à l’échelle mondiale, Disney incarne la plus éblouissante illustration du pouvoir de l’imagination. Ce livre, premier volume de l’ouvrage illustré le plus complet à ce jour sur Disney, suit les prémices de Walt Disney et son acharnement à faire de l’animation un véritable art.
Grâce à un accès privilégié et illimité aux archives de Disney, le livre contient des chefs-d’oeuvre en matière de croquis, storyboards, fonds et dessins d’animation. Des photos inédites des tournages plongent le lecteur dans la magie de cet « âge d’or de l’animation », tandis que les transcriptions des réunions organisées par Walt pour convenir de l’avancée des histoires, publiées ici pour la première fois, montre la créativité d’un génie en action.
Mon avis : Je pensais que l’on avait tout dit, tout édité, tout imprimé sur l’oeuvre de Walt Disney. Et des ouvrages exhaustifs, étonnants, magnifiques, j’en ai vu passer, au fil des années. Mais là, j’avoue…
Taschen, le spécialiste du livre ultime, vient de sortir un monstre, un livre indécent, tant dans son format que dans son prix ! Imaginez un léviathan de papier, un livre que vous aurez du mal à soulever, tant il est grand (47*32, soit près d’un mètre de large quand il est ouvert, pour 8 cm d’épaisseur) et lourd (à vue de biceps, pas loin d’une dizaine de kilos).
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A l’intérieur : tout, je dis bien tout, sur les films de Disney sur près d’un demi-siècle (du premier court métrage jusqu’à la mort de Walt Disney) : dessins, croquis, storyboards, tous types de formats, de moyens d’expression…
C’est magnifique, somptueux et passionnant, car il y a du texte. Énormément de texte !
Comme le livre est en anglais, Taschen a fait imprimé un « à-part » contenant uniquement la traduction des textes en français, sur le même format, glissé dans le coffret. Cet à-part est lui aussi hors norme : plus de cent pages géantes avec une typographie minuscule, des dizaines d’heure de lecture !
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Un livre comme , j’en suis certain, vous aimeriez bien en trouver plus souvent sous le sapin, avec votre nom sur le paquet !
Aya de Yopougon – Intégrale Tome 1 & 2
M. Abouet & C. Oubrerie
Gallimard Jeunesse – 760 pages – 2 * 37 €
Le pitch : Côte d’Ivoire, fin des années 1970. Aya, dix-neuf ans, vit à Yopougon, un quartier populaire d’Abidjan rebaptisé Yop City, « pour faire comme dans les films américains ». Aya a décidé de devenir médecin et d’éviter la fameuse « série C »: Couture, Coiffure et Chasse au mari.
Ses amies Bintou et Adjoua, elles, s’y voient déjà et ne pensent qu’à déjouer l’attention paternelle pour passer leurs soirées au Ça va chauffer et leurs nuits à « l’hôtel aux mille étoiles »…
Avec une voix et un humour inédits, Aya raconte une Afrique bien vivante, loin des clichés.
Mon avis : Comment ça, vous ne connaissez pas Aya ? Aya de Yopougon ? Non ? Incroyable !
Pourtant, votre oeil a déjà dû être attiré par les couvertures aux couleurs éclatantes des six gros tomes de la série, pour cette BD qui tient d’ailleurs plus du roman graphique…
Mais si ce n’est pas le cas, c’est le moment de rattraper le temps perdu, car la série est désormais terminée, et Gallimard Jeunesse a la bonne idée de la publier dans une très belle intégrale en deux volumes.
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La couleur, les lumières de l’Afrique noire c’est ce qui saute aux yeux du lecteur dès qu’il ouvre le premier tome de cette très longue histoire (760 planches).
Mais, très vite, on plonge dans cette chronique au quotidien de la vie de très nombreux personnages qui, dans les années 70, naviguent entre traditions et modernité.
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Le dessin n’est pas réaliste, on penserait presque à un livre pour enfant, mais pas du tout : ce que vous raconte Marguerite Abouet, ce sont des histoires très réelles, parfois crues, dures, mais souvent hilarantes, avec des dialogues qui fusent, incessants, dans tous le sens, comme des missiles à courte portée.
Pour photographier cet univers, la focale utilisée est féminine et, au travers de ce prisme sexué, les personnages masculins sont souvent ridicules, pitoyables.
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Sautez avec délice sur ces chroniques qui vous tiennent par le bout de la barbichette (c’est un vrai Tourne Page) pendant des heures. Je suis très étonné que la saga n’ait pas encore fait l’objet d’une adaptation en série.
J’imagine que cela sera fait un jour.
Kililana song – L’intégrale – Benjamin Flao
Futuropolis – 272 pages – 28 €
Le pitch : Dans l’archipel de Lamu, au large du Kenya, Naim, un orphelin de 11 ans habite chez sa tante Maïmounia, qu’il adore. Refusant d’aller à l’école coranique car peu enclin à la discipline, il préfère l’école buissonnière, et malgré son frère Hassan qui le course régulièrement, il passe son temps à flâner, déambuler et traîner dans les faubourgs de la ville, vivant de petites magouilles.
D’un naturel curieux, ouvert à la vie et aux autres, chaque moment de ses journées, chaque rencontre qu’il fait, lui donnent matière à réfléchir avec le bon sens qui le caractérise. Il croise ainsi Günter, un capitaine de marine hollandais, échoué sur ces côtes pour cause de trafic illicite de hasch, qui se doit de trouver dare-dare 70 000 dollars afin de récupérer et son navire et ses papiers.
Mon avis : un récit en deux tomes, 250 planches au soleil du Kenya. Je ne connaissais pas Benjamin Flao, avant qu’on m’offre cette bande dessinée, et c’est pour moi une véritable révélation qui, j’en suis, heureux, à rencontré un véritable public.
Le premier tome de l’histoire est, toutes proportions gardées, le plus réussi, car l’auteur consacre beaucoup plus de temps à ses personnages, à ses paysages et à ses ambiances qu’à l’histoire elle-même.
Elle n’a, je pense, de toute façon qu’une importance toute relative.
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Watchmen – L’intégrale – Alan Moore & Dave Gibbons
Urban Comics – 464 pages – 35 €
Le pich : Quand le comédien, justicier au service du gouvernement, se fait défenestrer, son ancien allié, Rorschach, mène l’enquête. Il reprend rapidement contact avec d’autres héros à la retraite dont le Dr Manhattan, surhomme qui a modifié le cours de l’histoire.
Alors qu’une guerre nucléaire couve entre les USA et l’URSS, tous s’interrogent : qui nous gardera de nos Gardiens ?
Mon avis : Heureux mortels : vous avez l’occasion de pouvoir acheter l’édition intégrale de Watchmen, pour un prix ridicule au regard du temps que vous y allé y passer et du plaisir , infini, que vous allez en retirer !
Quand je dis l’occasion, c’est parce que cela n’a pas toujours été le cas, depuis la création de la BD en 1986 : souvent épuisée, parfois malmenée. Mais Urban Comics a repris les choses en main et, voilà : heureux mortels !
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Watchmen, le chef-d’oeuvre absolu du comic américain.
Une histoire de super-héros, allez-vous me dire, un chef-d’oeuvre ?
Et je vous répondrais sans barguigner (j’adore ce mot !) : bien plus qu’une histoire de super-héros, mais réellement un chef-d’oeuvre !
Je peux vous certifier que peu d’œuvres littéraires, tous genres confondus, ont atteint un tel niveau d’intérêt au cours du dernier demi-siècle…
L’arabe du futur (5 tomes) – Riad Sattouf
Allary éditions – 940 pages – 115 € au total
Le pitch : Né en 1978 d’un père syrien et d’une mère bretonne, Riad Sattouf grandit d’abord à Tripoli, en Libye, où son père vient d’être nommé professeur. Issu d’un milieu pauvre, féru de politique et obsédé par le panarabisme, Abdel-Razak Sattouf élève son fils Riad dans le culte des grands dictateurs arabes, symboles de modernité et de puissance virile.
En 1984, la famille déménage en Syrie et rejoint le berceau des Sattouf, un petit village près de Homs. Malmené par ses cousins (il est blond, cela n’aide pas…), le jeune Riad découvre la rudesse de la vie paysanne traditionnelle. Son père, lui, n’a qu’une idée en tête : que son fils Riad aille à l’école syrienne et devienne un Arabe moderne et éduqué, un Arabe du futur.
Mon avis : Le premier tome d’un époustouflant roman graphique. Il s’agit de l’autobiographie de Riad Sattouf, auteur, illustrateur, réalisateur, connu notamment pour sa BD Pascal Brutal. Il tient désormais également une page hebdomadaire dans l’Obs (Les cahiers d’Esther) avec un succès grandissant.
Ce roman est une plongée tout à la fois drôle, nostalgique et parfois très dure dans le Moyen-Orient des années 80. C’est, en quelque sorte, le pendant libyen (premier tome) et syrien (deuxième tome) du roman graphique de Marjane Satrapi Persépolis qui se déroule en Iran exactement à la même époque.
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Le style graphique de Riad Sattouf, très BD belge (donc sans aucun réalisme) est immédiatement reconnaissable.
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