L’endroit le plus dangereux du monde
Jean-Claude Lattès / Le livre de poche
L’endroit le plus dangereux du monde
Jean-Claude Lattès / Le livre de poche
Le pitch
Au nord de San Francisco, dans une communauté idyllique, une jeunesse privilégiée, cruelle et vulnérable, est livrée à elle-même en l'absence de parents qui ont démissionné de leur rôle. Huit lycéens vivent dans un monde virtuel, coupés de la réalité par leur addiction à Facebook et autres réseaux sociaux, évoluent dans un faux paradis où tous les dangers sont en embuscade : l'alcool, la drogue, le sexe.
Seule leur professeur de littérature s'efforce de les comprendre, et les fait travailler sur Gatsby le Magnifique, espérant ainsi les préparer à l'âge adulte.
Un premier roman ensorcelant, aux accents de Bret Easton Ellis, d'une grande subtilité littéraire, habité par les faiblesses, les passions, et les chagrins d’une adolescence sans repères.
Mon avis
Parfois, en chasse de nouveaux livres passionnants à placer dans son escarcelle, le lecteur doit savoir aller au-delà de sa première impression.
C'est exactement le cas pour ce roman.
Ne vous fiez pas à la couverture, hideuse !
Ne restez pas sur l'impression très nulle laissée par le titre (franchement raté, et pour une fois ce n'est pas un problème de traduction) !
Faites moi confiance, et allez au delà : si vous aimez les romans plutôt bien écrits, et qui ont le mérite de faire réfléchir, L'endroit le plus dangereux du monde mérite le détour.
Attention, ce n'est pas un chef-d'oeuvre, juste une oeuvre littéraire plutôt courageuse, écrite par une jeune auteure qui entend s'attaquer à un des sujets les plus casse gueule qui soit : les difficultés de l'adolescence.
Ne vous fiez pas entièrement au pitch du roman, qui est un peu réducteur en concentrant son analyse du livre sur la critique d'une certaine jeunesse dorée californienne.
Même si Lindsey Lee Johnson (LLJ pour les intimes) décrit, avec beaucoup de qualités littéraire, un groupe ethnique hyper concentré - quelques dizaines de jeunes gosses de riches, comme on aurait dit en 68 - totalement égocentrés et dépravés, laissés totalement à l'abandon moral par des parents largués, la manière dont elle analyse avec subtilité ce qu'il se passe dans le corps et l'esprit d'un adolescent est universelle.
Qualité de l'analyse psychologique, finesse des portraits des principaux personnages (dont celui de Molly Nicoll, la jeune prof), capacité à écrire l'horreur sans jamais tomber dans le voyeurisme : autant de raisons de s'attaquer à cette peinture d'une période difficile qui complète assez bien le titre The girls, d'Emma Cline, que je vous conseille par la même occasion.
Attention, tout de même : ce roman parfois très dur et choquant est réservé aux adultes et aux grands adolescents; ces derniers pourront y trouver manière à réflexion, notamment sur le rôle dramatique que peuvent jouer les réseaux sociaux dans la vie d'une personne fragile.
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