Le pitch

Achille, un jerrican à la main, déambule dans un dédale de couloirs dans un bâtiment immense, étrange… Enfin, il trouve une ouverture. Ébloui par le soleil, il se dirige vers une Ford Mustang blanche.

À côté, une belle femme brune l’attend. Ils vont pouvoir repartir. La femme lui demande de reprendre le cours de ses souvenirs alors qu’ils roulent dans un paysage désertique. Se souvient-il de ce qu’il lui est arrivé avant de se retrouver ici, avec elle ?

Achille a mal à la nuque et voit un étang gelé dans la brume, une Porsche 911 jaune en plein milieu, à moitié immergée. Un homme semble être à l’intérieur… Mais ça ne peut être lui, il n’a jamais eu de Porsche… Et puis qu’est-ce qu’il fait là, dans cette voiture, avec elle, alors qu’il ne l’a jamais vue et ne connaît même pas son nom ?

Alors, elle lui révèle la vérité : il est au « paradis » (plutôt le purgatoire, ou la purge) des pilotes, et elle est son ange gardien. Pour en sortir, il va falloir comprendre comment il est mort pour trouver la paix…

Mon avis

Si vous cherchez un album vraiment, vraiment original, une histoire qui ne ressemble vraiment, vraiment à rien d'autre, chance : Essence vous tend les bras, et il serait dommage de ne pas s'y jeter !

Pourtant, rien n'est fait pour tenter le chaland : le titre, vraiment pas sexy, l'illustration de couverture, qui ne fait pas rêver, la quatrième de couverture, franchement ratée...

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Quant au format, il est vraiment trop particulier pour ne pas gêner le lecteur (mais où vais-je ranger ce format complètement carré dans ma bibliothèque ?). Reste le prix... vraiment dissuasif (27 €) !

Bref : l'éditeur s'est planté, mais je n'hésite pas à vous dire : allez-y !

Ambiance hallucinée digne d'un rêve surréaliste des années 20, scénario coq-à-l’âne que n'auraient pas renié certains pataphysiciens, références multiples à des albums phares de la BD (bonjour Hergé et Le sceptre d'Ottokar !), l'histoire a, dès les premières planches, tout pour surprendre et même égarer le lecteur cartésien.

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Mais tout le talent du scénariste Fred Bernard est de ne jamais lâcher une seconde le lecteur, qu'il tient par le paletot tout au long des 180 planches de son récit fantastique.

Révélations progressives, petits coups de théâtre, Bernard relance la machine régulièrement, jusqu'à un switch final qui ne manque pas de classe, même s'il manque un brin de clarté.

C'est d'ailleurs la seule chose que l'on peut reprocher à l'album : certaines transitions du scénario manquent un peu de lisibilité.

Mais c'est juste pour pinailler, parce que cela fait un bien fou de découvrir un scénariste qui ose prendre autant de risques !

Reste les graphismes, que j'ai gardé pour la bonne bouche.

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J'ai découvert Benjamin Flao il y a quelques années, avec son superbe double album africain Kililana song.

Dans cet album bizarre, il explose littéralement.

Explosion de créativité : waouh, m'sieur Flao, on a vraiment l'impression que t'as fumé deux trois tarpés de trop en scribouillant (avec un talent fou !) et badigeonnant cet album !

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C'est bien simple : les ambiances, les lignes, la mise en couleur changent au fur et à mesure de l'histoire et le lecteur finit par avoir l'impression que trois ou quatre dessinateurs se sont relayés au fil des pages pour additionner leurs talents afin de le surprendre et le satisfaire !

Pour résumer : un Tourne Page qui vous remue et vous aère la tête !