Bandini

John Fante

10/18

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Le pitch

Bandini, publié en 1938, est le premier volet d'une véritable saga familiale dont les thèmes et les personnages jalonnent toute l'oeuvre de John Fante.

Figure emblématique de ce premier roman, Svevo Bandini est maçon, comme l'était le père de l'auteur. Immigré italien de fraîche date, il s'est installé avec sa famille dans le Colorado. Durant tout l'hiver, Svevo cherche désespérément du travail et finit par trouver une riche maîtresse. Tout rentre dans l'ordre lorsque le printemps revenu, Svevo réintègre le foyer familial.

Sa famille, c'est Maria, sa femme, une amoureuse lascive et surtout Arturo, le fils aîné. Rebelle et passionné, Arturo est l'élément moteur du récit. Un garnement qui porte sur ses parents un regard à la fois tendre et sans pitié. Il est d'une certaine manière le double de Fante, qui le suivra jusqu'à sa mort.

Mon avis

Certaines rencontres, dans la vie d'un grand lecteur, marquent à jamais. Celle que j'ai eu avec Bandini, au mitan de la vingtaine, en fait partie.

Comme pour beaucoup, Bandini a été ma porte d'accès à l'univers de John Fante, ce pauvre fils d'émigré italien devenu au fil du temps un auteur renommé, romancier et scénariste à Hollywood.

Le pitch de l'éditeur est on ne peut plus simple et explicite. Il reflète, à la lettre, l'histoire de Bandini.

Par contre, et c'est le rôle que j'ai à jouer auprès de vous aujourd'hui, il n'est pas en mesure de restituer la puissance d'évocation du texte de Fante, sa capacité à transmettre, quasiment à l'identique, les sentiments ressentis à l'époque par les personnages principaux .

Livre autobiographique, mais pas à 100 %, car passé au tamis des souvenirs et de la subjectivité d'un écrivain, Bandini confirme être, à chaque lecture, une oeuvre fondatrice.

Fondatrice d'un genre, le récit d'enfance, développé, repris, depuis, par des centaines d'auteurs.

Peu auront cette capacité à transmettre de pareilles émotions à leur lecteur (je songe cependant au terrible Féroces, de Robert Goolrick, ou au très émouvant Les cerfs-volants de Kaboul, de Khaled Hosseini).

Malgré mes souvenirs, je ne m'attendais pas, à cette enième lecture, a être pareillement cueilli par tant d'émotion désespérée.

La première moitié du roman est une exposition de la situation de la famille Bandini.

Dur récit, réaliste, mais tempéré par l'humour constant, l'ironie amère de l'auteur.

Passé cette exposition, le lecteur s'en prend plein la gueule, comme un enfant qui découvre soudain ce qu'est l'âge adulte et ce que sont ces êtres tout sauf parfaits appelés père et mère.

Attention : rien de plus abordable, apparemment, que ce roman au style accessible à tous, y compris au plus petits.

Mais soyez prudent : malgré son apparence inoffensive, ce récit n'est pas à placer dans les mains d'un enfant avant qu'il n'ait abordé les rivages de l'adolescence !

Un chef-d'oeuvre à placer dans votre bibliothèque idéale, comme je l'ai fait dans la mienne depuis des années.

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