La douce
Casterman
La douce
Casterman
Le pitch
À cinquante ans passés, Léon Van Bel, machiniste-mécanicien proche de la retraite, s’accroche passionnément à son métier de cheminot, et à la machine qui l’incarne : la 12.004, somptueuse loco à vapeur de plus de vingt mètres de long, avec laquelle il a déjà fait quatre fois le tour de la terre et qu’il surnomme affectueusement « la Douce ».
Mais au fond, il ne se fait guère d’illusions. Dans ce monde qui pourrait être le nôtre, les transports ferroviaires traditionnels seront très bientôt détrônés par le téléphérique, et Van Bel irrémédiablement mis au rancart, sacrifié comme sa machine aux exigences de la modernité. Pour protéger la loco du dépeçage, le vieux cheminot révolté tente, en vain, de voler la Douce.
Persuadé néanmoins qu’elle a pu échapper aux ferrailleurs, et qu’il saura la retrouver, il embarque clandestinement à bord du téléphérique, en compagnie d’une jeune femme mutique dont il a déjà brièvement croisé la route, dans des circonstances dramatiques.
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Mon avis
En 2012, le grand illustrateur François Schuiten se lance en solo dans la grande aventure de La douce, un one shot dont la figure principale est... la 12, une locomotive.
C'est une manière de s'affranchir des ses partenariats habituels, pour le scénario, avec Benoit Peeters (Les cités obscures) ou son frère Luc Schuiten (Les terres creuses).
C'est aussi une manière de développer, sur 80 planches, une histoire centrée sur une de ses grandes passions, le train.
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Dans un monde que l'on pourrait imaginer comme parallèle au nôtre, où c'est le téléphérique qui est en train de prendre le relais à la locomotive à vapeur, et où les terres sont peu à peu submergées par une sorte de désastre écologique, Schuiten s'attache à raconter le destin de Léon Van Bel, un machiniste qui, inexorablement, roule vers la fin de son existence.
Comme toujours, les illustrations de l'auteur sont absolument fabuleuses, avec son style immédiatement reconnaissable, dessin à la plume laissé en noir et blanc et graphismes mis en relief grâce aux hachures parallèles qui ombrent toutes les vignettes.
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François Schuiten est sans doute le plus grand technicien du dessin en France.
Il est même supérieur à Juilliard car, contrairement à ce dernier, il ne commet jamais la moindre erreur de proportion ou de perspective, même la plus minime.
Mais son dessin n'est pas que technique, c'est un immense artiste dont chaque planche dégage un mystère et une poésie intense.
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Quand au scénario, il faut bien admettre que, passé un premier tiers de mise en place très intriguant, le lecteur reste un peu à la traine d'une histoire qui manque de corps, de rythme et de surprise.
C'est bien le seul reproche que l'on peut formuler à l'égard d'une oeuvre tout entière tournée vers la glorification du train à vapeur.
Un sujet mis en exergue, en fin d'album, dans un cahier spécial où Schuiten raconte la véritable histoire de la 12.
Pour les amoureux du train, et pour les fans de Schuiten (dont je fais partie).
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