Panama Al Brown
Sarbacane
Panama Al Brown
Sarbacane
Le pitch
Prenez un gamin des rues de Colòn,
Prenez un dandy jazz de Harlem,
Prenez le roi des nuits parisiennes,
Prenez la muse d'un poète,
Prenez un boxeur prodige, champion du monde,
Noyez le tout dans un magnum de Mumm Cordon rouge,
Vous obtiendrez le cocktail le plus énigmatique des années 30,
Panama Al Brown,
Un cocktail noir comme l'encre,
Aux saveurs trop amères pour un monde où noir et blanc se diluent mal…
Mon avis
Vous avez déjà entendu parlé de Panama Al Brown ? Moi jamais !
Jusqu'au moment où j'ai ouvert l'album de Jacques Goldstein et Alex W. Inker qui narre l'histoire tout autant étonnante que tragique de ce boxeur noir américain qui, dans l'entre deux guerre, séduira le monde de la boxe, mais aussi celui de la nuit, par son talent protéiforme.
Soyons honnête : même si j'ai toujours été fasciné par les grands boxeurs de l'histoire, je ne suis pas pour autant un réel aficionados du noble art. Si c'est la même chose pour vous, attention : cet album n'est pas pour vous !
Il faut en effet être passionné par la boxe pour suivre le destin terrible d'Al Brown, aussi doué et danseur que Mohamed Ali le fut une génération plus tard.
Une histoire réelle qu'Alex W. Inker déroule avec talent, mais sur 156 planches (ainsi qu'un cahier historique situé à la fin, avec de belles photos du boxeur), avec une telle quantité de détails que le lecteur lambda fini par se lasser un peu.
Pourtant, le personnage est fascinant, un boxeur "introverti", comme on disait alors des hommes qui préféraient les hommes.
Talent naturel absolu pour la boxe, danseur formidable, instrumentiste de jazz de talent, celui qui sera pendant un moment la "muse" de Jean Cocteau était malheureusement aussi un faible, incapable de résister à l'appel de la bouteille (de champagne), de la cigarette et autres substances illicites.
*
Joueur, flambeur, Al Brown terminera son existence dans des conditions misérables.
L'album est un objet superbe (qui justifie le prix un peu élevé).
Sous une couverture cartonné très épaisse aux couleurs à l'ancienne parfaitement réussie et assortie au sujet, Alex W. Inker dessine avec une très grande élégance un roman graphique de 150 planches en total noir et blanc avec des cases aux contours souvent déstructurés.
Ses graphismes qui jouent sur les contrastes de noirs profonds avec des décors sur fonds blancs presque systématiquement hachurés de traits noirs sont proches de l'esthétique Art déco, et ça, j'adore.
Reste donc le choix du sujet, qui ne passionnera pas tout le monde. A vous de voir.
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