Le pitch

Allison MacKenzie est au comble du bonheur : son livre, Le Château de Samuel, a été accepté par l’éditeur Lewis Jackman. Mais accaparée par des agents cyniques et des journalistes hypocrites, la jeune femme vit mal sa nouvelle célébrité.

Réfugiée à Peyton Place, elle doit affronter la colère d’une petite ville jalouse de son succès et irritée de s’être vue dépeinte dans son roman. D’autant que celui-ci a attiré l’attention d’Hollywood.

Partagée entre l’effervescence new-yorkaise et les médisances de la Nouvelle-Angleterre, Allison ne peut compter que sur la bienveillance de Lewis, dont elle se sent soudain bien proche…

Mon avis

Retour à Peyton Place est la suite de Peyton Place.

Non ? Sans blague ?!

Si je précise ce point qui parait d'une évidence totale, c'est pour vous rappeler que la lecture du présent roman ne présente aucun intérêt si vous n'avez, auparavant, dévoré ce merveilleux bouquin qu'est Peyton Place.

Un roman qui fut, en 1956, une véritable déflagration dans le ciel puritain de l'Amérique de l'après-guerre et se vendit en quelques mois à 10 millions d'exemplaires, dépassant ainsi les records d'Autant en emporte le vent !

Roman qui fit par la même occasion la fortune de la jeune auteure, Grace Metalious, mais aussi, paradoxalement, son malheur, puisqu'elle sombra peu à peu dans une terrible dépression avant de mourir à 39 ans, alcoolique, d'une cirrhose du foie.

C'est tout cela que raconte la très longue et passionnante préface d'Ardis Cameron.

On y apprend également que cette suite n'était pas désirée par l'auteure.

Au contraire : elle résista pendant longtemps avant de la rédiger, quasiment contrainte et forcée sous la pression de son éditeur et des producteurs du film qui fut réalisé sous ce titre.

Il faut dire que la fin de Peyton Place n'ouvrait aucune place à une suite puisque les différentes (et nombreuses) histoires, dramatiques, étaient bouclées, en bien ou en mal.

Un premier roman "bouclé", une suite sur commande commerciale : n'espérez donc pas découvrir dans Retour à Peyton Place un livre d'une qualité et d'une puissance égale à l'histoire originale.

Loin de là : si les personnages du premier volume sont toujours là (du moins, ceux qui sont toujours vivants !), ils ne sont pas guidés par les puissantes motivations qui les animaient auparavant.

Attention : ce roman qui est avant tout une mise en abîme de l'histoire réelle de Grace Metalious et de ce qui lui est advenue après le succès phénoménal de son premier roman, n'est pas mauvais, loin de là.

Il est même -après un démarrage un peu poussif - un très agréable roman de voyage ou de vacances, où Grace Metalious déroule une technique de la narration éprouvée.

Léger, sans enjeu, son mérite essentiel est de raconter, le temps de quelques chapitres bien sentis qui se déroulent à Hollywood, l'expérience réelle de l'auteure lorsqu'elle fut confrontée au milieu du cinéma américain alors à son apogée, à l'occasion de l'adaptation de son roman au cinéma.

Deux scènes mettant en présence l'héroïne avec, d'une part, un grand producteur et, d'autre part, une star du cinéma sur le retour, sont particulièrement savoureuse.

Vous l'avez compris : si vous avez adoré Peyton Place, vous pouvez - sans illusion exagérée - retrouver les personnages du roman dans cette suite, beaucoup plus courte, plus légère, et sans ambition.

Vous y prendrez un plaisir léger, sans conséquence, et découvrirez une fin inattendue où Grace Metalious, d'une manière symbolique, châtie le milieu de l'édition qui lui a fait autant de bien que de mal !