Et rien d’autre
Edition de l'Olivier / Points
Et rien d’autre
Edition de l'Olivier / Points
Le pitch
La Seconde Guerre mondiale vit ses derniers instants. Sur un porte-avions au large du Japon, le jeune officier Philip Bowman rentre à New York.
Embauché dans une maison d'édition, il devient directeur littéraire et fréquente l' intelligentsia New-yorkaise.
Entre splendeurs du monde des lettres, relations amoureuses et passions charnelles en Amérique et sur le vieux continent, Et rien d'autre nous plonge dans quarante années de la vie d un homme, et déploie magistralement le spectre de toute une génération, dans sa gloire et ses échecs.
Mon avis
Il n'est jamais trop tard pour bien faire, n'est-ce pas ?...
Il m'a fallu attendre la mort de James Salter, un des auteurs américains contemporains considéré comme majeur, pour découvrir son oeuvre.
Et, quitte à faire les choses à l'envers, autant commencer par son dernier roman, au titre informe aussi bien en français qu'en anglais (All that is). Résultat ? Eh bien...
Charmé, impressionné par le style de Salter, d'un grand classicisme, élégant, facile, précis, riche en impressions et en images, avec une légère distance caustique plus anglaise qu'américaine, je me suis laissé prendre par les deux cents premières pages de ce roman qui est celui d'une vie, celle de Philipp Bowman, éditeur et charmeur professionnel.
Une première moitié de roman qui m'a franchement épaté, car il n'y a rien de plus difficile que de retracer la vie d'un homme sur la durée, des décennie et des décennies, en posant sa plume par moments, à certains instants clés.
Un exercice dont William Boyd est aujourd'hui, sans conteste aucun, le plus brillant technicien (avec, entres autres, les deux chefs-d'oeuvre Les nouvelles confessions et La vie aux aguets, que je vous invite à découvrir toutes affaires cessantes si ce n'est déjà fait).
Un point cependant m'a gêné, très vite, alors que j'étais encore porté par l'enthousiasme initial : la manière étrange dont Salter s'affranchissait de traiter presque complètement ce qui semblait être un des sujets principaux de son roman : le livre, l'édition.
Bowman en a fait sa vie professionnelle... mais on ne retrouve presque rien de cela dans le roman. Déception.
Après... mon enthousiasme s'est lentement étiolé et mon œil a accéléré sa cadence de lecture (si vous me permettez cette formule audacieuse) jusqu'à la fin car, sans devenir désagréable, le roman est devenu peu à peu répétitif dans son traitement et bien creux dans le contenu réel de ses intentions.
Un héros finalement peu intéressant, car sans profondeur intellectuel et sans richesse intérieure, c'est un peu court pour tenir un grand roman et, passée la enième scène de séduction qui se termine en queue de poisson (Bowman est un séducteur compulsif incapable de s'investir sur la durée), on se prend à bailler.
Un roman qui mérite le détour, formellement impressionnant, mais trop décevant sur le fond...
Il va falloir que je remonte le temps pour tenter à nouveau ma chance avec Salter !
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