La vengeance du Comte Skarbek
Dargaud
La vengeance du Comte Skarbek
Dargaud
Le pitch
On dit qu'une bonne vengeance peut attendre. C'est faux. Une bonne vengeance doit attendre. Pour se préparer. Pour se déguster. Pour surprendre.
Combien d'années d'injustice subie auront été nécessaires au très civilisé Comte Skarbek pour que son unique main se ferme en poing vengeur?
Toutes les réponses ont été transcrites en 1843 dans un diptyque. Toutes.
Le XIXe siècle : son histoire avec les guerres napoléoniennes, sa musique avec Frédéric Chopin, sa littérature avec Alexandre Dumas et sa peinture avec Louis Paulus, ou plutôt Grzegorz Rosinski !
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Mon avis
Quant deux grands de la BD décident de travailler ensemble, on a toujours un peu peur d'être déçu, que 1 + 1 ne fassent pas 2.
Cependant, parfois, 1 + 1 font 3, et c'est superbe.
Voilà ce qui est arrivé il y a quelques années à Yves Sente et Grzegorz (dit Greg) Rosinski, lorsqu'ils se sont lancés dans cette longue histoire en 128 planches.
La vengeance du Comte Skabeck a été publiée dans un premier tome en deux volumes, mais il faut absolument l'acheter dans sa version "Intégrale" réunissant les deux albums.
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Le format de l'intégrale est en effet beaucoup plus grand qu'un album normal (27.4*35 cm).
Il permet de mettre en valeur de manière évidente et indispensable le travail graphique de Rosinski, sur un très beau papier au grammage épais, et l'éditeur a ajouté un carnet de croquis de 18 pages pour clore le volume.
J'avoue ne pas être un fan absolu d'Yves Sente (même si ses histoires de Blake & Mortimer sont très respectueuses du travail d'E.P. Jacobs), ni de Rosinski (son dessin réaliste très crayonné est très efficace dans la série Thorgal, mais ce n'est pas vraiment "ma tasse de thé").
Cependant, je dois ici mettre chapeau bas : les deux artistes se sont surpassés et ont sans doute rendu ici le meilleur de leur œuvre.
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Côté scénario, Sente a choisi de rendre hommage (de manière très, très explicite, y compris dans le titre) à l'Alexandre Dumas du Comte de Monte-Cristo.
Il a su s'en inspirer dans la première partie de l'histoire, pour s'en écarter et le revisiter dans la seconde.
Scénario malin, remonté comme une horloge : cela démarre lentement, pour accélérer tout au long de l'histoire pour exploser à la fin dans une succession de switchs improbables mais qui fonctionnent.
Côté illustrations, l'album livre ici un véritable chef-d'oeuvre.
Il délaisse sa technique habituelle (dessin crayonnés, puis encrage et tracé des contours au noir) pour travailler comme un peintre en" couleur directe".
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Les 128 planches donnent donc l'occasion de contempler et admirer près d'un millier de tableaux, plus ou moins grands, la plupart absolument superbes.
Dans un style volontairement proche des illustrations du XIX° siècle, Rosinski fait feu de tous ses pinceaux et nous offre de véritables petits morceaux d'anthologie graphique que vous n'êtes pas près d'oublier.
Un album indispensable (achat et cadeau) pour tous ceux pour qui le roman d'aventure historique signifie beaucoup !
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