Théâtre

Volume 1, Le Manège, L'autre, Si tu mourais..., Elle t'attend, La Vérité, La Mère, Le Père

Florian Zeller

L'Avant-Scène théâtre

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Le pitch

"Plusieurs raisons ont rendu nécessaire cette présente édition. D'abord, elle comprend sept textes, avant chacun connu une production majeure au théâtre, parfois plusieurs : ils ont ainsi reçu ce parachèvement ultime qu'est la création scénique pour le répertoire dramatique et sont désormais aptes à être rassemblés dans un ouvrage qui les Fixe dans leur forme et les inscrit dans une histoire.

Vient ensuite une raison plus fondamentale encore : réunir autant de pièces, c'est mettre à jour les grandes lignes de force de textes qui ont chacun leur propre genèse, et qui semblent parfois se contredire ou marquer des ruptures. Mais dès lors qu'ils sont rassemblés surgissent des évidences remarquables : continuité des thèmes et des enjeux, permanences d'écriture, même puissance dramatique du verbe.

Florian Zeller est un écrivain d'une effrayante lucidité. Avec ses sept premiers textes, il échafaude une œuvre majeure fondée sur la déconstruction des illusions. Voilà ce qui ôte à ce théâtre pourtant très alerte toute forme de légèreté, et qui lui confère cette remarquable gravité."

Mon avis

Je me méfie toujours du théâtre qui ne se lit pas.

Contrairement à ce que pensent certaines personnes, le théâtre n'est pas très différent du roman : dans l'espace du texte écrit, il y a du dit et du non dit et c'est toute l'habileté de l'auteur, romancier ou dramaturge, de générer le non dit à partir du dit, de l'écrit.

Et si une pièce ne se lit pas - parce qu'elle est mal écrite,ou  parce que le dit, l'écrit, n'intéresse pas, il est impossible de se projeter vers un hypothétique non dit.

Bon, ceci posé (j'espère que mon "dit" est compréhensible), j'en arrive à cette constatation : le théâtre de Florian Zeller se lit très, très mal, et pour moi cela n'est vraiment pas bon signe.

Dans ce très beau volume de L'avant scène théâtre regroupant les sept premières pièces de Florian Zeller, aux titres aussi courts que le style de l'auteur est sec (desséché ?), j'ai tenté de faire connaissance avec ce jeune et bel auteur célébré, encensé, année après année, par la critique parisienne, et dont je n'avais jamais eu l'occasion de voir une pièce sur scène.

Quelle déception !

Malgré toute ma bonne volonté, j'ai lu ces textes avec un ennui profond et renouvelé.

Des thèmes d'une banalité à pleurer, des textes exsangues, échanges de mots, de morceaux de phrases répétitives imitant le parler de tous les jours (désolé, M'sieur Zeller, mais tout ceci sonne aussi faux qu'un mauvais doublage de télénovelas !)...

J'aurais pu étaler ici des pages entières de dialogues comme celui-ci (Elle t'attend, scène 6) :

Elle : Le téléphone...

Le frère : Oui

Elle : je vais répondre.

Le frère : Laisse, j'y vais.

Il sort. Elle reste seule un instant. Un temps qui semble interminable. Puis il revient.

Elle : qu'est-ce que c'était ?

Le frère : Rien

Elle : Comment ça, rien ?

Le frère : C'était Olivier. Pour papa.

Elle : Ah !...

Un temps. La sœur entre.

La sœur : Qu'est-ce que c'était ? Le téléphone...

Le frère : Rien.

La sœur : Il est quelle heure ?

Elle : 16 h 20.

Un temps

La sœur : Il faudrait peut-être faire quelque chose.

Le frère : Il n'y a rien à faire.

Un temps

La sœur : Je ne sais pas. Il faudrait peut-être...

Elle : Quoi ?

La sœur: Je ne sais pas...

Le frère : Tu crois ?

La sœur : Oui, peut-être. Enfin, je me demande.

Elle : Il n'y a rien à faire.

Un temps.

Le frère : On devrait peut-être... Tu as peut-être raison.

La sœur: Oui. Je crois.

Elle: Qu'est-ce que vous voulez faire ?

Le frère : On devrait peut-être...

Bien, cela suffit, n'est-ce pas.

Une précision utile : ceci n'est pas une blague !

Je vous épargnerai d'autres citations. Allez relire plutôt En attendant Godot !

Heureusement, le volume s'achève avec Le père qui est, pour le coup, une très belle pièce sur la vieillesse.

Le texte est parfait, la scénographie aussi, le contenu terrible et émouvant.

C'est Robert Hirsch qui a porté le rôle principal à sa création : c'est, sans le moindre doute, le meilleur des brevets de qualité.

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