Le pitch

Ellen Cohen rêve de devenir chanteuse. Sa voix est incroyable, sa personnalité aussi excentrique qu'attachante, son besoin d'amour inextinguible.

À l'aube des années 1960, elle quitte Baltimore pour échapper à son avenir de vendeuse de pastrami et tenter sa chance à New York.

Mon avis

The Mama's and the Papa's, tout le monde connait un peu, forcément.

Les chansons California dreamin', Monday monday, ou Dream a Little Dream of Me sont devenus, et resteront, comme des symboles du mouvement Flower plower.

Leur perfection vocale, leurs envolées lyriques en font des morceaux un peu à part, qui touchent profondément les gens.

Le groupe, deux filles, deux garçons, restent visuellement très identifiable un demi-siècle plus tard, à cause des filles.

Michelle Phillips, une fille d'une beauté saisissante; et surtout Cass Eliott, dite Mama Cass, un personnage hors du commun.

*

*

Petite et gravement obèse, elle possédait une voix extraordinaire qui a porté le groupe pendant les quelques années de leur succès, puis lui a valu un réel succès solo avant qu'elle ne décède prématurément, à 32 ans,d'une crise cardiaque.

California dreamin', c'est le nom de la chanson emblématique du groupe, mais c'est aussi le nom du roman graphique écrit et dessiné par Pénélope Bagieu en 2015.

La jeune blogeuse, devenue au fil des années une auteure à succès (allez jeter un coup d’œil à Cadavre exquis, Joséphine ou - son dernier succès de librairie - les deux tomes de Culottées), est bourrée de talent.

Retracer en près de 300 planches la vie de Mama Cass depuis son enfance jusqu'à la constitution des Mama's & Papa's et leur premier succès planétaire, c'est tout le pari de Pénélope Bagieu.

Drôle de pari et drôle d'idée car, franchement, qui aujourd'hui peut s'intéresser en France à l'histoire d'une fille obèse au caractère obstiné, dans un pays où personne ne la connait vraiment  (alors que c'est un mythe aux Etats-Unis) ?

Qui ? Eh bien... tout ceux qui prendront la peine d'ouvrir l'album et de lire les premiers chapitres, car l'histoire est un vrai Tourne Page !

Attention : il faut s'affranchir du recul initial que l'on peut ressentir à la vue du parti pris graphique de l'auteure qui, à rebours de ses autres créations, a décidé de partir sur un simple crayonné complètement "jeté", en noir et blanc.

Cela surprend au début, mais c'est un style très maîtrisé derrière son apparente désinvolture.

*

*

Pas besoin de connaître le groupe, écoutez juste la chanson titre avant de commencer pour vous mettre harmoniquement l'oreille dans l'ambiance de l'époque : Pénélope Bagieu se charge de vous entraîner sur les pas de cette personnalité hors du commun.

C'est drôle, souvent, triste, parfois, réussi, certainement.

Je suis ressorti tout de même de cette lecture avec une énorme frustration : l'auteure abandonne Mama Cass à l'instant même ou l'histoire du groupe démarre vraiment.

Après mûre réflexion, je pense que c'est vraiment une erreur.

Quant au fait qu'il n'y ait même pas une notule biographique à la fin expliquant la suite de son parcours et sa fin dramatique prématurée, c'est carrément une faute pour terminer une oeuvre que j'ai pourtant perçue comme un véritable hommage.

Dommage.