La vie secrète des jeunes
L'association
La vie secrète des jeunes
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Le pitch
Pendant des années, Riad Sattouf livre hebdomadairement ses Vies Secrètes des jeunes à Charlie-Hebdo, chroniques d'observation sociale redoutables et désespérément drôles. Sattouf y développe une taxinomie sans appel des tares de nos jeunes contemporains, en laissant traîner ses yeux et ses oreilles dans les endroits publics.
Son regard perçant vaut déjà à certaines scènes urbaines d'être appelées des vies secrètes des jeunes... L'accumulation de ces 150 planches donne une consistance impressionnante à l'ensemble, et la chronique devient autobiographie quand on commence à saisir les coïncidences et les obsessions personnelles de l'observateur Riad.
La Vie Secrète des jeunes est donc bien plus qu'une légère rubrique de presse et pourrait bien être la pierre de voûte de l’œuvre sattoufienne en construction...
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Mon avis
La vie secrète des jeunes, ce n'est plus le Riad Sattouf de Fluide Glacial (Pascal Brutal) et ce pas encore le Riad Sattouf de L'arabe du futur ou de l'Obs' (Les cahiers d'Esther).
Non, c'est le Riad Sattouf de Charlie Hebdo qui, pendant près de dix ans, a chroniqué, à raison d'une planche par semaine, le quotidien de ses contemporains.
Une planche par semaine, huit cases, c'est beaucoup et pas grand chose.
Dans ce premier volume paru en 2007 qui regroupe 150 planches publiés dans l'hebdomadaire au cours des trois années précédentes (il y aura plus tard deux autres volumes), le lecteur retrouve, déjà très au point, son sens aigu de l'observation, sa capacité à saisir des instantanés de la vie quotidienne.
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Un groupe de cailleras dans la rue d'une cité, deux filles qui discutent sur un strapontin de métro, deux amoureux qui se lèchent la pomme sur un banc public, une mère ou un père qui maltraite son enfant dans son magasin... autant de vignettes toute simple, sur la forme, qui font rire, qui révoltent, qui scandalisent parfois.
Ce qui il y a de merveilleux avec Riad Sattouf, c'est que sa démarche est sans aucune prétention.
Il ne cherche pas à instruire, à expliquer, à condamner : il montre, il affiche, et c'est au lecteur d'y pêcher ce qu'il veut, pour en conclure ce qu'il veut.
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Le dessin est toujours minimaliste, les planches sont en noir et blanc, mais son style est immédiatement reconnaissable, cette façon de prendre des visages et de les tordre dans des mimiques incroyablement expressives.
Certains, lors de la sortie de l'album, ont cru pouvoir considérer que c'était une œuvre sans intérêt, anecdotique, des micro scènes dénués de sens.
Je répondrais aujourd'hui : bullshit ! Nom d'un chien, c'est tout le contraire !
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Dans ces pages écrites il y a plus de dix ans, il y a tous les drames que nous avons vécu ces dernières années !
Le malaise des banlieues, la déconnexion entre les strates de la société française, et surtout, surtout, la montée de l'islamisme radicale, la radicalisation des jeunes.
Il y a deux ou trois planches hallucinantes, celle ou un gamin raconte comment son cousin catholique s'est fait harponné et embrigadé par un extrémiste, celle où deux filles dans le RER se racontent les scènes de décapitation vue sur Internet...
Toutes ces pages sont d'autant plus fortes, bien sûr, qu'elles sont parues dans Charlie Hebdo, dix ans avant le massacre...
A découvrir, pour apprendre des autres.
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