Nuit de fureur

Jim Thomson

Rivages/Noir

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Le pitch

Quand on mesure un mètre cinquante avec des talonnettes, qu'on parait dix-sept ans au lieu des trente qu'on croit avoir, qu'on est presque aveugle et en train de crever de tuberculose, on a du mal à se faire prendre au sérieux.

Mais ce n'est sûrement pas par hasard si c'est à vous qu'on offre 30 000 dollars pour descendre un mafioso trop bavard. Et ce n'est pas par hasard non plus que deux superbes filles vous tombent dans les bras, même si l'une d'elles souffre d'une infirmité sur laquelle vous aimeriez bien en savoir davantage...

Mon avis

Mois après mois, Rivages/Noir revisite avec bonheur toute l'oeuvre du grand Jim Thompson : version intégrale, nouvelle traduction, nouveaux titres... un plaisir !

L'occasion de revenir sur les titres parfois un peu oubliés, comme Nuit de fureur.

Nuit de fureur, c'est un polar ultra-minimaliste (quasiment unité de lieu, de temps et d'action) dont les principaux personnages constituent une galerie de freaks (physique ou morale) assez inoubliables.

Le principal d'entre-eux est le narrateur : Carl Bigelow, tueur à gages, un homme physiquement dégénéré, chargé d'éliminer un témoin gênant avec le plus de discrétion possible.

Il décide de s'introduire dans l'entourage de sa cible, en se faisant passer pour ce qu'il n'est pas : un tout jeune homme qui reprend ses études.

Comme dans tous les romans de Jim Thompson, l'histoire est noire, très noire, la nature humaine est présentée sous un angle pour le moins désabusé.

Le petit Bigelow est un tueur à gages impitoyable, certes, mais c'est aussi paradoxalement un cœur d’artichaut qui se laisse embobiner par les femmes et surtout - on le découvrira peu à peu, c'est cela le principal intérêt du livre - un pauvre homme désespéré...

Même si le roman manque d'un brin d'ironie (d'habitude, l'humour caustique de Thompson est souvent décoiffant) et de rythme pour être au niveau de ses chef-d’œuvres, Nuit de fureur est terriblement prenant et conduit le lecteur jusqu'à un switch de fin terriblement, terriblement noir...

Recommandé, bien entendu !

NB : une fois de plus, je tiens à m'insurger sur la politique commerciale débile de l'éditeur, qui place le prix de la version eBook de ce roman exactement au niveau - à un centime près ! - de celui de la version papier ! C'est  :

1/ Prendre les lecteurs et néanmoins clients pour des imbéciles ou des vaches à lait (voire des vaches à lait stupides)

2/ Participer à l'enterrement de première classe du livre numérique tel que le prépare l'édition française depuis cinq ans (on en est au même niveau que pour la musique il y a dix ans) !

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