Le maître d’armes
Dargaud
Le maître d’armes
Dargaud
Le pitch
1537. Au fin fond des montagnes perdues du Jura, un envoyé de l'Église exacerbe la haine religieuse de montagnards catholiques afin qu'ils lancent une chasse à l'homme contre un jeune protestant et son guide. Leur crime ? Vouloir faire passer une Bible traduite en français jusqu'en Suisse pour la faire imprimer. Une hérésie !
Commence une traque impitoyable : à deux contre trente, le destin du jeune homme et du vieux Hans Stalhoffer semble scellé. Sauf que Hans n'est pas une proie comme les autres ; il est l'ancien maître d'armes de François Ier... Et la proie est bien décidée à devenir le chasseur.
Mon avis
Xavier Dorison, c'est une quantité impressionnante de séries à succès dont Long John Silver et Undertaker.
Un scénariste au sommet, donc, qui a développé pour l'excellent illustrateur Joël Parnotte un one shot en 94 planches qui plonge directement au fin fond du Jura, au début du XVI° siècle.
Une sombre (très sombre, au propre et au figuré) histoire mêlant religion (début de la Réforme) et combats à l'épée.
Enfin... ça c'est la théorie, car le lecteur va vite s'apercevoir que la religion, malgré un long propos liminaire de Dorison, n'est qu'un prétexte, la bible objet de la traque aurait pu sans inconvénient être remplacé par un trésor ou une jolie fille.
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L'histoire en effet, est très (excessivement) linéaire, puisqu'il s'agit en fait d'une traque entre des "gentils" qui s'efforcent de faire passer la première bible traduite en français en Allemagne pour la faire imprimer, et plusieurs groupes de "méchants" qui s'efforcent de les en empêcher pour diverses raisons (religion, cupidité, vengeance : il y a le choix).
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Hum... J'ai l'impression que vous avez d'ores et déjà senti ma réticence.
Sur des dessins réalistes de Parnotte absolument magnifiques - c'est l'indéniable qualité majeure de l'album -, Dorison (qui semble ici en panne d'inspiration) développe une histoire d'un classicisme excessif, somme toute vue et revue (les traques, il adore, c'est ce qui occupe la totalité du tome 2 d'Untertaker).
Les personnages sont malheureusement trop caricaturaux (les méchants sont, soit des très grands costauds, soit des traîtres avec un bouc et des traits grimaçants) et la fin totalement prévisible (ciel, c'est le "gentil" immortel qui gagne).
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C'est trop simpliste pour un adulte, c'est beaucoup trop (et inutilement) violent pour un enfant. On ne nous épargne aucune blessure, mutilation, éviscération, brûlure, tête coupée, tête transpercée par un pieu... la dernière décapitation, celle du plus méchant, est carrément grotesque.
Ah, j'allais oublier : comme il se doit, les méchants sont très, très bavards. Dommage, car le travail de Joël Parnotte est splendide.
Si vous aimez les belles illustrations, le sang, les larmes et les histoires classiques de cape et d'épée dans la neige, cet album est pour vous. Si vous aimez être surpris, passez votre chemin.
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