Greenwich village
Kennes éditions
Greenwich village
Kennes éditions
Le pitch
C’était au temps où New York "new-yorkait".
Printemps 1960. Norman Oaks est chroniqueur à la pige pour un journal new-yorkais. Il vit seul mais heureux dans son appartement de Greenwich Village.
Sa quiétude est troublée par la jolie Bebe Newman, une hôtesse de l’air particulièrement bruyante qui s’installe un étage au-dessus du sien. Elle aime faire la nouba jusqu’au petit matin; il aime se coucher et se lever à heures fixes. Elle ne jure que par la modernité; il préfère la tradition. Bref, tout les oppose.
Et pourtant, pour décourager un ex aussi collant que peu recommandable, Bebe convainc Norman de se faire passer pour son compagnon et de partager avec lui le même appartement. Une cohabitation qui s’annonce explosive!
Mon avis
Il y a quelques jours, mon oeil fureteur a été attiré par la couverture d'un album : lignes claires, dessin nerveux, complètement "in the mood 50's 60's", couleurs pastels, une hotesse de l'air comme sortie de la série TV Pan Am lisant son courrier sur le rebord d'une fenêtre à guillotine.
Alors, vous pensez bien, ma main à suivi mon oeil et j'ai embarqué le volume !
Bien m'en a pris car Greenwich est une réussite, une petite perle de fraîcheur vintage comme on en fait peu. Les auteurs, fascinés tous les deux par les Etats-Unis et par les années 50 et 60, ont créé une "feel good BD" bourrée de références diverses.
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La première évidente, outre celle probable de Dupuy & Berbérian (Monsieur Jean), est celle d'Yves Chaland, le très regretté dessinateur prodige adepte de la ligne clair rétro mort trop jeune en 1990 dans un accident de voiture : quand on savoure les dessins d'Antonio Lapone qui sont, et de loin, la principale qualité de l'oeuvre, l'analogie saute aux yeux.
J'ai pu d'ailleurs vérifier après ma lecture que Lapone revendiquait, effectivement, l'influence de Chaland.
C'est tout à son honneur de le reconnaître, mais il a su se l'approprier et lui ajouter une touche complètement personnelle, cette touche arty qui fait de chaque vignette un véritable enchantement pour l'oeil.
Franchement, j'aimerais bien avoir une ou deux œuvres de l'auteur sur un mur de ma maison !
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La deuxième, tout aussi manifeste, est celle des comédies romantiques américaines des années 50 et 60. Tour à tour, on voit passer les réminiscences de scène de films comme La garçonnière, de Billy Wilder, ou de Diamants sur canapé, de Blake Edwards.
Ça tombe bien : ce sont des chefs-d’œuvre ! Là aussi, les références sont revendiquées, les auteurs les ont transformées en hommage.
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Si l'histoire est légère comme une bulle de savon et un peu convenue dans sa première partie, Gihef a su, dans les quinze dernières planches, lui donner un relief supplémentaire, avec des scènes plus enlevées, moins de dialogues.
Du savoir-faire, diraient les américains.
Pour rire, rêver, une BD bulle de champagne à offrir.
NB : une Artist édition est sorti depuis peu, avec un cahier de 32 pages bourré de croquis et dessins préparatoires. C'est plus cher, mais cela vaut le coup ! Acheter sur Amazon