Monsieur désire ?
Glenat
Monsieur désire ?
Glenat
Le pitch
Dans l'Angleterre victorienne, Lisbeth, une domestique plutôt discrète, vient d'entrer au service d'Édouard, un noble irritant de suffisance, provocateur et blasé.
Habitué à choquer son entourage par le récit de ses frasques, ce jeune dandy découvre en sa nouvelle servante quelqu'un de moins docile et impressionnable qu'il ne le croyait. Face à ses piques, celle-ci reste imperturbable, ne répondant que par un regard empreint de compassion sincère.
Entre les deux, malgré leurs disparités sociales, une étrange complicité va naître au gré de joutes verbales plus ou moins intenses. De servante, Lisbeth va devenir confidente. Non sans éveiller quelques jalousies chez les autres domestiques..
Mon avis
Monsieur Désire ? est un album délicieusement atypique, qui dégage un puissant parfum rétro sans qu'il soit pour autant artificiel.
Hubert, scénariste à la qualité de plume remarquable, déroule en prenant tout son temps (94 planches) l'histoire subtile de ce dandy à la vie faisandé par l'argent et les plaisirs trop facile dont la vie entre en collision, un jour, de manière a priori totalement improbable, avec Lisbeth, une de ses nombreuses domestiques.
Au fur et à mesure que ma lecture progressait, j'ai savouré, je dirais même que je me suis délecté à suivre les méandres de cette relation dont j'ai trouvé la finesse psychologique tout à fait exceptionnel.
L'inspiration d'Hubert, c'est sans le moindre doute avant tout Oscar Wilde, dont il reprend un à un les thèmes que le grand écrivain chérissait.
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Monsieur Désire ?, est donc, en quelque sorte, l'héritier d'une certaine idée de la littérature anglaise lorsqu'elle s'insurgeait contre les carcans incroyables de l'époque victorienne.
Un entre-deux, entre Un mari idéal et Le portrait de Dorian Gray, dans lequel se serait glissé un des personnages du sous-sol de Downtown Abbey ou d'Upstaires, downstairs, là où travaillaient ces domestiques que certains maîtres ne regardaient même pas.
Subtile, donc, jusqu'au bout, l'histoire ne va jamais là où on l'attend, jusqu'à un dénouement plein d'air frais particulièrement réussi.
L'histoire est porté par le dessin d'une très grande finesse de Virginie Augustin, dont le crayonné m'a fait parfois pensé un peu à celui de Johan Sfarr.
Ma seule critique, légère,vient de la mise en couleurs, un peu trop "à plat" et dans des teintes trop fades.
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Saluons, pour terminer, la volonté pédagogique des auteurs (et de l'éditeur Glénat) qui ont inséré en fin d'album un épais cahier historique sur tous les sujets évoqués au cours du récit.
Bravo à Hubert et Virginie Augustin, dont j'attends le prochain album avec impatience.
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A noter, pour les amateurs, que Glénat a eu la bonne idée de publier également un tirage à part qui, sous une couverture différente ravissante et pour un prix plus élevé mais justifié, présente une version non colorisée de l'album.
Les planches en noir et blanc, qui rendent mieux hommage au réel talent de dessinatrice de Virginie Augustin.
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