L’amour dure trois ans
Grasset / Livre de poche
L’amour dure trois ans
Grasset / Livre de poche
Le pitch
Au début, tout est beau. Vous n'en revenez pas d'être aussi amoureux. Vous écrivez des livres là-dessus. Vous vous mariez, le plus vite possible - pourquoi réfléchir quand on est heureux ?
La deuxième année, les choses commencent à changer. Vous faites l'amour de moins en moins souvent et vous croyez que ce n'est pas grave. Vous défendez le mariage devant vos amis célibataires qui ne vous reconnaissent plus. Vous-même, êtes-vous sûr de bien vous reconnaître, quand vous récitez la leçon, en vous retenant de regarder les passantes ?
La troisième année, vous regardez les passantes. Vous sortez de plus en plus souvent : ça vous évite de parler. Vient bientôt le moment où vous ne pouvez plus supporter votre épouse, puisque vous êtes tombé amoureux d'une autre. Vous commencez un nouveau livre.
Mon avis
Frédéric Beigbeder suscite, depuis toujours, des réactions extrêmement diverses, souvent contradictoires, chez ses lecteurs : haine, amour... mais il ne laisse jamais ses lecteurs indifférents.
Pendant tout le début de sa carrière, jusqu'en 2000, il provoquait une majorité de commentaires désobligeants.
On le confinait souvent au rôle de petit arrogant bobo gâté, imbu de lui-même, incapable de donner un minimum de sens à ses petits romans et nouvelles.
A partir de son premier prix important (Windows of the world, 2003), la tendance s'est largement inversé et la critique a commencé à le considérer comme un écrivain important, et ses romans ont été, globalement, très bien accueillis.
Ma remarque à ce propos est totalement paradoxale, puisque je pense exactement le contraire !
Jusqu'en 2000, Beigbeder était certes un petit roquet arrogant... etc... mais ce qu'il écrivait était bourré de talent.
Facile, trop facile mais talentueux et sans illusion sur lui-même.
Alors que par la suite, il s'est pris peu à peu au sérieux, au jeu et au piège du succès, et son oeuvre est devenu à son image : imbuvable !
L'amour dure trois ans fait partie de la première époque et le roman est une sorte de synthèse de ce qu'il était, et aurait pu devenir.
C'est une petite chronique désenchantée sur l'amour (le pitch, qui est le résumé du début du récit, va droit à l'essentiel) pleine de talents qui, même si elle est aussi aussi bourrée de défauts, est très attachante.
A cette période de sa carrière, je pensais que Beigbeder pouvait devenir une sorte de successeur au petit pied de Sacha Guitry.
Je retrouvais chez lui le sens de la formule du maître, ce jaillissement d'aphorismes spirituels qui provoque le rire, bref, fruit de la satisfaction du cerveau à la rencontre d'une éclat d'intelligence.
Mais aussi sa profonde misogynie qui était, en quelque sorte, le moteur de sa créativité.
Il y a un peu de tout cela dans ce roman, et c'est pour cela qu'il faut le lire.
Malheureusement, ce contentement de soi qui réunit aussi ces deux hommes, s'est révélé peu à peu monstrueux chez Beigbeder (lisez Un roman français, certains passages sont affligeants).
Et j'ai aussi compris que Guitry était certes un épouvantable misogyne, mais aussi, surtout, un véritable amoureux des femmes, alors que Beigbeder, bien qu'il passe son temps à déclamer son romantisme, n'est qu'amoureux de lui-même.
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