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Chaque mois, depuis la création du site Le Tourne Page en 2016, je mets en avant un livre.
Roman, essai, BD, il s’agit – selon moi, bien entendu, attention avis subjectif ! – d’un chef-d’œuvre. Un livre que j’ai lu récemment… ou il y a vingt ans, le seul critère de sélection étant la perception que j’en ai gardé, quel que soit le temps écoulé. Au sein de ces petits bijoux, que de phrases magnifiques, uniques ! Phrases polies, repolies sous la plume de l’auteur (c’est une image, voyons !).
Voici une compilation de citations, d’extraits, de ces sacrés bons bouquins qui ont marqué ma vie de lecteur (il y en a quantité d’autres, que vous pourrez découvrir en parcourant le site), regroupés par genre. Parmi ces livres, vous trouverez des grands classiques, mais aussi du beaucoup plus frais et même, certainement, une poignée de livres dont vous n’avez jamais entendu parlé.
Mon objectif : vous fournir quelques pistes indiscutables de lecture. Indiscutables, car pour tous ces choix, je m’engage : satisfait ou remboursé !
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Les citations magiques des grands romans
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Les grands classiques
La dynastie des Forsyte – John Galsworthy (1922)
Archipoche – 928 pages – 26.00 €
La citation (1) : Les Françaises – elles étaient pareilles à des chats -, on ne pouvait être sûr de rien. Mais qu’elle était jolie ! La parfaite jeune créature à tenir dans ses bras ! Quelle mère pour son héritier !
Et il pensa avec un sourire aux gens de sa famille, à leur surprise lorsqu’il aurait épousé une française, à leur curiosité, et à la façon dont il s’en amuserait et la déjouerait – le diable les emporte !
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La citation (2) : Certaines choses avaient été perdues de vue.
Et d’abord, dans la sécurité produite par un grand nombre de pacifiques mariages, on avait oublié que l’Amour n’est pas une fleur de serre, mais une plante sauvage, née d’une nuit de pluie, d’une heure de soleil, jaillie d’une graine folle qu’un vent de désordre a jeté sur la route – une plante sauvage que nous appelons fleur si par bonheur elle s’épanouit entre les haies de nos jardins, mauvaise herbe quand elle pousse au-dehors, mais qui, fleur ou mauvaise herbe, garde toujours la couleur et le parfum sauvage qu’elle avait dans les bois.
Les gens de Dublin – James Joyce (1914)
Pocket – 256 pages – 4.80 €
La citation (1) : C’était un homme grisonnant au langage spécieux et aux manières prudentes. Il tenait un cigare éteint d’un l’arôme flottait autour de lui. Son intention n’avait pas été de rester parce que concerts et artistes l’excédaient prodigieusement ; mais il n’en demeurait pas moins appuyé contre la cheminée.
Miss Healy debout devant lui bavardait et riait. Il était assez âgé pour soupçonner la raison de cette amabilité, mais encore assez jeune d’esprit pour en faire son profit. La chaleur, le parfum et la couleur du corps de la jeune fille parlait à ses sens. Il se plaisait à penser que la gorge qu’il voyait se soulever et retomber lentement se soulevait et retombait pour lui, que le rire, le parfum, les œillades lui étaient donnés en tribut.
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La citation (2) : Elle respectait son mari un peu de la même façon dont elle respectait le bureau de poste central ; à la manière d’une vaste administration, sûre et immuable ; et bien qu’elle reconnût le petit nombre de ses talents, elle appréciait sa valeur abstraite en tant que mâle.
Elle était contente qu’il lui eût proposé de l’accompagner, et elle récapitula ses projets.
Anna Karénine – Léon Tolstoï (1877)
Le livre de poche – 1024 pages – 9.90 €
La citation (1) : Je t’aime, et t’ai toujours aimé; quand on aime ainsi une personne, on l’aime telle qu’elle est et non telle qu’on la voudrait.
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La citation (2) : Vronski suivit le conducteur ; à l’entrée du wagon réservé il s’arrêta pour laisser sortir une dame, que son tact d’homme du monde lui permit de classer d’un coup d’œil parmi les femmes de la meilleure société.
Après un mot d’excuse, il allait continuer son chemin, mais involontairement il se retourna, ne pouvant résister au désir de la regarder encore ; il se sentait attiré, non point par la beauté pourtant très grande de cette dame ni par l’élégance discrète qui émanait de sa personne, mais bien par l’expression toute de douceur de son charmant visage.
Et précisément elle aussi tourna la tête. Ses yeux gris, que des cils épais faisaient paraître foncés, s’arrêtèrent sur lui avec bienveillance, comme si elle le reconnaissait ; puis aussitôt elle sembla chercher quelqu’un dans la foule.
Moby Dick – Herman Melville (1851)
Folio – 928 pages – 9.90 €
La citation (1) : Quand je me sens des plis amers autour de la bouche, quand mon âme est un bruineux et dégoulinant novembre, et surtout lorsque mon cafard prend tellement le dessus que je dois le tenir à quatre pour ne pas descendre dans la rue y envoyer valdinguer le chapeau des gens, je comprends qu’il est temps de prendre le large. Ca remplace pour moi le suicide.
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La citation (2) : Le vent commençait à hurler, les vagues entrechoquaient leurs boucliers ; le grain rugissait, sautait, craquait autour de nous comme un feu blanc sur la prairie, un feu dans lequel nous brûlions sans être consumés, immortels dans la gueule même de la mort ! Nous appelions en vain les autres canots. Autant valait hurler dans la cheminée d’une fournaise que de héler les bateaux dans un tel orage.
Cependant les nuages volants, l’écume et le brouillard devenaient encore plus noirs avec la nuit qui tombait ; il n’y avait aucun indice du vaisseau. La mer rageuse empêchait tous les essais que nous faisions pour écoper.
Le comte de Monte-Cristo – Alexandre Dumas (1844)
Folio – 1600 pages – 17.20 €
La citation (1) : Et cependant les deux jeunes gens ne s’étaient jamais dit qu’ils s’aimaient. Ils avaient poussé l’un à côté de l’autre comme deux arbres qui mêlent leurs racines sous le sol, leurs branches dans l’air, leur parfum dans le ciel ; seulement leur désir de se voir était le même ; ce désir était devenu un besoin, et ils comprenaient plutôt la mort qu’une séparation d’un seul jour.
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La citation (2) : Ceux qui sont nés dans un berceau de pourpre et qui n’ont jamais rien désiré, dit Emmanuel, ne savent pas ce que c’est que le bonheur de vivre; de même que ceux-là ne connaissent pas le prix d’un ciel pur, qui n’ont jamais livré leur vie à la merci de quatre planches jetées sur une mer en fureur.
Pétrole ! – Upton Sinclair (1926)
Le livre de poche – 992 pages – 9.60€
La citation (1) : « Cette idole du public n’avait jamais su ce que c’était que de rester assise à lire un livre. Un journal ou un magazine, passe encore. Il y en avait d’éparpillés autour de vous, vous en preniez un au hasard et vous regardiez quelque chose, toujours prête à le planter là pour voir passer une toilette ou tendre l’oreille à un bout de commérage.
Mais s’absorber dans une lecture et désirer qu’on ne vous interrompe pas, hum, cela ne semble pas bien poli, n’est-ce pas ? Quant à passer tout un après-midi ou une soirée à lire un livre, Vi n’avait tout bonnement jamais entendu parler d’une chose pareille.
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La citation (2) : Je n’ai pas conservé beaucoup de mes superstitions religieuses. Non fiston, voici ce que je pense : si vous rencontrez une femme que vous aimez vraiment et à qui vous avez l’intention de rester fidèle, aimez-la ; vous n’avez pas besoin qu’un prêtre vous en donne l’autorisation.
Orgueil et préjugés – Jane Austen (1813)
Le livre de poche – 288 pages – 6.60 €
La citation (1) : Jamais encore elle n’avait senti qu’elle aurait pu l’aimer comme en cet instant où l’aimer devenait désormais chose vaine.
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La citation (2) : Ceux qui ne changent jamais d’opinion doivent naturellement veiller à juger du premier coup sans se tromper.
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La citation (3) : Il aimait la campagne, les livres, et de ces goûts avait tiré ses principales satisfactions. La seule chose dont il fût redevable à sa femme était l’amusement que lui procuraient son ignorance et sa sottise. Ce n’est évidemment pas le genre de bonheur qu’un homme souhaite devoir à sa femme, mais, à défaut du reste, un philosophe se contente des distractions qui sont à sa portée.
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La citation (4) : Si elle devait l’épouser demain, je lui accorderais autant de chance d’être heureuse que si elle pouvait étudier sa nature une année de suite. Le bonheur dans le mariage est uniquement une question de chance. Quand bien même les personnes concernées connaîtraient parfaitement leurs caractères réciproques, quand ces caractères avant la cérémonie se ressemblaient point pour point, ce n’est pas cela qui favoriserait le moins du monde leur félicité future. L’un et l’autre ensuite se différencieront toujours suffisamment pour que leur échoie leur lot de déconvenues. Il vaut mieux rester dans l’ignorance la plus grande possible des défauts de la personne qui doit partager votre vie.
Robinson Crusoé – Daniel Defoe (1719)
Le livre de poche – 410 pages – 5.20 €
La citation (1) : Il y a dans nos passions certaines sources secrètes qui, lorsqu’elles sont vivifiées par des objets présents ou absents, mais rendus présents à notre esprit par la puissance de notre imagination, entraînent notre âme avec tant d’impétuosité vers les objets de ses désirs, que la non-possession en devient vraiment insupportable.
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La citation (2) : La crainte du danger est mille fois plus terrifiante que le danger présent.
Les romans contemporains
Nos disparus – Tim Gautreaux (2015)
Points – 576 pages – 8.40 €
La citation (1) : Il faut bien essayer de croire avec ferveur que la vie n’est pas tous les jours aussi moche qu’elle en a l’air.
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La citation (2) : Les balles ne font pas la différence entre les coupables et les innocents, ce sont des agents du destin en marche.
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La citation (3) : Il sentit à sa posture qu’elle venait de prendre conscience que les gens disparaissaient soudain d’une façon qu’elle ne pouvait pas comprendre. Elle se mit à pleurer doucement, mais il devinait qu’elle aurait été incapable de dire ce qui la rendait triste. On lui avait expliqué que son père était parti au paradis, puis que sa mère était allé le rejoindre, et rien de tout cela n’avait vraiment de sens pour elle parce qu’elle vivait dans l’éternel présent de l’enfance où les divers mouvements de l’existence suffisent à vous occuper, et où passé et futur n’existent même pas.
Il en était malade pour elle, mais pour lui-même aussi parce que la fragile petite épaule qu’il tenait dans sa paume aurait pu être celle de sa propre sœur ou de son propre frère, et il se sentit accablé par la conscience plus forte de la perte qu’il avait subie avant de savoir ce que le mot « perte » signifiait.
Le fils – Philipp Meyer (2013)
Le livre de poche – 792 pages – 8.90 €
La citation (1) : Ça avait toujours été comme ça. On racontait l’histoire d’une belle jeune fille à qui un amant rendait visite chaque nuit (ce qui, en tant qu’hommes, nous était interdit, mais l’histoire remontait à d’autres temps) ; comme sa passion se muait peu à peu en amour, elle commença à s’interroger sur l’identité de ce galant dont elle connaissait chaque partie, mais pas le tout. À mesure que le temps passait, sa curiosité se mua en obsession, car elle voulait être avec lui de jour comme de nuit, sans plus jamais de séparation. Un soir, juste avant qu’il ne vienne à elle, elle se noircit les mains de suie de sorte à lui marquer le dos pour avoir la réponse.
Au matin, lorsqu’elle se leva pour aller chercher l’eau de sa famille, elle vit l’empreinte de ses mains sur le dos de son frère préféré. Elle poussa un cri et s’enfuit de honte, et son frère, qui l’aimait plus que tout, s’enfuit après elle. Mais elle ne ralentissait pas et lui ne parvenait pas à la rattraper. Et c’est ainsi qu’ils parcoururent la terre entière, jusqu’à ce qu’elle devînt le soleil et son frère la lune, tous deux condamnés à ne partager le ciel qu’à des moments précis et à ne plus jamais pouvoir se toucher.
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La citation (2) : A la mort de son père, elle avait cessé d’aller à l’église. Si la prière ne pouvait même pas garder vos proches en vie, elle n’en voyait vraiment pas l’utilité.
Le diable, tout le temps – Donald Ray Pollock (2012)
Le livre de poche – 369 pages – 9.50 €
La citation (1) : Quand du whisky ne lui coulait pas dans les veines, Willard se rendait à la clairière matin et soir pour parler à Dieu. Arvin ne savait pas ce qui était le pire, la boisson ou la prière. Aussi loin qu’il pût se souvenir, son père lui semblait avoir passé sa vie à combattre le Diable, tout le temps.
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La citation (2) : Selon les informations qu’il avait vues à la télé récemment, le pays prenait le chemin du chaos. Et il voulait être là pour assister à ça. Rien ne lui ferait plus plaisir que de voir un jour tout ce merdier partir en flammes.
Un pays à l’aube – Dennis Lehane (2008)
Rivages/noir –864 pages – 10.65 €
La citation (1) : La langue des hommes se met à fourcher dès leur naissance. Il en a toujours été ainsi. L’oiseau ne peut pas mentir. Le lion est un chasseur, certes redoutable mais fidèle à sa nature. L’arbre et la pierre sont authentiques eux aussi ; ce sont juste un arbre et une pierre. Rien plus, rien de moins.
Or l’homme, la seule créature douée de parole, utilise ce cadeau magnifique pour trahir la vérité, pour se trahir, pour trahir la nature et Dieu. Il est capable de vous montrer un arbre en disant que ce n’en est pas un, de se relever près de votre cadavre en affirmant qu’il ne vous a pas tué… Vous comprenez, les mots constituent le langage du cerveau et le cerveau est une machine. Mais la musique… (Il décocha à Dunny s sourire éblouissant et agita l’index vers lui.) La musique est le langage de l’âme, qui ne peut se contenter des mots.
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La citation (2) : Vous les Américains, vous avez toujours le mot « liberté »à la bouche, mais moi je ne vois que des esclaves qui se croient libres.
La route – Cormac McCarthy (2007)
Editions de l’Olivier / 10/18 – 250 pages – 7.10 €
La citation (1) : Autrefois il y avait des truites de torrent dans les montagnes. On pouvait les voir immobiles dressées dans le courant couleur d’ambre où les bordures blanches de leurs nageoires ondulaient doucement au fil de l’eau. Elles avaient un parfum de mousse quand on les prenait dans la main. Lisses et musclées et élastiques. Sur leur dos il y avait des dessins en pointillé qui étaient des cartes du monde en son devenir. Des cartes et des labyrinthes. D’une chose qu’on ne pourrait pas refaire. Ni réparer.
Dans les vals profonds qu’elles habitaient toutes les choses étaient plus anciennes que l’homme et leur murmure était de mystère.
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La citation (2) : Il s’était réveillé avant l’aube et regardait poindre le jour gris. Lent et presque opaque. Il se leva pendant que le petit dormait et il mit ses chaussures et enveloppé dans sa couverture il partit entre les arbres. Il descendit dans une anfractuosité de la paroi rocheuse et là il s’accroupit et se mit à tousser et il toussa pendant un long moment. Puis il resta agenouillé dans les cendres. Il leva son visage vers le jour pâlissant.
Il chuchota : Es-tu là ? Vais-je te voir enfin ? As-tu un cou que je puisse t’étrangler ? As-tu un cœur ? Maudit sois-tu pour l’éternité as-tu une âme ? Oh Dieu, chuchotait-il. Oh Dieu.
Le temps où nous chantions – Richard Powers (2003)
Cherche Midi / 10/18 – 1 056 pages – 11.10 €
La citation (1) : Chanter était ce qu’il faisait de mieux. Chanter, c’était mieux que ce que le monde avait de mieux à offrir, mieux que n’importe quelle drogue, mieux que n’importe quel tranquillisant. Le chant était dans son corps…
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La citation (2) : Le visage de mon frère était un banc de poissons. Ce n’était pas un sourire qu’il avait, mais une centaine de sourires, vifs et étincelants.
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La citation (3) : Apprendre et comprendre l’autre était une entreprise de longue haleine, mais pas plus difficile, après tout, que le métier de vivre.
A livre ouvert – William Boyd (2002)
Points – 480 pages – 8.40 €
La citation (1) : Je suppose que si vous proposez a quelqu’un de vous épouser et qu’on vous inflige un refus, les choses ne peuvent plus jamais être pareilles – trop de dégâts : la race humaine ne peut tolérer qu’une petite dose de rejet.
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La citation (2) : Imaginez que, par miracle, un bébé puisse s’exprimer dans les premières semaines de sa vie – nous verrions le monde bien autrement, d’un oeil tout neuf.
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Le déclin de l’empire Whithing – Richard Russo (2001)
10/18 – 640 pages – 10.20 €
La citation (1) : Selon elle, c’était d’amour que les gens manquaient le plus – plus que de nourriture, d’un abri ou de chaleur – alors que l’amour, cerise sur le gâteau, ne coûtait rien du tout. Même les pauvres avaient les moyens d’en revendre aux riches.
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La citation (2) : Suite à une légère attaque, Honus, bientôt octogénaire, venait de s’être vu renvoyer malgré lui aux bons soins de sa femme, lorsque, par un après-midi, il s’était levé trop vite de son fauteuil, et, se sentant vaciller, il s’était rattrapé au premier meuble qu’il avait trouvé à bout de bras. Celui-ci se trouvait être une haute armoire vitrée en acajou, dont les étagères arboraient les chers et nombreux souvenirs que sa femme avait rapportés de ses voyages au long cours.
Honus ayant été seul dans la maison, personne n’avait exactement su ce qui s’était passé, toutefois C. B. s’était douté que son père, voyant les trésors conjugaux commencer à dégringoler, et surtout enflammé par la perspective de détruire d’un seul coup d’un seul les avatars dispendieux d’un coeur si possessif, avait pu éventuellement s’agripper au meuble plus longtemps que nécessaire, tant et si bien que celui-ci s’était entièrement effondré sur lui, broyant le peu de vie qu’il restât au vieil homme.
Enseveli sous les tessons des extravagants bibelots de son épouse, Honus avait dû ainsi reposer pendant des heures, jusqu’à ce que son refus de répondre à la cloche du dîner suscitât une fouille systématique de la maison.
Minuit dans le jardin du bien et du mal – John Berendt (1994)
Pocket – 388 pages – 4.50 €
La citation : Tandis qu’elle parlait, je reconnaissais l’accent des gens de la côte décrit dans Autant en emporte le vent – « doux et coulé, les voyelles mouillées et les consonnes amorties »
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La saga égyptienne – Wilbur Smith (1993)
Omnibus – 25 €
La citation : Le peuple met autant de plaisir a renverser les idoles dont il s’est lassé, qu’il en a pris a les ériger.
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Corps et âme – Franck Conroy (1993)
Gallimard / Folio – 704 pages – 10.20 €
La citation (1) : Mais soudain, tandis que les lignes s’écoulaient, Claude perçut le contrôle exquis avec lequel Frédéricks libérait la musique dans l’air. C’était surnaturel. Le piano sembla disparaître, seules les lignes emplirent la conscience de l’enfant, l’architecture de la musique éclairée dans ses moindres détails, l’annonce entière scellée, flottant, se repliant sur elle-même. Puis le silence.
Claude souffrit devant une telle beauté. Il eût voulu quitter son corps, suivre la musique, là où elle était allée, dans l’hyperespace, quel qu’il fut, qui l’avait avalée. Frédérick tourna la tête, l’enfant plongea ses yeux dans les siens et demeura immobile, le souffle coupé, comme si son regard pouvait ramener la musique.
La citation (2) : Plus tard, couché dans son lit, la lumière éteinte, la musique continua de danser dans sa tête. C’était presque comme d’écouter la radio, sauf que c’était meilleur, parce qu’il pouvait contrôler les sons — ajouter des cordes, ou des cuivres, ou les enlever. Il pouvait entendre deux lignes à la fois, les mettre en harmonie, écouter les choses en arrière ou à l’envers. Il pouvait créer des canons simples à partir des phrases du Livre bleu et les entendre aussi clairement que si quelqu’un d’autre les jouait dans la pièce. Son esprit brûlait de musique.
La citation (3) : La musique était là! La musique était là, depuis toujours, elle serait toujours là! Elle était tellement plus vaste que la vie, tellement plus forte, tellement irrésistible, elle révélait si puissamment l’existence d’une sorte de paradis sur terre, qu’elle balaya tout devant elle. Il aperçut cela dans un flash. Une fraction de seconde.
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Le maître des illusions – Donna Tartt (1992)
Pocket – 720 pages – 8.20 €
La citation (1) : C’est ainsi qu’il mourut, et toute la vie jaillit de son corps ; et en mourant il m’éclaboussa d’une sombre et violente pluie de sang au goût amer pour me réjouir, de même que les jardins se tiennent glorieusement sous les averses divines à la naissance des bourgeons.
La citation (2) : Elle était essoufflée, et des plaques rouge vif lui brûlaient les joues ; de ma vie je n’avais jamais vu de beauté aussi affolante que la sienne à ce moment. Je suis resté devant elle, ahuri, clignant des yeux, le sang battant dans mes veines, ayant oublié tous mes plans soigneusement préparés en vue d’un baiser, quand soudain elle s’est jetée dans mes bras. J’ai eu son souffle rauque dans l’oreille et quand elle l’a posée contre la mienne, un instant plus tard, sa joue était glacée ; quand j’ai pris sa main gantée, j’ai senti sous mon pouce le pouls accéléré de son poignet fragile.
Les vestiges du jour – Kazuo Ishiguro (1989)
Folio – 352 pages – 8.30 €
La citation (1) : Les grands majordomes sont grands parce qu’ils ont la capacité d’habiter leur rôle professionnel, et de l’habiter autant que faire se peut ; ils ne se laissent pas ébranler par les événements extérieurs, fussent-ils surprenants, alarmants ou offensants. Ils portent leur professionnalisme comme un homme bien élevé porte son costume : il ne laissera ni des malfaiteurs ni les circonstances le lui arracher sous les yeux du public ; il s’en défera au moment où il désirera le faire, et uniquement à ce moment, c’est-à-dire, invariablement, lorsqu’il se trouvera entièrement seul. C’est, je l’ai déjà dit, une question de « dignité »
La citation (2) : En vérité – pourquoi ne pas le reconnaître ? -, à cet instant précis, j’ai eu le cœur brisé.
Les piliers de la terre – Ken Follett (1989)
Le livre de poche – 11.90 €
La citation (1) : On ne récompense pas les perdants, moine, répliqua cruellement William, qui savourait la situation. Dans le monde ou nous vivons il n’y a pas de pitié. Les canards avalent les vers, les renards tuent les canards, les hommes abattent les renards et le diable poursuit les hommes.
La citation (2) : Ils sortaient d’une bataille, ils avaient entendu les hommes hurler de douleur et vu des amis tombés morts, et la peur leur avait fait perdre littéralement l’esprit. Mais ayant remporté la bataille et survécu, ils traquaient désormais leurs ennemis, et rien ne pourrait les satisfaire que davantage encore de sang, d’autres hurlements, d’autres plaies et d’autres morts; cela se lisait sur leur visage lorsqu’ils entrèrent dans la salle comme des renards dans un poulailler.
Le bûcher des vanités – Tom Wolfe (1987)
Le livre de poche – 917 pages – 9.90 €
La citation (1) : Et à cet instant, Sherman fit la terrible découverte que les hommes font sur leur père, tôt ou tard. Pour la première fois, il se rendit compte que l’homme en face de lui n’était pas un père vieillissant, mais un garçon, un garçon comme lui-même, un garçon qui avait grandi et avait eu un enfant à lui et qui, de son mieux, par sens du devoir et, peut-être, par amour, avait adopté un rôle appelé Etre un père pour que cet enfant possède quelque chose de mythique et d’infiniment important : un Protecteur, qui garderait un oeil sur toutes les possibilités chaotiques et catastrophiques de la vie.
Et voilà que ce garçon, ce grand acteur, avait vieilli, était devenu fragile et épuisé, plus las que jamais à la pensée de devoir remettre l’armure du Protecteur sur son dos, maintenant, si près de sa fin.
La citation (2) : Comme plus d’un Anglais vivant à New York, il considérait les Américains comme des enfants incurables à qui la Providence avait perversement confié cette espèce d’énorme dinde enflée en forme de continent.
Le choix de Sophie – William Styron (1979)
Folio – 636 pages – 12.80 €
La citation : La question: À Auschwitz, dis moi, où était Dieu ?
La réponse : où était l’homme ?
Pavillons lointains – M.M. Kaye (1978)
Le livre de poche – 10.20 €
La citation (1) : Ne sois pas triste, Sahis. Pour nous, la mort est peu de chose… une halte brève au cours d’un très long voyage, durant lequel nous continuerons à renaître et mourir jusqu’à ce que nous atteignions le Nirvana. Alors, pourquoi pleurer ceux qui ont franchi une nouvelle étape vers ce but ?
La citation (2) : Bombay se cachait encore derrière l’horizon, mais le vent en rapportait les odeurs : des relents d’égouts et de végétation pourrissante s’y mêlaient à la poussière, aux senteurs des marchés enfiévrés, avec, planant sur le tout, un léger parfum de fleurs…œillets d’Inde, frangipaniers, jasmins et fleurs d’oranger…Tout concourait à lui faire sentir qu’il était de retour au pays
Le parrain – Mario Puzo (1969)
Pavillons poche – 840 pages – 12.50 €
La citation (1) : Pourtant, permettez-moi de vous dire ceci: je suis superstitieux. C’est un travers ridicule, mais je dois vous l’avouer. Par conséquent, s’il advenait quelque accident malheureux à mon plus jeune fils, si un quelconque policier l’abattait, même involontairement, s’il se pendait dans sa cellule, s’il se présentait de nouveau quelqu’un pour témoigner contre lui, ma superstition me suggérerait que cet inconvénient est dû à la malveillance de quelqu’un qui se trouver ici dans cette pièce. J’irai plus loin: si la foudre frappait mon fils, je m’en prendrait à l’un de vous. Si son avion tombait dans la mer, si son bateau coulait au-dessous des vagues de l’océan, s’il contractait quelque fièvre mortelle, si un train écrasait son automobile, je suis tellement superstitieux que j’en rendrais responsable l’un de vous. Messieurs, cette malchance, cette malveillance, je ne les pardonnerais jamais.
Ayant précisé cela, je jure sur l’âme de mes petits-enfants que je ne romprai jamais la paix que nous venons de conclure.
La citation (2) : Les Italiens, poursuivit Hagen, ont coutume de dire en plaisantant que l’existence en ce monde est si rude que tout homme a besoin de deux pères pour veillez sur lui. C’est pour ça qu’on a inventé les parrains.
Petit déjeuner chez Tiffany – Truman Capote (1958)
Folio – 192 pages – 7.40 €
La citation (1) : La soirée était chaude, proche de l’été, et elle portait une mince et fraîche robe noire, des sandales noires, un collier de chien en perles. En dépit de son élégante minceur, elle gardait l’air de santé des petits déjeuners aux flocons d’avoine, l’air de propreté des savons au citron et des joues assombries d’un rouge sommaire. La bouche était grande, le nez retroussé. Une paire de lunettes noires obturait ses yeux. C’était un visage ayant passé l’enfance mais tout près d’appartenir à la femme.
La citation (2) : Elle était à ce moment complètement entrée dans la chambre et s’y tenait debout, me fixant. Je ne l’avais jamais vue jusque-là sans ses lunettes noires, et je comprenais maintenant qu’elle les portait par ordonnance, car sans elles ses yeux avaient la loucherie de concentration des bijoutiers. C’étaient de grands yeux, un peu bleus, un peu verts, piquetés de brun; diaprés comme ses cheveux et répandant une vivante et chaude lumière. “Je suppose que vous croyez que j’ai un fameux toupet, ou que je suis folle tordue, ou Dieu sait quoi.”
Les nouvelles
Les neiges du Kilimandjaro – Ernest Hemingway
Folio – 188 pages – 6.90 €
La citation (1) : La pluie tellement drue qu’on eût cru voler à travers une cascade, et puis ils en sortirent et Compie tourna la tête et sourit en montrant quelque chose du doigt et là, devant eux, tout ce qu’il pouvait voir, vaste comme le monde, immense, haut et incroyablement blanc dans le soleil, c’était le sommet carré du Kilimandjaro. Et alors il compris que c’était là qu’il allait.
La citation (2) : Tandis que le soir tombait, ils restèrent à boire et juste avant qu’il fît noir, alors qu’on n’y voyait plus suffisamment pour tirer, une hyène traversa l’espace à découvert avant de contourner la colline.
Mr. Ashenden et autres nouvelles
W. Somerset Maugham (1921 à 1947)
Omnibus – 1 440 pages – 28 €
La citation (1) : Quand nous sommes arrivés dans l’archipel, le sens du péché y était inconnu. On y manquait à tous les commandements sans jamais savoir qu’on faisait le mal. Et je crois pouvoir dire que le plus dur de ma tâche fut d’inculquer aux indigènes le sens du péché.
La citation (2) : Puisque le vice est inévitable, autant le confiner dans un endroit précis pour en rester maître.
Les polars et thrillers
Le poète – Michael Connelly ( 1996)
Le livre de poche – 768 pages – 9.20 €
La citation (1) : La mort, c’est mon truc. C’est grâce à elle que je gagne ma vie. Que je bâtis ma réputation professionnelle. Je la traite avec la passion et la précision d’un entrepreneur de pompes funèbres, grave et compatissant quand je suis en présence des personnes en deuil, artisan habile quand je suis seul avec elle. J’ai toujours pensé que pour s’occuper de la mort, le secret était de la tenir à distance. C’est la règle. Ne jamais la laisser vous souffler dans la figure.
La citation (2) : Mon frère m’avait expliqué un jour sa théorie du seuil limite.
Chaque flic, disait-il, possédait une limite, mais cette limite lui était inconnue jusqu’à ce qu’il l’atteigne. Sean parlait des cadavres. Il était persuadé qu’un flic ne pouvait en supporter qu’un certain nombre et que ce nombre variait en fonction de chacun. Certains atteignaient rapidement la limite. D’autres assistaient à vingt morts violentes sans même l’approcher. Mais pour tout le monde, il y avait un seuil. Et quand celui-ci était atteint, c’était fini. On demandait sa mutation aux archives, ou on rendait son insigne : il fallait que ça change, car on ne se sentait plus capable de voir un cadavre de plus. Et si jamais cela se produisait, si on dépassait sa limite, on était dans de sales draps. On risquait d’avaler le canon de son flingue. Voilà ce que disait Sean.
Le silence des agneaux – Thomas Harris (1990)
Pocket – 384 pages – 6.50 €
La citation (1) : Méfiez-vous d’Hannibal Lecter. Le Dr Chilton, le directeur de l’hôpital psychiatrique, vous expliquera comment il faut faire pour communiquer avec le patient. Suivez ses instructions à la lettre. Ne vous en écartez pas d’un iota, pour quelque raison que ce soit. Si Lecter accepte de parler, ce sera juste pour essayer de se renseigner sur vous. C’est le genre de curiosité qui pousse un serpent à regarder dans le nid d’un oiseau.
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La citation (2) : La peau humaine est lourde – seize à dix-huit pour cent du poids total du corps – et glisse entre les doigts. La peau tout entière n’est pas facile à manipuler et tombe facilement si elle est encore mouillée. Le temps aussi est un facteur important ; la peau commence à rétrécir dès qu’on l’a prélevée, surtout chez les jeunes adultes dont le grain est plus serré.
Ajoutez à cela le fait qu’elle n’est pas parfaitement élastique, même chez un sujet jeune. Si vous l’étirez, elle ne retrouvera jamais sa forme. Vous êtes en train de piquer bien à plat et puis vous tirez un peu trop fort dessus et ça godaille. Vous aurez beau pleurer toutes les larmes de votre corps, cela n’enlèvera pas un faux pli.
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La citation (3) : A l’extrémité du couloir, le docteur Hannibal Lecter se tenait droit comme un i, le visage à trente centimètres du mur. Il était attaché par une toile à sangles, telle une horloge comtoise, sur un petit chariot de déménageur. Sous les sangles, il portait une camisole de force et ses jambes étaient entravées. Le masque de hockey qui couvrait son visage l’empêchait de mordre; c’était aussi efficace qu’un bâillon, mais moins mouillé de salive, pour le confort des aides-soignants.
La vallée de la peur – Arthur Conan Doyle (1915)
Le livre de poche – 224 pages – 5.20 €
La citation (1) : La médiocrité n’admet rien de supérieur à elle-même, mais le talent reconnaît instantanément le génie.
La citation (2) : – J’incline à penser… commençai je.
– Et moi donc ! coupa brutalement Sherlock Holmes.
J’ai beau me compter parmi les mortels les plus indulgents de la terre, le sens ironique de cette interruption me fut désagréable.
– Réellement, Holmes, déclarai-je sévèrement, vous êtes parfois un peu agaçant !
Les romans SF, Fantastique et Fantasy
Le trône de fer – Intégrale T1 à 5 –
George R.R. Martin (1996 à 2012)
Editions Pygmalion – 1 044 pages (T1) 23.00 €
La citation (1) : Je vous ferai un enfant dès que vous en serez capable, reprit-il comme ils traversèrent le terrain d’exercice. S’il est imbécile, je vous ferai décapiter et me trouverai une épouse plus intelligente. Quand pensez-vous être capable d’avoir des enfants ?
La citation (2) : Si j’examine crûment mes forces et mes faiblesses, je n’ai d’autre arme que mon esprit. Mon frère a son épée, le roi Robert sa masse d’armes, moi mon esprit…, et l’esprit a autant besoin de livres qu’une épée de pierre à aiguiser pour conserver son tranchant. » Il tapota la reliure de cuir. « Voilà pourquoi je lis tant, Jon Snow »
La citation (3) : Pour en revenir à ce que je disais…, pourquoi faut-il que, si un homme construit un mur, aussitôt en survienne un second qui brûle de savoir ce qu’il y a derrière ?
La citation (4) : Oh, mon tout doux mignon d’été, protesta paisiblement Vieille Nan, que sais-tu, toi, de la terreur ? La terreur est chose d’hiver, mon petit seigneur, elle vient par cent pieds de neige, et lorsqu’en hurlant se rue la bise glacée du nord. La terreur vient durant la longue nuit, quand le soleil cache sa face des années durant, quand les enfants viennent au monde et vivent et meurent dans les ténèbres interminables, pendant que la faim, la désolation ne cessent de tenailler les loups-garous, que les marcheurs blancs se faufilent dans la forêt.
L’assassin royal – Robin Hobb (1995 à 1997)
J’ai lu – 1 118 pages – 18.90 €
La citation : Umbre m’interrompit d’une voix douce : « Mon garçon, ne cherche jamais à te croire autre chose que ce que tu es, tout comme moi : un assassin. Nous ne sommes pas les agents miséricordieux d’un roi plein de sagesse, mais des assassins politiques qui donnent la mort pour permettre à notre monarchie de se maintenir. Voilà ce que nous sommes. »
Replay – Ken Grimwood (1986)
Points – 432 pages – 8.00 €
La citation (1) : Une terre comme celle-là exigeait des soins, et les produits naturels qu’elle donnait en retour avaient beaucoup plus de valeur que toutes les pièces d’or du monde. Tel était le contrat, le marché avantageux conclu entre l’homme et la terre dix mille année auparavant, en Mésopotamie. Abandonner la bonne terre, croyait Jeff, c’était rompre un lien ancien et presque sacré.
La citation (2) : Il lui fallait de nouveau affronter le vide que cause une perte infinie, mais cette fois d’une façon plus complexe. Cette fois, il savait qu’il n’avait pas le droit de s’effondrer sous le poids de l’insupportable. Il n’y avait plus de pont à détruire ; il devait apprendre à aller de l’avant et à construire, malgré le supplice de savoir que certaines choses ne seraient plus jamais
Ça (2 tomes) – Stephen King
Le livre de poche – 1 436 pages – 17.50 €
La citation (1) : Un enfant aveugle de naissance ne sait pas qu’il est aveugle tant qu’on ne lui dit pas. Et même alors, il ne se fait qu’une idée très théorique de ce qu’est la cécité ; seul celui qui a perdu la vu en possède la notion. Ben Hanscom n’éprouvait aucun sentiment de solitude pour avoir toujours été seul.
La citation (2) : Cette énergie dans laquelle on puise avec tant de profusion quand on est enfant, cette énergie qui paraît inépuisable, elle disparaît en douce entre dix-huit et vingt-quatre ans pour être remplacée par quelque chose qui n’en a pas l’éclat, loin s’en faut, et d’aussi factice qu’une euphorie à la coke ; des intentions, ou des buts, peu importe le terme, c’est l’esprit chambre de commerce.
Ça se passe sans histoires, la disparition n’est pas instantanée, elle ne s’accompagne d’aucun éclat. Et peut-être, est-ce là ce qui fait le plus peur. Cette façon de ne pas arrêter d’un seul coup d’être un enfant, avec un gros boum ! comme un de ces ballons de clown qui explosent pour les besoins d’un gag. L’enfant qui est en soi fuit comme crève un pneu sans chambre : lentement.
Ubik – Philip K. Dick (1966)
10/18 – 288 pages – 7.10 €
La citation (1) : Trapu, les jambes épaisses, Stanton Mick se propulsait vers eux. Il portait une culotte de golf couleur fuchsia, des chaussons en fourrure de yak, un gilet sans manches en peau de serpent et un ruban dans ses cheveux blancs teints qui lui descendait à la taille.
Son nez, songea Joe, ressemblait à la poire en caoutchouc équipant la trompe d’un taxi de New Delhi. Il en avait l’aspect gonflé et mou, et on aurait dit qu’en le pressant, on en ferait sortir un son strident.
La citation (2) : Je n’aime pas qu’on me soit hostile. Mais je suppose qu’on ne peut pas vivre longtemps sans éveiller d’hostilité ; on ne peut pas plaire à tout le monde, puisque les gens ne veulent pas tous la même chose. Si on fait plaisir à l’un, on déplaît à l’autre.
Cycle de Fondation (1) – Isaac Asimov (1951)
Folio SF – 832 pages – 14.90 €
La citation (1) : Mais la chute d’un empire, messieurs, est un évènement considérable, fort difficile à combattre. Elle est la conséquence inévitable du développement de la bureaucratie, de la disparition de l’esprit d’initiative, du durcissement du régime des castes, de la perte du sentiment de curiosité…, de mille autres causes possibles et imaginables.
La citation (2) : Quand on est né dans une alvéole, qu’on a grandi dans un couloir, qu’on travaille dans une cellule et qu’on prend ses vacances dans un solarium plein à craquer, monter à l’air libre avec le ciel au-dessus de sa tête pour toute perspective, c’est risquer la dépression nerveuse, tout simplement.
Dracula – Bram Stoker (1897)
Babelio – 602 pages – 12.70 €
La citation (1) : Mais voilà qu’insensiblement se manifesta la métamorphose déjà remarquée la nuit précédente. La respiration se fit stertoreuse, la bouche s’ouvrit davantage et les gencives, pâles, retirées, mettaient en évidence des dents plus longues et plus aiguës que d’ordinaire. Bien que manifestement endormie, elle ouvrit des yeux qui, maintenant, paraissaient durs et triste.
Pourtant, ce fut d’une voix tendre, d’une voix que je n’avais jamais entendue chez elle, quelle demanda : Arthur, mon amour ! Je suis si heureuse que vous soyez venu. Embrassez-moi !
La citation (2) : Son visage donnait une impression de force, avec son nez fin mais aquilin, des narines particulièrement larges, un front haut et bombé, des cheveux qui se clairsemaient aux tempes, mais, ailleurs, épais et abondants. Les sourcils, massifs, se rejoignaient presque à l’arête du nez et paraissaient boucler tant ils étaient denses. La bouche, pour autant que je pusse l’entrevoir, sous l’épaisse moustache, présentait quelque chose de cruel, sans doute en raison des dents éclatantes et particulièrement pointues. Elles avançaient au-dessus des lèvres elles-mêmes dont le rouge vif soulignait une vitalité étonnante chez un homme de cet âge. Les oreilles étaient pâles et se terminaient en pointes. Le menton paraissait large et dur et les joues, malgré leur maigreur, donnaient toujours une impression d’énergie. L’impression générale était celle d’une extraordinaire pâleur. J’avais déjà remarqué le revers de ses mains qu’il avait posées sur ses genoux et, dans la lueur des flammes, elles m’avaient paru longues et fines. Pourtant, à présent que je les voyais de près, je les découvrais grossières, larges, doigts épais. Étrange constatation, aussi, je remarquais des poils au milieu des paumes. Les ongles étaient longs et fins, presque trop pointus.
Un moment donné, le comte se pencha vers moi et ses mains me frôlèrent. Je ne pus retenir un frisson. Peut-être devais-je en imputer la cause à son haleine fétide, mais une terrible nausée s’empara de moi, que je ne pus cacher. Le comte s’aperçut de mon dégoût, car il recula. Avec un sourire effrayant, qui découvrit davantage ses dents proéminentes, il retourna s’asseoir à côté de la cheminée
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