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Qui n’a pas rêvé, frissonné, pleuré, un jour ou l’autre, en visionnant un grand classique du cinéma ou en dévorant un roman consacré à l’épopée du far west ?
La mythologie romantique existant autour de l’aventure de la nouvelle frontière est telle qu’elle n’a cessé de faire rêver et d’inspirer tous les créateurs d’histoires. Au fil du temps, c’est tout un pan de la littérature américaine consacrée à cette période fascinante de l’histoire qui s’est développée.
On a même vu depuis le début du nouveau siècle un genre spécifique, le nature writing, s’épanouir. Mettant en valeur les grands espaces et les rapports de l’homme avec la nature, le genre se « loge » particulièrement bien dans cette mythologie du far west.
Quoiqu’il en soit, il est aujourd’hui évident que la mise en valeur de la conquête de l’ouest américain et le récit de la vie de ses acteurs (blancs et indiens en premier lieu) a été un élément revitalisant essentiel de la littérature américaine contemporaine. Dommage que nous n’ayons pas retrouvé en France, depuis la disparition de nos colonies, un sujet d’inspiration équivalent !
Voici, choisi pour vous, une sélection d’une vingtaine de grands romans qui parlent de là-bas, avec ses espaces, ses dangers et ses libertés…
Romans : à l’ouest, que du nouveau !
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Little big man – Thomas Berger
Gallmeister – 736 pages – 13.50 €
Le pitch : Je m’appelle Jack Crabb. J’ai cent onze ans ; j’ai vécu la moitié de ma vie chez les Blancs et l’autre parmi les Indiens cheyennes. J’ai été pionnier, éclaireur, as de la gâchette, chasseur de bisons. J’ai aussi été prospecteur, joueur professionnel et tricheur, polygame et soldat. J’ai côtoyé Wyatt Earp, Buffalo Bill et le général Custer, ainsi que pas mal de braves et de chefs de différentes tribus.
Je suis le seul survivant de la bataille de Little Bighorn et le dernier témoin de la conquête de l’Ouest, qui ressemble à tout ce que vous voulez, sauf à ce qu’on vous montre au cinéma. Avant de perdre la mémoire, je vais vous raconter ma vie.
Mon avis : Vous connaissez certainement le film Little big man. Forcement, si vous êtes un brin cinéphile.
Mais je suis persuadé que, comme moi, vous n’aviez jusqu’à ce jour jamais entendu parlé du roman dont est tiré le chef-d’œuvre d’Arthur Penn. Normal : aucun éditeur ne s’est donné la peine de le mettre vraiment en avant.
C’est désormais chose faite, car aux éditions Gallmeister, que je tiens une fois de plus à saluer pour sa capacité à faire vivre – ou revivre – de grands romans américains de ce côté-ci de l’Atlantique.
Et c’est un bonheur, car le roman d’une vie de Thomas Berger est tout simplement exceptionnel !
Des nouvelles du monde – Paulette Jiles
Folio – 288 pages – 7.50 €
Le pitch : Hiver 1870. Le capitaine Kyle Kidd parcourt le Texas et lit à voix haute des articles de journaux devant un public avide de nouvelles du monde. Un soir, à Wichita Falls, on lui propose de ramener une petite fille chez elle près de San Antonio. Ses parents ont été tués quatre ans plus tôt par les Kiowas, qui ont épargné et élevé Johanna comme une des leurs. Le vieil homme, veuf, accepte en échange d’une pièce d’or, mais sait qu’il lui faudra apprivoiser cette enfant sauvage qui guette la première occasion de s’échapper.
Ainsi commence un voyage splendide et périlleux, aux allures de western. Dans ces terres vierges où la loi n’engage que ceux qui la respectent, ces deux solitaires en marge du monde vont tisser un lien précieux qui fera leur force.
Mon avis : Des nouvelles du monde est le premier roman de Paulette Jiles traduit en France en 2018, grâce aux éditions Quai Voltaire.
Pourtant, Paulette Jiles, née en 1943, a publié de très nombreux romans aux Etats-Unis; mais c’est sans doute le fait que ce dernier récit ait obtenu une place de finaliste au National book award en 2016 qui a attiré l’attention de l’éditeur français.
Et qu’il soit remercié de son initiative, car Des nouvelles du monde est un très grand et très beau récit western, dans la grande tradition américaine !
Le passage du canyon – Ernest Haycox
Actes sud/Babel – 368 pages – 8.90 €
Le pitch : Oregon, 1850. Quand Logan Stuart, aventurier et homme d’affaires, arrive à Jacksonville, il découvre une bourgade sur laquelle plane la menace des Indiens… mais aussi les rivalités qui opposent prospecteurs, paysans et autres émigrants. Il va alors se retrouver au cœur de tous ces conflits.
Une bagarre qui éclate, un joueur prêt à tuer pour dissimuler ses dettes, des rumeurs qui courent, des colons soudainement massacrés, et voilà que toute une société animée par la passion de l’argent ou du jeu, l’amitié profonde ou les liaisons cachées, est sur le point d’exploser.
Mon avis : Ernest Haycox est un auteur américain ayant vécu très exactement (1899/1950) la première partie du XX° siècle.
Polygraphe assumé (une trentaine de romans, une centaine de nouvelles), il a connu dans son pays une vraie gloire de son vivant, porté par les très nombreuses adaptations de ses romans au cinéma, à la grande époque d’Hollywood.
Et en France ? Rien de rien, inconnu au bataillon ! Heureusement que, ces toutes dernières années, le grand réalisateur Bertrand Tavernier et les éditions Actes sud ont décidé de mettre – enfin ! – en lumière son œuvre, auprès des lecteurs français.
Heureusement, car quel grand écrivain que cet amateur de l’histoire fondatrice des Etats-Unis, dont l’essentiel de l’œuvre se déroule sur toile de fond de la conquête de l’ouest !
Après avoir ouvert la porte de sa bibliographie par le chef-d’œuvre Les fugitifs de l’Alder Gulch, j’ai poursuivi ma visite par le tout aussi brillant et attachant Le passage du Canyon, dans lequel j’ai retrouvé tout ce qui avait fait mon admiration et mon plaisir lors de ma lecture des fugitifs.
Les livres d’Haycox ne sont que charme et paradoxes.
True Grit – Charles Portis
Editions Le rocher – 253 pages – 6.70 €
Le pitch : Une adolescente très têtue venge la mort de son père. Elle se fait aider d’un marshal borgne et d’un texas ranger assoifé d’argent.
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Mon avis : Le pitch de l’éditeur est un peu court. Mais s’il résume bien l’histoire, qui est d’une certaine façon d’une linéarité exemplaire, il ne met absolument pas en valeur ce petit chef-d’oeuvre littéraire, connu uniquement en France pour l’adaptation (très fidèle) qu’en ont fait les frères Coen, mais publié uniquement en 2011 (avec une préface de Dona Tartt).
Un livre qui fait pourtant un carton aux États-Unis depuis sa sortie en 1968, où il est même devenu un vrai classique. Inconnu ? Alors, précipitez-vous sur ce merveilleux livre, même si l’univers du « Far West » ne vous concerne pas du tout !
Butcher’s crossing – John Williams
10/18 – 336 pages – 7.80 €
Le pitch : Dans les années 1870, persuadé que seule la nature peut donner un sens à sa vie, le jeune Will décide de quitter le confort de Harvard pour tenter la grande aventure dans l’Ouest sauvage. Parvenu à Butcher’s Crossing, une bourgade du Kansas, il se lie d’amitié avec un chasseur qui lui confie son secret : il est le seul à savoir où se trouve l’un des derniers troupeaux de bisons, caché dans une vallée inexplorée des montagnes du Colorado.
Will accepte de participer à l’expédition, convaincu de toucher au but de sa quête. Le lent voyage, semé d’embûches, est éprouvant mais la vallée ressemble effectivement à un paradis. Jusqu’à ce que les deux hommes se retrouvent piégés par l’hiver…
Mon avis : Si je me suis lancé dans la lecture de Butcher’s crossing, c’est avant tout sur les promesses conjuguées de la magnifique couverture, d’une part, et du pitch de la quatrième de couverture, particulièrement séduisant. Mais c’est aussi, lorsque j’ai réalisé, très vite, que l’oeuvre était le deuxième roman de John Williams (sur trois écrits, seulement, tout au long de sa vie, achevée en 1990) : j’ai découvert ce magnifique auteur il y a quelques années grâce à Stoner, formidable récit traduit en français grâce à Anna Gavalda.
Pourtant, ici, strictement aucun rapport avec Stoner, récit de la vie désastreuse d’un fils de paysan devenu professeur de littérature américaine. Juste un récit du midwest, une plongée dans les profondeurs du Kansas en 1870. Quatre hommes qui partent chasser le bison et affronter les merveilles, mais surtout les terribles dangers de la nature alors quasi inviolée.
Ce roman s’inscrit donc dans la mouvance du récit historique américain, centré sur la conquête, à partir de la deuxième partie du XIX° siècle des territoires inconnus, à l’ouest, et des populations « sauvages » que l’homme blanc affronte pour survivre et s’installer.
Deadwood – Pete Dexter
Folio – 624 pages – 1.20 €
Le pitch : « Ici, rien n’est normal, même le temps… Le jour de notre arrivée, on a vu deux hommes portant une tête humaine, en pleine rue… Un Mexicain avec celle d’un Indien, et une crapule qui louchait et qui s’appelait Boone May, avec la tête d’un hors-la-loi… «
La réalité du Far West, véritable genèse d’une nation, est l’un des plus grands romans noirs épiques de l’histoire humaine. Elle dit toute la violence brute d’un pays dominant à ce jour le monde. Fleuves de boue dans les villes, putes contaminées à la vérole par les trappeurs, chasseurs de primes devenus shérifs, viols, meurtres, ramassis de psychopathes, de chercheurs d’or fous et de mythomanes, de Chinois brûlés dans des fours à briques, d’incendies ravageurs et de personnages célèbres…
Deadwood raconte l’histoire d’un pays où la première chose à faire en se levant le matin est d’oublier ce qui est arrivé la veille…
Mon avis : Deadwood, pour les amateurs de séries américaines haut de gamme, c’est une référence, le top catégorie « western ». En trois saisons, HBO racontait de la manière la plus naturaliste possible une tranche de l’histoire de la ville de la ruée vers l’or du Dakota, la ville ou Wild Bill Hickok fut assassiné lâchement d’un tir dans le dos, la ville où fut enterrée Calamity Jane…
Ce n’est qu’en 2018, près de dix ans plus tard, que je découvris incidemment que la série était tirée d’un roman américain ma foi fort connu… outre-atlantique.
Je me suis donc plongé avec curiosité dans ce très épais roman (des heures et des heures de lecture !) pour revivre ou redécouvrir une partie du plaisir ressenti à la vision de la série. Avec le risque, courant dans ce cas là, d’être déçu.
Eh bien non : aucune déception ! Au contraire : même si Deadwood, le roman, est très éloigné de la série dans son déroulement, il résonne avec elle de façon étonnante par son état d’esprit, sa façon quasi documentaire de raconter ce qu’était au XIX° siècle une ville sortie de terre en quelques semaines pour accueillir les chercheurs d’or.
Lonesome dove – Larry McMurtry
Gallmeister – 1184 pages – 2*12.00 €
Le pitch : À Lonesome Dove, Texas, les héros sont fatigués. Augustus McCrae et Woodrow Call ont remisé leurs armes après de longues années passées à combattre les Comanches. En cette année 1880, pourtant, l’aventure va les rattraper lorsqu’ils décident de voler du bétail au Mexique et de le convoyer jusque dans le Montana pour y établir un ranch.
Commence alors un immense périple à travers l’Ouest, au cours duquel le convoi affrontera de violentes tempêtes, des bandes de tueurs et d’Indiens rebelles… et laissera de nombreux hommes derrière lui.
Mon avis : Lonesome dove est un roman d’aventure, c’est aussi un pur roman western au cours duquel, pendant 1 200 pages, le lecteur suit une bande de cowboys décidés à voler, puis à convoyer un immense troupeau de vaches tout le long de la côte ouest américaine, du sud au nord.
Attention : ne fuyez pas ! Les mots western et cowboys évoque chez les français, la plupart du temps, des films un peu surannés avec John Wayne en héros fort et solitaire ou, au mieux quelques longs métrages où Clint Eastwood cligne des yeux en regardant le soleil se coucher à l’horizon… et pourtant, Lonesome dove est à mille lieues de ces images d’Epinal !
Non, je peux vous l’assurer, Lonesome dove est un des plus beaux romans d’aventure psychologique de toute l’histoire de la littérature américaine. Rien que ça.
Le sang ne suffit pas – Alex Taylor
Gallmeister – 320 pages – 23.00 €
Le pitch : 1748. Dans les montagnes enneigées de l’ouest de la Virginie, un voyageur affamé arrive près d’une cabane isolée. Reathel erre depuis des mois, flanqué d’un dogue féroce. Mais l’entrée lui est refusée par Un colon hostile qu’il n’hésite pas à tuer. Il découvre alors à l’intérieur une jeune femme, Della, sur le point d’accoucher. L’enfant naît dans cette solitude glaciale. Pourtant, le froid, la faim et l’ourse qui rôde dans les parages ne sont pas les seuls dangers pour la mère et le nouveau-né. Car ce dernier a été promis à la tribu Shawnee : c’est le prix à payer pour que Black Tooth, leur chef, laisse en paix les colons du village voisin.
Alors que les Shawnees se font de plus en plus impatients, la colonie envoie deux frères à la poursuite de Della, désormais prête à tout pour sauver son bébé.
Mon avis : Anglais polyglotte installé depuis des années en France, Alex Taylor est avant tout un homme de radio. Cependant, quand il se lance dans le roman, le lecteur n’est pas près de l’oublier, car ce récit publié (en exclusivité) directement en France par l’excellent éditeur Gallmeister a de quoi marquer les esprits, je vous le garantie !
Impossible de passer à côté du pitch, terriblement séduisant lorsqu’on est un adepte de cette littérature américaine des grands espaces, surtout lorsqu’elle se déroule dans un contexte historique.
Dès les premières pages, Alex Taylor saisit le lecteur à la gorge, avec une série de scènes cruelles, sanglantes, décrivant avec un réalisme terrible le combat d’une série de personnages pour survivre aux dangers de la nature… mais surtout à la cupidité et la méchanceté humaine.
Les fugitifs de l’Alder Gulch – Ernest Haycox
Actes sud/Babel – 384 pages – 8.90 €
Le pitch : Au milieu des années 1800, un couple improbable s’enfuit pour rejoindre le nouvel eldorado de la vallée de l’Alder Gulch, dans le Montana, où des milliers de chercheurs d’or s’aventurent pour faire fortune. Jeff Pierce est traqué par le frère de l’homme qu’il a tué. Sa compagne de route, Diana Castle, cherche à échapper à un mariage arrangé. Quel avenir leur réserve cet Ouest sauvage où la loi est piétinée ?
Avec ce portrait d’une communauté d’orpailleurs dans les contrées sauvages des États-Unis, Ernest Haycox se hisse au rang des plus grands auteurs de westerns. Il y déploie à merveille son art romanesque et sa connaissance de la nature humaine dans une authenticité parfaitement lyrique. Et offre au genre une héroïne forte et éclatante, un vent de modernité.
Mon avis : Vous savez quel est le plus grand plaisir d’un grand lecteur ? C’est de tomber, à peu près une fois par an, pas plus, parfois moins, sur un livre écrit par un auteur que l’on ne connait pas, dont on n’a même jamais entendu parler, et que ce livre se révèle être un vrai chef-d’œuvre, un très gros coup de foudre. C’est une rencontre de ce type que j’ai faite, ces derniers jours, avec Ernest Haycox.
Une fois le roman terminé, sidéré (pas le roman, le lecteur !), j’ai découvert qu’Haycox était considéré aux Etats-Unis comme un auteur majeur… de la première partie du XX° siècle, puis qu’il est mort (prématurément) en 1950. Un grand spécialiste de la littérature de l’ouest, de la littérature de western diraient certains, même si ce vocable me parait très réducteur, voire un peu péjoratif de ce côté ci de l’Atlantique.
Sous les dehors rugueux d’une apparente histoire d’hommes et de femmes, plongés dans la sauvage atmosphère de la ruée vers l’or des 1860’s (tout le récit, y compris les détails, s’appuie sur des faits réels), se cache un trésor de récit gorgé d’humanité et de violence, de délicatesse de sentiments et de violence terrifiante.
Mille femmes blanches – Jim Fergus
Pocket – 512 pages – 7.90 €
Le pitch : En 1874, à Washington, le président Grant accepte la proposition incroyable du chef indien Little Wolf : troquer mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser l’intégration du peuple indien. Si quelques femmes se portent volontaires, la plupart viennent en réalité des pénitenciers et des asiles…
L’une d’elles, May Dodd, apprend sa nouvelle vie de squaw et les rites des Indiens. Mariée à un puissant guerrier, elle découvre les combats violents entre tribus et les ravages provoqués par l’alcool. Aux côtés de femmes de toutes origines, elle assiste à l’agonie de son peuple d’adoption…
Mon avis : Lorsque ce roman sort en France, en 2000, publié par Le Cherche Midi, l’éditeur est bien incapable d’imaginer le succès qu’il va remporter. Ce récit a certes reçu un accueil largement positif, deux ans plus tôt, aux U.S., mais de là à vendre plus de 400 000 exemplaires sur notre territoire, grâce à la magie du bouche-à-oreille… !
En découvrant cette histoire, près de vingt ans plus tard, il ne m’a pas fallu longtemps pour comprendre les raisons de ce vif succès : Mille femmes blanches est le prototype absolument parfait du roman à trame historique à la fois bien écrit (le style est d’une fluidité parfaite), très habilement composé, mêlant aventures exotiques, pédagogie historique et ethnique, tout en délivrant un message humaniste sincère…
Le fils – Philipp Meyer
Le livre de poche – 792 pages – 8.90 €
Le pitch : Vaste fresque de l’Amérique de 1850 à nos jours, Le Fils de Philipp Meyer, finaliste du prestigieux prix Pulitzer 2014, est porté par trois personnages, trois générations d’une famille texane, les McCullough, dont les voix successives tissent la trame de ce roman exceptionnel.
Eli, enlevé par les Comanches à l’âge de onze ans, va passer parmi eux trois années qui marqueront sa vie. Revenu parmi les Blancs, il prend part à la conquête de l’Ouest avant de s’engager dans la guerre de Sécession et de bâtir un empire, devenant, sous le nom de « Colonel », un personnage de légende. À la fois écrasé par son père et révolté par l’ambition dévastatrice de ce tyran autoritaire et cynique, son fils Peter profitera de la révolution mexicaine pour faire un choix qui bouleversera son destin et celui des siens.
Ambitieuse et sans scrupules, Jeanne-Anne, petite-fille de Peter, se retrouvera à la tête d’une des plus grosses fortunes du pays, prête à parachever l’oeuvre de son arrière-grand-père.
Mon avis : Pour une fois,le pitch du roman rédigé par l’éditeur est à la fois clair, complet et suffisamment précis pour se faire une véritable idée de ce que renverse la jaquette. C’est par là que j’ai commencé, en 2014, attiré par le thème de cet énorme roman « de l’Amérique ». Et je ne l’ai pas regretté une seconde ! Le fils est un roman exceptionnel.
Une sorte de synthèse des mythes du grand sud de l’Amérique, entre le roman (La trilogie des confins de Cormac Mac Carthy, ou Lonseome dove de Larry McMurtry) et le film (Géant de Georges Stevens). Un texte dont la lecture vous procurera les mêmes sensations que le visionnage d’un film américain des années 50 diffusé en 70 mm dans une salle avec écran géant. J’exagère à peine… !
Pourtant, tenter de brosser une fresque de l’histoire du sud Ouest américain sur un siècle et demi, à travers le destin de trois membres d’une même famille, par une succession de chapitres zappant la chronologie par une série d’aller-et-retours entre les générations, c’était a priori une entreprise démesurée. Pourtant, Philipp Meyer a remporté haut la main son pari…
De si jolis chevaux (La trilogie des confins) – Cormac McCarthy
Points – 408 pages – 7.95 €
Le pitch : 1949. Parce que les choix de l’Amérique moderne condamnent leurs rêves d’aventure, John Grady Cole et Lacey Rawlins quittent le Texas et chevauchent vers le Mexique. Ils iront vivre ailleurs, au royaume des chevaux, pour célébrer avec une nature intacte des noces éternelles.
Violente, tourmentée, traversée d’aveuglants moments de bonheur, leur odyssée se transforme pourtant en descente aux enfers. Intransigeant, visionnaire, ce roman bouscule les espoirs et les repères d’une condition humaine à jamais prisonnière de ses passions dans l’indifférence de l’univers.
De si jolis chevaux a remporté, en 1992, le National Book Award, la plus haute distinction littéraire des Etats-Unis.
Mon avis : De si jolis chevaux est le premier roman d’un ensemble de trois, appelé joliment La trilogie des confins (que vous pouvez trouver, si vous êtes un fan de Cormack Mc Carthy, en un seul volume, énorme (1 200 pages) paru en 2012 aux Editions de l’Olivier. Joli titre, pour un décor bien aride, celui de l’ouest américain, désertique, qu’affectionne tout particulièrement le grand auteur américain.
Entamer la lecture de l’oeuvre de McCarthy par ce pur western à la fois moderne (cela se passe juste après la seconde guerre mondial) et intemporel (on pourrait transposer l’ensemble sans aucune difficulté un siècle plus tôt) est peut-être une bonne chose. C’est en effet au moment où ce roman était écrit – en 1992 – que l’auteur touchait enfin du doigt le style qui allait lui permettre de produire des chefs-d’oeuvre comme No country for old men, puis La route.
Un style aride comme le paysage dans lequel chevauchent les héros de cette histoire virile où le lecteur pense longuement qu’il n’y a pas de place pour les femmes (il n’y a jamais beaucoup de place pour elles chez McCarthy), alors que si, finalement, car il n’y a pas de monde réel sans femme.
Les pionniers – Ernest Haycox
Actes sud – 544 pages – 24.00 €
Le pitch : Ils viennent du Missouri et ont tout abandonné dans l’espoir de trouver une terre à des milliers de kilomètres de leurs foyers. Ce voyage où ils affrontent les rapides, le froid, les pluies diluviennes qui vous transpercent, la faim, constitue une suite d’épreuves exténuantes que Haycox restitue avec une ampleur, un lyrisme, une vérité inégalés.
Parvenus à destination, les survivants doivent construire un nouveau monde avec ses règles, ses usages et ce malgré les rivalités, les préjugés raciaux, les barrières de classes.
Mon avis : Si vous vous baladez sur ce site, vous pourrez découvrir l’addiction tardive et assez violente que j’ai contractée pour Ernest Haycox en 2021. Tardive, car ce grand auteur américain est mort en… 1950, après une courte existence (il né en 1899) !
Avec Les pionniers, voici un roman posthume d’une dimension aussi épique que son sujet.
Plus de 500 pages serrées, soit plus d’un million de signes, de quoi vous occuper, comme je l’ai été, pendant de très nombreuses soirées au coin du feu ou la tête sur l’oreiller (désolé, je ne connais pas votre pratique favorite de lecture !).
Sauvage – Jamey Bradbury
Gallmeister – 325 pages – 10.00 €
Le pitch : À dix-sept ans, Tracy sillonne avec ses chiens de traîneau les immensités enneigées de l’Alaska. Amoureuse de la nature sauvage, elle possède un secret : un don hors norme, hérité de sa mère, qui la relie de façon unique aux animaux, mais peut-être aussi aux humains.
Sa vie bascule le jour où un inconnu l’attaque en pleine forêt, puis disparaît. Quand Tracy reprend connaissance, couverte de sang, elle est persuadée d’avoir tué son agresseur. Ce lourd secret la hante jour et nuit, et lorsqu’un jeune homme à la recherche de travail frappe à leur porte, Tracy sent émerger en elle quelque chose de sauvage.
Mon avis : Difficile d’imaginer plus jolie couverture que celle de Sauvage, dans la tonalité habituelle des couvertures de l’éditeur Gallmeister.
Mais aussi, une fois lu, encore plus difficile d’imaginer une couverture plus en adéquation avec l’atmosphère du roman.
Un chien esquimau dont les traits se confondent littéralement avec les éléments d’un paysage sauvage, celui du fin fond de l’Alaska.
C’est donc de chiens, de courses en traineau, de neige, mais aussi d’animalité et d’identité dont va nous parler Jamey Bradbury, une jeune américaine dont c’est le premier roman.
Dalva – Jim Harrison
10/18 – 471 pages – 7.50 €
Le pitch : Pour reprendre le contrôle de sa vie, Dalva s’installe dans le ranch familial du Nebraska et se souvient : l’amour de Duane, les deuils, l’arrachement à ce fils nouveau-né qu’elle cherche obstinément.
Meurtrie mais debout, elle découvre l’histoire de sa famille liée à celle du peuple sioux et d’une Amérique violente. Chef-d’œuvre humaniste, Dalva est un hymne à la vie.
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Mon avis : Jim Harrison est l’écrivain des grands espaces, mais aussi celui qui a porté pour la première fois l’attention de la littérature américaines sur les minorités indiennes.
Depuis, combien d’auteurs ont-ils repris le flambeau, rendant le genre incroyablement populaire ? Des dizaines !
A lire, indispensable, au même titre que les nouvelles rassemblées sous le titre Légendes d’Automne.
Dernière saison dans les rocheuses – Shannon Burke
10/18 – 286 pages – 7.50 €
Le pitch : En 1820, aux Amériques, le commerce des fourrures est un moyen périlleux de faire fortune. À peine le jeune William Wyeth s’est-il engagé auprès de la compagnie de trappeurs la plus téméraire de l’État qu’il manque de se faire tuer.
Il découvre alors la force des liens entre les hommes, dont la survie ne dépend que de leur solidarité. Chasse au bison, nuits passées à dormir sur des peaux de bête, confrontations aux forces de la nature ou aux tribus indiennes, la vie de trappeur est rude, mais William a soif d’aventures. Il a quitté sa famille pour le grand Ouest, sauvage et indompté. Il devra réunir plus de courage et d’habileté qu’il ait jamais cru avoir pour en sortir vivant.
Retour aux sources pour cette expédition de trappeurs, dans la tradition des grands romans d’aventure à l’américaine
Mon avis : La littérature américaine fourmille actuellement de romans historiques ayant pour cadre la nouvelle frontière, cette ligne qui délimitait la progression des aventuriers et des colons vers l’ouest. La conquête de l’Ouest est furieusement à la mode.
Il faut dire que c’est un vaste, immense sujet : que de récits passionnants sur le wild west, la lutte contre les tribus indiennes, la chasse aux bisons… mais à côté de quelques réussites indiscutables (au hasard : Deadwood, Mille femmes blanches et, un cran au dessus, Le fils de Philip Meyer), que de nanars !
Avec Dernière saison pour les rocheuses, troisième roman de Shannon Burke, un jeune auteur new-yorkais, je vous garantie du 100 % qualité premium !
La captive aux yeux clairs – A.B. Guthrie
Actes sud / Babel – 576 pages – 10.70 €
Le pitch : Premier tome de la très célèbre série The Big Sky de A. B. Guthrie, texte fondateur de l’école du Montana, traduit pour la première fois en français.
En 1832, Boone Caudill et ses amis trappeurs rejoignent une expédition vers le Haut-Missouri, vaste région sauvage où vivent les Indiens Black Foot. Teal Eye, une jeune Black Foot, fait partie du voyage. Va-t-elle pouvoir servir de cadeau pour les Indiens qui défendent farouchement leur territoire ?
Dans les paysages immenses et mythiques de l’Ouest américain se déroulera alors une grande épopée encore plus saisissante, plus iconoclaste, plus vraie que le chef-d’œuvre de Howard Hawks (1952), un des plus grands westerns de l’histoire du cinéma.
Mon avis : La captive aux yeux clairs… quel titre magnifique, porté qui plus est par une très joli couverture dans la collection Babel d’Actes Sud !
Postfacé (comme les romans d’Ernest Haycox) par le grand réalisateur Bertrand Tavernier, passionné de littérature américaine, le roman d’A.B. Guthrie publié en 1947 fait partie des classiques de la littérature du « far west » adaptés au cinéma à la grand époque du western.
Un roman très connu aux Etats-Unis, il a été (re)tiré de l’anonymat dans lequel il végétait depuis un bon moment en France. Mais – j’en suis le premier surpris – ce n’est pas la première fois qu’un titre célèbre de l’autre côté de l’Atlantique ne passe pas la barre de la notoriété dans notre beau pays pourtant féru de littérature…
James Fenimore Cooper – Le dernier des mohicans
Gallmeister – 473 pages – 12 €
Le pitch : 1757, la guerre franco-anglaise fait rage pour la conquête du Nouveau Monde tandis que les tribus indiennes se livrent une lutte sans merci. Le maréchal français Montcalm remonte le lac Champlain avec ses soldats pour prendre le fort William-Henry, tenu par le colonel Munro. Au même moment, les filles de ce dernier, Cora et Alice, sont en chemin pour le rejoindre. Egarées dans la forêt nord-américaine, elles rencontrent un chasseur blanc, Natty Bumppo, alias OEil-de-Faucon, et deux Indiens, Chingachgook et son fils Uncas, le dernier des Mohicans, qui deviennent leurs guides dans cette Amérique sauvage.
Ce livre sans pareil, immense roman d’aventures qui connu dès sa parution un succès international, annonce la disparition des Amérindiens et la naissance des États-Unis.
Mon avis : Même si le style de Fennimore Cooper a vieilli, au regard de nos canons de lecture contemporains – c’est normal, il s’est écoulé près de deux siècles depuis ! – , il n’en reste pas moins que Le dernier des mohicans restera sans doute dans l’histoire de la littérature comme le premier grand roman d’aventure historique et ethnique.
Indispensable à votre culture !
La note américaine – David Grann
Pocket – 432 pages – 7.95 €
Le pitch : 1921, Oklahoma. Dépossédés de leurs terres, les Indiens Osages ont été parqués dans une réserve aride. Mais sous leurs pieds coule un océan de pétrole. De quoi rameuter, en quelques mois, les vautours blancs assoiffés d’or noir. Bientôt, les membres les plus riches de la tribu disparaissent, l’un après l’autre. Balle dans la tête, empoisonnement, incendie…
L’État fédéral n’a d’autre choix que d’ouvrir une enquête. À sa tête : le futur directeur du FBI, l’ambitieux John Edgar Hoover, bien décidé à faire de ce dossier brûlant son marchepied vers la gloire… Il lui faudra s’associer aux Indiens s’il veut réussir à élucider l’une des affaires criminelles les plus fascinantes de l’histoire américaine.
Mon avis : Vous avez lu le pitch ? Bien ! Maintenant, dîtes-moi si vous avez compris que ce roman n’en est pas un, mais plus simplement une enquête journalistique. Non ? Cela me rassure !
Et pourtant, c’en est bien une : David Grann, journaliste, s’est appuyé sur de longues recherches personnelles pour raconter cette incroyable (mais vraie !) histoire, où l’histoire américaine et le polar se sont rencontrés.
Cependant, il est fort possible que la confusion ait été volontairement entretenue car j’ai ressenti l’impression, en dévorant cette enquête passionnante, de revivre, d’une certaine manière, l’expérience inoubliable de la lecture de De sang froid, le livre marqueur de Truman Capote.
Des clairons dans l’après-midi – Ernest Haycox
Actes sud – 458 pages – 9.80 €
Le pitch : Dans un coin perdu du Dakota, la jeune Josephine Russel fait la connaissance de l’énigmatique Kern Shafter, aux allures de gentleman, que ronge un lourd secret et un désir de vengeance. Shafter rejoint comme simple soldat le Septième de cavalerie que commande le général Custer.
Histoire d’amour et de vengeance sur fond de la plus célèbre bataille des guerres Indiennes, Little Big Horn, que Haycox retrace avec une extraordinaire lucidité. Un magnifique roman épique et intime, lyrique et précis.
Mon avis : Comme je l’indique par ailleurs sur ce site, Ernest Haycox est un auteur américain ayant vécu très exactement (1899/1950) la première partie du XX° siècle. Un très grand écrivain que cet amateur de l’histoire fondatrice des Etats-Unis, dont l’essentiel de l’œuvre se déroule sur toile de fond de la conquête de l’ouest !
Après avoir ouvert la porte de sa bibliographie par le chef-d’œuvre Les fugitifs de l’Alder Gulch, j’ai poursuivi ma visite par le tout aussi brillant, attachant et – il faut le dire ! – génial Le passage du Canyon.
Il ne me restait plus, après ces deux expériences uniques, qu’à plonger dans la lecture de son roman consacré à la bataille de Little big horn, sans doute une des deux ou trois tragédies nationales majeures de l’histoire américaine.
Un gros pavé où Haycox délaisse, pour une fois, la vie des chercheurs d’or, trappeurs, fermiers et autres pionniers de la nouvelle frontière, pour s’attacher à la vie de l’armée américaine.
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