*
La littérature britannique, c’est quelque chose ! Tout au long du XIX° siècle et de la première partie du XX° siècle, elle a dominé – avec la littérature française ! – l’univers romanesque mondial.
« Normal ! », allez-vous me dire. « L’empire britannique et l’empire français dominaient le monde, tout court : puissances économiques, puissances politiques, puissances intellectuelles… »
Pas faux.
Mais alors, pourquoi la littérature d’outre manche (selon ma vision ethnocentrée typiquement française !) est-elle restée en première ligne au cours du dernier demi-siècle, juste – ou à côté – du roman américain, alors que son homologue française s’endormait peu à peu dans un confort germanopratin croissant ? Mystère…
Une réponse à chercher du côté du sans neuf venu de l’ancien empire britannique qui continuait à irriguer les veines du roman anglais ? La présence et l’influence de quelques très grands écrivains ? L’influence de l’humour anglais ? Je serai bien en peine de fournir avec certitude une réponse, et je n’ai pas la prétention de le faire, même si je pense que le nombre considérable de romans drôles figurant dans cette sélection peut fournir un début de piste…
Ceci dit, que retenir de la production britannique de ces deux derniers siècles ? Une vaste entreprise, que je n’ai pas l’intention – rassurez-vous – de boucler d’ici demain ! C’est donc un work in progress que je vous invite à visiter avec indulgence. Pour rendre ma sélection lisible, je l’ai ventilée en trois chapitres.
Premier chapitre : les romans contemporains, c’est à dire ceux publiés depuis la fin de la seconde guerre mondiale (c’est le critère que j’ai pris en compte pour définir le terme « contemporain »).
Deuxième chapitre : les grands romans classiques, ceux que l’histoire de la littérature a retenu.
Troisième chapitre : les romans « de genre » : policiers, thrillers, fantastiques, fantasy et SF.
Cette large sélection – déjà près de 70 romans ! – que je présente ici est, vous l’avez compris, tout sauf exhaustive, et elle évoluera avec le temps. Elle correspond à mes lectures – nombreuses -, à mes goûts – éclectiques -, à mes rejets de certaines réputations bien établies (pas de noms, par charité !).
A vous de voir si, au fil de vos découvertes, mes goûts s’approchent des vôtres. C’est le propre de ce site : Le Tourne Page, c’est le cri d’amour sincère d’un lecteur aux livres ! Une seule certitude : il y en a pour tous les goûts.
*
Romans britanniques : la richesse d’un monde*
– Cliquez sur la couverture du livre pour accéder à la page Amazon afin de l’acquérir,
ou sur le lien « Lire la suite » pour accéder à la critique complète du livre –
Rappel : le modèle économique du Tourne Page repose sur le principe de l’affiliation. En cliquant sur le lien permettant d’accéder au partenaire du Tourne Page, Amazon, pour acquérir un livre conseillé, le visiteur permet au Tourne Page de percevoir une commission sur le chiffre d’affaires réalisé par son intermédiaire.
Le Tourne Page a été créé pour la promotion du livre et de la lecture. Pour que l’entreprise puisse vivre et prospérer (elle représente un investissement en temps quotidien considérable) mais aussi pour qu’elle garde son indépendance, il est essentiel que les visiteurs passent par ces liens pour acheter les livres qu’ils ont identifiés sur le site.
Les romans contemporains
Le romantique – William Boyd (2022)
Points – 557 pages – 10.80 €
Le pitch : Fuyant l’Irlande, où il est né en 1799, Cashel Greville Ross s’enrôle dans l’armée. C’est le début d’une vie rocambolesque qui le mènera sur quatre continents, dans les pas de l’Histoire. Blessé et décoré à la bataille de Waterloo puis témoin des atrocités de l’armée anglaise aux Indes, il se lie d’amitié avec Byron et Shelley en Italie et tombe éperdument amoureux de la mystérieuse Raffaella.
Mais l’esprit aventureux et l’impulsivité de cet incorrigible romantique l’entraînent sans cesse vers d’autres horizons et d’autres aventures.
Mon avis : 20 ans que j’attendais ce livre ! 20 ans que je rêvais de retrouver l’immense William Boyd, l’homme capable d’embarquer ses lecteurs dans la découverte d’une vie entière, une vie romanesque, avec une mastria époustouflante. Eh bien voilà, je l’ai trouvé, ce nouveau masterpiece ! Peut-être le dernier d’une très longue carrière (Boyd a maintenant 72 ans).
Le romantique ressemble, sur de nombreux points, à sa précédente très grade réussite, A livre ouvert. Les deux livres sont comme des jumeaux littéraires.
A chaque fois, 600 pages (des heures et des heures de lecture !) pour retracer et suivre la vie d’un homme hors du commun de sa naissance jusqu’à sa mort.
Le pavillon des combattantes – Emma Donoghue (2020)
Les presses de la cité – 336 pages – 21.00 €
Le pitch : 1918. Trois jours à Dublin, ravagé par la guerre et une terrible épidémie. Trois jours aux côtés de Julia Power, infirmière dans un service réservé aux femmes enceintes touchées par la maladie. Partout, la confusion règne, et le gouvernement semble impuissant à protéger sa population. À l’aube de ses 30 ans, alors qu’à l’hôpital on manque de tout, Julia se retrouve seule pour gérer ses patientes en quarantaine. Elle ne dispose que de l’aide d’une jeune orpheline bénévole, Bridie Sweeney, et des rares mais précieux conseils du Dr Kathleen Lynn – membre du Sinn Féin recherchée par la police.
Dans une salle exiguë où les âmes comme les corps sont mis à nu, toutes les trois s’acharnent dans leur défi à la mort, tandis que leurs patientes tentent de conserver les forces nécessaires pour donner la vie. Un huis clos intense et fiévreux dont Julia sortira transformée, ébranlée dans ses certitudes et ses repères.
Mon avis : Emma Donoghue est une auteure irlandaise, très connue, notamment pour son combat pour la reconnaissance des droits des lesbiennes. Elle s’empare dans ce roman – car c’est un roman, bien que la forme et le fond s’apparentent quasiment à un essai documentaire – de la situation des infirmières à la fin de la première guerre mondiale.
Non pas, cette fois ci, sur le front, au milieu des hommes combattants, mais à l’arrière, à Dublin, au milieu des femmes enceintes victimes de la terrible grippe espagnole qui est en train de ravager le monde (et qui sera responsable de plus de victimes que la guerre !).
Pendant 350 pages, Emma Donoghue suit le combat quotidien de Julia – la narratrice – qui tente de sauver ces femmes en train d’accoucher alors qu’elles sont déjà terriblement éprouvées par la maladie.
Normal people – Sally Rooney (2018)
Points – 288 pages – 7.90 €
Le pitch : Connell et Marianne ont grandi dans la même ville d’Irlande. Il est le garçon en vue du lycée, elle est la solitaire un peu maladroite, ils connaissent ensemble leur premier amour. Un an plus tard, alors que Marianne s’épanouit au Trinity College de Dublin, Connell s’acclimate mal à la vie universitaire. Entre eux, le jeu vient tout juste de commencer.
Un roman magistral sur la jeunesse, l’amitié, le sexe, et cette génération qui n’a plus le droit de rêver, mais qui s’entête à espérer.
Mon avis : Il faut bien avouer qu’une fois accroché à l’hameçon de Sally Rooney, difficile de décrocher à cette drôle d’histoire qui raconte un amour finalement presque très ordinaire, mais que l’auteure raconte avec une franchise de ton et un sens de l’observation finalement assez sidérant.
Ce que raconte Sally Rooney, c‘est l’exact contraire des feel good book habituel, ou tout est prévisible.
Ici, Connell et Marianne sont amoureux l’un de l’autre, c’est évident dès le départ, mais leur histoire n’est qu’une suite de rapprochements et d’éloignements.
Le pianiste de Hartgrove Hall – Natasha Solomons (2016)
Le livre de poche – 552 pages – 8.70 €
Le pitch : Fox, célèbre compositeur à la carrière magistrale, ne peut plus écrire la moindre note et s’isole dans sa superbe demeure de Hartgrove Hall. Sa femme bien-aimée vient de mourir et la vie a perdu toute sa saveur. Un jour, il découvre que son insupportable petit-fils de quatre ans, Robin, est un prodige du piano. La musique revient alors dans la vie de Fox, qui se voit forcé de renouer avec sa famille au passé douloureux.
Un demi-siècle plus tôt, Fox et ses deux frères, Jack et George, s’installaient à Hartgrove Hall, bien décidés à sauver des ruines le splendide domaine familial. Mais l’arrivée de la chanteuse vedette des années de guerre, la ravissante Edie Rose, au bras de Jack emmêle les fils de l’amour et du devoir et sème un chaos qui s’achève par une terrible trahison.
Avec lyrisme et tendresse, Natasha Solomons nous livre un roman enchanteur sur la transmission et la réconciliation.*
Mon avis : Quel plaisir infiniment renouvelé que d’assister, de loin en loin, à l’éclosion d’un(e) grand(e) auteur(e) ! J’avais déjà eu le plaisir de découvrir Natasha Solomons – londonienne trentenaire au visage toujours souriant – en 2012 avec Le manoir de Tyneford, un délicieux roman au style et à la facture éminemment classiques. Présence de l’histoire (avec un grand H), romantisme, nostalgie, l’ensemble formait une nourriture pour l’esprit tout à fait délicieuse.
Avec Le pianiste de Hartgrove Hall, écrit quatre ans plus tard, on passe à la vitesse supérieure : ce long roman est sans conteste un grand roman. J’y ai retrouvé, sans surprise, les qualités décelées dans son livre précédent et les ambiances qui m’avaient tant séduit.
Mrs Hemingway – Naomi Wood (2014)
Folio – 352 pages – 8.00 €
Le pitch : Ernest Hemingway était un homme à femmes. Mais il ne se contentait pas d’enchaîner les histoires. Ses maîtresses, il en a fait des Mrs Hemingway. Ainsi la généreuse Hadley Richardson a-t-elle été remplacée par la très mondaine Pauline Pfeiffer, et l’intrépide Martha Gellhorn par la dévouée Mary Welsh, au fil d’un scénario qui ne variait que de quelques lignes : la passion initiale, les fêtes, l’orgueil de hisser son couple sur le devant de la scène, puis les démons, les noires pensées dont chacune de ses femmes espérait le sauver.
Naomi Wood se penche sur la figure d’un colosse aux pieds d’argile, et redonne la voix à celles qui ont sacrifié un peu d’elles-mêmes pour en ériger le mythe.
Mon avis : Haldley, Fife, Martha. Mary. Quatre prénoms féminins. Ceux des quatre femmes qu’Ernest Hemingway épousera, au fil de sa vie aventureuse, des Etats-Unis à la France, l’Espagne, les îles…
Ceux des quatre parties du très beau roman de Naomi Wood, une jeune auteure a qui je prédis une bien belle carrière, pour autant qu’elle maintienne le cap sur l’exigence thématique et stylistique dont elle a su faire preuve ici.
Mrs Hemingway est un roman d’exofiction, genre éminemment à la mode. Il faut dire que broder un texte d’imagination autour d’un ou plusieurs personnages célèbres ayant réellement existé est séduisant. Après tout, la trame scénaristique est déjà là : il suffit de broder autour, pensent nombre d’auteurs.
Et pourtant, il n’y a rien de plus casse-gueule que de réinventer le réel, et la très large majorité des romans d’autofiction sont totalement décevants. Ce n’est pas le cas pour Mrs Hemingway. Au contraire : Naomi Wood m’a totalement convaincu, et même séduit.
D. – Robert Harris (2014)
Plon / Pocket – 496 pages – 6.50 €
Le pitch : Paris, janvier 1895. Par un matin glacial, un officier de l’armée, Georges Picquart, assiste devant vingt-mille personnes hurlant » À mort le juif ! » à l’humiliation publique d’un capitaine accusé d’espionnage : Alfred Dreyfus.P icquart est promu : il devient le plus jeune colonel de l’armée française et prend la tête de la section de statistique – le service de renseignements qui a traqué Dreyfus. Dreyfus, lui, est condamné au bagne à perpétuité sur l’île du Diable, il n’a le droit de parler à personne, pas même à ses gardiens, et son affaire semble classée pour toujours.
Mais, peu à peu, Picquart commence à relever des éléments troublants dans l’enquête, tout en lisant les lettres de Dreyfus à sa femme dans lesquelles celui-ci ne cesse de clamer son innocence. Et quand le colonel découvre un espion allemand opérant sur le sol français, ses supérieurs refusent de l’écouter. En dépit des avertissements officiels, Picquart persiste et va se retrouver lui aussi dans une situation délicate.
Mon avis : D. comme Dreyfus. « Encore un essai sur Dreyfus ? », allez-vous me dire avec un brin d’exaspération. Eh bien non ! Ceci n’est pas un essai, ni même une pomme, mais bien un roman; et pas n’importe lequel.
Robert Harris est un auteur de thriller (à prédilection historique) absolument remarquable. Quand il est un en forme, certainement un des trois meilleurs au monde.
Et il possède, de surcroît, une très jolie plume. Jetez vous sur The ghostwriter, Enigma, Fatherland : vous n’en dormirez pas de la nuit.
Maharajah – M.J. Carter (2014)
10/18 – 480 pages – 8.80 €
Le pitch : Calcutta, 1837. Le pays est sous la régence de la Compagnie britannique des Indes orientales. Figure haute en couleur chez les expatriés anglais, l’écrivain Xavier Mountstuart vient de disparaitre dans les profondeurs de la jungle.L’armée de la Compagnie envoie à sa recherche Jeremiah Blake, un agent spécial, grand spécialiste des mœurs du pays, accompagné d’un jeune officier, William Avery. C’est le début d’une aventure passionnante au pays des temples et des maharajahs. En approchant de la région où Mountstuart a disparu, celle des thugs, adorateurs de Kali, déesse de la mort et de la destruction, Blake et Avery vont découvrir une incroyable conspiration.
Mon avis : Sacrée belle couverture, n’est-ce pas ? Couleurs, graphismes… avec ce titre, Maharajah, et le nom de l’auteure (M.J. Carter, c’est une femme, M pour Miranda), le livre transpire les mystères exotiques de l’orient. Ajoutez, pour terminer, un pitch emballant, et emballez, c’est pesé, voilà le bouquin dans la poche du lecteur !
Mais vous savez comme moi que ce type d’achat impulsif est parfois suivi d’une grosse, grosse déception de lecture. Heureusement, ce n’est pas le cas avec Maharajah qui tient complètement ses promesses, du début (un peu lent) à la fin. M.J. Carter est avant tout une historienne et cela se sent, cela se voit tout au long de ces presque 500 pages, tant la toile de fond respire l’authenticité.
La couleur du lait – Nell Leyshon (2012)
10/18 – 192 pages – 6.60 €
Le pitch : 1831. Mary une jeune fille de 15 ans mène une vie de misère dans la campagne anglaise du Dorset. Simple et franche, mais lucide et entêtée, elle raconte comment, un été, sa vie a basculé lorsqu’on l’a envoyée chez le pasteur Graham, pour servir et tenir compagnie à son épouse, une femme fragile et pleine de douceur.Avec elle, elle apprend la bienveillance. Avec lui, elle découvre les richesses de la lecture et de l’écriture… mais aussi obéissance, avilissement et humiliation. Un apprentissage qui lui servira à coucher noir sur blanc le récit tragique de sa destinée. Et son implacable confession. Nell Leyshon réalise un travail d’orfèvre avec ce portrait inoubliable, où vibre la voix lucide et magnifique de son héroïne.
Mon avis : La couleur du lait, c’est la couleur des cheveux de Mary, une paysanne sortant de l’adolescence, au fin fond de la campagne anglaise du début du XIX° siècle. Autant dire, une pauvre fille, vivant dans la crasse et la misère, illettrée, et de surcroît martyrisée par son père, comme ses trois sœurs, pour travailler plus vite, plus longtemps, plus fort; comme un garçon.
Dès la première page de ce court roman qui évolue au rythme des saisons d’un passé récent, le lecteur plonge dans le carnet, confession actuelle d’une Mary qui a appris à lire et à écrire. Plongée profonde, car le style de Mary est la transcription littérale du langage parlé, presque sans ponctuation. Elle raconte ce qu’il lui est arrivé. Sans fard, sans artifice, comme un constat d’huissier. Avec la spontanéité d’une bonne personne qui n’a rien à cacher.
Lola Bensky – Lily Brett (2012)
10/18 – 272 pages – 8.20 €
Le pitch : Londres 1967 : Lola Bensky, jeune journaliste pour un magazine australien, n’a que 19 ans quand elle se retrouve au coeur de la scène musicale la plus excitante du moment !
Sans diplôme, mais douée, trop grosse et toujours au régime, trop sage pour les sixties, quelles questions cette drôle de fille qui ne connaît rien au rock, va-t-elle bien pouvoir poser à ces rock stars en devenir ?
Armée de son magnétophone, Lola Bensky observe, écoute, écrit. À Londres, elle parle bigoudis avec Jimi Hendrix et sexe avec Mick Jagger. À Monterey, elle échange avec Mama Cass sur leurs régimes respectifs et aborde l’amour entre filles, la drogue et l’alcool avec Janis Joplin. Un jour, elle prête même ses faux cils à Cher…
Mon avis : Vous êtes fasciné par la musique des 60’s et des 70’s ? Vous aimeriez découvrir comment, de manière très concrète, pouvait vivre une jeune anglo-saxonne à cette époque, en pleine révolution des mœurs et de la musique ?
Alors précipitez-vous sur Lola Bensky, ce délicieux roman écrit par Lily Brett, auteure australienne vivant aux Etats-Unis.
Il vous plongera, avec une simplicité et un naturel confondants – bravo à Lily Brett qui scénarise ainsi sa propre vie avec le très léger décalage qui donne à son récit une force bien supérieure à une simple autobiographie ! – dans cette époque, comme si vous veniez de prendre une machine à remonter le temps !
L’homme qui a oublié sa femme – John O’Farrell (2012)
Pocket – 416 pages – 7.90 €
Le pitch : Qu’un homme oublie un anniversaire de mariage, jusqu’ici rien de très inhabituel. Mais le cas de Vaughan est plus étonnant : après un étrange malaise, il se réveille dans le métro londonien, totalement amnésique. Oubliés son métier de professeur, ses deux enfants et sa femme, la sublime Maddy…
Lorsqu’il la revoit, c’est le coup de foudre. Pas de chance, car ils sont en plein divorce et Maddy, elle, n’a rien oublié de l’homme odieux qu’il était devenu… Prêt à tout pour la reconquérir, Vaughan saura-t-il réinventer sa vie ?
Mon avis : Un titre et un pitch intriguant peuvent-il contrebalancer une couverture ratée : oui, si j’en crois un sondage fait auprès d’un panel représentatif de pas grand-chose, c’est à dire moi-même ! J’ai donc effectué l’achat impulsif de L’homme qui a oublié sa femme sur la promesse d’une idée maligne.
Mais les premiers chapitres ne m’ont pas convaincu sur ma capacité à identifier les bons romans au delà de leur couverture, car l’histoire démarre mollement, de manière assez convenue, et l’on croit un moment être tombé les deux pieds (pardon : les deux yeux) dans une grosse farce.
Heureusement – et c’est le conseil que je vous donne, lecteurs potentiels -, il faut aller au delà de ce démarrage mou du genou car, très vite, passés les premiers chapitres, on se surprend à tourner les pages avec plaisir pour savoir comment le héros va parvenir à sortir de cette situation absurde.
Le manoir de Tyneford – Natasha Solomons (2011)
Le livre de poche – 528 pages – 7.80 €
Le pitch : Au printemps 1938, l’Autriche n’est plus un havre de paix pour les juifs. Élise Landau, jeune fille de la bonne société viennoise, est contrainte à l’exil. Tandis que sa famille attend un visa pour l’Amérique, elle devient domestique à Tyneford, une grande propriété du Dorset. C’est elle désormais qui polit l’argenterie et sert à table.
Au début, elle se fait discrète, dissimule les perles de sa mère sous son uniforme, tait l’humiliation du racisme, du déclassement, l’inquiétude pour les siens, et ne parle pas du manuscrit que son père, écrivain de renom, a caché dans son alto. Peu à peu, Élise s’attache aux lieux, s’ouvre aux autres, se fait aimer… Mais la guerre gronde et le monde change. Élise aussi doit changer. C’est à Tyneford pourtant qu’elle apprendra qu’on peut vivre plus d’une vie et aimer plus d’une fois.
Mon avis : Si vous aimez la littérature anglaise classique dans ce qu’elle a de meilleur, vous devez absolument lire ce délicieux roman nostalgique de Natasha Solomons. Car s’il a été écrit en 2011, il aurait tout aussi bien pu l’être il y a soixante ans, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Inspiré de l’histoire véridique de sa famille (c’est ce que l’auteure nous apprend dans la postface du livre), ce roman à la finesse psychologique d’une porcelaine de Wedgwood ainsi que la délicatesse du trait des paysages de John Constable.
Il est rare, de nos jours, de retrouver une telle qualité d’écriture chez les auteurs anglais. Vous regrettez les romans d’Henry James ? Lancez-vous dans Le manoir de Tyneford (dont le titre original – Le roman dans le violon – a une signification bien supérieure), vous ne serez pas déçu.
La bonne étoile – Esther Freud (2011)
Le livre de poche – 432 pages – 7.90 €*
Le pitch : La timide Nell, Charlie la magnifique, Dan l’ambitieux, Jema la révoltée : tous croient en leur « bonne étoile ». Formés au très select Drama Arts de Londres, où ils se sont rencontrés, ils rêvent de devenir des stars. La réalité sera-t-elle à la hauteur de leurs espérances ? Auditions improbables, agents injoignables, tournées miteuses, tapis rouge sans lendemain ponctuent leur parcours semé d’embûches dans un monde dominé par l’ambition, la vanité et les faux-semblants. Seule Nell prendra le chemin de la réussite, mais à quel prix ?
*
Mon avis : Esther Freud est la petite-fille de Sigmund. Cette information n’a aucun rapport avec le roman, mais je vous la livre car je viens de la découvrir. Question : Esther a-t-elle la finesse psychologique de Papy ? Eh bien, pas vraiment. C’est même l’aspect le moins réussi de ce roman par ailleurs fort estimable et sympathique : les personnages principaux, nombreux, manquent vraiment d’épaisseur, certains sont même à la limite de la caricature.
Mais si l’on saisit l’intention de l’auteure, ce défaut devient en fait une force, car il ne faut pas parler de caricatures, mais d’archétypes. Esther Freud a voulu raconter ce qu’est la vie d’un artiste comédien, depuis le temps de sa formation (tout le début du roman, au sein du Dram Arts, est très réussi) jusqu’à l’épanouissement…. ou pas, de sa vie professionnelle.
Passé imparfait – Julian Fellowes ( 2008)
10/18 – 624 pages – 9.60 €
Le pitch : Le narrateur est sans nouvelles de Damien Baxter depuis près de quarante ans. Inséparables durant leurs études, leur indéfectible amitié s’est muée en haine féroce, suite à des événements survenus lors de vacances au Portugal en 1970. Aussi, le jour où il reçoit une invitation, la surprise est-elle de taille. Dans un manoir de la campagne où il vit seul, entouré de son personnel, ce dernier lui apprend qu’il est atteint d’une maladie incurable et n’a pas d’héritier à qui léguer son immense fortune. À moins que…
Quelques années auparavant, une femme rencontrée à cette époque lui a adressé une lettre anonyme dans laquelle elle prétendait qu’il était le père de son enfant. Damien propose alors à notre héros de partir à la recherche de ses anciennes conquêtes, cinq jeunes filles de bonne famille que les deux amis ont fréquentées dans le Londres des Swinging Sixties. C’est le début d’un voyage vers un passé plein de fantômes, de secrets et de révélations surprenantes.
Mon avis : Julian Fellowes, c’est cet Anglais bien né qui a scénarisé la série Downtown Abbey.Le pauv re type doit en avoir assez de se coltiner ce sparadrap au bout des doigts (on y fait sans arrêt référence, alors même qu’il a reçu aussi un oscar pour Godsford Park, le très beau film de Robert Altman), surtout qu’il a, – entre autres -, écrit à côté deux romans de très haute tenue.
Le premier, Snobs (dont je parle par ailleurs) est une réussite totale, un chef-d’oeuvre d’humour caustique british. Le second, presque aussi parfait, est un épais roman (650 pages en édition brochée) qui a rencontré à sa sortie un succès vertigineux, grâce à la notoriété acquise avec la série que vous connaissez… Mais c’est un succès mérité, car l’oeuvre est ambitieuse dans sa construction, avec de nombreux allers et retours dans le temps.
Le loup des plaines – Conn Iggulden (2007)
Pocket – 523 pages – 7.00 €
Le pitch : XIIe siècle, entre le lac Baïkal et la Mandchourie, au cœur de l’ Asie centrale. A la mort de Yesugei, khan de la tribu mongole des Loups, l’un de ses guerriers s’empare du pouvoir et abandonne dans l’immensité de la steppe la veuve et ses enfants. Temüdjin, le fils cadet du vieux khan, n’a alors que douze ans mais parvient à survivre avec sa mère et ses frères en se nourrissant du peu que leur concède une terre aride et rude. En compagnie d’une poignée d’hommes bannis comme lui, il multiplie les razzias. Temüdjin ne serait peut-être resté que le chef d’une bande de pillards si une détermination farouche ne l’habitait : venger la mort de son père et, à cette fin, unir toutes les tribus mongoles face aux Tatars.
Dans ce premier volet d’une épopée grandiose, Conn Iggulden relate les jeunes années du futur Gengis Khan, un homme à l’incroyable destin, qui bâtira un empire plus vaste et plus puissant que ceux d’Alexandre et de Jules César.
Mon avis : 1er tome de la trilogie consacrée par Conn Iggulden (qui, contrairement aux apparences, n’est pas scandinave, mais britannique !) à Genghis Khan.
J’avoue m’être lancé dans cette aventure (1 600 pages au total, tout de même !) un peu par hasard, sur la foi d’excellentes critiques, car je ne suis vraiment pas un fan des bio historiques romancées. Bien m’en a pris, car cette saga est peut-être (sans doute) ma meilleure expérience en la matière !
Le plus grand plaisir que l’on ressent, en plongeant dans ce maelström d’aventures narrées avec une intelligence et un sens du détail historique absolument exceptionnels, c’est de découvrir une époque et une civilisation totalement inconnues. Car, à moins que vous ne soyez un spécialiste des mongols au XIII° siècle (il doit bien y en avoir quelques uns sur le territoire !), la vie de Genghis Khan et son rôle dans l’histoire du monde (considérable !) sont pour le lecteur terra incognita.
Dès la première page, on comprend que Conn Iggulden a joué la carte de la vérité historique.
La reine des lectrices – Alan Bennett (2007)
Folio – 128 pages – 5.00 €
Le pitch : Que se passerait-il outre-Manche si Sa Majesté la Reine se découvrait une passion potin pour la lecture ? Si, d’un coup, rien n’arrêtait son insatiable soif de livres, au point qu’elle en vienne à négliger ses engagements royaux ? C’est à cette drôle de fiction que nous invite Alan Bennett, le plus grinçant des comiques anglais. Henry James, les soeurs Brontë, Jean Genet et bien d’autres défilent sous l’oeil implacable d’Elizabeth, cependant que le monde so British de Buckingham Palace s’inquiète. Du valet de chambre au prince Philip, tous grincent des dents tandis que la royale passion littéraire met sens dessus dessous l’implacable protocole de la maison Windsor.
Un succès mondial a récompensé cette joyeuse farce qui, par-delà la drôlerie, est aussi une belle réflexion sur le pouvoir subversif de la lecture.
Mon avis : Le pitch est complet et très clair, il vous a déjà entièrement dévoilé l’intrigue et le propos de ce livre très bref, qui se lit en moins de temps qu’il n’en faut pour visionner un film.
Par contre, il ne peut transcrire le petit plaisir – même pas coupable – que l’on se fait en souriant aux péripéties de cette reine qui – ça, on sait que c’est vrai ! – ne manque pas de caractère.
Sur le ton de la comédie – car c’est une pure comédie, comme les anglais le font si bien, avec cet humour plein d’auto-dérision sur leurs propres travers – Alan Bennett brocarde avec bonheur, jubilation, mais beaucoup de gentillesse, les institutions britanniques et, plus particulièrement la royauté.
Imperium – Robert Harris (2007)
Pocket – 480 pages – 7.95 €
Le pitch : Rome, 71 avant J.-C. Par un froid matin de novembre, Tiron, secrétaire particulier du jeune sénateur Cicéron, ouvre la porte à un étranger terrorisé. Cet homme cherche à assurer sa défense contre Gaius Verrès, le redouté gouverneur de Sicile, qui l’aurait odieusement spolié.
Pour Marcus Tullius Cicéron, qui rêve d’accéder à l’imperium, le pouvoir politique suprême, cette affaire pourrait être l’occasion d’accomplir ses desseins. Car sans fortune ni naissance, ce brillant avocat ne peut compter que sur son éloquence pour réussir. Son irrésistible ascension va pouvoir commencer…
Mon avis : Robert Harris est une marque. Robert Harris : la garantie quasi certaine qu’en achetant un de ses romans, le lecteur va se retrouver plongé dans un Tourne Page qui, outre le plaisir de dévorer une histoire passionnante, va lui apprendre des tonnes de choses sur un sujet précis. Parfois, c’est sur la politique (The ghostwriter). Parfois, c’est sur un point d’histoire (D., pour l’affaire Dreyfus).
En 2009, Harris s’embarque une nouvelle fois dans le passé, pour une oeuvre ambitieuse : raconter, sous forme de roman, la carrière de Cicéron, un des personnages majeurs de la Rome antique. Une entreprise très ambitieuse et de longue haleine puisque c’est une saga en trois tomes qu’il entame avec Imperium, et qu’il ne terminera que six ans plus tard, près de 1 500 pages derrière lui.
« Pfff… Cicéron, quel sujet sexy ! », allez-vous souffler et protester. Erreur : grosse erreur !
Pour le meilleur et pour l’empire – James Hawes (2005)
Points roman – 402 pages – 7.70 €
Le pitch : Perdu dans la jungle quelque part en Papouasie-Nouvelle-Guinée, Brian Marley s’apprête à vivre ses derniers instants. Il vient de remporter l’ultime épreuve d’un jeu de téléréalité. Malheureusement, il est le seul à le savoir, et tout porte à croire que nul n’aura jamais connaissance de son exploit. Quand soudain… Une balle de cricket jaillie du néant le met K.O. Une balle de cricket ? En pleine jungle ? Ainsi commence cette comédie délirante, dans la plus pure tradition du nonsense britannique.
Anciens officiers de l’armée des Indes, nymphes lubriques et politiciens véreux – sans oublier les aborigènes, les enfants et les journalistes : tels sont les protagonistes de cette fable qui doit autant à Evelyn Waugh qu’au Monty Python’s Flying Circus
Mon avis : S’il vous est déjà arrivé de parcourir ce site, vous avez forcement remarqué que, paradoxalement (comme nombre de mes compatriotes) j’apprécie beaucoup l’humour britannique, le fameux « non-sens ». Si vous faites partie de ces amateurs, jetez-vous sur ce petit bijou venu de nulle part (l’auteur semble avoir publié un autre titre dans la même veine) publié en 2007 et salué à l’époque par la critique parisienne.
Imaginez un épisode d’une émission genre Koh-Lanta se déroulant sur une île du pacifique, au cours duquel un protagoniste tombe soudain sur une colonie de Japonais isolés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, dont ils n’ont pas été informés. Eh bien vous remplacez les Japonais par une colonie d’Anglais pur jus, et vous obtenez le pitch de départ.
Snobs – Julian Fellowes (2004)
Le livre de poche – 416 pages – 7.00 €
Le pitch : Le narrateur, comédien, navigue avec beaucoup d’aisance dans les classes privilégiées. Son amie, Édith Lavery, est la jolie fille d’un expert comptable et de sa femme, éblouie par la haute société. Lors d’une visite au château Broughton Hall, Édith, standardiste dans une agence immobilière de Chelsea, fait connaissance du fils de la maison, Charles, Comte Broughton et héritier du marquis de Uckfield. Célibataire, Charles gère les propriétés de sa famille. C’est un des célibataires les plus enviés, de l’aristocratie anglaise.
Quand il la demande en mariage, Édith accepte, mais est-elle vraiment amoureuse de lui ? N’est ce pas plutôt de son titre, de son rang et de tout ce qui va avec ?
Mon avis : Julian Fellowes, c’est cet Anglais bien né qui a scénarisé la série Downtown Abbey. Le pauvre type doit en avoir assez d’avoir ce sparadrap au bout des doigts (on y fait sans arrêt référence, alors même qu’il a reçu aussi un oscar pour Godsford Park), même si Downtown Abbey est une série vraiment sympa.
Mais si vous l’avez trouver parfois (juste par moments) un peu mièvre et convenue, précipitez-vous sur Snobs, ce roman à l’humour incroyablement corrosif que Fellowes a écrit il y a une dizaine d’années ! C’est une analyse d’une certaine société anglaise, faite par un écrivain « embedded » (embarqué) dont le corps aurait été habité par Georges Bernard Shaw.
L’ensemble est intelligent, brillant même, drôlissime avec juste la pointe de méchanceté qui va vous faire ricaner.
A livre ouvert – William Boyd (2002)
Points – 480 pages – 8.40 €
Le pitch : Né d’une mère uruguayenne et d’un père anglais, l’écrivain et critique Logan Mountstuart (1906-1991), héros du huitième roman de William Boyd, est, à en croire son géniteur, un curieux personnage dont la réussite a consisté à se trouver là où il le fallait quand il le fallait durant la majeure partie du XXe siècle. Collégien précoce, dévoré d’ambition à Oxford, il connaît le succès littéraire à vingt-cinq ans, troque son aristocrate d’épouse contre le vrai grand amour.
Dès lors, sa vie prend des allures de montagnes russes : la guerre civile en Espagne, le conflit mondial dans les renseignements sous la houlette de Ian Fleming, la prison pour espionnage en Suisse, les milieux d’art new-yorkais, les tragédies familiales, la déchéance, la pauvreté, l’oubli, avant la fin presque paisible dans le sud de la France.
Les bonheurs simples comme les chagrins ravageurs, les multiples rencontres, de Hemingway à Picasso, du duc de Winsor et sa redoutable duchesse à la non moins vengeresse Virginia Woolf, toute cette vie exubérante, LMS nous la livre par le truchement de ses carnets intimes rédigés pendant sept décennies.
Mon avis : Surtout, surtout, prenez la peine d’aller au delà de la couverture vraiment très laide de A lire ouvert ! Ce serait particulièrement dommage de passer à côté de ce qui restera, je pense, comme le meilleur roman de William Boyd avec Les nouvelles confessions, et sans aucun doute un des grands livres du début du millénaire (publication : 2002).
William Boyd a toujours été attiré par le concept du livre-vie. Livre-vie, cela signifie : un livre qui raconte la vie d’un personnage, de sa naissance à sa mort. Les nouvelles confessions, il y a trente ans, jouait déjà cette partition (merveilleusement), Le vies rêvées d’Amaury Clay, récemment, de même (beaucoup moins subtilement).
Dans A livre ouvert, l’exercice est quasi parfait. Imaginez l’autobiographie d’un homme à la personnalité aux multiples facettes, Mountstuart (quel magnifique patronyme so british !), dont l’existence a traversé quasiment l’intégralité du XX° siècle.
Chocolat – Joanne Harris (2000)
Folio – 416 pages – 8.20 €*
Le pitch : Séduites par Lansquenet, Vianne Rocher et sa fille Anouk décident d’y établir leur chocolaterie. Mais dans ce petit village du sud-ouest de la France, le père Reynaud veille sur ses ouailles comme la cuisinière surveille le lait sur le feu. Aussi voit-il en l’ouverture de La céleste Praline l’oeuvre d’une sorcière. Et s’il avait raison ?
Joanne Harris nous offre une ode gourmande à la tolérance et au plaisir. Adapté au cinéma avec Juliette Binoche et Johnny Depp dans les rôles-titres, Chocolat s’est vendu à plus de douze millions d’exemplaires dans cinquante-cinq pays
Mon avis : Chocolat n’est pas qu’un titre appétissant, même si les éditions Folio n’ont pu s’empêcher de mettre un affolant gâteau sur la couverture de sa dernière édition.
Chocolat n’est pas non plus qu’un film plutôt bien fait, où Juliette Binoche est impeccable (comme d’habitude), au succès international. Non : Chocolat est avant tout un excellent roman, supérieur à son adaptation au cinéma, qui donne toutes leurs lettres de noblesse au genre du feel good book.
Ce n’est pas un hasard si, lors de sa sortie, cette oeuvre a rencontré un vaste succès de part le monde : Joanne Harris réussit, dans un récit malin, à divertir le lecteur tout en posant (et en répondant) à toute une série de questions sur des sujets aussi grave (et d’une brûlante actualité ! ) que la tolérance et le rapport à l’autre, différent.
Vacances anglaises
(Embrassez qui vous voudrez) – Joseph Connolly (2000)
Points – 462 pages – 8.10 €
Le pitch : Elizabeth se fait offrir par son mari Howard des vacances dans un hôtel chic de la côté anglaise. Dotty, sa voisine londonienne, entend en faire de même, mais Brian, son époux, ne peut que lui louer une caravane en guise de palace. Autour d’eux, gravitent leurs enfants, une mère célibataire et son bébé hurleur, un mari fou de jalousie et sa ravissante épouse, un dragueur professionnel…
Ce petit monde va s’entrecroiser, non sans réveiller les libidos de chacun et provoquer mésaventures et rebondissements en série.
Mon avis : Si vous voulez imaginer à quoi ressemble un livre de Joseph Connolly, il suffit de regarder une photo de l’écrivain. Impressionnant, non ?
Avec ses cheveux et sa barbe blanche de père Noël, d’une longueur et d’une densité incroyables, portés sur un costume cravate de bonne facture, l’homme possède le look totalement improbable et décalé d’un british excentrique.
*
*
Vacances anglaises, rebaptisé Embrassez qui vous voudrez lorsque le roman fut porté à l’écran sous ce titre par Michel Blanc, commence par une scène de sexe assez explicite au cours de laquelle le lecteur va sourire, puis rire franchement ce qui, vous l’admettrez, n’est pas la réaction normale à la lecture d’une scène hot !
Le journal de Bridget Jones – Helen Fielding (1998)
J’ai lu – 338 pages – 6.90 €
Le pitch : Bridget a presque trente ans et n’est toujours pas mariée. Entre une mère égoïste et des amis plus ou moins en couple, elle cherche le prince charmant qui changera sa vie, son regard sur elle-même et sur le monde. Comment s’y prendre avec les hommes ? Par où commencer ? Avec humour décapant, Helen Fielding trace le portrait d’une génération femmes socialement responsables, financièrement autonomes, affectivement… frustrées !
Une comédie sentimentale, ironique et tendre.
Mon avis : Ce roman paru en 1998 est certainement la mère (le père ?) de la chick lit, la « littérature pour poulette » (désolé, c’est vraiment la traduction littérale !). Vous voyez ? Cette littérature censée être destinée, et même réservée aux jeunes femmes ? Get it ? Cette appellation constitue d’ailleurs un cas de ségrégation sexiste manifeste vis à vis du genre masculin, au nom duquel je proteste ici officiellement…
Rien que pour cette innovation littéraire, le domaine de l’édition doit une fière chandelle à Hélène Fielding, car ce sont des millions de volumes qui se sont vendus de ce roman, de ces suites et de ses imitations ! Beaucoup d’entre-elles ne valent absolument rien, alors que celui-ci…
Il faut bien avouer qu’il y a un ton, beaucoup d’idées, et un sacré paquet d’humour – britannique, l’humour, je précise – qui m’ont rendu la lecture facile et agréable, et pourtant je suis un homme !
Les piliers de la terre – Ken Follett (1989)
Le livre de poche – 11.90 €
1 056 pages de plongée fabuleuse dans le XII° siècle !
Le pitch : Dans l’Angleterre du XIIe siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent pour s’assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l’amour, ou simplement de quoi survivre. Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. La haine règne, mais l’amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes.
Abandonnant le monde de l’espionnage, Ken Follett, le maître du suspense, nous livre avec Les Piliers de la Terre une œuvre monumentale dont l’intrigue, aux rebonds incessants, s’appuie sur un extraordinaire travail d’historien. Promené de pendaisons en meurtres, des forêts anglaises au cœur de l’Andalousie, de Tours à Saint-Denis, le lecteur se trouve irrésistiblement happé dans le tourbillon d’une superbe épopée romanesque.
Mon avis : Vous ne connaissez pas Les piliers de la terre ? Vous ne l’avez pas encore lu ? Heureux mortel ! Comme j’aimerais être à votre place ! Un des moments les plus agréables de la vie d’un lecteur, est celui où il anticipe sur le plaisir qu’il va prendre à lire un bon livre. Rien que d’y penser, tiens, je suis content pour vous !
Pendant 15 ans (de 1975 à 1990), Ken Follett a été un auteur de romans d’espionnage, un des plus gros vendeur au monde.
Puis, en 1990 est sorti Les piliers de la terre, qui est devenu presque instantanément une référence absolue en matière de roman historique, au point qu’il fut vendu à plus de 15 millions d’exemplaires de par le monde, adapté en jeu, puis en série télévisée, avant que Follett lui-même n’écrive 18 ans plus tard une suite presque aussi réussie et aussi touffue, Un monde sans fin.
Alors, quelles sont les raisons qui expliquent objectivement cet engouement quasiment sans précédent (je pense qu’il faut remonter à Autant en emporte le vent pour retrouver un pareil enthousiasme) ? Et qui plus est, un engouement justifié !
Les vestiges du jour – Kazuo Ishiguro (1989)
Folio – 352 pages – 8.30 €
Le pitch : » Les grands majordomes sont grands parce qu’ils ont la capacité d’habiter leur rôle professionnel, et de l’habiter autant que faire se peut ; ils ne se laissent pas ébranler par les événements extérieurs, fussent-ils surprenants, alarmants ou offensants. Ils portent leur professionnalisme comme un homme bien élevé porte son costume. C’est, je l’ai dit, une question de « dignité ». «
Stevens a passé sa vie à servir les autres, majordome pendant les années 1930 de l’influent Lord Darlington puis d’un riche Américain. Les temps ont changé et il n’est plus certain de satisfaire son employeur. Jusqu’à ce qu’il parte en voyage vers Miss Kenton, l’ancienne gouvernante qu’il aurait pu aimer, et songe face à la campagne anglaise au sens de sa loyauté et de ses choix passés…
Mon avis : Un quart de siècle après ma première lecture, je viens de reprendre le très grand roman de Kazuo Ishiguro, alors qu’il vient de recevoir le Prix Nobel de littérature. Comme la première fois, je me suis littéralement régalé à chaque page, tant cette oeuvre est une perfection, tant sur le fond que sur le plan formel.
Attention : rien de spectaculaire dans ce récit à la première personne du singulier, le soliloque d’un homme sur le point d’entamer le dernier chapitre du roman de sa vie et qui se retourne sur son passé pour en évoquer quelques souvenirs. Ici, pas d’intrigue, pas de rebondissements, peu de personnages : juste les réflexions d’un majordome anglais qui, avec une certaine fierté, revient sur sa carrière exemplaire. Je dis bien : carrière, car de vie personnelle, il n’en eut pas, si absorbé fut-il par son métier, son devoir, le respect des « valeurs » attachées à sa charge.
Jeu de société – David Lodge (1988)
Rivages poche – 508 pages – 10.00 €
Le pitch : Qu’y a-t-il de commun entre Vic Wilcox, directeur général de Pringle and Sons, une entreprise de métallurgie anglaise en pleine restructuration et Robyn Penrose, une jeune universitaire spécialiste des jeux de déconstruction littéraire et plus particulièrement de l’étude sémiologique des « romans industriels » victoriens ? Pas grand-chose en apparence.
Mais tout est remis en jeu lorsque Robyn Penrose doit suivre un stage chez Pringle and Sons et devenir « l’ombre » de son directeur dans le cadre de « l’Année de l’Industrie ». Cette confrontation brutale – et cocasse – est un peu celle de la thèse et de l’antithèse, au cœur de Rummidge, cette variante fictive de Birmingham soumise de plein fouet aux nouvelles rationalisations.
Mon avis : Un David Lodge à son meilleur.
Reprenant deux de ses thèmes favoris (l’intelligentsia universitaire et la rencontre entre deux classes sociales différentes), il mixte le tout pour balancer un roman extrêmement drôle sur l’Angleterre et ses cloisonnements. Tout le monde en prend plein la figure, et c’est cela qui est réjouissant : chacun est mis sur un pied d’égalité, Lodge ne se permet pas de hiérarchiser dans ses jugements, c’est peine maximum pour tous !
Et comme l’humour est parfois grinçant, mais jamais méchant, on se prend à aimer ces personnages un peu paumés, mais chez qui il y a toujours une part humaine un peu attendrissante dans ses faiblesses.
The commitments – Roddy Doyle (1987)
Pavillons poche – 240 pages – 8.00 €
Le pitch : Roddy Doyle met en scène Jimmy Jr., aîné des six enfants de Veronica et Jimmy Sr. Rabbitte. Au chômage, Jimmy Jr. se voit propulsé du jour au lendemain manager d’un groupe de musique soul amateur. Pourquoi la soul ? Parce que la soul c’est la musique du peuple et c’est aussi le sexe, la révolution, la reconnaissance, tout ce dont ils rêvent.
Après quelques répétitions et pas mal de virées au pub, la soul dublinoise va voir le jour lors d’un premier concert qui aura lieu… au foyer paroissial. Mais malgré toute la bonne volonté de Joey les Lèvres, trompettiste qui a joué aux USA avec les plus grands et leader spirituel du groupe, les dissensions ne vont pas tarder à apparaître…
Mon avis : J’ai découvert Roddy Doyle par ce roman, après avoir vu la formidable adaptation cinématographique fabuleuse qu’en a faite Alan Parker en 1991.
Petit roman sec comme un coup de trique (A peine 200 pages, dont 90 % de dialogues), c’est une oeuvre à la lecture totalement jouissive, comme les deux tomes suivants de ce qui deviendra la Trilogie de Barrytown, The snapper et The van.
C’est du feel good book pur jus, un roman qui vous redonne fois dans l’âme humaine, même si elle est plongée, comme ici, dans la pauvreté d’une banlieue irlandaise, confrontée, au chômage, à la misère sexuelle et à l’abus d’alcool. Mais attention : du feel good book de très haute qualité ! Tant dans la forme que dans le fond, Doyle est un écrivain de haute volée !
Empire du Soleil – J.G. Ballard (1984)
Folio – 448 pages – 8.40 €
Le pitch : Le lendemain de Pearl Harbor, les Japonais s’emparent de Shanghai. Dans la panique qui suit la canonnade, Jim, onze ans, est séparé de ses parents. Il est recueilli, peut-être pour des raisons ambiguës, par deux marins américains, puis arrêté avec eux et enfermé dans un camp, à Longhua. Délaissé par ses compatriotes, il est bientôt fasciné par l’occupant japonais et ne comprend pas pourquoi il se retrouve sur les routes pour une marche forcée vers le stade de Nantao.
Là, entouré de cadavres et d’un amoncellement d’objets volés, il verra le grand éclair de la bombe atomique de Nagasaki, et il repartira, seul, dans un paysage de rizières dévastées, jonchées de carcasses et d’épaves, pour se réfugier au camp de Longhua…
Mon avis : Si vous avez déjà entendu parlé de J.G. Ballard, vous savez qu’il s’agit d’un très grand auteur, mondialement connu, plus particulièrement pour ses livres de science-fiction. Mais pas n’importe quel SF : essentiellement des romans « catastrophes ». Un thème récurrent : que deviendrait la Terre si une calamité s’abattait sur elle.
Mon adolescence a ainsi été bercé par ses récits où notre planète est victime d’une montée des eaux due au réchauffement climatique (Le monde englouti), d’une terrible sécheresse (Sécheresse), d’un vent dément (Le vent de nulle part) et ma liste n’est pas exhaustive. Mais son roman le plus célèbre, c’est Crash !, une histoire à vous glacer le dos…
Si je vous parle de tout cela, c’est pour mieux mettre en perspective ce roman autobiographique très impressionnant qu’est Empire du soleil, que je ne vous résumerais pas, le pitch ci-dessus est là pour ça.
Un anglais sous les tropiques – William Boyd (1981)
Points – 416 pages – 7.90 €
Le pitch : Dans les moiteurs africaines du Kinjanja, Morgan Leafy, modeste fonctionnaire de l’ambassade britannique, se voit confier une délicate mission de corruption. Enfin une tâche à la hauteur de ses mérites ! Extrêmement flatté, Morgan se sent l’âme conquérante et tente de séduire Priscilla, la fille de son supérieur hiérarchique. Hélas, la situation va très vite lui échapper…
Une satire dévastatrice de l’Empire colonial de Sa Très Gracieuse Majesté.
Mon avis : Premier roman de William Boyd, publié alors qu’il n’a que 29 ans. Boyd est né au Ghana et a vécu au Nigéria jusqu’à l’âge de neuf ans avant d’être rapatrié par ses parents en Angleterre pour éviter les « désagréments » de l’expatriation dans une Afrique pour le moins perturbée (guerre du Biafra).
Profondément marqué par son enfance, il utilise le terrain de ses premières années comme cadre à ce premier récit, écrit en trois mois. L’essai est tout simplement un coup de maître. Comme neige au soleil fait déjà apparaître toutes les qualités hors normes de celui qui restera probablement comme le meilleur auteur britannique des années 1980-2020.
Nouvelles africaines – Doris Lessing (1980)
Le livre de poche – 1 200 pages (3 tomes) – 7.90 €
Le pitch : C’est dans le souvenir de ses années passées en Rhodésie (aujourd’hui le Zimbabwe) que l’auteur des Enfants de la violence et du Carnet d’or a puisé la matière de ces nouvelles.
Noirs asservis et humiliés – les uns se résignant, les autres se réfugiant dans un silence hostile –, Afrikaners et Anglais, colons opulents, « petits Blancs » paupérisés redoutant de tomber au niveau des Noirs : à travers une foule de personnages parfois tragiques, parfois dérisoires, campés en quelques pages avec un art parfait, Doris Lessing donne un tableau saisissant de l’Afrique australe des années 1970.
Mon avis : Doris Lessing, avant de devenir l’auteure majeure de la littérature britannique que l’on connait (prix Nobel en 2007 au terme d’une très longue vie mouvementée), a vécu quasiment toute son enfance et jusqu’à l’âge de trente ans en Rhodésie du sud. Sa vie d’enfant d’expatriés dans une colonie anglaise du sud de l’Afrique, durant toute l’entre-deux guerres, l’a profondément marquée.
Fascinée par des idées profondément progressistes, elle est profondément choquée – traumatisée serait sans doute plus le juste mot – par le régime d’apartheid colonial qui règne alors dans ce pays. Un pays où les colons britanniques (souvent des « petits blancs ») usent et abusent de leur supériorité légale sur la population noire, vivant dans des conditions absolument misérables.
Après guerre, alors qu’elle s’est installée en Angleterre (qui n’est même pas son pays d’origine puisqu’elle est née en Iran), elle commence à rédiger une longue série de nouvelles où elle dépeint ce qu’elle a vu pendant trente ans. Ce sont ces nouvelles qui constituent les trois recueils publiés par Le livre de poche et que je vous conseille de lire absolument, tant elles sont tout autant belles que terribles.
Pavillons lointains – M.M. Kaye (1978)
Le livre de poche – 1 056 pages – 10.20 €*
Le pitch : Des cimes enneigées de l’Himalaya aux palais des maharadjas, de la Kyber Pass à Kaboul, ce roman retrace les années les plus tumultueuses du rattachement de l’Inde à l’empire britannique au XIXe siècle. C’est aussi une émouvante histoire d’amour, au-delà des tourments et de la fureur de son époque, celle d’Ash, un jeune Anglais élevé comme un Indien, et de Juli, une princesse indienne déchirée entre raisons du coeur et raison d’État. Et tandis que familles et castes, alliés et ennemis se combattent aveuglément, une civilisation millénaire se précipite vers son destin…
Introuvable depuis de nombreuses années, cette formidable fresque du Raj, dans la lignée d’un Kipling, se devait d’être rééditée.
Mon avis : Disons-le tout net : Pavillons lointains est un de mes plus grands coups de cœur de ces dernières années, dans une catégorie littéraire pourtant largement exploitée (surexploitée !) : le roman d’aventure historique. Je ne vois guère, en effet, que les romans de Wilbur Smith à être parvenu à m’emporter de la sorte, dans un maelström de péripéties, de détails historiques, politiques, géographiques, dans un contexte aussi exotique, avec de tels personnages symboliques de leur situation, et sur de telles distances !
Mais qu’est-ce qui distingue cet énorme roman (800 pages en broché, plus de 1 000 pages en poche) de ces innombrables concurrents ? En fait, à peu près tout.
Changement de décor – David Lodge (1975)
Rivages – 390 pages – 8 €*
Le pitch : Deux avions se croisent en plein ciel quelque part au-dessus du pôle Nord ; l’un transporte un professeur américain brillant, spécialiste de Jane Austen, qui arrive d’une grande université de la côte Pacifique, l’autre, un professeur anglais un peu médiocre qui vient d’une université des Midlands et n’a d’autre titre de gloire que de savoir concocter des épreuves d’examen. Ils ont décidé d’échanger leur poste pour une durée de six mois.
C’est avec ce roman que David Lodge a inauguré sa série désormais célèbre qu’il poursuivra avec Un tout petit monde et Jeu de société et dans laquelle destins et chemins se croisent et s’entrechoquent dans un humour subtil.
Mon avis : C’est avec ce roman que j’ai découvert il y a une vingtaine d’années David Lodge et, depuis on est « resté en relation », comme dirait les Anglais.
Car David Lodge concentre à lui tout seul tout l’esprit anglais que j’adore : un humour caustique incroyable, un sens incroyable du crobardage (néologisme personnel qui vient de « crobarder », dessiner à la va-vite) de personnages à qui il voue une affection tout à fait touchante, une érudition sans faille…
Cette satire du monde universitaire se lit avec une délectation formidable, c’est d’une justesse burlesque infinie. Quel plaisir de pouvoir profiter de cette occasion de rire intelligent !
Pourquoi j’ai mangé mon père – Roy Lewis (1960)
Pocket – 192 pages – 4.95 €
Le pitch : Une famille préhistorique ordinaire : Édouard, le père, génial inventeur qui va changer la face du monde en ramenant le feu ; Vania, l’oncle réac, ennemi du progrès ; Ernest, le narrateur, un tantinet benêt ; Edwige, Griselda et d’autres ravissantes donzelles… Ces individus nous ressemblent : ils connaissent l’amour, la drague, la bataille, la jalousie. Et découvrent l’évolution. Situations rocambolesques et personnages hilarants pour rire et réfléchir. Un miroir à consulter souvent.
» C’est le livre le plus drôle de toutes ces années, mais ce n’en est pas moins l’ouvrage le plus documenté sur l’homme à ses origines. » Théodore Monod
Mon avis : Ce court roman de Roy Lewis est universellement connu. Sans doute car son titre est un chef-d’oeuvre d’originalité et une merveille – involontaire – de coup marketing : avec ces six mots en couverture, comment ne pas être profondément intrigué (choqué, étonné) au point de soulever la couverture pour en savoir un peu plus ?
Mais sans doute, aussi, car la qualité de l’ouvrage lui a permis de faire le tour du monde et d’être lu un peu partout, tant ses thèmes sont universels. Comment déguiser un court d’anthropologie, de paléontologie, sémiologie et sociologie en récit « pour rire » ? C’est là tout le secret et la performance de Roy Lewis, avant tout sociologue, journaliste et économiste, et écrivain seulement sur le tard.
Surtout, surtout, n’ayez pas peur ! Pourquoi j’ai mangé mon père est un roman accessible à tous (y compris aux ados) tant son style est simple, direct, et extrêmement drôle : on rit à toutes les pages !
Sa majesté des mouches – William Golding (1954)
Gallimard – 336 pages – 6.50 €
Le pitch : Soit un groupe d’enfants, de six à treize ans, que l’on isole sur une île déserte. Qu’advient-il d’eux après quelques mois ? William Golding tente l’expérience. Après les excitantes excursions et parties de baignade, il faut s’organiser pour survivre. C’est au moins la réflexion de Ralph, celui qui fut élu chef au temps heureux des commencements, et du fidèle Piggy. Mais c’est ce que refusent de comprendre Jack, le second aspirant au « trône », et les siens.
Cette première division clanique n’est pas loin de reproduire un schéma social ancestral. S’ensuivent des comportements qui boudent peu à peu la civilisation et à travers lesquels les rituels immémoriaux le disputent à une sauvagerie d’une violence sans limite.
Mon avis : Sa majesté des mouches est un des piliers de la littérature anglaise du XX° siècle en Angleterre, où le livre possède une dimension quasi mythique que l’on ne connait pas en France. William Golding (Prix noble de littérature en 1983) y est là-bas vénéré, et son livre est étudié dans toutes les écoles du pays. Dur, dur, de se confronter à un tel monument. Le fait de le lire tardivement m’a permis de relativiser le challenge. Alors : chef d’oeuvre absolu, ou pas ?
Ma réponse penche nettement vers le non. Un livre important, marquant, certainement, mais pas plus.
1984 – Georges Orwell (1949)
Folio – 438 pages – 8.20 €*
Le pitch : De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston… Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C’était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens.
Mais les patrouilles n’avaient pas d’importance. Seule comptait la Police de la Pensée.
Mon avis : Comment peut-on percevoir aujourd’hui 1984, plus de 30 ans après la date symbolique du titre du roman, et près de 70 ans après la publication du livre ? L’histoire a-t-elle vieilli ? Les thèmes évoqués sont-ils disqualifiés par l’évolution sociale, économique, politique et technologique de notre monde ? Le style d’Orwell est-il terriblement daté ?
Ce sont toutes ces questions que je me suis posées en relisant récemment (pour la quatrième fois, je pense), ce qui est sans doute un des trois ou quatre romans fondateurs de la science-fiction et une des œuvres majeures de la littérature du XX° siècle.
Et, à nouveau, je suis sorti de cette lecture avec la conviction profonde que cette dystopsie, selon le terme à la mode employé (d’ailleurs à tort et à travers) pour évoquer une oeuvre imaginant une société dont l’organisation aboutit aux malheurs de ses membres, est d’ores et déjà une oeuvre extraordinaire à la dimension intemporelle.
L’amour, toujours l’amour – Nancy Mitford (1945 à 1960)
Omnibus – 928 pages – 27 €
Le pitch : Spirituelle, drôle, pleine de fantaisie et de gaieté, cette fresque romanesque de l’aristocratie britannique des années 1930 et 1940 connut un immense succès et valut à Nancy Mitford l’admiration d’écrivains tel Evelyn Waugh. Il y est question d’amour : celui dont rêvent les fillettes exaltées, celui que plus tard elles espèrent et recherchent, celui qu’elles manigancent, celui qu’elles croient trouver dans le mariage.
On retrouvera avec délice dans ce bijou d’humour le mélange de tradition et d’excentricité de la haute société qui fait le charme indémodable de l’Angleterre éternelle.
Mon avis : Une fois de plus, Omnibus fait dans l’excellence.
Quelle merveilleuse idée que de regrouper en un seul volume quatre romans de Nancy Witford !
Outre les deux immenses succès A la poursuite de l’amour et L’amour dans un climat froid, le recueil, sous son élégante couverture dont l’illustration art déco est en parfaite adéquation avec le contenu, présente deux œuvres moins connus, Pas un mot à l’ambassadeur, qui est une sorte de suite de A la poursuite de l’amour, et Le cher ange (que je n’ai pas lu).
Une occasion parfaite pour découvrir (ou redécouvrir) une des plus brillante auteure anglaise du XX° siècle, avec son style vif, piquant, son incroyable humour et son sens des dialogues qui rabotent de manière impitoyable (mais toujours avec une réelle affection) les travers de ses semblables.
La grande bourgeoisie et la noblesse anglaise n’en sortent pas indemne, mais quel plaisir de plonger dans ses scènes de genre qui font, parfois, penser à Oscar Wilde.
Un plus : une bonne partie de ses pages se passent en France, où l’auteure vivra la seconde moitié de sa vie.
La ferme des animaux – George Orwell (1945)
Folio – 150 pages – 6.60 €
Le pitch : Les animaux d’une ferme se révoltent contre leurs maîtres et prennent le pouvoir. À la suite de cette révolution, ils tentent de mettre en place un nouveau système politique mais font face à diverses difficultés tant matérielles qu’idéologiques avant de sombrer dans une sorte de dictature où le slogan du régime devient : « Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres ».
Allégorie de la dégénérescence de la Révolution russe et de la fondation de l’URSS, La ferme des animaux est sans doute le roman de George Orwell qui montre mieux que tout autre les mécanismes politiques menant à une dictature. Cependant, avant de considérer cette fable comme une satire de l’expérience communiste menée sous Staline et une dénonciation des dérives de tous les totalitarismes, il faut aussi y voir un véritable discours sur l’Histoire et une volonté d’inscrire l’engagement politique dans une démarche artistique
Mon avis : Second chef-d’oeuvre de Georges Orwell, écrit juste avant 1984, à la sortie de la guerre, La ferme des animaux travaille, comme dans une répétition, sur les thèmes qui seront développés, d’une toute autre manière, dans le roman de plus célèbre de l’auteur.
Fable politique imparable, elle démonte littéralement le fonctionnement des systèmes totalitaires : comment ils apparaissent, comment ils s’imposent, et par quels moyens ils parviennent à se maintenir au pouvoir sur de longues périodes. Mais, contrairement à 1984 qui est parfaitement, totalement pessimiste, La ferme des animaux contient en lui-même le remède aux systèmes totalitaires.
Les grands romans classiques
L’extraordinaire voyage de Sabrina – P.L. Travers (1941)
Editions Zethel – 264 pages – 14.00 €
Le pitch : Voici l’histoire de Sabrina Lind, 11 ans. Lorsque la Seconde Guerre mondiale atteint son petit village paisible du Sussex, Sabrina et son jeune frère sont envoyés par leurs parents chez leur tante en Amérique. Débute alors une longue traversée en bateau. En écrivant son journal, Sabrina va la vivre comme une grande aventure. L’imaginaire de l’enfance l’emportera-t-il sur les épreuves imposées par les adultes ?
Je commence à écrire un journal parce que nous partons pour l’Amérique à cause de la guerre. Ça vient d’être décidé. Je vais tout raconter car nous serons beaucoup plus grands à notre retour et que je ne m’en souviendrai jamais si je ne le fais pas. Donc voici le début.
Mon avis : J’ai découvert sur le tard (et grâce aux éditions Zethel, qui ont eu le mérite de relayer en France l’exhumation de ce roman inédit) que P.L. Travers n’avait pas écrit que Mary Poppins. Heureusement: il eut été dommage de passer à côté à côté d’un aussi joli récit. Ponctué d’illustrations naïves en noir et blanc de Gertrude Hermes, L’extraordinaire voyage de Sabrina est le journal imaginaire (car c’est sous cette forme que se présente le récit) de Sabrina Lindt, onze ans.
Elle y raconte comment, au mitan de la seconde guerre mondiale, au moment où il devenait difficile de vivre à Londres sans craindre pour la vie de ses enfants, ses parents l’ont envoyée aux Etats-Unis, avec son jeune frère Lindt, rejoindre d’autres membres de leur famille.
La première partie (et exacte moitié) du livre raconte la traversée de l’Atlantique sur un paquebot affrété spécialement pour transborder « les femmes et les enfants » d’abord.
Rebecca – Daphné du Maurier (1938)
Le livre de poche – 640 pages – 8.40 €
Le pitch : Un manoir majestueux : Manderley. Un an après sa mort, le charme noir de l’ancienne propriétaire, Rebecca de Winter, hante encore le domaine et ses habitants. La nouvelle épouse, jeune et timide, de Maxim de Winter pourra-t-elle échapper à cette ombre, à son souvenir ?
Immortalisé au cinéma par Hitchcock en 1940, le chef-d’œuvre de Daphné du Maurier a fasciné plus de trente millions de lecteurs à travers le monde. Il fait aujourd’hui l’objet d’une traduction inédite qui a su restituer toute la puissance d’évocation du texte originel et en révéler la noirceur.
Mon avis : Lorsque sort Rebecca, en 1938, Daphné du Maurier est une jeune auteure de 31 ans, presque inconnue (même si L’auberge de la Jamaïque est sorti deux ans plus tôt).
C’est tout de suite un énorme succès, avec des ventes considérables et, deux ans plus tard, l’adaptation du roman au cinéma par Alfred Hitchcock avec la plus grande star anglaise, Laurence Olivier, remporte l’oscar du meilleur film à Hollywood. La gloire mondiale instantanée. Difficile de faire mieux, n’est ce pas ?!
Avec un recul de 3/4 de siècle, il faut bien admettre que ce succès phénoménal est parfaitement justifié.
Le meilleur des mondes – Aldous Huxley (1931)
Pocket – 320 pages – 4.95 €
Le pitch : 632 après Ford : désormais on compte les années à partir de l’invention de la voiture à moteur. La technologie et la science ont remplacé la liberté et Dieu. La vie humaine, anesthésiée, est une suite de satisfactions, les êtres naissent in vitro, les désirs s’assouvissent sans risque de reproduction, les émotions et les sentiments ont été remplacés par des sensations et des instincts programmés. La société de ce Meilleur des mondes est organisée, hiérarchisée et uniformisée, chaque être, rangé par catégorie, a sa vocation, ses capacités et ses envies, maîtrisées, disciplinées, accomplies. Chacun concourt à l’ordre général, c’est-à-dire travaille, consomme et meurt, sans jamais revendiquer, apprendre ou exulter.
Mais un homme pourtant est né dans cette société, avec, chose affreuse, un père et une mère et, pire encore, des sentiments et des rêves. Ce » Sauvage « , qui a lu tout Shakespeare et le cite comme une Bible, peut-il être un danger pour le » monde civilisé » ?
Mon avis : Le meilleur des mondes est probablement le premier roman de SF moderne. C’est également la première dystopie publiée, près d’une décennie avant Kallocaïne et deux décennies avant 1984.
C’est dire si l’on doit considérer avec un respect considérable le travail d’anticipation d’Aldous Huxley, qui était un auteur puissant, capable de travailler tout autant sur des récits d’imagination que sur de nombreux essais (il fut nommé sept fois pour le prix Nobel de littérature).
Près d’un siècle après sa sortie, Le meilleur des mondes sidère toujours par sa modernité, la qualité d’analyse sociologique et scientifique de l’auteur (qui prévoit de nombreuses avancées technologiques du XX° siècle et, notamment, anticipe de manière troublante sur les développements dans le domaine de la génétique et des risques d’applications eugéniques.
La langue d’ Huxley est riche, son discours et ses spéculations sociales, politiques et philosophiques vraiment puissantes; malgré cela, un lecteur moderne lira avec facilité ce récit pourtant profondément pessimiste, tant Huxley, en britannique bien étudié qu’il est, n’oublie jamais de teinter son propos d’ironie et même d’humour.
Un classique incontournable.
Pas si calme – Helen Zenna Smith (1930)
10/18 – 216 pages – 7.50 €
Le pitch : Pas si calme relate l’épopée quotidienne de six jeunes Anglaises engagées volontaires dans le service ambulancier pendant la guerre de 14. Leur mission : recueillir les corps martyrisés des morts et des blessés, transporter les survivants souvent abominablement mutilés ou hurlant de douleur, jusqu’aux hôpitaux qui pour beaucoup seront leur dernière demeure. Ces » glorieuses filles d’Angleterre » vont découvrir la géographie de l’Enfer, ce que l’on appelle la » zone interdite « , un désert labouré d’obus qui sépare les tranchées de l’arrière.
Au terme de chaque voyage macabre dans le froid et dans la nuit, de nouvelles épreuves les attendent : les corvées de caserne les plus rebutantes, les nuits sans sommeil, l’insalubrité, l’invasion de la vermine, la plus innommable des pitances militaires.
Mon avis : Les grands romans sur le drame de la première guerre mondiale, tout le monde les connait. Je n’en citerai que deux, pour moi parmi les plus remarquables : La chambre des officiers, de Marc Dugain, et A l’ouest rien de nouveau, d’Erich Maria Remarque.
Des romans d’homme, narrant l’horreur des tranchées et la souffrance des hommes. Mais de romans de femmes, auteures, racontant la guerre des femmes, et les souffrances des femmes ? Jusqu’à la semaine dernière, je n’en connaissais pas, je n’en avais jamais lu.
Mais, désormais, c’est fait, j’ai découvert Pas si calme, qui restera dans ma mémoire à côté du roman de Remarque, par sa puissance d’évocation, et son terrible pessimisme sur la nature humaine. Des romans de fin du monde.
Mr. Ashenden et autres nouvelles
W. Somerset Maugham (1921 à 1947)
Omnibus – 1 440 pages – 28 €
Le pitch : les quatre-vingt-douze nouvelles qui forment l’intégrale des nouvelles de Somerset Maugham sont cosmopolites, comme l’était leur auteur.
Elles se passent en Orient, en France, dans l’Europe centrale de l’entre-deux-guerres. La finesse de la peinture psychologique des personnages n’empêche pas l’auteur de déployer son talent de cynisme, d’humour, et sous une apparente légèreté, le portrait de la bourgeoisie anglaise est féroce. Somerset Maugham est, ici, au sommet de son art.
Mon avis : comment vous donner envie de lire Somerset Maugham, si peu (ou si insuffisamment) connu du grand public français ? Peut-être en vous invitant à commencer par ses nouvelles, qui constituent – à mon goût – le sommet de son oeuvre.
Oserais-je une déclaration fracassante ? Dans l’art de nouvelles, il y a Guy de Maupassant au XIX° siècle. Et il y a Somerset Maugham au XX°. OK, je sais que je place la barre très haut, vous risquez d’être déçu… et bien je prends le pari !
Avec cette incomparable édition due au travail d’Omnibus, qui présente sans aucun doute le meilleur qualité prix existant sur le marché du livre, vous avez l’opportunité d’acquérir d’un seul coup d’un seul l’intégralité des quatre recueils formant l’anthologie complète des nouvelles de l’auteur. Cette édition fut pour moi l’occasion de les lire pour la troisième fois, avec toujours autant de plaisir.
NB : les 4 recueils sont également disponibles séparemment dans la collection Pavillon Poche, chez Robert Laffont : Les Trois Grosses Dames d’Antibes ; Madame la Colonelle ; Mr Ashenden, agent secret ; Les Quatre Hollandais.
Vous y trouverez tout ce qui fait le charme puissant de l’art de l’auteur, tout au long des 92 nouvelles, sur 1 440 pages (!), avec un sens du récit court formidable (il n’y a rien de plus difficile que de boucler correctement une nouvelle, qu’elle fasse 10 ou 50 pages). Lisez, étonnez-vous, riez, puis offrez, pour faire découvrir à d’autres ! Absolument indispensable dans la bibliothèque idéale de tout honnête homme.
Mrs Dalloway – Virginia Woolf (1925)
Folio – 358 pages – 7.40 €
Le pitch : Mrs Dalloway : ce grand monologue intérieur exprime la difficulté de relier soi et les autres, le présent et le passé, le langage et le silence, le mouvement et l’immobilité.
La qualité la plus importante du livre est d’être un roman poétique, porté par la musique d’une phrase chantante et comme ailée. Les impressions y deviennent des aventures. C’est pourquoi c’est peut-être le chef-d’œuvre de l’auteur — la plus grande romancière anglaise du XXe siècle.
Mon avis : Mrs Dalloway est , tout en haut de l’œuvre de Virginia Woolf, le sommet qui, toujours, émerge, et fait l’objet de tous les commentaires, pour la plupart, admiratifs.
La lecture d’un roman aussi connu doit donc être tenté, il serait trop dommage, comme disait ma grand-mère (qui a bon dos,je l’admets, car je lui prête depuis des années toutes sortes de proverbes et de phrases plus ou moins absurdes…) de mourir idiot… Mais si j’utilise cette expression un peu étrange (doit être tentée), c’est parce que cette lecture ne plaira pas à tout le monde et, plus bizarre, elle ne plaira pas toujours, à chaque fois, autant au même lecteur.
Je m’explique : je viens de terminer ce livre pour la troisième fois de ma longue vie de lecteur compulsif et, je dois l’avouer, je n’y ai pas pris le même plaisir que la deuxième fois, il y a quinze ans, mais tout de même plus que lors de ma première, lorsque j’étais adolescent.
Route des Indes – E.M. Forster (1924)
Le bruit du temps – 453 pages – 25 €
Le pitch : Publié en 1924 et traduit en français dès l’année suivante, Route des Indes est le dernier et le plus complexe des romans de Forster.
La tentative de relier deux mondes que tout oppose, déjà au cœur de ses livres antérieurs, y acquiert une tout autre dimension, confrontant cette fois la réalité infiniment confuse et mystérieuse, insaisissable, de l’Inde à l’orgueil et aux préjugés britanniques.
Le roman est ici suivi d’Au fil de l’Inde, recueil d’articles écrits par Forster à la suite de ses voyages, en 1914 et 1923, et réunis par lui sous ce titre en 1936.
Mon avis : Le roman le plus connu de Forster avec Howard’s end, et c’est mérité.
Forster a vécu en Indes, et cela se sent… l’Inde d’avant l’indépendance, l’Inde anglaise…
L’inimitable Jeeves – P.G. Wodehouse (1923)
10/18 – 312 pages – 7.50 €
Le pitch : » Ce fut un jour béni pour Wodehouse que celui où il créa Jeeves et parvint à faire échapper le roman comique (qui en Angleterre a des relents vertueux) à son cours ordinaire pour le lancer dans le torrent de la farce pure.
Le grand triomphe de Jeeves, c’est que tout en jugeant Nietzsche « fondamentalement malsain » il se situe au-delà du bien et du mal. « George Orwell
Mon avis : Pour les grands bretons (vous savez, ces aimables anciens maîtres du monde qui boivent du thé à cinq heures pétantes…) P.G. (Pelham Grenville, si ! si !) Wodehouse est une des figures marquantes de la littérature britannique de la première moitié du XX° siècle, au même titre et quasiment au même niveau qu’Agatha Christie. Aussi connu et aussi unanimement célébré par ses compatriotes : à Agatha les fans de romans policiers, à Wodehouse les amateurs d’humour.
Par contre, de notre côté de la manche, le niveau de notoriété n’est pas du tout le même. Ce qui explique pourquoi il m’a fallu attendre une poignée de dizaines d’années pour me pencher sur une de ses œuvres, alors même que je chérie la littérature anglaise et vénère cet humour caustique et absurde si particulier. Résultat ? Une très bonne surprise !
La dynastie des Forsyte – John Galsworthy (1922)
Archipoche – 928 pages – 26.00 €
Le pitch : Le 15 juillet 1886, à l’occasion des fiançailles de sa petite-fille June avec l’architecte Philip Bosinney, le doyen de la famille Forsyte réunit, dans sa maison londonienne, tous ses proches. Soames, un Forsyte de la seconde génération, se rend à la réception accompagné d’Irène, sa très belle épouse. D’emblée, Irène et Bosinney se plaisent.
Soames charge le jeune architecte de lui construire une belle demeure à proximité de Londres. Irène, qui n’a jamais aimé Soames que médiocrement, finit par lui avouer l’amour qu’elle porte à Bosinney ; de son côté, l’architecte rompt ses fiançailles avec June. Ivre de jalousie et blessé dans son orgueil, Soames va intenter un procès à Bosinney et exercer de façon impitoyable ses droits conjugaux.
Une nuit de brouillard, Bosinney est retrouvé mort dans la rue, écrasé par une voiture. Suicide ? Accident ? Soames est considéré comme moralement responsable de cette mort. Irène, horrifiée, s’enfuit. Est-ce le début du déclin des Forsyte ?
Mon avis : Peut-être la saga la plus célèbre de la littérature britannique du XX° siècle.
Le premier cycle (celui qu’il faut absolument découvrir) est composé de trois longs romans – et deux nouvelles intercalées- comportant au total près de 1 000 pages en grand format broché, dans cette réédition de fin 2020 réellement bienvenue.
Bien qu’écrite au début des années 20 dans un style d’un grand classicisme, la saga reste un véritable Tourne Page, tant la technique de narration de John Galsworthy est parfaite, incroyablement moderne : difficile de ne pas rester « accroché » des heures durant !
Avril enchanté – Elizabeth Von Arnim (1920)
10/18 – 366 pages – 8.10 €
Le pitch : Deux jeunes Londoniennes, Mrs. Wilkins et Mrs. Arbuthnot, décident, un jour de pluie trop sale et d’autobus trop bondés, de répondre à une petite annonce du Times proposant un château à louer pour le mois d’avril sur la Riviera.
En cachette de leurs maris, elles cassent leurs tirelires et trouvent deux autres partenaires pour partager les frais du séjour : l’aristocratique et très belle Lady Caroline Dester, qui veut fuir ses trop nombreux soupirants, et la vieille Mrs. Fisher, à la recherche d’un lieu paisible.
Mon avis : Avril enchanté : joli titre, non ? Un poil trop mièvre, au premier abord, mais un titre qui, comme le roman lui-même, cache bien son jeu ! Un fell good book venu du fond des âges, cela vous dit ? En tout cas, je ne pensais pas qu’un récit publié en 1922 pouvait correspondre si bien à cette typologie de roman, inventé trois quart de siècles plus tard.
Merci une nouvelle fois à la collection 10/18 de remettre en lumière des romans anglo-saxons qui ont eu, en leur temps, énormément de succès, avant de passer un peu à la trappe du temps qui passe.
Les gens de Dublin – James Joyce (1914)
Pocket – 256 pages – 4.80 €
Le pitch : Ceux qui venaient de recevoir, en lisant Ulysse, le choc de la révélation d’une ouvre géniale demeurèrent stupéfaits à la lecture de ces quinze nouvelles, si sages, si classiques, si claires. Ce n’était point encore » le flux de la conscience » mais l’exploration intérieure de thèmes et de personnages chers à Joyce, en un livre qui résume les stades de la vie individuelle et collective de la cité de Dublin : l’enfance, l’adolescence, la maturité et la vie publique.
Gens de Dublin, qui constitue une excellente introduction à l’oeuvre de James Joyce est, par lui-même, un des livres les plus importants de la littérature d’imagination en langue anglaise publiés depuis 1900.
Mon avis : James Joyce, pour beaucoup, c’est Ulysse, ou Finnegans wake. Deux œuvres expérimentales dont l’hermétisme du fond et de la forme peut décourager le plus grand nombre.
Pourtant, Joyce fut aussi un auteur d’un grand classicisme, c’est que je vous invite à découvrir à la lecture de ces Gens de Dublin (Dubliners, en anglais). Un recueil de quinze nouvelles écrites dans sa prime jeunesse, puisque sa rédaction fut bouclée avant qu’il n’atteigne l’âge de 25 ans.
Ces nouvelles sont absolument admirables. Leur lecture provoqua chez moi une sorte de sidération proche du syndrome de Stendhal : l’esprit comme paralysé par la richesse de leur contenu et par leur beauté formelle, j’en fus réduit à me dire in petto : c’est formidable, c’est admirable…
Peter Pan – James M. Barrie (1911)
Le livre de poche – 256 pages – 4.56 €
Le pitch : Peter Pan est un petit garçon bien étrange. Il est vêtu de feuilles, ne connaît pas son âge, et ignore ce qu’est un baiser. Wendy est intriguée par ce petit bonhomme qui lui rend visite la nuit, accompagné d’une lumière tintinnabulante nommée Clochette. D’où vient-il donc ? « Je me suis enfui le jour de ma naissance », répond Peter Pan. « Je ne veux pas devenir un adulte, alors depuis, je vis au pays des fées. Sais-tu d’où viennent les fées ? Lorsque le premier de tous les bébés se mit à rire pour la première fois, son rire se brisa en milliers de morceaux, et chaque morceau devint une fée. »
Wendy et ses deux frères, John et Michael, n’hésiteront pas bien longtemps à suivre Peter Pan et Clochette sur l’Île merveilleuse, au pays de l’Imaginaire..
Mon avis : Peter Pan est un des livres les plus célèbres de la littérature, et pourtant, c’est un des plus méconnus. Classer ce chef-d’oeuvre dans les rayons de la littérature enfantine ? Quelle drôle d’idée, et quelle erreur ! C’est un contresens total, car Barrie, en écrivant ce conte, ne s’adressait pas aux enfants, mais à leurs parents !
Le dessin de Walt Disney a gommé un peu, mais pas tout, des intentions et des messages de ce récit nostalgique, souvent un peu triste et cruel.
Aventures dans les îles – Robert Louis Stevenson (1886-1906)
Omnibus – 900 pages – 28.00 €
Le pitch : Si Robert Louis Stevenson se lance à l’assaut du Pacifique, en cette année 1888, c’est surtout dans l’espoir de guérir son emphysème sous le soleil des tropiques. Mais son amour de la mer et de l’aventure ne date pas de cette traversée : il l’a reçu en héritage de ses ancêtres bâtisseurs de phares sur les côtes d’Ecosse.
Des brumes du nord aux îles Sous-le-Vent, tous les romans et récits maritimes de Stevenson sont marqués par ce même mouvement de l’ombre vers la lumière. Ombre du mystère et lumière de l’or : deux pôles d’un univers littéraire où les aventuriers sont à la fois des criminels et des rêveurs, où la fortune – toujours recherchée et rarement atteinte – semble une métaphore de la guérison, une seconde naissance.
Les plus beaux romans et récits maritimes d’un écrivain aventurier au charme éternel.
Mon avis : Ce livre, cette somme, est le croisement entre un éditeur et un homme exceptionnel.
L’éditeur, c’est Omnibus, qui a su s’affranchir des Presses de la cité il y a trente ans pour devenir une des grandes références de l’édition de recueils et d’intégrales. Avec cette capacité de sortir des compilations classiques pour tenter des transversales sur des thématiques originales. C’est ainsi que je conserve dans ma bibliothèque des recueils sur des thèmes aussi originaux que Les savants fous ou Les mondes perdus. Omnibus aimes les aventures et les voyageurs (précipitez-vous par exemple sur les différents volumes de l’oeuvre de Wilbur Smith !). Il est donc normal que l’éditeur se soit intéressé à Robert Louis Stevenson, un homme et un auteur effectivement exceptionnel.
Stevenson, pour le béotien, c’est avant tout L’île au trésor, l’étalon-or absolu du roman d’aventure. Mais l’idée de regrouper tous les romans et récits de l’auteur tournant autour de ses expériences dans les îles est excellente, car elle permet d’aller bien au delà de ce cliché, comme disent les anglo-saxons.
L’île au trésor – Robert Louis Stevenson (1883)
Folio – 352 pages – 6.30 €
Le pitch : Qui n’a pas rêvé, au moins une fois dans sa vie, de découvrir un trésor ? Ce rêve est devenu accessible pour Jim Hawkins, le jour où il découvre, dans le coffre d’un vieux loup de mer, la carte d’une île. L’emplacement d’un trésor y figure. Il s’agit du butin amassé par le redoutable pirate Flint.
Tout s’accélère alors pour le jeune garçon : départ de l’auberge familiale, recrutement de marins au passé trouble, affrètement d’une goélette…
Mon avis : L’île au trésor est un classique absolu, que (presque) tout le monde lit généralement une première fois enfant (comment mieux enflammer l’imagination d’un gamin que cette histoire de pirates ?), et qu’on relit souvent une fois adulte, pour retrouver la magie et le goût de l’enfance.
Une madeleine littéraire, à n’en pas douter. Pourtant, à la réflexion et à la relecture, je pense que ce livre n’est pas destiné en priorité aux enfants, mais tout autant aux adultes. Dirait-on de Jules Verne que c’est un auteur pour enfants ? Non, alors… L’atmosphère est souvent très noire et les méchants très méchants.
L’île au trésor est un vrai Tourne Page, le scénario est très découpé et les rebondissements se succèdent, serrés, ce qui explique pourquoi l’oeuvre a inspiré tant de films et de BD. Une mention toute particulière à Long John Silver, un des plus formidables personnages de la littérature.
Alice au pays des merveilles – Lewis Carroll (1865)
Le livre de poche – 160 pages – 4.95 €
Le pitch : Assise dans l’herbe un jour d’été, Alice voit passer un lapin blanc qu’elle suit dans son terrier. Elle bascule alors dans un monde extraordinaire et magique. Au cours de cet étrange voyage, elle rencontre des personnages incongrus : des homards qui dansent, un chat qui apparaît pour s’évanouir, une chenille qui fume, ou encore une Reine de Cœur qui veut couper la tête de tout le monde.
Mon avis : Alice au pays des merveilles est une des merveilles absolues de la littérature du XIX° siècle. Un chef d’oeuvre qui va bien au delà du livre pour enfant et du conte prémâché pour les animations Disney (vis à vis desquelles je n’ai aucun a priori, au contraire, l’adaptation d’Alice est étonnamment fidèle et risquée pour un dessin animé familial !).
N’hésitez pas un seul instant, amis lecteurs qui avez atteint l’âge adulte depuis peu… ou fort longtemps, et plongez dans la lecture de ce récit absolument passionnant, d’une modernité absolue, qui vous offrira plusieurs heures d’émotion, de surprises, d’éclats de rire, tant l’ensemble de l’histoire est écrite avec une vivacité étonnante, bourrée d’esprit, inattendue…
Contes de Noël & Un chant de Noël – Charles Dickens (1843)
Folio classique & Librio – 720 pages & 96 pages – 8.70 € et 2 €
Le pitch (Contes de Noël) : Dans ces cinq contes, Dickens célèbre l’esprit de Noël, le partage et la charité, et dénonce l’injustice sociale qui exclut les pauvres de cette fête. C’est un portrait truculent de la vie quotidienne et une condamnation sans appel de l’exploitation et de la misère. Ce message social, Dickens nous le donne en douceur, par le détour du conte et du fantastique.
Le pitch (Un chant de Noël) : La veille de Noël. tous s’affairent aux préparatifs. Mais, préférant la solitude à ces fêtes joyeuses, Ebenezer Scrooge refuse les invitations. Pour ce vieux grincheux que tous prennent soin d’éviter, Noël se résume à un simple mot : « Sottise ! » Il n’y voit qu’un prétexte pour cacher la misère de cette société et jamais ne s’associera à cette vaste fumisterie. Mais ce soir-là, les esprits de Noël en décident autrement. Plongé malgré lui entre passé, présent et futur, le vieux grippe-sou reçoit une leçon de vie.
Mon avis : Dickens et Noël sont indiciblement liés, il n’est pas envisageable pour un anglo-saxon de passer les fêtes sans évoquer à un moment où à un autre les contes du grand auteur anglais.
Même si, aujourd’hui, certains trouveront que le style de Dickens n’a pas forcément bien traversé le temps (certains disent que c’est un problème de traduction), avec une narration un peu lourde, je vous encourage à redécouvrir ces contes par vous même. Il sont destinés aussi bien aux enfants qu’aux adultes (enfin… ceux qui dissimulent encore en eux une part de l’enfant qu’ils ont été un jour…)
Et comme je suis vraiment gentil (normal, c’est Noël !), je vous donne le choix entre le recueil Folio classique, assez exhaustif, avec cinq très longs contes, une sorte de best of pour pas très cher, et le recueil Librio avec juste l’un de ces cinq contes, mais selon moi le meilleur… et là, c’est donné !
Orgueil et préjugés – Jane Austen (1813)
Le livre de poche – 288 pages – 6.60 €
Le pitch : Orgueil et préjugés est le plus connu des six romans achevés de Jane Austen.
Son histoire, sa question, est en apparence celle d’un mariage : l’héroïne, la vive et ironique Elizabeth Bennett qui n’est pas riche, aimera-t-elle le héros, le riche et orgueilleux Darcy ? Si oui, en sera-t-elle aimée ? Si oui, encore, l’épousera-t-elle ? Mais il apparaît clairement qu’il n’y a en fait qu’un héros qui est l’héroïne, et que c’est par elle, en elle et pour elle que tout se passe.
Mon avis : Jane Austen est morte il y a deux siècles, et son génie (il n’y a pas d’autres mots) éclaire plus que jamais le monde de la littérature. Son écriture est d’une modernité stupéfiante, ce roman aurait pu être écrit par une romancière contemporaine.
Orgueil et préjugés est son roman le plus célèbre, car il est, de par sa construction, ses thèmes et la qualité de ses personnages principaux, universel. Ce n’est pas hasard si les adaptations et les « produits dérivés » (dont, depuis quelque temps, un nombre incroyable de romans de chick lit, genre dont Jane Austen est, en quelque sorte, l’inventeur à son corps défendant !) n’ont jamais été aussi nombreux.
Raison et sentiments – Jane Austen (1811)
Le livre de poche – 288 pages – 6.60 €
Le pitch : Marianne Dashwood, ardente et romanesque, qui croit passionnément pouvoir s’affranchir des convenances, s’affiche avec le séduisant Willoughby dont elle est tombée amoureuse, tandis que sa sœur aînée, la raisonnable Elinor, cache le tendre sentiment que lui inspire son beau-frère, Edward Ferrars.
Marianne devra apprendre à surmonter la trahison des sentiments, dans la douleur et avec l’aide de sa sœur, qui, de son côté, refuse stoïquement de rêver et se dévoue à sa famille.
Mon avis : Je ne vais pas passer des heures à vous vendre Raison et sentiments, un des deux romans les plus connus (et les plus réussis) de Jane Austen : ce livre est un chef-d’oeuvre de la littérature, point barre !
Il serait simplement dommage de ne pas relever, à nouveau, la modernité du style de Jane Austen : bon dieu, ce bouquin a été écrit il y a deux siècles ! Impossible également de ne pas souligner sa science de la narration; si ce roman n’est pas un Tourne Page, que je sois bien pendu !
Il serait également stupide de ne pas vous rappeler à quel point la jeune auteure avait une profonde connaissance des ressorts du cœur féminin, ainsi que de la duplicité, de la stupidité, de l’inconstance et de la légèreté des hommes en amour. Jane Austen, la première des grandes féministes britanniques !
Enfin, il serait criminel de ne pas mentionner, pour ceux que la lecture d’un roman de la fin du XVIII° pourrait a priori effrayer, l’humour et la causticité de la romancière, qui parvient toujours à relativiser les choses amères de la destinée humaine et à moquer les petits et les grands travers de la bourgeoisie étriquée au sein de laquelle elle vivait.
Amour, humour : vive Jane Austen ! Un des livres que j’emmènerais à coup sur sur une île déserte, pour peut que je n’ai que deux valises pour loger mon choix…
Robinson Crusoé – Daniel Defoe (1719)
Le livre de poche – 410 pages – 5.20 €
Le pitch : Après quelques premières expéditions, Robinson Crusoé, marin d’York, s’embarque pour la Guinée le 1er septembre 1659. Mais le bateau essuie une si forte tempête qu’il dérive pendant plusieurs jours et finalement fait naufrage au nord du Brésil.
Seul survivant, Robinson parvient à gagner une île située au large de l’Orénoque où il va peu à peu s’assurer une subsistance convenable : il y restera près de vingt-huit ans, d’abord seul, puis accompagné d’un fidèle indigène qu’il baptise Vendredi.
Mon avis : Il faut le lire et le relire pour le croire et pourtant, pas de doute : le roman de Daniel Defoe a été publié il y a maintenant trois siècles ! Et pourtant, comment imaginer une seconde que ce Tourne Page fabuleux ait été écrit au début de XVIII° siècle, quatre ans après la mort de louis XIV ?!
Surtout, n’ayez pas peur de vous lancer dans sa lecture : le texte est le style sont restés d’une modernité absolument stupéfiantes. Cet épais roman est sans aucun doute le « père » de tous les romans d’aventure. La preuve : des générations d’auteurs (et de réalisateurs au cinéma) ont, depuis, tenté, soit de l’imiter, soit de s’en inspirer !
Voilà quelques-unes des innovations rassemblées par le génial auteur : le texte rédigé à la première personne; le récit mené comme un journal de bord, avec un déroulé chronologique; la dramaturgie impeccable portée par la simple question de la survie du naufragé, puis de l’organisation de sa vie sur la longueur; le « truc » de l’intervention d’un élément exogène (en l’occurrence ce bon vieux Vendredi !) pour relancer l’intrigue et apporter un élément de mystère au récit… et j’en oublie certainement !
Un de vingt livres que j’emmènerais sans le moindre doute sur une île déserte et – vous vous en doutez – celui qui intrinsèquement le mérite le plus !
Les romans de genre : policiers, thrillers, fantastiques, fantasy et SF
Mascarade – Ray Célestin (2017)
10/18 – 628 pages – 9.10 €
Le pitch : » C’est la guerre. En temps de guerre, on tire avant de discuter. » L’agent de police William Shoemaker, Chicago, 1925.
Du ghetto noir aux riches familles blanches, en passant par la mafia italienne tenue par Al Capone, Chicago vit au rythme du jazz, de la prohibition, et surtout du crime.
Alors que des mafieux et des politiques meurent empoisonnés après un dîner, les détectives Michael Talbot et Ida Davis enquêtent sur la disparition, à la veille de leur mariage, d’un couple de fiancés appartenant à la plus riche dynastie de la ville. Au même moment, Jacob Russo, photographe pour la police, se trouve confronté à une scène de crime qui lui en rappelle effroyablement une autre. Inspirée de faits réels, une histoire de sang et de swing sur fond de guerre des gangs.
Mon avis : Ray Célestin est le jeune auteur de polar qui monte. Après un premier titre très remarqué en 2015, Carnaval, élu meilleur premier roman de l’année par l’Association des écrivains anglais de polar (car, certes, Célestin est anglais, mais ses romans sont plus américains que nature !)), il publie en 2017 Mascarade.
Impossible de ne pas remarquer la magnifique couverture; impossible aussi de ne pas être tenté par le pitch de l’éditeur.
Imaginez : un roman se déroulant à Chicago en 1925, sur fond de prohibition, en pleine guerre des gangs avec des personnages – au rôle consistant – de la pointure d’Al Capone (alors « patron » de la ville) et Louis Armstrong (alors jeune instrumentiste sur le point de devenir une star)… ?! Comment résister ? Impossible. Alors je n’ai pas résisté… et je n’ai pas été déçu !
La fille du train – Paula Hawkins (2015)
Pocket – 456 pages – 7.80 €
Le pitch : Depuis la banlieue où elle habite, Rachel prend le train deux fois par jour pour aller et revenir de Londres. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe une jolie maison. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants qu’elle aperçoit derrière la vitre : Jason et Jess. Un couple qu’elle imagine parfait, heureux, comme Rachel a pu l’être par le passé avec son mari, avant qu’il ne la trompe, avant qu’il ne la quitte. Mais un matin, elle découvre un autre homme que Jason à la fenêtre. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Quelques jours plus tard, c’est avec stupeur qu’elle découvre la photo de Jess à la une des journaux.
La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu…
Mon avis : Formidable succès commercial depuis sa parution en Angleterre en 2015, tsunami littéraire grâce à l’adhésion progressive du grand public, La fille du train a tout renversé sur son passage, y compris les réserves des critiqu t joué ?Eh bien non, j’ai tout de même envie d’ajouter mon grain de sel au tas impressionnant de critiques déposées, un peu partout, par les fourmis navigant sur la toile (humm… pardonnez-moi je ne suis pas certain de toujours bien maîtriser toutes ces métaphores…). Un grain de sel en forme d’hommage…
Disons le tout net : La fille du train est un formidable polar psychologique, comme je n’ai – malheureusement – pas eu l’occasion d’en lire très souvent ces dernières années. Pour un premier roman, Paula Hawkins maîtrise avec une rigueur et une subtilité stupéfiante tous les codes de ce type de roman… qui sont pourtant parmi les plus difficiles à acquérir.
Avant d’aller dormir – S.J. Watson (2011)
Pocket – 480 pages – 7.80 €*
Le pitch : À la suite d’un accident survenu dans sa jeunesse, Christine est affectée d’un cas très rare d’amnésie : chaque matin, elle se réveille en croyant être une jeune femme célibataire ayant la vie devant elle, avant de découvrir qu’elle a en fait 47 ans et qu’elle est mariée depuis vingt ans. Son dernier espoir réside dans son nouveau médecin, Ed Nash. Celui-ci lui a conseillé de tenir un journal intime afin qu’elle puisse se souvenir de ce qui lui arrive au quotidien et ainsi reconstituer peu à peu son existence.
Quand elle commence à constater de curieuses incohérences entre son journal, ce que lui dit son entourage et ses rares souvenirs, Christine est loin de se douter dans quel engrenage elle va basculer.
Mon avis : Un auteur de thriller serait prêt à payer très cher un pitch pareil : l’idée de départ est simple et pourtant géniale. Et c’est bien sur cette idée que l’éditeur a vendu des brouettes entières de ce roman en 2011.
Alors je l’ai acheté et je l’ai lu. Et j’ai été vraiment bluffé par les 150 premières pages, car la mécanique de narration est vraiment, vraiment très forte.
L’étrange vie de Nobody Owens – Neil Gaiman (2009)
J’ai lu – 256 pages – 6.90 €
Le pitch : Nobody Owens est un petit garçon parfaitement normal. Ou plutôt, il serait parfaitement normal s’il n’avait pas grandi dans un cimetière, élevé par un couple de fantômes, protégé par Silas, un être étrange ni vivant ni mort, et ami intime d’une sorcière brulée vive autrefois.
Mais quelqu’un va attirer Nobody au-delà de l’enceinte protectrice du cimetière : le meurtrier qui cherche à l’éliminer depuis qu’il est bébé. Si tu savais, Nobody, comme le monde des vivants est dangereux…
Mon avis : Je n’ai pas classé ce roman, un des sommets de l’oeuvre de Neil Gaiman, parmi la littérature Jeunesse, car il est véritablement destiné à tous.C’est une des qualités de cet auteur majeur de la littérature fantaisy/fantastique : cette capacité à revisiter les thèmes de ce genre un peu marginalisé, réservé aux « amateurs », en leur apportant une fraîcheur nouvelle, tout en les rendant accessibles, grâce à la qualité de son style, au plus grand nombre.
Ce récit fantastique est merveilleux. Grâce à une écriture d’une finesse étonnante, un sens de l’image formidable, Gaiman vous emmène dans la brume, au milieu de ce cimetière où l’étrange et l’horreur ne sont que des éléments récurrents du quotidien. Après la mort, qu’y a-t-il ?
L’homme de l’ombre (The ghostwriter) – Robert Harris (2007)
Pocket – 384 pages – 7.50 €
Le pitch : Un écrivain professionnel est engagé pour rédiger les mémoires d’Adam Lang, Premier ministre britannique étant resté le plus longtemps en exercice – et le plus controversé – de ces cinquante dernières années. À peine au travail, l’auteur de l’ombre découvre des secrets que Lang n’a guère l’intention de révéler.
Des secrets explosifs susceptibles de bouleverser la politique mondiale. Des secrets susceptibles d’être mortels…
Mon avis : Robert Harris est un auteur de thriller formidable, capable, quand il tient un sujet qui l’inspire, de monter sur le podium des meilleures plumes du genre (lisez Fatherland, Enigma, ou D., vous m’en direz des nouvelles). Mais ce qui sort de son clavier est, souvent, bien plus qu’un « bête » thriller car Harris n’adore rien autant que les toiles de fond historiques ou politiques. Ici, c’est politique, et c’est absolument formidable.
Un conseil très simple : jetez-vous sur cette histoire (le pitch la résume très bien) dont l’atmosphère va, au fil des pages, se refroidir, s’obscurcir, au point que vous vous retrouverez au milieu de la nuit – c’est un Tourne Page fascinant – plongé dans le froid et le noir, là où se trouve le back office de la vraie politique, la cour où jouent les plus grands.
Stardust – Neil Gaiman (2001)
J’ai lu – 220 pages – 5.80 €
Le pitch : D’un côté, il y a Wall, paisible village niché au sein d’une calme forêt anglaise. De l’autre, le Pays des Fées, univers d’enchantements, de sorcières, de licornes et de princes sanguinaires. Entre les deux, il y a le Mur, l’infranchissable et épaisse muraille qui ceint le hameau et le sépare de Féerie. Infranchissable ? Pas tout à fait, puisque tous les neuf ans s’ouvre la Foire des Fées qui, durant un jour et une nuit, permet aux deux mondes de se rencontrer. Dans certaines circonstances, cependant, attendre si longtemps pour pénétrer en Féerie est impossible.
Car quand on s’appelle Tristan Thorn et que l’on a promis à sa belle l’étoile filante tombée du firmament de l’autre côté du Mur, aucun obstacle ne saurait s’élever contre l’amour…
Mon avis : Comme je l’ai dit par ailleurs, Neil Gaiman est un auteur génial, un des maîtres actuels du fantastique/fantaisy (Neverwhere, L’étrange vie de Nobody Owens), mais à qui il arrive parfois – vu sa production assez considérable (il est aussi scénariste de BD) – de mettre de côté son génie et de retomber sur Terre avec une oeuvre moins réussie.
Mais ici, rassurez-vous, Gaiman plane haut dans l’azur, parmi les étoiles (vous avez vu la fine allusion au titre !), Stardust est une de ses plus grandes réussites.
Vous ne devez surtout pas rater ce petit chef-d’oeuvre car, j’en suis persuadé, vous n’avez pas lu de conte de fées possédant une telle dose de magie depuis votre enfance ! J’exagère, porté par mon enthousiasme ? Que nenni !
Harry Potter à l’école des sorciers – J.K. Rowling (1997)
Folio junior – 320 pages – 8.70 €
Le pitch : Le jour de ses onze ans, Harry Potter, un orphelin élevé par un oncle et une tante qui le détestent, voit son existence bouleversée. Un géant vient le chercher pour l’emmener à Poudlard, la célèbre école de sorcellerie où une place l’attend depuis toujours.
Voler sur des balais, jeter des sorts, combattre les Trolls : Harry Potter se révèle un sorcier vraiment doué. Mais quel mystère entoure donc sa naissance et qui est l’effroyable V…, le mage dont personne n’ose prononcer le nom ?
Mon avis : 1er tome de la saga Harry Potter. Ce petit roman (beaucoup plus court que les suivants) pose le décor de ce qui va devenir l’univers Harry Potter. Univers : il n’y a pas d’autres mots, tant le génie créatif de J.K. Rowling est parvenu, au fil des années, à faire surgir de nulle part un monde incroyablement complexe et cohérent !
Le lecteur découvre dans ce premier volet le héros et sa « famille » (si on peut qualifier de famille les infâmes personnages qui la compose !).Il le suit lors de son entrée à Poudlar, avec la découverte des très nombreux personnages qui vont faire le succès universel (totalement justifié) de la série.
Harry Potter sera, a n’en pas douter, considéré dans un avenir lointain comme un des meilleurs livres jamais écrits pour les enfants, notamment grâce à la quasi-intemporalité de son univers.
A la croisée des mondes – Philip Pullman (1995 à 2000)
Gallimard jeunesse – 1 136 pages – 29.90 €
Le pitch : Élevée dans l’atmosphère confinée du prestigieux Jordan College, Lyra, accompagnée de son dæmon Pantalaimon, passait ses journées à courir dans les rues d’Oxford à la recherche éperdue d’aventures. Cette vie insouciante prend fin pourtant lorsqu’elle est confiée à Mme Coulter, au moment où Roger, son meilleur ami, disparaît, victime des ravisseurs d’enfants qui opèrent dans tout le pays. Mais lassée de jouer les petites filles modèles, et intriguée par la Poussière, une extraordinaire particule qui suscite effroi et convoitises, Lyra s’enfuit et entame un voyage vers le Grand Nord, périlleux et exaltant, qui lui apportera la révélation de ses extraordinaires pouvoirs et la conduira à la frontière d ‘un autre monde.
Mon avis : A la croisée des mondes est une saga fantastique de plus de mille pages destinées aux adolescents, mais aussi aux adultes qui ont su garder une âme d’enfants !
Elle est composée de trois romans qui se lisent à la suite (c’est indubitablement un Tourne Page pour jeunes lecteurs…) : 1. Les royaumes du nord – 2. La tour des anges – 3. Le miroir d’ambre
La saga de Philip Pullman constitue un des immenses succès de ces dernières décennies, dont le carton commercial (plus de 20 millions d’exemplaires vendus !) ne fut dépassé que par la saga d’Harry Potter. Comme cette dernière, elle possède deux niveaux de lecture.
Matilda – Roald Dahl (1988)
Folio junior – 272 pages – 8.90 €
Le pitch : Avant même d’avoir cinq ans, Matilda sait lire et écrire, connaît tout Dickens, tout Hemingway, a dévoré Kipling et Steinbeck. Pourtant son exercice est loin d’être facile entre une mère indifférente, abrutie par la télévision et un père d’une franche malhonnêteté. Sans oublier Mlle Legourdin, la directrice de l’école, personnage redoutable qui voue à tous les enfants une haine implacable.
Sous la plume tendre et acerbe de Roald Dahl, les événements vont se précipiter, étranges, terribles, hilarants…
Mon avis : Les Français pensent toujours que Roal Dahl est un des rois de la littérature pour enfants, alors que les Anglo-saxons connaissent aussi l’auteur pour adulte, tout aussi étonnant.
Matilda s’adresse très clairement aux jeunes têtes blondes (ou brunes, ou rousses, ne soyons pas sectaire…).Mais, à l’instar des romans de JK Rowling, je tiens à préciser que ce récit pétaradant est tout aussi agréable à lire lorsqu’on est adulte.
C’est un des romans les plus drôles de l’auteur, qui a toujours fait preuve d’un humour à la palette infinie : de l’humour gentil à l’humour le plus féroce et caustique.
Le guide du voyageur galactique – Douglas Adams (1979)
Folio SF – 288 pages – 7.80 €
Le pitch : Comment garder tout son flegme quand on apprend dans la même journée :
- que sa maison va être abattue dans la minute pour laisser place à une déviation d’autoroute ;
- que la Terre va être détruite d’ici deux minutes, se trouvant, coïncidence malheureuse, sur le tracé d’une future voie express intergalactique ;
- que son meilleur ami, certes délicieusement décalé, est en fait un astrostoppeur natif de Bételgeuse, et s’apprête à vous entraîner aux confins de la galaxie ?
Pas de panique ! Car Arthur Dent, un Anglais extraordinairement moyen, pourra compter sur le fabuleux Guide du voyageur galactique pour l’accompagner dans ses extraordinaires dérapages spatiaux moyennement contrôlés
Mon avis : Petit rappel pour les néophytes en matière de SF (ce n’est pas grave, il ne faut pas avoir honte, cela peut arriver à tout le monde de débuter !) : le titre de ce roman en français a beau avoir varié (il y a vingt ans, c’était le guide du routard galactique), son titre anglais est tout le temps resté le même, à savoir : The Hitch Hiker’s Guide to the Galaxy. Ce qui explique l’acronyme qui, depuis longtemps, sert de titre dans le monde entier : H2G2.
Ceci posé, que dire ? Que ce roman, issu d’un feuilleton radiophonique de la BBC dans les années 70, est certainement le seul livre que l’on pourrait attribuer, les yeux fermés, aux Monty Python. Aussi tarés, foldingues que Douglas Adams, ils auraient pu l’écrire (le groupe a d’ailleurs eu son propre feuilleton à la BBC au début des 70’s) ?
La maison sur le rivage – Daphné du Maurier (1969)
Le livre de poche – 440 pages – 7.10 €*
Le pitch : En Cornouailles, dans une très ancienne demeure, un homme cède à la tentation de vérifier les effets d’une nouvelle drogue mise au point par un savant réputé. C’est le début d’un long voyage, au cours duquel il va se retrouver plongé dans un passé vieux de plus de six siècles. Mais les troublantes scènes dont il va être le témoin invisible sont-elles pure illusion ? Les personnages qu’il croise ne sont-ils que des fantômes nés de son imagination ?
Maniant avec une habileté diabolique la tension psychologique et le suspense, Daphné du Maurier trame une incroyable histoire hantée où hallucination et réalité, passé et présent finissent par se recouper étrangement.
Mon avis : Daphné du Maurier est connue et reconnue. OK. Mais l’auteur de Rebecca vaut beaucoup mieux que cette reconnaissance limitée souvent à ce best-seller, tant littéraire que cinématographique.
C’est une auteure anglo-saxonne majeure, malgré le fait que ses romans relèvent de ce que j’appellerai le genre « thriller à connotation fantastique », un genre qui n’a pas forcément les faveurs de la critique littéraire mais qui, pourtant. elle a indubitablement apporté ses lettres de noblesse.
L’orange mécanique – Anthony Burgess (1962)
Robert Laffont – 352 pages – 9.50 €
Le pitch : Dans un monde dystopique furieusement proche du nôtre, le jeune Alex s’ingénie à commettre le mal sans le moindre remords : en compagnie de ses drougs, il se livre à la bastonnade, au viol et à la torture sur fond de musique classique. Bientôt incarcéré, il subit un traitement chimique qui le rend allergique à toute forme de violence.
Tout le génie de Burgess éclate dans ce livre sans équivalent, entre roman d’anticipation et conte philosophique. Le romancier, qui fut linguiste et compositeur, réussit en outre le prodige d’inventer une langue, le nadsat, dans laquelle son héros raconte sa propre histoire.
Mon avis : L’orange mécanique (avec un L apostrophe pour commencer) est l’exemple type de roman génial dépassé par son adaptation au cinéma.
Qui ne connait pas le film fabuleux de Stanley Kubrick, qui a marqué son époque à sa sortie, il y a déjà un demi-siècle ? Et pourtant, le mérite en revient essentiellement à Anthony Burgess car le film « tient » presque entièrement dans le roman !
Dans un univers futur qui ressemble – malheureusement – beaucoup à certains quartiers de notre présent, Alex, le personnage principal du roman balade sa désespérance à coup d’ultra-violence, avec sa bande de copains (aujourd’hui, on dirait son gang). Il frappe, il boit, il viole, tout ça en écoutant du Beethoven… jouissance extrême.
Dès la première page, le lecteur est saisi à la gorge par le fond du récit (c’est un roman à réserver exclusivement aux adultes, tant il est violent), mais surtout par sa forme. L’idée géniale d’Anthony Burgess – qui était linguiste avant de mettre à l’écriture – est d’avoir inventé de toutes pièces une novlangue du futur, le nadsat, dans laquelle Alex s’exprime à la première personne.
Un extrait pour bien comprendre l’exercice : « Alors il a joué les gros bras sur la dévotchka, qui n’arrêtait pas de critch critch critch critcher à quatre temps, tzarrible; il lui a fait une clé aux roukeurs par-derrière, pendant que j’arrachais ci et ça et tout et que les autres continuaient à pousser leurs « hah hah hah », et c’étaient des groudnés drôlement chouettes tzarrible qui ont montré alors leur glaze rose, Ô mes frères, tandis que je dénouais les aiguillettes et me préparais au plongeon ».
Le nadsat est difficilement compréhensible au début de la lecture, puis le lecteur s’habitue peu à peu, au fur et à mesure qu’il s’éloigne de la réalité et plonge dans cet univers bizarroïde. Quelle idée géniale ! Quel meilleur moyen de dépayser un lecteur que de lui faire perde ses repères linguistiques, un peu comme s’il se trouvait dans un pays étranger où les habitants s’expriment dans une langue à peine un peu compréhensible !
La fin du roman est une incitation à la réflexion, acide, amère, sur notre société. Soigner le mal par le mal ? Quel futur donner à nos banlieues, aux jeunes qui ont décroché ? Un texte déstabilisant, profondément intelligent, qui a marqué l’histoire de la littérature. Immanquable !
Mr Ripley – Patricia Highsmith (1955)
Le livre de poche – 318 pages – 7.90 €
Le pitch : Italie, fin des années cinquante. Le jeune Dickie Greenleaf mène la dolce vita grâce à la fortune de son père, en compagnie de Marge Sherwood. Plutôt irrité par son comportement irresponsable, Herbert Greenleaf, riche armateur, demande à Tom Ripley de ramener son fils en Amérique.
Tom découvre un monde éblouissant, qu’il ne soupçonnait pas, et ira jusqu’au meurtre pour conserver cette vie de rêve.
Mon avis : On ne parle plus assez de Patricia Highsmith. Depuis sa mort, en 1988, elle survit dans les mémoires essentiellement grâce aux innombrables adaptations cinématographiques de ses romans (l’adaptation du présent roman est un film magnifique).
Pourtant, Patricia Highsmith était, avant tout, une auteure au style formidable. Pour moi, sans aucun doute, la reine du polar psychologique… mais aussi une championne de la nouvelle.
Mr Ripley est le roman fondateur de sa carrière et il n’a pas pris une ride (pour autant qu’un roman puisse avoir besoin un jour d’un lifting !).
Le seigneur des anneaux – J.R.R. Tolkien (1954-1955)
Pocket – 1 900 pages (3 tomes) – 3*8.00 €
Le pitch : Dans des temps reculés, la Terre est peuplée d’étranges créatures. Les Hobbits vivent en paix au nord-ouest de l’Ancien Monde, dans la Comté.
Paix précaire et menacée, cependant, depuis que Bilbon Sacquet a dérobé au monstre Gollum l’Anneau de Puissance jadis forgé par Sauron de Mordor.Doté d’un pouvoir immense et maléfique, il permet à son détenteur de se rendre invisible et lui confère une autorité sans limites sur les possesseurs des autres Anneaux.
Bref, il fait de lui le Maître du Monde. C’est pourquoi Sauron s’est juré de le reconquérir par tous les moyens. Déjà ses Cavaliers Noirs rôdent aux frontières de la Comté.
Mon avis : Premier tome de la saga en 3 volumes (bien distincts, ce n’est pas un arrangement d’édition).
Il faut bien évidemment lire cette série remarquable, un chef d’oeuvre fondateur de la Fantasy, un exemple unique dans la littérature anglaise. Même si sa lecture n’est, de prime abord, pas si facile que cela…
Les oiseaux – Daphné du Maurier (1952)
Le livre de poche – 345 pages – 7.10 €
Le pitch : Au cœur de la nuit, le vent d’est cingle la falaise. Entre deux rafales, des nuées d’oiseaux cognent aux vitres. Mais ce n’est pas la peur qui les précipite avec une telle force vers le monde des hommes…
On retrouvera ici – et pas moins terrifiant – le récit qui inspira son chef-d’oeuvre au maître de l’angoisse, Alfred Hitchcock. Dans les autres nouvelles de ce recueil, l’horreur se fait plus insidieuse, le fantastique à peine étranger au réel. Il suffit d’un pommier à forme étrangement humaine, ou d’une ouvreuse de cinéma qu’un jeune mécanicien a envie de suivre après la séance…
Et la grande romancière anglaise, auteur de Rebecca et L’Auberge de la Jamaïque, nous entraîne vers le mystère à petits pas, à petites touches, au gré d’une écriture subtile, singulièrement moderne.
Mon avis : Avec les décennies qui passent, le nom de Daphné du Maurier s’éloigne de la plupart des mémoires (allez interroger un moins de 30 ans sur ce nom, vous serez bien déçu…) mais, pour les amateurs de littérature, il continue de grimper au panthéon des grands auteurs britanniques du XX° siècle !
Quoiqu’il en soit, les nombreuses adaptations de ces romans au cinéma, comportant plusieurs chefs-d’oeuvre, permettent de garder une trace de la romancière dans l’histoire. Jugez un peu, rien que ce bon vieil Alfred nous a laissé La taverne de la Jamaïque (1939), Rebecca (1940) et… Les oiseaux (1963) !
*
*
Pourtant, il y a bien loin du fameux film d’Hitchcock avec ces horribles oiseaux, à la nouvelle éponyme qui ouvre le recueil de Daphné du Maurier. En fait, la nouvelle d’une cinquantaine de pages est bien plus effrayante que le film !
Dix petits nègres – Agatha Christie (1939)
Le livre de poche – 320 pages – 5.50 €
Le pitch : Dix personnes apparemment sans point commun se retrouvent sur l’île du Nègre, invités par un mystérieux M. Owen, malheureusement absent. Un couple de domestiques, récemment engagé, veille au confort des invités. Sur une table du salon, dix statuettes de nègres. Dans les chambres, une comptine racontant l’élimination minutieuse de dix petits nègres.
Après le premier repas, une voix mystérieuse s’élève dans la maison, reprochant à chacun un ou plusieurs crimes. Un des convives s’étrangle et meurt, comme la première victime de la comptine. Une statuette disparaît. Et les morts se succèdent, suivant le texte à la lettre. La psychose monte.Le coupable se cache-t-il dans l’île, parmi les convives ?
Mon avis : Dix petits nègres est tout simplement la quintessence du talent et du savoir-faire d’Agatha Christie. Ici, pas d’Hercule Poirot ou de Miss Marple, pas d’enquête classique pour résoudre un meurtre, pas de whodunit à sens unique.
Juste un huis clôt fracassant dans la simplicité de sa mécanique et de sa mise en scène, et d’une effroyable complexité dans la minutie de la mise en place du récit.
Mort sur le Nil – Agatha Christie (1937)
Le livre de poche – 352 pages – 5.50 €
Le pitch : Une croisière sur le Nil ? Voilà qui séduit les Ridgeway. Mais le séjour perd de son romantisme lorsqu’ils retrouvent sur le bateau l’ex-fiancée du jeune homme ! Et que d’inquiétants personnages les observent…
Un pistolet, une grosse pierre, des crimes mystérieux… Heureusement, Hercule Poirot fait lui aussi partie du voyage
Mon avis : S’il y a une adaptation de roman d’Agatha Christie que vous avez probablement vue, c’est bien celle de Mort sur le Nil.
Si c’est le cas, vous connaissez déjà l’histoire, et je me contenterais de vous conseiller le livre, plus complet que le film (forcément), avec des personnages plus étoffés. Si ce n’est pas le cas, ami lecteur, quelle chance vous avez ! Précipitez vous sur ce superbe roman policier exotique, certainement un des indispensables de la reine du suspens.
Bilbo le Hobbit – J.R.R. Tolkien (1937)
Le livre de poche – 480 pages – 6.90 €
Le pitch : Bilbo, comme tous les hobbits, est un petit être paisible. L’aventure tombe sur lui comme la foudre quand le magicien Gandalf et treize nains barbus viennent lui parler de trésor, d’expédition périlleuse à la Montagne Solitaire gardée par le grand dragon Smaug, car Bilbo partira avec eux !
Il traversera les Terres Solitaires et la forêt de Mirkwood dont il ne faut pas quitter le sentier, sera capturé par les trolls qui se repaissent de chair humaine, entraîné par les gobelins dans les entrailles de la Terre, contraint à un concours d’énigmes par le sinistre Gollum, englué par la toile d’araignée géante…
Mon avis : Bien entendu, nous pourrions faire comme si vous n’aviez jamais entendu parler de ce roman de J.R.R. Tolkien. Mais ce n’est pas possible. Alors, juste quelques remarques.
Premier point : Bilbo est un roman qui s’adresse très clairement avant tout à la jeunesse, alors que Le seigneur des anneaux est avant tout un roman destiné aux adultes.
Deuxième point : Bilbo est infiniment plus aisé à lire que Le seigneur : moins de personnages, une intrigue plus linéaire et, je le pense vraiment, un style beaucoup plus agréable.
Troisième point : il est préférable (je pense même : indispensable) de lire Bilbo avant d’entamer Le seigneur.
Le crime de l’Orient-Express – Agatha Christie (1934)
Le livre de poche – 416 pages – 5.90 €
Le pitch : Alors qu’il rentre de mission et compte s’arrêter quelques jours à Istanbul, Hercule Poirot est rappelé d’urgence à Londres. On est en hiver et à cette époque de l’année, l’Orient Express roule habituellement quasiment à vide. Pourtant, sans l’aide du directeur de la compagnie, Hercule Poirot n’aurait pas trouvé de place à bord, comme si tous les voyageurs s’étaient donné rendez-vous dans ce train ! Dès la première nuit, un homme est assassiné. Le train est immobilisé par la neige qui empêche l’assassin de s’enfuir.
Dans les wagons isolés du reste du monde, Hercule Poirot, au sommet de son art, mène l’enquête. Et ce ne sont pas les pistes qui manquent !
Mon avis : Un des chefs-d’oeuvre d’Agatha Christie, et de la littérature policière en général. Le crime de l’Orient-Express fait partie des quelques romans d’A. Christie où la reine du Whodunit invente littéralement une solution originale, totalement inédite dans l’histoire du roman policier, à un crime.
Sans en dire plus (cela serait dommage pour les chanceux qui n’ont pas encore lu cette petite bombe), il suffit de savoir que la vérité, exhumée à coup de déduction par Hercule Poirot, est tellement stupéfiante qu’on se demande après comment on a pu passer à côté.
La vallée de la peur – Arthur Conan Doyle (1915)
Le livre de poche – 224 pages – 5.20 €
Le pitch : Sherlock Holmes vient à peine de déchiffrer un message codé le prévenant qu’un certain Douglas de Birlstone Manor House, est en grave danger, qu’il apprend par l’inspecteur MacDonald de Scotland Yard que Douglas vient d’être affreusement assassiné. Par le signataire du message, Sherlock Holmes sait que derrière cette affaire se trouve son ennemi juré : le professeur Moriarty, criminel génial et machiavélique.
Accompagné de son fidèle Watson, Holmes se précipite à Birlstone…
Mon avis : Un des quatre romans mettant en scène Sherlock Holmes (le reste de l’oeuvre est constitué de nombreuses nouvelles). Ecrit en 1915, près de trente ans après Une étude en rouge, c’est celui-ci que je préfère alors qu’il s’agit – et de loin – d’une des pièces les plus méconnues de l’oeuvre d’Arthur Conan Doyle.
La première lecture que j’en ai faite, alors que j’avais sans doute une dizaine d’années, est restée gravée dans mon souvenir de manière irréversible, et je n’ai eu de cesse, depuis, de le relire, avec un plaisir à chaque fois renouvelé. La raison ? Comme dans Une étude en rouge, l’explication de l’énigme résolue par Homes se trouve dans un passé lointain, aux États-Unis. La seconde partie du roman se passe donc dans le grand Ouest américain.
Si vous ne l’avez pas déjà lu (quelle chance !), précipitez-vous dessus, c’est génial.
Dracula – Bram Stoker (1897)
Babelio – 602 pages – 12.70 €
Le pitch : Jonathan Harker, jeune clerc de notaire britannique, est envoyé par son étude dans un sinistre château de Transylvanie afin d’y négocier avec un certain comte Dracula l’achat d’une propriété en Angleterre. Il ne tarde pas à découvrir l’effroyable secret de son hôte, un vampire qui repose dans un cercueil dont il sort la nuit pour étancher sa soif de sang -et le jeune homme devient son prisonnier.
Le comte Dracula part pour l’Angleterre, où il choisit pour première victime Lucy, amie de Mina, la fiancée de Jonathan, avant de s’attaquer à Mina elle-même.
Mon avis : Il ne faut jamais hésiter à relire les chefs-d’œuvre de son enfance de lecteur. On risque, parfois, bien entendu, d’être déçu, la mémoire magnifiant souvent les impressions du passé. Mais heureusement, cette relecture n’est souvent qu’une confirmation de la qualité de l’oeuvre. C’est le cas pour le roman fondateur du mythe du vampire.
La guerre des mondes – H.G. Wells (1898)
Folio – 320 pages – 7.80 €
Le pitch : «Je voyais maintenant que c’étaient les créatures les moins terrestres qu’il soit possible de concevoir. Ils étaient formés d’un grand corps rond, ou plutôt d’une grande tête ronde d’environ quatre pieds de diamètre et pourvue d’une figure. Cette face n’avait pas de narines – à vrai dire les Martiens ne semblent pas avoir été doués d’un odorat – mais possédait deux grands yeux sombres, au-dessous desquels se trouvait immédiatement une sorte de bec cartilagineux. […] En groupe autour de la bouche, seize tentacules minces, presque des lanières, étaient disposés en deux faisceaux de huit chacun. Depuis lors, avec assez de justesse, le professeur Stowes, le distingué anatomiste, a nommé ces deux faisceaux des mains.»
Mon avis : Tout le monde connait La guerre des mondes, sans doute un des trois romans fondateurs de la science-fiction. Tout le monde, également, à entendu parler de l’adaptation radiophonique mythique réalisée par le presque homonyme de l’auteur, Orson Wells, en 1938, émission qui créa un vent de panique aux Etats-Unis, certains auditeurs pensant écouter un reportage d’actualité.
Oui mais,une fois ceci posé – « pouf, pouf » comme disait Pierre Desproges – que reste-t-il de ce roman ? L’avez-vous lu ? Sans doute… pas ?
Si, effectivement, vous êtes passé à côté de ce chef d’oeuvre, et même si vous l’avez lu, par le passé, je vous invite à vous précipiter sur ce texte formidable dont la forme, effectivement proche d’un documentaire d’actualité, donne au récit une consistance réelle vraiment troublante.
L’île du docteur Moreau – H.G.Wells (1896)
Folio – 212 pages – 7.40 €
Le pitch : Unique survivant d’un naufrage, Edward Prendick est secouru par Montgomery et son équipe, passager d’un navire faisant route vers une île tropicale avec une cargaison d’animaux. Montgomery est l’assistant du docteur Moreau, un scientifique obsédé par la vivisection et la transfusion sanguine. Prendick découvre avec effroi que, depuis dix ans, les deux hommes se livrent à des expériences sur les animaux, en réalisant des greffes et de multiples interventions chirurgicales, afin d’en faire des hommes capables de penser et de parler. Les hommes-bêtes vivent dans un village et obéissent à « La Loi », un ensemble de règles leur interdisant les comportements primitifs et prônant la vénération de Moreau, qu’ils appellent « Maître ».
Mon avis : H.G. Wells, ce pur génie littéraire, a écrit en à peine quatre ans, quatre chefs-d’oeuvre : La machine à explorer le temps (1895), L’île du docteur Moreau (1896), L’homme invisible (1897) et La guerre des mondes (1897). Pas mal, non ?!!
Des quatre romans, c’est L’île du docteur Moreau qui est, de loin, le moins connu. Pourtant, même s’il porte sur un thème un peu moins spectaculaire, et s’il a été moins repris par le cinéma que les autres, c’est pourtant une oeuvre incontournable de la littérature fantastique que je vous invite à lire, vraiment !
La Machine à explorer le Temps – H.G. Wells (1895)
Folio SF – 176 pages – 7.90 €
Le pitch : La Terre en l’an 802.701 avait pourtant toutes les apparences d’un paradis. Les apparences seulement. Car derrière ces jardins magnifiques, ces bosquets somptueux, cet éternel été où les hommes devenus oisifs n’ont à se préoccuper de rien, se cache un horrible secret.
Ainsi témoigne l’explorateur du temps face à des auditeurs incrédules. Depuis la conception de son incroyable machine jusqu’à son voyage au bout de l’Histoire, là où l’humanité s’est scindée en deux. D’un côté les Éloïms, qui vivent en surface, petits êtres gracieux, doux et décérébrés. De l’autre les terribles Morlocks qui ont fui la lumière pour s’enterrer dans un gigantesque et inhospitalier monde souterrain. Un monde où l’Explorateur du Temps devra s’aventurer s’il souhaite répondre à ses questions, et surtout revenir à son époque.
Mon avis : Un des chefs-d’œuvre fondateur de la science-fiction, La machine à explorer le temps, premier et très court roman de Wells, ouvre d’un seul coup tout un pan de possibles.
C’est bien le génie de Wells qui lui permet d’imaginer que le temps est – d’une certaine façon – une quatrième dimension de notre univers.
Et c’est bien ce même génie qui lui permet de s’affranchir d’une exploitation médiocre du concept (après tout, il aurait pu situer son roman dans 50 ou 100 ans pour imaginer une évolution courte et limitée de l’humanité) et de se projeter, carrément, dans un futur si lointain que sa description en devient métaphorique.
Le portrait de Dorian Gray – Oscar Wilde (1890)
Galerie Daniel Maghen – 90 pages – 16.50 €
Le pitch : Dorian Gray, jeune dandy séducteur et mondain, a fait ce voeu insensé : garder toujours l’éclat de sa beauté, tandis que le visage peint sur la toile par son ami Basil assumerait le fardeau de ses passions et de ses péchés. Et de fait, seul vieillit le portrait où se peint l’âme noire de Dorian qui, bien plus tard, dira au peintre : « Chacun de nous porte en soi le ciel et l’enfer. »
Le pitch : Il s’agit d’une adaptation tout à fait fidèle de l’oeuvre majeure d’Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray, dont je ne vous ferais pas l’injure de rappeler l’intrigue. Et c’est une réussite absolue, car si l’essence du roman est là, elle magnifiée par des illustrations d’une beauté somptueuse .
*
*
C’est une BD, bien sûr, mais c’est avant tout une oeuvre d’art. 68 planches de graphismes superbes, mais surtout, surtout, des centaines de tableaux absolument splendides, pour autant de de vignettes peintes à l’aquarelle, de la simple case à la pleine planche, dans une mise en page déstructurée, mais extrêmement lisible.
Le Signe des quatre – S. Holmes – A. Conan Doyle (1889)
Le livre de poche – 150 pages – 5.90 €
Le pitch : Chaque année, la jeune Mary Morstan, dont le père, officier dans l’armée des Indes, a disparu voilà longtemps, reçoit par la poste le présent d’une perle. Le jour où une lettre lui fixe un mystérieux rendez-vous, elle demande au célèbre Sherlock Holmes de l’y accompagner… Cependant que le bon Dr Watson est conquis par le charme de la jeune fille, nous nous enfonçons dans une des plus ténébreuses énigmes qui se soient offertes à la sagacité du détective.
L’Inde des maharadjas, le fort d’Agra cerné par la rébellion des Cipayes, le bagne des îles Andaman sont les décors de l’extraordinaire aventure qu’il va reconstituer, et qui trouvera sa conclusion dans les brouillards de la Tamise…
Mon avis : Un des quatre romans mettant en scène Sherlock Holmes (le reste de l’oeuvre est constitué de nombreuses nouvelles). L’histoire est absolument passionnante : une enquête formidable, des rebondissements à foison, une intrigue qui court d’une poursuite en bateaux sur la Tamise à un flashback étonnant dans l’Inde mythique des maharajas, une ambiance sombre et mystérieuse…. Une histoire tellement étonnante que j’en ai fait un jour une adaptation en bande dessinée !
Il s’agit sans aucun doute de l’enquête la plus fournie, la mieux étayée, des romans de Sherlock Holmes ; un Tourne Page évident !
L’Étrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde – R.L. Stevenson (1886)
Pavillons poche – 112 pages – 3.00 €
Le pitch : Lors d’une promenade nocturne dans les rues brumeuses de Londres, Utterson, notaire de son état, apprend que son vieil ami le Dr Jekyll a signé un chèque de dédommagement à la place d’un certain Mr Hyde qui avait bousculé une jeune fille. Troublé par cette nouvelle, Utterson se plonge dans le testament de son ancien camarade d’études qui stipule qu’en cas de décès ou de disparition d’une durée supérieure à trois mois, tous ses biens devront aller à son » ami et bienfaiteur Edward Hyde « . Ce document inquiète le notaire. D’abord parce qu’il ignore tout de ce Mr Hyde, ensuite parce que ce dernier commence à être associé à un monstre imprévisible et répugnant. Utterson va alors enquêter sur le lien qui peut unir le Dr Jekyll et Mr Hyde. Mais il est loin d’imaginer les révélations macabres qui l’attendent.
Mon avis : Le cas étrange du Dr Jekyll et de Mr Hyde est certainement un des récits les plus adaptés de l’histoire de la littérature : télévision, cinéma, BD, elles se comptent par dizaines, en incluant certaines parodies dont la plus célèbre (et la plus réussie) est sans conteste Dr Jerry and Mister Love, de Jerry Lewis.
C’est dire l’importance de l’oeuvre : en écrivant ce très court roman (ou cette très longue nouvelle), Stevenson ne devait pas imaginer une seconde qu’il touchait à à un thème à la portée universelle !
Frankenstein – Marie Shelley (1818)
Folio SF – 336 pages – 4.80 €
Le pitch : A la suite d’une manipulation scientifique hasardeuse, Victor Frankenstein parvient à « animer la matière inerte » et crée un nouvel homme. Mais, horrifié par sa créature, il l’abandonne. Livré à lui-même, rejeté par tous ceux qu’il croise, le monstre, plein de haine, se révolte contre celui qui lui a donné la vie.
Dans ce terrifiant roman qui mêle le gothique, le fantastique et la science-fiction, Mary Shelley peint un être aussi effrayant que touchant, qui aspire désespérément à se rapprocher des hommes…
Mon avis : Le Frankenstein de Mary Shelley fait certainement partie des romans qui, dans l’histoire littéraire, ont véhiculé le plus d’images, de fantasmes, nourri le plus l’imagination des lecteurs et inspiré celle des auteurs. Pourtant, aujourd’hui, ce livre fondamental, dans le sens propre du terme, est très peu lu.
Raison la plus souvent invoquée ? C’est un bouquin d’horreur désuet, au style démodé. Rien n’est plus faux. Sans Frankenstein de Shelley, sans Dracula de Bram Stoker, et sans les Nouvelles d’Edgar Poe, la littérature contemporaine ne serait pas la même. Ces auteurs ont, à eux trois, créé des mythes, inventé un genre, défini des règles. Frankenstein, c’est l’invention de la créature qui échappe à son démiurge et c’est le déni de la mort, qui devient réversible.
A la (re, re, re) lecture de ce roman, j’ai été frappé par la complexité et la modernité de sa construction, agencement subtil de roman épistolaire et de récit à plusieurs voix qui en inspirera plus d’un par la suite. Tout le monde oublie que Mary Shelley l’a écrit en 1818, vingt ans après Dracula, alors que le roman moderne commençait à peine à prendre son essor !
♠ Les autres sélections et articles du
Tourne Page sur la littérature anglo-saxonne ♠
Les meilleurs romans américains contemporains
Racisme : les grands livres américains
sur les minorités noires et indiennes
Westerns : les meilleurs romans et BD sur l’ouest américain
Etats-Unis : le meilleur des romans du sud profond (deep south)
♠
Le coin cadeau ** Les livres du jour**L’actualité des sorties
**Les meilleures ventes** La vie d’un lecteur
Rappel : Le modèle économique du Tourne Page repose sur le principe de l’affiliation. En cliquant sur le lien permettant d’accéder au partenaire du Tourne Page, Amazon, pour acquérir un livre conseillé, le visiteur permet au Tourne Page de percevoir une commission sur le chiffre d’affaires réalisé par son intermédiaire.
Le Tourne Page a été créé pour la promotion du livre et de la lecture. Pour que l’entreprise puisse vivre et prospérer (elle représente un investissement en temps quotidien considérable) mais aussi pour qu’elle garde son indépendance, il est essentiel que les visiteurs passent par ces liens pour acheter les livres qu’ils ont identifié sur le site.