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Les vacances d’été sont la meilleure période de l’année pour lire.
Beau temps, absence de stress, plage, sieste : toutes les conditions sont réunies pour rattraper le temps perdu dans les transports, le boulot, les courses, et entamer enfin sa pile de livres pour les vacances. Mais même si vous êtes étendu sur un transat au bord d’une piscine ou mollement allongé sur une serviette de plage, vous avez peut-être envie de vous évader.
Parcourir le monde, traverser les océans, gravir les montagnes, affronter les dangers du bout du monde mais… sans bouger !
Le dépaysement, sans la fatigue, les problèmes de santé, sans compter le coût des transports, en fait !
« Y’a pas de mal à se faire du bien », disait un philosophe de renom. Sur ce principe d’hygiène de vie plein de bon sens, voici une sélection d’une trentaine de livres pour les vacances.
Je vous le certifie, ils vous emmèneront loin, très loin, tout autour du monde !
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Les livres du bout du monde pour les vacances
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1 ère étape : L’Inde envoutante et mystérieuse…
Pavillons lointains – M.M. Kaye
Le livre de poche – 1056 pages – 10.20 €
Le pitch : Des cimes enneigées de l’Himalaya aux palais des maharadjas, de la Kyber Pass à Kaboul, ce roman retrace les années les plus tumultueuses du rattachement de l’Inde à l’empire britannique au XIXe siècle.
C’est aussi une émouvante histoire d’amour, au-delà des tourments et de la fureur de son époque, celle d’Ash, un jeune Anglais élevé comme un Indien, et de Juli, une princesse indienne déchirée entre raisons du coeur et raison d’État. Et tandis que familles et castes, alliés et ennemis se combattent aveuglément, une civilisation millénaire se précipite vers son destin…
Mon avis : Disons-le tout net : Pavillons lointains est un de mes plus grands coups de cœur de ces dernières années, dans une catégorie littéraire pourtant largement exploitée (surexploitée !) : le roman d’aventure historique.
Je ne vois guère, en effet, que les romans de Wilbur Smith à être parvenu à m’emporter de la sorte, dans un maelström de péripéties, de détails historiques, politiques, géographiques, dans un contexte aussi exotique, avec de tels personnages symboliques de leur situation, et sur de telles distances !
Mais qu’est-ce qui distingue cet énorme roman (800 pages en broché, plus de 1 000 pages en poche) de ces innombrables concurrents ? En fait, à peu près tout.
Maharajah – M.J. Carter
10/18 – 480 pages – 8.80 €
Le pitch : Calcutta, 1837. Le pays est sous la régence de la Compagnie britannique des Indes orientales. Figure haute en couleur chez les expatriés anglais, l’écrivain Xavier Mountstuart vient de disparaitre dans les profondeurs de la jungle.
L’armée de la Compagnie envoie à sa recherche Jeremiah Blake, un agent spécial, grand spécialiste des mœurs du pays, accompagné d’un jeune officier, William Avery. C’est le début d’une aventure passionnante au pays des temples et des maharajahs. En approchant de la région où Mountstuart a disparu, celle des thugs, adorateurs de Kali, déesse de la mort et de la destruction, Blake et Avery vont découvrir une incroyable conspiration.
Mon avis : Sacrée belle couverture, n’est-ce pas ? Couleurs, graphismes… avec ce titre, Maharajah, et le nom de l’auteure (M.J. Carter, c’est une femme, M pour Miranda), le livre transpire les mystères exotiques de l’orient.
Ajoutez, pour terminer, un pitch emballant, et emballez, c’est pesé, voilà le bouquin dans la poche du lecteur !
Mais vous savez comme moi que ce type d’achat impulsif est parfois suivi d’une grosse, grosse déception de lecture. Heureusement, ce n’est pas le cas avec Maharajah qui tient complètement ses promesses, du début (un peu lent) à la fin.
M.J. Carter est avant tout une historienne et cela se sent, cela se voit tout au long de ces presque 500 pages, tant la toile de fond respire l’authenticité.
2 ème étape : L’Inde moderne…
Le tigre blanc – Aravind Adiga
10 / 18 – 320 pages – 8.40 €*
Le pitch : Le tigre blanc, c’est Balram Halwai, ainsi remarqué par l’un de ses professeurs impressionné par son intelligence aussi rare que ce félin exceptionnel.
Dans son Bihar natal miséreux, corrompu et violent, Balram est pourtant obligé d’interrompre ses études afin de travailler, comme son frère, dans le tea-shop du village. Mais il rêve surtout de quitter à jamais les rives noirâtres d’un Gange qui charrie les désespoirs de centaines de générations. La chance lui sourit enfin à Delhi où il est embauché comme chauffeur. Et tout en conduisant en driver zélé, au volant de sa Honda City, M. Ashok et Pinky Madam, Balram Halwai est ébloui par les feux brillants de l’Inde récente des nouveaux entrepreneurs.
L’autre Inde, celle des trente-six millions et quatre dieux, celle des castes, des cafards, des taudis, des embouteillages monstres, des affamés, des éclopés et des laissés-pour-compte de la Shining India du XXIe siècle, finit par avoir raison de son honnêteté. Car, de serviteur fidèle, Balram bascule dans le vol, le meurtre et pour finir… dans l’Entreprise…
Mon avis : Booker Price 2008.
Quelle chance de tomber, parfois, sur un livre dont on n’avait jamais entendu parler, dont on n’attendait rien, donc, et qui se révèle peu à peu, au fil de la lecture, être une porte ouverte sur un autre monde ! C’est ce qui m’est arrivé, il y a un petit moment, avec Le tigre blanc, un des meilleurs romans que j’ai pu lire sur l’Inde ces dernières années.
L’Inde, c’est cet autre monde évoqué plus haut. Mais pas l’Inde romantique, fantasmé, des grands classiques de la littérature ! Non, l’Inde d’aujourd’hui, dure, impitoyable, ou la lutte obstinée, quotidienne, est le lot commun de chacun…
Loin de Chandigarh – Tarun J. Tepal
Le livre de poche – 704 pages – 9.90 €
Le pitch : L’Inde du Nord à la fin des années 1990. Un journaliste et sa femme, Fizz, partagent, depuis quinze ans, une intense passion, très sensuelle, très charnelle.
Jusqu’au jour où, dans leur maison accrochée aux contreforts de l’Himalaya, le narrateur découvre soixante-quatre épais carnets, le journal intime et impudique d’une Américaine, Catherine – ancienne propriétaire des lieux -, dont la lecture va peu à peu détruire son couple…
Mon avis : Je ne suis pas un spécialiste de la littérature indienne, mais quelques romans, au fil du temps, ont conquis les rayonnages de ma bibliothèque, pour y rester. Celui-ci en fait partie, car je ne connais pas un auteur contemporain français capable d’écrire une œuvre de cette dimension littéraire.
700 pages serrées en format poche qui recèlent un roman foisonnant, plein de bruits, d’images, de passions, d’histoires et de personnages. Tarun J Tejpal est un romancier à la langue puissante, étonnamment évocatrice d’images, de sons et d’odeurs…
3ème étape : la Mongolie de Gengis Khan
Le loup des plaines – Conn Iggulden
Pocket – 520 pages – 9.50 €
Le pitch : XIIe siècle, entre le lac Baïkal et la Mandchourie, au cœur de l’ Asie centrale. A la mort de Yesugei, khan de la tribu mongole des Loups, l’un de ses guerriers s’empare du pouvoir et abandonne dans l’immensité de la steppe la veuve et ses enfants.
Temüdjin, le fils cadet du vieux khan, n’a alors que douze ans mais parvient à survivre avec sa mère et ses frères en se nourrissant du peu que leur concède une terre aride et rude. En compagnie d’une poignée d’hommes bannis comme lui, il multiplie les razzias. Temüdjin ne serait peut-être resté que le chef d’une bande de pillards si une détermination farouche ne l’habitait : venger la mort de son père et, à cette fin, unir toutes les tribus mongoles face aux Tatars.
Dans ce premier volet d’une épopée grandiose, Conn Iggulden relate les jeunes années du futur Gengis Khan, un homme à l’incroyable destin, qui bâtira un empire plus vaste et plus puissant que ceux d’Alexandre et de Jules César.
Mon avis : 1er tome de la trilogie consacrée par Conn Iggulden (qui, contrairement aux apparences, n’est pas scandinave, mais britannique !) à Genghis Khan.
J’avoue m’être lancé dans cette aventure (1 600 pages au total, tout de même !) un peu par hasard, sur la foi d’excellentes critiques, car je ne suis vraiment pas un fan des bio historiques romancées. Bien m’en a pris, car cette saga est peut-être (sans doute) ma meilleure expérience en la matière !
Le plus grand plaisir que l’on ressent, en plongeant dans ce maelström d’aventures narrées avec une intelligence et un sens du détail historique absolument exceptionnels, c’est de découvrir une époque et une civilisation totalement inconnues.
4ème étape : la Chine
Empire du soleil – J.G. Ballard
Folio – 448 pages – 8.20 €*
Le pitch : Le lendemain de Pearl Harbor, les Japonais s’emparent de Shanghai. Dans la panique qui suit la canonnade, Jim, onze ans, est séparé de ses parents.
Il est recueilli, peut-être pour des raisons ambiguës, par deux marins américains, puis arrêté avec eux et enfermé dans un camp, à Longhua. Délaissé par ses compatriotes, il est bientôt fasciné par l’occupant japonais et ne comprend pas pourquoi il se retrouve sur les routes pour une marche forcée vers le stade de Nantao.
Là, entouré de cadavres et d’un amoncellement d’objets volés, il verra le grand éclair de la bombe atomique de Nagasaki, et il repartira, seul, dans un paysage de rizières dévastées, jonchées de carcasses et d’épaves, pour se réfugier au camp de Longhua…
Mon avis : Si vous avez déjà entendu paré de J.G. Ballard, vous savez qu’il s’agit d’un très grand auteur, mondialement connu, plus particulièrement pour ses livres de science-fiction. Mais pas n’importe quel SF : essentiellement des romans « catastrophes ».
(…) Si je vous parle de tout cela, c’est pour mieux mettre en perspective ce roman autobiographique très impressionnant qu’est Empire du soleil, que je ne vous résumerais pas, le pitch ci-dessus est là pour ça.
Vivre, encore enfant, une histoire aussi terrible, abandonné en pleine seconde guerre mondiale, en Asie, dans les camps, au milieu des combats, des morts… N’est-ce pas suffisant pour développer des névroses puissantes qui conduiront l’auteur, toute sa vie, à envisager le malheur et le pire sous toutes ses formes ?
Quoiqu’il en soit, même si ma lecture psychanalytique de l’oeuvre de Ballard n’est pas la bonne, je vous incite fortement à lire ce roman dur, compact, sans concession avec, comme toujours chez l’auteur, beaucoup d’informations, de faits.
5 ème étape : le Japon
Quartier lointain – Jirô Taniguchi
Casterman – 405 pages – 24.95 €*
Le pitch : De retour d’un voyage d’affaires, Hiroshi fait un détour involontaire par sa ville natale, où il perd connaissance.
A son réveil, il retrouve son corps d’adolescent et son passé. Une chance inespérée d’empêcher l’événement qui va bientôt déchirer sa famille ?
Quartier lointain nous invite à nous demander comment poser, au-delà de l’amour filial, un regard adulte sur les choix de nos parents.
Mon avis : Quartier lointain est l’oeuvre la plus connue de Jîro Taniguchi, le maître de la BD (et du manga) japonais qui nous a quitté en février 2017. Cette célébrité est parfaitement justifiée car ce roman graphique de 400 pages est un chef d’oeuvre.
Vous avez lu le pitch, d’une simplicité extrême. Que se passerait-il , alors que vous avez dépassé le mitan de votre vie, marié, avec des enfants, vous vous retrouviez soudain transporté plus de trente ans en arrière, dans votre corps d’enfant/adolescent, en gardant votre conscience et votre mémoire d’adulte ?
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Comment réagiriez-vous si vous réalisiez que l’histoire n’est pas figée, que vous avez la possibilité d’influer sur le cours de votre existence et sur celle de vos proches ?
6 ème étape : Les îles du pacifique
L’arbre à pain – Célestine Hitiura Vaïté
10/18 – 408 pages – 8.40 €
Le pitch : Chronique d’une famille polynésienne des quartiers populaires de Tahiti, L’Arbre à pain nous plonge dans le quotidien de Materena, mère de trois enfants et femme de ménage professionnelle, au franc-parler « local » et aux rêves simples.
Dans ce premier volet de la trilogie, la succession des récits, authentiques et tendrement drôles, est cousue de fil blanc… celui de la robe de mariée de Materena qui rêve d’une bague au doigt et d’un certificat de mariage encadré au mur. Son tāne, Pito, en mâle primaire, entre bière et copains, ne veut rien entendre et résiste. Au risque de se voir réclamer à tout moment de rentrer chez sa mère…
Un roman truculent, délicieux de vérité et d’émotion, qui décrit l’art de vivre au fenua et l’amour à la tahitienne dans un style vif et plein d’humour.
Mon avis : Charmante couverture pour ce premier volume de la trilogie des Chroniques de Tahiti, écrites par Célestine Hitiura Vaite ! Avec un patronyme pareil, difficile de ne pas deviner que l’auteure est originaire de Polynésie et que le contenu de ce charmant feel good book vient en grande partie de ses souvenirs…
Publié par l’éditeur local Aux vents des îles éditions, ces chroniques s’attachent à décrire au quotidien la vie de Materena, une polynésienne terriblement attachante flanquée d’un compagnon (père de ses trois enfants) encore plus immature que sa progéniture.
Succession de courts chapitres bourrés de dialogues (les autochtones semblent, selon la démonstration de l’auteure, terriblement bavards !), L’arbre à pain parvient à restituer de manière saisissante l’ambiance de ces îles lointaines et la mentalité de ses habitants.
Aventures dans les îles – Robert Louis Stevenson (1886-1906)
Omnibus – 900 pages – 28.00 €
Le pitch : Si Robert Louis Stevenson se lance à l’assaut du Pacifique, en cette année 1888, c’est surtout dans l’espoir de guérir son emphysème sous le soleil des tropiques. Mais son amour de la mer et de l’aventure ne date pas de cette traversée : il l’a reçu en héritage de ses ancêtres bâtisseurs de phares sur les côtes d’Ecosse.
Des brumes du nord aux îles Sous-le-Vent, tous les romans et récits maritimes de Stevenson sont marqués par ce même mouvement de l’ombre vers la lumière. Ombre du mystère et lumière de l’or : deux pôles d’un univers littéraire où les aventuriers sont à la fois des criminels et des rêveurs, où la fortune – toujours recherchée et rarement atteinte – semble une métaphore de la guérison, une seconde naissance.
Les plus beaux romans et récits maritimes d’un écrivain aventurier au charme éternel.
Mon avis : Ce livre, cette somme, est le croisement entre un éditeur et un homme exceptionnel.
L’éditeur, c’est Omnibus, qui a su s’affranchir des Presses de la cité il y a trente ans pour devenir une des grandes références de l’édition de recueils et d’intégrales. Avec cette capacité de sortir des compilations classiques pour tenter des transversales sur des thématiques originales. C’est ainsi que je conserve dans ma bibliothèque des recueils sur des thèmes aussi originaux que Les savants fous ou Les mondes perdus. Omnibus aimes les aventures et les voyageurs (précipitez-vous par exemple sur les différents volumes de l’oeuvre de Wilbur Smith !). Il est donc normal que l’éditeur se soit intéressé à Robert Louis Stevenson, un homme et un auteur effectivement exceptionnel.
Stevenson, pour le béotien, c’est avant tout L’île au trésor, l’étalon-or absolu du roman d’aventure. Mais l’idée de regrouper tous les romans et récits de l’auteur tournant autour de ses expériences dans les îles est excellente, car elle permet d’aller bien au delà de ce cliché, comme disent les anglo-saxons.
Pour le meilleur et pour l’empire – James Hawes
Points roman – 402 pages – 7.70 €
Le pitch : Perdu dans la jungle quelque part en Papouasie-Nouvelle-Guinée, Brian Marley s’apprête à vivre ses derniers instants. Il vient de remporter l’ultime épreuve d’un jeu de téléréalité. Malheureusement, il est le seul à le savoir, et tout porte à croire que nul n’aura jamais connaissance de son exploit. Quand soudain…
Une balle de cricket jaillie du néant le met K.O. Une balle de cricket ? En pleine jungle ? Ainsi commence cette comédie délirante, dans la plus pure tradition du nonsense britannique.
Anciens officiers de l’armée des Indes, nymphes lubriques et politiciens véreux – sans oublier les aborigènes, les enfants et les journalistes : tels sont les protagonistes de cette fable qui doit autant à Evelyn Waugh qu’au Monty Python’s Flying Circus
Mon avis : S’il vous est déjà arrivé de parcourir ce site, vous avez forcement remarqué que, paradoxalement (comme nombre de mes compatriotes) j’apprécie beaucoup l’humour britannique, le fameux « non-sens ».
Si vous faites partie de ces amateurs, jetez-vous sur ce petit bijou venu de nulle part (l’auteur semble avoir publié un autre titre dans la même veine) publié en 2007 et salué à l’époque par la critique parisienne.
Imaginez un épisode d’une émission genre Koh-Lanta se déroulant sur une île du pacifique, au cours duquel un protagoniste tombe soudain sur une colonie de Japonais isolés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, dont ils n’ont pas été informés. Eh bien vous remplacez les Japonais par une colonie d’Anglais pur jus, et vous obtenez le pitch de départ.
7ème étape : L’Australie du bush, brûlante et sèche.
Canicule – Jane Harper (2016)
Le livre de poche – 448 pages – 8.20 €
Le pitch : Kiewarra. Petite communauté rurale du sud-est de l’Australie. Écrasée par le soleil, terrassée par une sécheresse sans précédent. Son bétail émacié. Ses fermiers désespérés. Désespérés au point de tuer femme et enfant, et de retourner l’arme contre soi-même ? C’est ce qui est arrivé à Luke Hadler, et Aaron Falk, son ami d’enfance, n’a aucune raison d’en douter. S’il n’y avait pas ces quelques mots reçus par la poste : Luke a menti. Tu as menti. Sois présent aux funérailles...
Les blessures de son départ précipité de Kiewarra sont encore à vif, mais Aaron a une dette, et quelqu’un a décidé que le moment est venu de la payer.
Mon avis : Canicule… ou Sécheresse ? Suivant que l’on découvre le roman de Jane Harper par son titre français, ou par son titre original anglais, on est prévenu : dans ce thriller australien, il va faire chaud; très chaud !
Malgré le manque d’expérience – Canicule est son premier roman publié – Jane Harper mène de main de maître cette intrigue policière qui se déroule au fin fond du bush australien.
Aaron Falk, le personnage principal, est à la fois un des deux policiers chargés de l’enquête sur le drame survenu à Kiewarra (trois morts) et un des principaux acteurs de l’histoire de la communauté où s’est déroulée la tragédie. Avec l’habileté d’une professionnelle confirmée, l’auteure déroule lentement, très lentement, la toile de son histoire. Un patelin où les tensions et les passions s’enchevêtrent depuis plus de vingt ans.
Piège nuptial – Douglas Kennedy
Pocket – 256 pages – 6.95 €
Le pitch : Fasciné par une carte d’Australie, Nick, un journaliste américain, décide de tout plaquer pour atterrir à Darwin. Une nuit fatale, un accident avec un kangourou et sa rencontre avec la jeune et robuste Angie vont le mener au coeur du bush, au milieu de nulle part, au sein d’un clan d’allumés coupés du monde.
Pris au piège, Nick va devoir user de tous les moyens possibles pour échapper à ceux qui l’ont adopté à son corps très défendant. En jeu : sa survie, tant physique que mentale…
Mon avis : Attention : Piège nuptial est le nouveau titre français (2009) du premier roman de Douglas Kenned, The Dead Heart, datant de 1994 et publié dans un premier temps en 1998 par Gallimard dans la Série Noire sous le titre Cul-de-sac.
J’ai découvert ce titre de Kennedy dans sa première mouture, il y a une dizaine d’années, après avoir apprécié tous ses premiers romans « américains » (même s’il s’agit du plus francophone des romanciers américains !).
Passé inaperçu lors de sa sortie, ce roman du bush australien est pourtant une vraie pépite, un petit bijou d’humour noir. L’histoire, totalement improbable, est à mille lieues des sources d’inspiration ultérieure de Kennedy. On pourrait la rebaptiser « Cauchemar chez les readnecks », tant le sort de Nick, le héros qui raconte cette histoire, prend le lecteur aux tripes, qui se prend au jeu en se mettant à sa place.
Le koala tueur – Kenneth Cook
Le livre de poche – 224 pages – 6.10 €*
Le pitch : Avec ses redoutables crocodiles, ses koalas féroces et ses cochons sauvages assoiffés de sang, l’impitoyable bush australien reste un territoire indompté. Et ce n’est pas Kenneth Cook qui aurait pu l’apprivoiser !
Cook a réuni, peu avant sa disparition, ces histoires courtes toutes plus hilarantes les unes que les autres, inspirées par ses tribulations à travers l’Australie. D’après lui, chacune de ces quinze rencontres avec la faune sauvage s’est déroulée comme il le raconte ici, même si elles paraissent incroyables.
Dépaysement garanti, dans un grand éclat de rire.
Mon avis : Il y a encore peu, je ne connaissais pas Kenneth Cook… à ma grande honte, car cet auteur était une célébrité en Australie. C’est par le biais de recueil de ces nouvelles centrées sur la rencontre de l’auteur avec la faune australienne que j’ai fait la rencontre avec ce grand malade à l’humour ravageur.
Certains feront la fine bouche en lisant ces histoires « too much » où l’auteur vous raconte avec le plus grand sérieux des horreurs totales sur ces animaux du bout du monde, tous plus dangereux les uns que les autres. D’autres se tordront le nez en découvrant les délires alcoolisés de ces autochtones du fin fond du bush…
Mais si vous aimez l’humour absurde, précipitez-vous sur ce recueil, et sur le suivant ! Vous passerez quelques moments à vous gondoler.
8ème étape : L’Australie des banlieues résidentielles
Petits secrets, grands mensonges – Liane Moriarty
Le livre de poche – 576 pages – 8.70 €
Le pitch : À la fête de l’école, quelqu’un a trouvé la mort. Qui est responsable du drame ? Trois femmes à la croisée des chemins, des ex-maris et leurs nouvelles épouses, des familles recomposées (ou décomposées), qui cachent tous de redoutables petits mensonges, se retrouvent au cœur de l’affaire.
Après Le Secret du mari, best-seller international, Liane Moriarty nous plonge une nouvelle fois dans l’univers clos de ces quartiers résidentiels qui dissimulent derrière leurs jolies façades des secrets inavouables.
Mon avis : Liane Moriarty est une romancière australienne, très vite devenue une serial vendeuse mondiale (si vous me permettez ce néologisme et anglicisme!). Tout d’abord, par la grâce d’un très, très gros succès (Le secret du mari), puis avec l’adaptation d’un de ses romans en série HBO (Big littlle lies) joué par de grandes actrices (Nicole Kidman, Reese Witherspoon, Meryl Streep).
J’ai découvert son talent grâce au premier titre, et le vois largement confirmé grâce au second, maladroitement traduit Petits secrets, grands mensonges. Un gros pavé (580 pages !) qui utilise à peu près les mêmes recettes que dans Le secret du mari : même cadre (une banlieue australienne chic et tranquille), même acteurs (ou plutôt actrices, puisqu’une large majorité des personnages est féminine).
On y retrouve également un scénario en tunnel, avec plusieurs intrigues qui se croisent, de manière de plus en plus serrée, pour finir par se rejoindre en un final doté d’un joli switch. Mais ce qui était déjà très réussi dans Le secret, l’est encore plus dans Petits secrets, car Liane Moriarty dote cette fois-ci son récit de deux niveaux de lecture.
9ème étape : L’Afrique, du sud au nord…
La ferme africaine – Karen Blixen
Folio – 508 pages – 9.10 €
Le pitch : «Quand le souffle passait en sifflant au-dessus de ma tête, c’était le vent dans les grands arbres de la forêt, et non la pluie. Quand il rasait le sol, c’était le vent dans les buissons et les hautes herbes, mais ce n’était pas la pluie. Quand il bruissait et chuintait à hauteur d’homme, c’était le vent dans les champs de maïs.
Il possédait si bien les sonorités de la pluie que l’on se faisait abuser sans cesse, cependant, on l’écoutait avec un plaisir certain, comme si un spectacle tant attendu apparaissait enfin sur la scène. Et ce n’était toujours pas la pluie. Mais lorsque la terre répondait à l’unisson d’un rugissement profond, luxuriant et croissant, lorsque le monde entier chantait autour de moi dans toutes les directions, au-dessus et au-dessous de moi, alors c’était bien la pluie. C’était comme de retrouver la mer après en avoir été longtemps privé, comme l’étreinte d’un amant.»
Nouvelles africaines – Doris Lessing
Le livre de poche – 1 200 pages (3 tomes) – 7.90 €
Le pitch : C’est dans le souvenir de ses années passées en Rhodésie (aujourd’hui le Zimbabwe) que l’auteur des Enfants de la violence et du Carnet d’or a puisé la matière de ces nouvelles.
Noirs asservis et humiliés – les uns se résignant, les autres se réfugiant dans un silence hostile –, Afrikaners et Anglais, colons opulents, « petits Blancs » paupérisés redoutant de tomber au niveau des Noirs : à travers une foule de personnages parfois tragiques, parfois dérisoires, campés en quelques pages avec un art parfait, Doris Lessing donne un tableau saisissant de l’Afrique australe des années 1970.
Mon avis : Doris Lessing, avant de devenir l’auteure majeure de la littérature britannique que l’on connait (prix Nobel en 2007 au terme d’une très longue vie mouvementée), a vécu quasiment toute son enfance et jusqu’à l’âge de trente ans en Rhodésie du sud. Sa vie d’enfant d’expatriés dans une colonie anglaise du sud de l’Afrique, durant toute l’entre-deux guerres, l’a profondément marquée.
Fascinée par des idées profondément progressistes, elle est profondément choquée – traumatisée serait sans doute plus le juste mot – par le régime d’apartheid colonial qui règne alors dans ce pays. Un pays où les colons britanniques (souvent des « petits blancs ») usent et abusent de leur supériorité légale sur la population noire, vivant dans des conditions absolument misérables.
Après guerre, alors qu’elle s’est installée en Angleterre (qui n’est même pas son pays d’origine puisqu’elle est née en Iran), elle commence à rédiger une longue série de nouvelles où elle dépeint ce qu’elle a vu pendant trente ans. Ce sont ces nouvelles qui constituent les trois recueils publiés par Le livre de poche et que je vous conseille de lire absolument, tant elles sont tout autant belles que terribles.
Un anglais sous les tropiques – William Boyd
Points – 416 pages – 7.90 €
Le pitch : Dans les moiteurs africaines du Kinjanja, Morgan Leafy, modeste fonctionnaire de l’ambassade britannique, se voit confier une délicate mission de corruption. Enfin une tâche à la hauteur de ses mérites ! Extrêmement flatté, Morgan se sent l’âme conquérante et tente de séduire Priscilla, la fille de son supérieur hiérarchique. Hélas, la situation va très vite lui échapper…
Une satire dévastatrice de l’Empire colonial de Sa Très Gracieuse Majesté.
Mon avis : Premier roman de William Boyd, publié alors qu’il n’a que 29 ans. Boyd est né au Ghana et a vécu au Nigéria jusqu’à l’âge de neuf ans avant d’être rapatrié par ses parents en Angleterre pour éviter les « désagréments » de l’expatriation dans une Afrique pour le moins perturbée (guerre du Biafra).
Profondément marqué par son enfance, il utilise le terrain de ses premières années comme cadre à ce premier récit, écrit en trois mois. L’essai est tout simplement un coup de maître. Comme neige au soleil fait déjà apparaître toutes les qualités hors normes de celui qui restera probablement comme le meilleur auteur britannique des années 1980-2020.
Mort sur le Nil – Agatha Christie
Le livre de poche – 352 pages – 5.50 €
Le pitch : Une croisière sur le Nil ? Voilà qui séduit les Ridgeway. Mais le séjour perd de son romantisme lorsqu’ils retrouvent sur le bateau l’ex-fiancée du jeune homme ! Et que d’inquiétants personnages les observent…
Un pistolet, une grosse pierre, des crimes mystérieux… Heureusement, Hercule Poirot fait lui aussi partie du voyage
Mon avis : S’il y a une adaptation de roman d’Agatha Christie que vous avez probablement vue, c’est bien celle de Mort sur le Nil.
Si c’est le cas, vous connaissez déjà l’histoire, et je me contenterais de vous conseiller le livre, plus complet que le film (forcément), avec des personnages plus étoffés. Si ce n’est pas le cas, ami lecteur, quelle chance vous avez !
Précipitez vous sur ce superbe roman policier exotique, certainement un des indispensables de la reine du suspens.
La saga égyptienne – Wilbur Smith (1993)
Omnibus – 1 012 pages – 20.00 €
Le pitch : Il y a 4000 ans, l’Egypte est à feu et à sang, la guerre civile fait rage, l’autorité de Pharaon vacille. Son dernier espoir : le sage Taita, l’eunuque, le génial esclave, homme de toutes les fidélités, médecin et poète, musicien et inventeur, aurige du premier char égyptien, magicien initié aux mystères des dieux. Lui et ses protégés, la belle Lostris et Tanus, jeune officier de l’armée, vont affronter de multiples dangers pour que le pouvoir du Roi des Rois se lève à nouveau sur les berges du Nil, le Dieu Fleuve.
Mon avis : Attention, amis lecteurs : si vous ne connaissez pas Wilbur Smith, la lecture de ces quelques lignes risquent de changer votre vie (de lecteur) !
Comment un auteur aussi unanimement reconnu à travers le monde comme le plus grand auteur de roman d’aventure historique peut-il être aussi faiblement apprécié en France, au point que certains de ses romans peuvent être, par moment, introuvables, épuisés ?
C’est pour moi un grand mystère et une grande injustice, que je vais tenter de réparer ici car, sans hésitation, il devrait se vendre en France autant de volumes des romans de Wilbur Smith que de Ken Follett ! Heureusement que la maison d’édition Omnibus est là, aujourd’hui, pour réparer cette injustice, en éditant les nombreux et très épais romans de l’auteur en les regroupant par « sagas », car saga il y a !
10 ème étape : l’Amérique du sud, de l’Argentine au Brésil…
Les dieux du tango – Carolina de Robertis
Le Cherche Midi – 504 pages – 22 €
Le pitch : Février 1913. Leda a dix-sept ans. Elle quitte son petit village italien pour rejoindre en Argentine son cousin Dante, qu’elle vient d’épouser. Dans ses maigres bagages, le précieux violon de son père.
Mais à son arrivée, Dante est mort. Buenos Aires n’est pas un lieu pour une jeune femme seule, de surcroît veuve et sans ressources : elle doit rentrer en Italie. Pourtant, quelque chose la retient… Leda brûle d’envie de découvrir ce nouveau monde et la musique qui fait bouillonner les quartiers chauds de la ville, le tango, l’envoûte.
Passionnée par ce violon interdit aux femmes, Leda décide de prendre son destin en main. Un soir, vêtue du costume de son mari, elle part, invisible, à travers la ville.
Elle s’immerge dans le monde de la nuit, le monde du tango. Elle s’engage tout entière dans un voyage qui la mènera au bout de sa condition de femme, de son art, de la passion sous toutes ses formes, de son histoire meurtrie. Un voyage au bout d’elle-même.
Mon avis : Une (très jolie) couverture avec rabat rouge écarlate sur fond de fleurs en impression relief violette, prolongée par des gardes sur lesquelles les fleurs rouges ressortent sur un fond violet; un papier crème au grammage épais : Le cherche midi a particulièrement soigné l’édition des Dieux du tango qui est, dès le premier abord un plaisir pour l’amateur de beaux livres.
Mais une jolie édition n’est rien si le texte qu’elle renferme ne présent pas d’intérêt. J’avoue avoir été, dans un premier temps, modérément attiré par le pitch, qui laissait entrevoir une forte probabilité de tomber sur un de ces très nombreux romans « romantico-historique » qui peuplent (encombrent) les tables physiques et les pages numériques des libraires.
Mais tout de même, cette histoire de tango, cette promesse d’ailleurs, avait quelque chose d’intrigant… alors je me suis lancé… et bien m’en a pris car le roman de Carolina de Robertis m’a peu à peu conquis, investi, pour me « recracher », 550 pages plus loin, l’esprit résonnant de sensations accumulées au fil des chapitres.
Les derniers jours de Stefan Zweig – Saurel & Seksik
Casterman – 88 pages – 16 €
Le pitch : Le 22 février 1942, exilé à Petropolis au Brésil, l’écrivain autrichien Stefan Zweig se suicide avec son épouse, Lotte. Le désespoir a eu raison du grand humaniste, acteur essentiel de la littérature européenne et témoin majeur de la première partie du XXe siècle.
Passés successivement par l’Angleterre et les États-Unis après avoir fui l’Autriche, Stefan et Lotte avaient cru fouler au Brésil une terre porteuse d’avenir. Mais c’était sans compter avec l’épouvante de la guerre.
L’évocation romanesque de l’exil brésilien des Zweig, de septembre 1941 à février 1942, devient une bande dessinée, magnifiée par le dessin intense de Guillaume Sorel. Laurent Seksik en a personnellement réalisé l’adaptation.
Mon avis : Tout ceux qui se sont intéressés un jour à Stephan Zweig – et dieu sait s’ils sont nombreux, comme moi, à vouer un véritable culte au grand auteur autrichien ! – connaissent la triste fin de vie de l’écrivain. Le suicide de Zweig, en exil au brésil, en compagnie de sa jeune seconde épouse, fait partie des grands traumatismes de la littérature du XX° siècle.
Après avoir remporté en 2010 un grand succès d’édition avec le roman des derniers mois de sa vie, Laurent Seksik en a réalisé une transcription théâtrale, avant de l’adapter en BD.
C’est avec Guillaume Sorel à la plume et au pinceau que Seksik s’est attaché à la lourde tâche de raconter une période difficile, sans événement marquant et d’une terrible tristesse, de la vie du grand auteur. Pari difficile… et pourtant parfaitement gagné !
Robinson Crusoé – Daniel Defoe
Le livre de poche – 410 pages – 5.20 €
Le pitch : Après quelques premières expéditions, Robinson Crusoé, marin d’York, s’embarque pour la Guinée le 1er septembre 1659. Mais le bateau essuie une si forte tempête qu’il dérive pendant plusieurs jours et finalement fait naufrage au nord du Brésil.
Seul survivant, Robinson parvient à gagner une île située au large de l’Orénoque où il va peu à peu s’assurer une subsistance convenable : il y restera près de vingt-huit ans, d’abord seul, puis accompagné d’un fidèle indigène qu’il baptise Vendredi.
Mon avis : Pas de doute, il faut le lire pour le croire : le roman de Daniel Defoe a été publié il y a maintenant trois !Et pourtant, comment imaginer une seconde que ce Tourne Page fabuleux ait été écrit au début de XIII° siècle, quatre années après la mort de louis XIV ! Surtout, n’ayez pas peur de vous lancer dans sa lecture : le texte est le style sont restés d’une modernité absolument stupéfiantes.
Cet épais roman d’aventure est sans aucun doute le « père » de tous les romans d’aventure. La preuve : des générations d’auteurs (et de réalisateurs au cinéma) ont, depuis, tenté, soit de l’imiter, soit de s’en inspirer !
Le texte rédigé à la première personne, le récit mené comme un journal de bord, avec un déroulé chronologique, la dramaturgie impeccable portée par la simple question de la survie du naufragé, puis de l’organisation de sa vie sur la longueur, le « truc » de l’intervention d’un élément exogène (en l’occurrence ce bon vieux Vendredi !) pour relancer l’intrigue et apporter un élément de mystère au récit : voilà quelques unes des innovations du génial auteur.
Un de vingt livres que j’emmènerais sans le moindre doute sur une île déserte et – vous vous en doutez – celui qui le mérite le plus
11 ème étape : le Mexique
La griffe du chien – Don Winslow
Points roman – 832 pages – 8.70 €
Le pitch : Art Keller, le « seigneur de la frontière », est en guerre contre les narcotrafiquants qui gangrènent le Mexique.
Adán et Raúl Barrera, les « seigneurs des cieux », règnent sans partage sur les siccarios, des tueurs armés recrutés dans les quartiers les plus démunis. Contre une poignée de dollars et un shoot d’héroïne, ils assassinent policiers, députés et archevêques. La guerre est sans pitié.
Mon avis : Ce livre, un pavé de plus de 800 pages, est un roman, un thriller de la plus belle eau. Mais c’est aussi, en quelque sorte, une vaste fresque quasi documentaire sur la guerre menée par les États-Unis, avec plutôt moins que plus de réussite, contre les narcotrafiquants du reste du continent (et plus particulièrement du Mexique), pendant plus d’une génération.
Austère ? Que nenni ! Pas un instant ! Au contraire : dans cette saga rédigée sous la forme d’un thriller, passionnante de bout en bout, vous allez trembler, pauvres lecteurs, mais aussi découvrir tout un monde et apprendre une somme d’informations hallucinante sur la guerre des cartels.
12ème étape : Cuba
Dieu n’habite pas la Havane – Yasmina Kadra
Pocket – 272 pages – 7.70 €
Le pitch : Juan del Monte Jonava ne vit que pour chanter. Au Buena Vista Café, en plein cœur de Cuba, sa voix solaire lui a valu le surnom de » Don Fuego « , la gloire de la rumba.
Or, à presque 60 ans, son étoile s’est ternie. Le régime castriste, lui aussi, a vieilli. Il s’ouvre au monde, à l’argent, à la modernité. Le Buena Vista a changé de propriétaire. Et Don Fuego en est réduit à courir le cachet.
Sa rencontre avec Mayensi, rousse incendiaire et mystérieuse de 40 ans sa cadette, fera rejaillir le feu de la passion dans les veines du sexagénaire… Au point de le consumer ?
Mon avis : Yasmina Khadra doit avoir des gênes cubains dans son ADN pour immerger ses lecteurs aussi parfaitement dans la moiteur de l’île des Caraïbes.
Ce roman est un drôle d’oiseau, un hymne à la passion, passion de la musique, passion des femmes.
Don Fuego, le nom de scène du héros, est un homme de passions; il ne vit que porté par ses passions. Et lorsque la musique se dérobe sous ses pas, ce sont les hanches d’une femme aussi énigmatique que superbe qui vont lui permettre de survivre.
13 ème étape: le sud des Etats-Unis : Nouvelle Orléans, Géorgie, Floride, Texas
Nos disparus – Tim Gautreaux
Points – 576 pages – 8.40 €
Le pitch : De retour à La Nouvelle Orléans après la Grande Guerre, Sam Simoneaux assiste impuissant à l’enlèvement d’une petite fille.
À la recherche de l’enfant, il embarque à bord de l’Ambassador, bateau à aubes qui sillonne le Mississippi au rythme endiablé des concerts de jazz.
Au gré des escales et des bagarres, Sam ne tarde pas à mettre au jour un fructueux commerce d’enfants animé par la pègre des bayous.
Mon avis : Surtout, ne vous fiez pas au titre, à la couverture, et au pitch de ce roman, tous trois un peu terne ! Allez au delà de cela et – faites-moi confiance – vous découvrirez un des plus merveilleux romans américains de ce XXI° siècle…
Tim Gautreaux, j’ai déjà eu l’occasion d’en parler à l’occasion de la magnifique découverte du Dernier arbre, un des trois romans écrits par cet auteur à la vocation (ou à l’expression) tardive.
Un récit du grand sud, la Louisiane du début du XX° siècle. Bayous, chaleur, moustiques, lutte des hommes frustres contre la nature sauvage. Une capacité à développer des personnages d’une complexité et d’une profondeur formidable.
Alors imaginez mon plaisir, immense, quand je me suis immergé dans ce long, long récit, au tempo aussi lent que le débit du Mississippi.
Carnaval -Ray Célestin
10/18 – 528 pages – 8.80 €
Le pitch : au cœur du Sud profond, La Nouvelle-Orléans, construite sur des marécages en dessous du niveau de la mer, a toujours été aux prises avec tornades, inondations et épidémies de toutes sortes. La nature du sol en fait une cité qui s’affaisse, où les morts ne peuvent être enterrés. Alligators, serpents, araignées hantent ses marais. Nombre de menaces ont toujours plané au-dessus de la ville. Et pourtant…
Lorsqu’en 1919 un tueur en série s’attaque à ses habitants en laissant sur les lieux de ses crimes des cartes de tarot, la panique gagne peu à peu. On évoque le vaudou. Les victimes étant siciliennes, les rivalités ethniques sont exacerbées. Un policier, Michael Talbot, un journaliste, John Riley, une jeune secrétaire de l’agence Pinkerton, Ida, et un ancien policier tout juste sorti de prison, Luca D’Andrea, vont tenter de résoudre l’affaire. Mais eux aussi ont leurs secrets… Alors qu’un ouragan s’approche de la ville, le tueur, toujours aussi insaisissable, continue à sévir. Le chaos est proche.
Mon avis : Comme j’ai pu vous l’expliquer par ailleurs (voir ma critique de Mascarade), Ray Célestin est le jeune auteur de polar qui monte. Après le premier titre que vous avez sous les yeux, publié en 2015 et très remarqué (élu meilleur premier roman de l’année par l’Association des écrivains anglais de polar), il publie en 2017 Mascarade, qui rencontre un grand succès public.
Ray Celestin est un jeune homme fort ambitieux, puis ces deux forts volumes constituent les deux premiers volets d’une quadrilogie romanesque où il entend raconter les États-Unis du XX° siècle, à partir de quatre thèmes, quatre style de musique, quatre ville, quatre époques… et, contrairement aux apparences, il n’est pas américain, mais britannique. Carnaval, c’est donc la Nouvelle-Orléans, l’immédiate après première guerre mondiale, le blues, la ségrégation…
De quoi alimenter un roman foisonnant de plus de 500 pages, où le lecteur découvre certains personnages principaux qu’ils retrouvera dans le deuxième tome (Michael Talbot le flic, Ida Davis la détective Pinkerton), six ans plus tard, le moindre d’entre eux n’étant pas Louis Armstrong (appelé ici Lewis), alors tout jeune trompettiste.
Minuit dans le jardin du bien et du mal – John Berendt
Pocket – 388 pages – 4.50 €
Le pitch : Savannah, Géorgie, une ville orgueilleusement repliée sur elle-même depuis des siècles, dernier vestige du vieux Sud. John Berendt, un journaliste new-yorkais, y débarque un jour et, littéralement envoûté par l’élégance mystérieuse de la cité, il décide de partir à sa découverte.
Pendant huit ans, il analyse la société savannahienne avec une minutie digne d’un entomologiste. Il va être le témoin d’événements extraordinaires et rencontrer des personnages extravagants : un vieux Noir, qui s’obstine à promener un chien mort depuis vingt ans, un biologiste névropathe qui menace d’empoisonner la ville entière , un sublime travesti noir prénommé Chablis, une femme, médecin vaudou qui se livre à d’étranges pratiques la nuit dans les cimetières, un richissime antiquaire, meurtrier de l’un de ses amants, dont l’incroyable procès-fleuve va déchaîner les passions…
Mon avis : Nombreux sont les cinéphiles amateurs du beau film de Clint Eastwood. Mais quand je leur explique qu’il s’agit de l’adaptation d’un des chefs-d’oeuvre de la littérature américaine, ils sont la plupart du temps complètement surpris.
En France, personne ne connaît ce merveilleux récit, alors que c’est un best-seller absolu aux États-Unis. Il est donc temps que j’en fasse la promotion !
Tout d’abord, une précision : ce livre est l’exact mélange entre un roman et une chronique documentaire, un mélange tout à fait unique à ma connaissance dans la littérature.
Bloody Miami – Tom Wolfe
Pocket – 832 pages – 10.50 €
Le pitch : Miami, c’est l’image la plus inquiétante et la plus contrastée de l’Amérique de ce début de siècle : riche et pauvre, flamboyante et violente, lumineuse et sombre. Elle offre un kaléidoscope de tableaux violents où se croisent Cubains, Russes, Américains, Nicaraguayens.
C’est dans ce chaos urbain que Nestor, un jeune policier cubain de 26 ans, se retrouve mis au ban de sa communauté. On y rencontre aussi Magdalena – sa ravissante petite amie -, un psychiatre accroc au sexe – star des plateaux télé -, un professeur haïtien qui risque la ruine pour que ses enfants soient pris pour des Blancs, un chef de la police noir…
Dans cet enfer cosmopolite, ce monde de damnés, Nestor trouvera-t-il son identité ? Cubain, américain ou paria ?
Mon avis : Si Bloody Miami n’est pas une réussite absolue, je vous conseille cependant de vous immerger dans ce fleuve puissant charriant une prose incroyable, et recélant autant d’idées originales que toute la littérature issue des ateliers d’écriture américains !
Wolfe était un auteur iconoclaste, particulièrement à l’aise dans la provocation, et dans ce roman, il y va à fond, probablement plus fort que dans Le bûcher des vanités. On croirait lire une oeuvre écrite par un homme de quarante ans.
Quel dynamisme, quelle audace ! Vous aimez être dérangé dans votre lecture, être surpris ? Précipitez vous sur ce pavé qui vous en donnera pour son argent, croyez-moi !
La fête des fous – James Lee Burke
Rivages/Noir – 626 pages – 9.50 €
Le pitch : Dans les terres âpres de la frontière entre le Texas et le Mexique, un étonnant récit se propage : celui de Danny Boy Lorca, un ivrogne un peu illuminé qui dit avoir vu un coyote poursuivre deux hommes et abattre l’un d’eux.
Élucubrations dues à l’abus de mescal ? Le fait est que l’on retrouve un mort et que son compagnon a pris la fuite. Hackberry Holland et son adjointe Pam Tibbs engagent une course-poursuite pour le retrouver.
Ils vont croiser des personnages terrifiants et inoubliables : le prêcheur Jack Collins, le non moins redoutable révérend Cody Daniels, le mercenaire Krill, et Anton Ling, dite = La Magdalena « , une étonnante figure féminine qui protège les clandestins…
Mon avis : Une virée d’une bonne dizaine d’heures dans l’enfer du fin fond du Texas, cela ne vous fait pas peur ? Non ? Alors cet imposant thriller rural de James Lee Burke est pour vous !
Quand je dis rural, le mot est un peu faible, puisque la totalité du roman se déroule dans, ou à la frontière du désert.
Vous visualisez ? Dans cette zone minérale où, suivant les légendes rurales (et non pas urbaines, pour une fois !), prospèrent les serpents à sonnettes et les pires malfrats de l’Amérique profonde…
James Lee Burke, le pape du thriller/polar de ce monde là, ce monde qui n’a rien à voir avec celui dans lequel nous vivons, met le grand talent de sa plume trempée dans le vitriol pour dépeindre une galerie de personnages trop méchants pour être totalement vrais.
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