Version officielle
Super 8 Editions
Version officielle
Super 8 Editions
Le pitch
Professeur d'histoire, Jack Felter revient dans sa petite ville natale de l'Ohio. Son père, pilote à la retraite atteint de démence, est en train de perdre la mémoire. Ce retour forcé ravive de douloureux souvenirs : celui de Samantha, la fille dont il tomba amoureux et qui a fini par épouser Tony Sanders, un psychiatre et son ancien meilleur ami. Sauf que Tony a disparu depuis maintenant 3 ans, et est présumé mort.
Le seul qui semble capable de lui apprendre quelque chose est Cole Monroe, le dernier patient de Tony – un garçon de 16 ans soigné pour paranoïa. Jack est contraint de faire cause commune avec lui pour suivre la trace de son ami. Leur quête – sidérante – va les mener de Manhattan à des structures secrètes enfouies sous les montagnes des Catskills, pour s'achever sur une île secrète du Pacifique.
L'enjeu ? Aux frontières de la folie et du temps, percer le mystère du Grand Oubli, cette gigantesque conspiration chargée de dissimuler les véritables évènements de la Seconde Guerre mondiale.
Tandis que tout ce que pensait savoir Jack s'effondre, une question demeure, essentielle : est-il préférable d'oublier notre plus grande erreur, ou de se la rappeler pour ne plus jamais la commettre ?
Mon avis
Version officielle est le dernier titre publié par Super 8 Editions, la jeune maison dont la ligne éditoriale ne varie pas depuis sa création, il y a quatre ans (leur profession de foi pour 2017 ? L'année 2017, nous la voulons survoltée, stellaire et méchamment imprévisible). Ce roman complètement barré et malin confirme - oh combien ! - à quel point l'éditeur persiste et signe.
Ecrire un roman sur le socle des théories conspirationnistes qui, depuis le début du siècle (le nôtre, le XXI°siècle), perturbent l'existence des Etats-Unis (on l'a encore vu cette année avec l'élection présidentielle américaine), quelle merveilleuse idée !
On nous cache tout, on nous dit rien, la phrase écrite par Jacques Lanzmann pour Jacques Dutronc, il y a tout juste 50 ans, trouve un écho formidable dans ce récit où James Renner part d'un constat tout simple : et si, au fond, tous ces tarés qui pensent que l'histoire officielle n'est pas vraie, qu'il s'agit d'un simple récit construit par les gens qui nous gouvernent, si tous ces tarés qui finissent à l'asile étaient en fait les seuls qui ont compris ? Si la population mondiale était vraiment intoxiquée, hypnotisée ? Si nous vivions tous dans un rêve fabriqué ?
Durant la première moitié du roman, habilement construit comme un polar, l'idée fonctionne parfaitement. Renner s'appuie sur l'empathie que l'on peut ressentir pour des personnages principaux intéressants, dont il a pris le temps de développer l’épaisseur psychologique.
Il s'amuse, il nous fait participer à un escape game dont l'enjeu serait de trouver le bouton qui permet de soulever le voile qui travestit notre réalité; c'est assez troublant, même si on sait pertinemment que c'est un simple jeu intellectuel (quoique ?...).
La seconde partie du roman est moins convaincante car l'auteur, à force de jouer avec ses lecteurs, finit par se perdre un peu lui-même dans le labyrinthe qu'il a créé. C'est trop long, un peu confus, un peu too much.
Heureusement, grâce à une idée formidable qui émerge tout au long de la dernière partie, le roman retombe sur ses pattes et dans sa logique de malade mental (dans le sens littéral du texte).
Un roman parfait pour tous ceux dont la vie est ponctuée depuis leur plus tendre enfance de crises de paranoïa aiguës (il les confortera dans leurs certitudes) et un très bon exercice intellectuel pour tous ceux qui se pensaient, jusqu'alors, sain d'esprit...
NB : Le titre original de Version officielle est The great forgetting, Le grand oubli. Un excellent titre, intriguant, beaucoup plus proche de l'esprit et du contenu du livre.
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Intéressante cette chronique, ça me donne bien envie de jeter un oeil à ce livre ! 🙂