V pour Vendetta
Alan Moore, David Lloyd
Delcourt / Urban Comics
Le pitch
Londres, fin du XXe siècle : plus personne n'ose résister au "Système". L'œil et l'oreille espionnent, le nez enquête, la bouche désinforme et la main fait régner l'ordre et la terreur. L'Angleterre a pris les couleurs du fascisme. La culture a été effacée.
Pourtant quelqu'un ou quelque chose rôde dans les ruelles sombres. Il est vêtu comme un comédien, masqué d'un éternel sourire, cite Shakespeare, sauve les innocents, pose des bombes et préserve ce qu'il reste de la culture dans son musée des ombres.
Un anarchiste s'est glissé au cœur du système. Ni comédien ni tragédien, ni bouffon ni fou, ni fanatique ni terroriste, ou peut-être tout cela à la fois, il n'a pour nom qu'une initiale : V. V pour Vendetta. V pour Vengeance. À moins que ça ne soit pas aussi simple que ça...
Mon avis
Alan Moore est le meilleur scénariste de BD pour adultes depuis quarante ans, personne ne lui conteste cette place.
Cependant, certains fans (dont je fais partie) regrette son caractère pour le moins... particulier, son mépris du cinéma, et surtout ses choix graphiques, nombre de ses œuvres étant illustrées par des dessinateurs au style... je dirais très particulier.
Si l'on peut accepter Dave Gibbons pour les Watchmen (et encore...), je n'hésite pas à dire que je n'aime pas du tout les graphismes d'Eddie Campbell pour From Hell, ni ceux de Kevin O'Neill pour La ligue des gentlemen extraordinaires ... et je ne parle même pas des mises en image effectuées par le maître en personne pour Batman.
J'espère qu'un jour, tous ses merveilleux scénaris seront repris par des dessinateurs plus lisibles, permettant de les rendre ainsi encore plus visibles.
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Bref, tout cela pour vous expliquer que V pour Vendetta, une des œuvres majeures du maître, pêche à nouveau par sa mise en image. Quel dommage !
L'histoire - une des premières grandes œuvres de l'auteur, réalisée au début des années 80 - est tout simplement, dans ses thèmes et dans la qualité de ses développements, à placer à côté des formidables romans 1984, de Georges Orwell, ou Farenheit 451, de Ray Bardbury.
Une dystopie - ou une uchronie - où la majeure partie du monde a disparu dans la guerre et où l'Angleterre est devenu une épouvantable dictature où chaque membre de la société est surveillé, contrôlé...
Surgit un jour un justicier qui porte le masque de Guy Fawkes, l'homme à l'origine de la conspiration des poudres, en 1605. A l'instar de son prédécesseur, il va tenter de dynamiter le pouvoir, au sens propre et au sens figuré...
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Vous avez noté que cette histoire (et le masque qui va avec) est suffisamment universelle pour avoir inspiré le collectif Anonymous. Rien que pour cela, V pour vendetta restera dans l'histoire !
L'acte I de la BD (qui en comporte trois) est formidable, étonnante, stupéfiante même si, déjà le dessin de David Lloyd n'emporte pas l'adhésion.
Le lecteur délicat (j'en suis un !) pourra regretter les illustrations très (trop encrées), les a-plats de noir exagérés qui envahissent les vignettes et les rendent peu lisibles, les personnages masculins qui se ressemblent un peu tous, et un lettrage carrément déficient (dans sa version française du moins !).
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Si le deuxième acte devient parfois difficile à lire tant le graphisme pâteux et les couleurs parfois verdâtres gâchent la superbe histoire de Miller, que dire du troisième dont certaines planches sont illisibles tant le texte (conséquent) et les dessins saturent les vignettes !
Dommage, donc, mais que ces remarques ne vous empêchent pas de faire un large détour pour découvrir cette oeuvre majeure de la littérature anglaise du XX° siècle, au scénario formidable, à l'inspiration puissante et dont la charge politique est d'une force rare dans l'histoire de la BD.
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Le cinéma rendra à l'oeuvre un hommage formidable - refusé par l'auteur, c'est un comble ! -, grâce à une adaptation fan-tas-tique que vous devez absolument visionner. Car, pour le coup, vous aurez pour le prix d'un DVD l'histoire (presque respectée dans son intégralité) et la beauté formelle et lisible qui va avec !
NB : la version disponible actuellement, chez Urban Comics, est d'un format (28*19 cm) nettement plus petit que celle que j'ai en main, précédente édition publiée chez Delcourt (32*23 cm).
Pour les fans absolus de la série ou de l'auteur, je conseille bien entendu l'acquisition de cette dernière, d'occasion, malheureusement beaucoup plus onéreuse.
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