Le pitch

Dans l'Angleterre du XIIe siècle ravagée par la guerre et la famine, des êtres luttent pour s'assurer le pouvoir, la gloire, la sainteté, l'amour, ou simplement de quoi survivre.

Les batailles sont féroces, les hasards prodigieux, la nature cruelle. La haine règne, mais l'amour aussi, malmené constamment, blessé parfois, mais vainqueur enfin quand un Dieu, à la vérité souvent trop distrait, consent à se laisser toucher par la foi des hommes.

Abandonnant le monde de l'espionnage, Ken Follett, le maître du suspense, nous livre avec Les Piliers de la Terre une œuvre monumentale dont l'intrigue, aux rebonds incessants, s'appuie sur un extraordinaire travail d'historien.

Promené de pendaisons en meurtres, des forêts anglaises au cœur de l'Andalousie, de Tours à Saint-Denis, le lecteur se trouve irrésistiblement happé dans le tourbillon d'une superbe épopée romanesque.

Mon avis

Vous ne connaissez pas Les piliers de la terre ? Vous ne l'avez pas encore lu ? Heureux mortel ! Comme j'aimerais être à votre place !

Un des moments les plus agréables de la vie d'un lecteur, est celui où il anticipe sur le plaisir qu'il va prendre à lire un bon livre. Rien que d'y penser, tiens, je suis content pour vous !

Pendant 15 ans (de 1975 à 1990), Ken Follett a été un auteur de romans d'espionnage, un des plus gros vendeur au monde.

Puis, en 1990 est sorti Les piliers de la terre, qui est devenu presque instantanément une référence absolue en matière de roman historique, au point qu'il fut vendu à plus de 15 millions d'exemplaires de par le monde, adapté en jeu, puis en série télévisée, avant que Follett lui-même n'écrive 18 ans plus tard une suite presque aussi réussie et aussi touffue, Un monde sans fin.

Alors, quelles sont les raisons qui expliquent objectivement cet engouement quasiment sans précédent (je pense qu'il faut remonter à Autant en emporte le vent pour retrouver un pareil enthousiasme) ? Et qui plus est, un engouement justifié !

La première raison, c'est qu'il s'agit (comme le livre de Margareth Mitchell) d'un livre-monde. Lors de sa sortie, Stock a eu besoin de deux volumes brochés de 600 pages chacun pour l'éditer. Aujourd'hui, l'édition en format poche représente plus de 1 000 pages bien tassées.

Si vous vous lancez dans la lecture de ce pavé et que vous êtes captivé - je parie que vous le serez ! - c'est plusieurs jours de plaisir de lecture intensive qui s'annoncent devant vous. Plaisir de l'immersion dans un océan romanesque : en connaissez vous de meilleur pour un lecteur ?

La seconde raison, c'est que chez Ken Follett, la trame historique n'est pas un décor, comme on le voit dans nombre de romans "historiques".

Les piliers de la terre raconte l'histoire de l'édification d'une cathédrale au XII° siècle, et je peux vous garantir que vous allez découvrir ce qu'était vivre en Angleterre au XII°, et que vous allez trouver cela passionnant !

J'ai eu la chance de découvrir comment travaille Ken Follett : il a une véritable religion du réalisme, tous ses romans s'appuient sur un travail documentaire faramineux (il emploie un nombre considérable de collaborateurs, de "documentalistes", simplement pour faire les recherches appropriées) préalable à la rédaction du roman lui-même.

La troisième raison, c'est que Ken Follett est certainement un des dix auteurs au monde, tous genres confondus, à maîtriser le mieux la technique romanesque, les mécanismes de construction et de développement d'un récit.

Ses œuvres sont construits comme des scripts cinématographiques, avec une architecture maniaque, une capacité à relancer l'action sans arrêt.

Il y a de vrais gentils, d'épouvantables méchants (les personnages sont tellement "caractérisés" que c'en est, parfois, excessif), et Follett est capable de vous faire battre le cœur, vous indigner, vous transporter, encore et encore...

Sous la plume d'un tel auteur (dont le style est, je tiens à préciser, simple et efficace), un roman de Marc Levy deviendrait un passionnant roman d'aventure, c'est tout dire !

Mais une toile de fond historique impeccable, sur une intrigue aussi passionnante et bien construite que les meilleurs films du Hollywood des années 50, développée sur plus de mille pages, cela ne suffit pas à faire une réussite absolue : il est nécessaire que les différents ingrédients soient dosés à la perfection. Cela n'arrive quasiment jamais.

Coup de chance : Les piliers de la terre est un exemple parfait de recette littéraire parfaitement réussie, comme Ken Follett n'arrivera jamais plus à en faire par la suite d'équivalente.

Ce n'est pas une oeuvre littéraire remarquable, mais c'est le prototype même d'un Tourne Page.