Joséphine Baker
Casterman
Joséphine Baker
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Le pitch
Joséphine Baker a 20 ans quand elle débarque à Paris en 1925. En une seule nuit, la petite danseuse américaine devient l'idole des Années Folles, fascinant Picasso, Cocteau, Le Corbusier ou Simenon.
Dans le parfum de liberté des années 1930, Joséphine s'impose comme la première star noire à l'échelle mondiale, de Buenos Aires à Vienne, d'Alexandrie à Londres. Après la guerre et son engagement dans le camp de la résistance française, Joséphine décide de se vouer à la lutte contre la ségrégation raciale.
La preuve par l'exemple : au cours des années 1950, dans son Château des Milandes, elle adopte douze orphelins d'origines différentes, la tribu arc-en-ciel. Elle chantera l'amour et la liberté jusqu'à son dernier souffle.
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Mon avis
Joséphine Baker, c'est le troisième volet de la trilogie biographique de Catel Muler (dîtes Catel) et José-Louis Bocquet. Paru en 2016, cette bio graphique fait suite au succès (croissant) rencontré par Kiki de Montparnasse en 2007 puis Olympes de Gouges en 2012.
A chaque fois, l'entreprise - considérable ! - représente plus de 400 planches (ici, près de 600 !) illustrées par une femme pour raconter, en prenant son temps, la vie d'une figure du féminisme.
Disons le tout net : la critique et les lecteurs de ce magnifique roman graphique ont fini de consacrer le couple d'auteurs, et c'est amplement justifié !
Il faut avouer qu'avec Joséphine Baker, Catel & Bocquet ont joué sur du velours : sa vie et sa personnalité sont à tous points de vue hors du commun, exceptionnels, étonnants... les superlatifs me manquent !
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J. Baker était féline dans son expression corporelle, sans doute parce qu'elle avait quelques gênes de chat... et pas loin de 7 vies !
Une première vie (que je ne soupçonnais et ne connaissais pas) aux Etat-Unis, jusqu'à ce qu'elle devienne une adulte... précoce (mariage et enfant alors qu'elle n'est qu'une adolescente). Sans doute la partie du livre la plus étonnante.
Une seconde vie comme jeune espoir de la scène.
Une troisième comme star internationale.
Une quatrième comme figure du féminisme.
Une cinquième comme résistante au cours de la seconde guerre mondiale.
Une sixième comme maman : douze enfants adoptés, une tribu et un exemple connu dans le monde entier.
Une septième et dernière, avec une fin de vie matérielle difficile, plombée par sa générosité...
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Le lecteur suit avec étonnement, sympathie, empathie le destin de cette petite "négresse" (l'Amérique du début du XX° siècle était encore d'un racisme "ordinaire" confondant) devenue une personnalité internationale, un symbole vivant, et les pages de l'épais volume (plusieurs heures de lecture) se tournent toute seule.
Mais Joséphine Baker est certainement le meilleur "bébé" de Catel et Bocquet car la qualité des graphismes de Catel, qui n'a pas arrêté de progresser tout au long de sa carrière, est ici exceptionnelle.
Le noir et blanc des illustrations est en parfaite adéquation avec le sujet et l'ouvrage se regarde, tout autant qu'il se lit, avec un plaisir délicieux.
Une des réussites majeures du roman graphique "à la française", dont l'édition française (et tout particulièrement Casterman BD) peuvent être fière !
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