Je l’aimais
Le dilettante / Le livre de poche
Je l’aimais
Le dilettante / Le livre de poche
Le pitch
" On biaise, on s'arrange, on a notre petite lâcheté dans les pattes comme un animal familier. On la caresse, on la dresse, on s'y attache. C'est la vie. II y a les courageux et puis ceux qui s'accommodent. C'est tellement moins fatigant de s'accommoder... "
A-t-on le droit de tout quitter, femme et enfants, simplement parce que l'on se rend compte - un peu tard - que l'on s'est peut-être trompé ? Adrien est parti. Chloé et leurs deux filles sont sous le choc. Le père d'Adrien apporte à la jeune femme son réconfort. À sa manière : plutôt que d'accabler son fils, il semble lui porter une certaine admiration.
Son geste est égoïste, certes, mais courageux. Lui n'en a pas été capable. Tout au long d'une émouvante confidence, il raconte à sa belle-fille comment, jadis, en voulant lâchement préserver sa vie, il a tout gâché
Mon avis
Je l'aimais est le premier roman d'Anna Gavalda et probablement le plus réussi (attention : il faut aussi lire ses nouvelles, art où elle excelle !).
Un tout petit roman, tout maigrichon (160 pages en livre de poche, annoncés par l'éditeur ? J'en compte 127 dans l'exemplaire acheté il y a un bon moment...), mais où, si l'on s'était posé des questions sur le véritable potentiel de l'auteure, on trouve tout ce qui permet de vérifier que la jeune femme possède un vrai talent.
Tout l'art d'Anna Gavalda est de mettre sur le papier, avec des mots simples, dialogués, des tas de sentiments que tout un chacun ressent ou a ressenti un jour, sans savoir comment mettre des mots dessus.
Dans cette histoire toute bête (une jeune femme est quittée par son mari, détourné de sa femme et ses deux petits enfants par une plus jeune), Gavalda tricote de longues scènes dialoguées entre deux personnages qui peuvent paraître banals (on est loin d'Amélie Nothomb où chaque figure est héroïque, exceptionnelle, et parle comme dans un film).
Le sentiment d'abandon, le chagrin... tout cela est exprimé avec beaucoup de délicatesse mais bon, on a déjà lu ça cent fois... jusqu'au milieu du roman où, soudain, la situation se retourne.
Le beau-père, cet homme fermé, hermétique qui semblait consoler sa bru par devoir, craque, se lâche, et commence à raconter l'amour qui a explosé sa vie, quelques années plus tôt...
Et là, l'histoire et les mots deviennent vraiment fascinants, car c'est tout un chacun que raconte Anna Gavalda.
Je n'en dirais pas plus; aller voir - ou plutôt : lire ! - vous même.
Vous verrez, ce n'est pas parfait, il y a des facilités, des maladresses dues à l'inexpérience. Mais tout au fond, il m'étonnerait que vous ne soyez pas touché au détour d'une phrase.
Un récit où, sans prévenir, un paragraphe peut entrer en résonance avec la vie du lecteur. N'est-ce pas le propre d'un bon livre ?
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