Frankenstein
Folio SF
Frankenstein
Folio SF
Le pitch
A la suite d'une manipulation scientifique hasardeuse, Victor Frankenstein parvient à "animer la matière inerte" et crée un nouvel homme. Mais, horrifié par sa créature, il l'abandonne.
Livré à lui-même, rejeté par tous ceux qu'il croise, le monstre, plein de haine, se révolte contre celui qui lui a donné la vie.
Dans ce terrifiant roman qui mêle le gothique, le fantastique et la science-fiction, Mary Shelley peint un être aussi effrayant que touchant, qui aspire désespérément à se rapprocher des hommes...
Mon avis
Le Frankenstein de Mary Shelley fait certainement partie des romans qui, dans l'histoire littéraire, ont véhiculé le plus d'images, de fantasmes, nourri le plus l'imagination des lecteurs et inspiré celle des auteurs. Pourtant, aujourd'hui, ce livre fondamental, dans le sens propre du terme, est très peu lu.
Raison la plus souvent invoquée ? C'est un bouquin d'horreur désuet, au style démodé. Rien n'est plus faux.
Sans Frankenstein de Shelley, sans Dracula de Bram Stoker, et sans les Nouvelles d'Edgar Poe, la littérature contemporaine ne serait pas la même. Ces auteurs ont, à eux trois, créé des mythes, inventé un genre, défini des règles.
Frankenstein, c'est l'invention de la créature qui échappe à son démiurge et c'est le déni de la mort, qui devient réversible.
A la (re, re, re) lecture de ce roman, j'ai été frappé par la complexité et la modernité de sa construction, agencement subtil de roman épistolaire et de récit à plusieurs voix qui en inspirera plus d'un par la suite.
Tout le monde oublie que Mary Shelley l'a écrit en 1818 (alors qu'elle avait tout juste 20 ans !), vingt ans après Dracula, alors que le roman moderne commençait à peine à prendre son essor !
J'ai également été conquis par le style, que d'aucuns trouveront ampoulé, démodé, mais qui est en fait d'une puissance baroque (certains évoqueront le terme de roman gothique, c'est plus chic comme terme pour un récit fantastique) qui annonce le souffle du romantisme qui balaiera une bonne partie du XIX° siècle.
On ne peut pas ne pas parler également de la richesse poétique qui s'en dégage par moment : dans la famille Shelley, je demande la femme...
J'ai enfin adoré la subtilité du propos, que l'on ne retrouvera qu'en partie dans les diverses adaptations cinématographiques. Le docteur Frankenstein n'est pas le savant fou que l'on imagine, c'est simplement un scientifique doublé d'un être humain assez médiocre, complètement dépassé par les événements.
Et la créature est bien loin du monstre auquel l’imagerie d’Épinal nous a habitué; elle pense, elle parle, elle a conscience de ce qu'elle est, du bien et du mal, de la joie et de la tristesse.
Personnage attachant malgré sa monstruosité (que l'on retrouvera par moment dans le Frankenstein et La fiancée de Frankenstein de James Whale), la créature est inoubliable.
La richesse du terreau sur lequel Shelley a bâti son mythe, comme Stoker l'a fait une génération auparavant, explique son influence sur l'imaginaire populaire au cours des deux siècles à venir.
Sérieusement : il est indispensable de lire Frankenstein, avant de placer le volume dans sa bibliothèque idéale.
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Si la subtilité du bouquin est un peu perdue au cinéma, c’est parce que filmer un monstre et de l’action était, bien entendu, beaucoup plus visuel que les cas de conscience du docteur Frankenstein. Mais combien ont lu le livre après avoir vu le film?