Astérix et la transitalique
Editions Albert René
Astérix et la transitalique
Editions Albert René
Le pitch
N'en déplaise à Obélix, les Italiques, les habitants de l'Italie, ne sont pas tous des Romains, au contraire !
Les Italiques tiennent à préserver leur autonomie et voient d'un mauvais oeil les vélléités de domination de Jules César et ses Légions.
Dans Astérix et la Transitalique, nos héros favoris s'engagent dans une aventure palpitante à la découverte de cette suprenante Italie antique !
Mon avis
37ème album de la série mythique et 3ème album de l'association Didier Conrad (pour le dessin) et Jean-Yves Ferri (pour le scénario).
Disons-le tout net : ce nouvel album est un naufrage.
A l'image de sa couverture, qui affiche aux yeux de millions d'acheteurs les défauts de perspectives les plus graves et flagrants depuis ma tentative de fresque picturale en classe de CE1 !
Comment deux professionnels aussi aguerris ont-ils pu se laisser entraîner dans une telle catastrophe ? Réponse : l'argent, la gloire, la reconnaissance, sans doute.
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L'argent ? Alors c'est impardonnable, car le rythme de parution des Astérix (un tous les deux ans, pile poil) laissait aux auteurs le temps de polir et repolir le scénario et travailler les graphismes.
Or, le résultat est tout juste passable pour les graphisme et hallucinant de médiocrité pour le scénario !
Imaginez que, sur une période de deux ans, Goscinny et Uderzo sortaient, au milieu des années 60, quatre (4 !) chefs-d'oeuvre ! Un album tous les six mois ...
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Le scénario ? Il n'y en a pas.
Une course de chars à travers l'Italie, succession de scènes sans queue (de cheval) ni tête où les auteurs ont eu le culot (shame on you !) de rassembler une partie des héros des albums historiques, au détriment de toute vraisemblance.
Il y a des goths, des normands (si ! si !), et même les pirates ! Des normands et des pirates, conducteurs de char, non mais je rêve !
C'est du bout à bout de scènes pas drôles (je n'ai pas ri une seule fois, les jeux de mots sont consternants), souvent incohérentes.
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Et vous trouvez ça drôle ?
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Avec, au milieu, un César caricatural, de plus en plus mal dessiné par Conrad (sur la fin, il est grotesque), jouant un rôle invraisemblable qui est une injure à l'histoire, tout autant qu'à l'esprit de la série : imaginer que Goscinny aurait placé César dans une course de char ? C'est concernant.
Quant au dessin, quel dommage ! Le trait est vif, nerveux, mais si éloigné des possibilités de Conrad !
Pour ceux qui ne le sauraient pas, l'auteur des Innommables est un des plus grands dessinateurs de BD du dernier demi-siècle, l'homme qui a introduit le dessin faussement réaliste dans la BD belge avec ses nombreuses histoires se déroulant, notamment, en Asie.
Du réalisme avec des traits ronds, quel performance !
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Le dessin de Conrad dans toute sa splendeur
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Dans cet album, Conrad se laisse aller, avec un dessin hyper irrégulier : des éclairs de génie et, une planche plus loin, une énorme facilité, impardonnable pour un tel professionnel !
Quant à ses chevaux, ils ne sont pas mal, mais à côté du maître Uderzo... Regardez les détails !
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Les chevaux de Conrad
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Les chevaux d'Uderzo
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Alors, pourquoi perdre du temps à enfoncer des portes ouvertes, me direz-vous ?
Eh bien... dans l'espoir de détourner quelques acheteurs potentiels de la cible marketing Astérix pour les inciter à acheter de la bonne BD, sincère, artistique, créative.
Et Dieu sait s'il y en a sur le marché, allez piocher dans les rubriques du Tourne Page !
NB : quitte à tirer sur une ambulance, autant aller jusqu'au bout. Comment un éditeur peut-il être aussi peu respectueux de ses fidèles lecteurs ?
Une fois de plus, les deux pages d'introduction des albums historiques ont été "élaguées" de cette édition.
La carte de Gaule avec sa loupe et son slogan immortel (Un village d'irréductibles gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur) Rayée des cadres ! La page de présentation des principaux personnages ? A la poubelle !
Mais au delà de ça, c'est un principe fondamental de l'édition que les éditions Albert René viole allègrement en faisant débuter l'histoire par une planche imprimée à gauche. Voyons : BD, roman, essai, quel que soit le livre, la première page d'un texte se trouve sur une page de droite du recueil !
Bravo por l’enterrement de première classe de cet album ni fait ni à faire !
Par contre, vous ne poussez pas votre coup de gueule jusqu’à supprimer le bouton « Acheter sur Amazon » de votre page…
Un peu de cohérence ne nuirait pas quand on annonce « l’espoir de détourner quelques acheteurs potentiels de la cible marketing », non ?
Certes, certes, cher YR, votre réponse ne manque pas de pertinence ! Mais il y a deux raisons pour que je ne supprime pas le bouton « Acheter » sur la page de l’album :
La première est une question de forme : la structure actuelle du site ne prévoit pas de pouvoir supprimer le bouton « Achat » sur une ou plusieurs pages, sans toucher aux autres.
La seconde, de fond, qui explique la première : l’intention du Tourne Page n’est pas de détourner, à force de diktats, les lecteurs de telle ou telle livre, mais plutôt de mettre entre leurs mains toutes les informations devant leur permettre de choisir leurs livres en toute connaissance de cause.
Merci de votre post !
Je n’ai pas lu cet album d’Astérix, donc ne peut pas en donner un avis constructif sur le scénario.
En revanche, en ce qui concerne le dessin, en tant que dessinateur professionnel, j’ai deux-trois remarques à faire.
Pour ce qui est des chevaux, ceux de Conrad sont certes moins aboutis que ceux d’Uderzo, mais ils restent tout à fait valables.
En revanche, je ne vois pas d’erreur de perspective « impardonnable » sur la couverture. Bien sûr, le style n’est pas réaliste (c’est le principe même d’Astérix d’aller dans la caricature), mais l’effet du char qui monte une colline au premier plan devançant celui qui descend la colline précédente à l’arrière plan est plutôt bien rendu au contraire. On peut certes s’imaginer une erreur de perspective si on s’attend à se trouver sur une surface plane, or ce n’est pas le cas ici (paysage vallonné constitué de collines).
Merci beaucoup pour votre commentaire ! Mais permettez-moi de ne pas être d’accord sur les graves soucis de perspective, car il n’y a pas deux, mais quatre chars, et les deux situés en fond d’image – outre le fait qu’ils sont bien mal dessinés (c’est une couverture d’Astérix, non d’un chien !) – sont totalement disproportionnés…